Tu es une grande passionnée. La médecine t'a toujours attirée, t'a toujours fascinée. Tu aimais venir t'asseoir sur les genoux de ton père lorsqu'ils lisaient ses livres, avide de connaissances. Pour noël, tu demandais parfois des gros tomes sur le corps humain afin d'en apprendre plus sur son fonctionnement. Tu rêvais de devenir docteur afin de sauver le plus de gens possibles. Parfois, tu embêtais même tes amis d'enfance afin de jouer à ça pour guérir des blessures imaginaires. Et, au final, tu as réussi à le devenir. Pas de la façon dont tu le souhaitais, peut-être, mais tu es dans ton élément, ce qui te motive chaque jour à continuer.

Douce et délicate avec ceux qui comptent pour toi. Avec tes patients. En toi, il n'y a jamais eu la moindre méchanceté même s'il t'arrivait d'être très turbulente dans ton enfance. Ce qui t'a aidé, c'est ta deuxième éducation. Tu as pu te rendre compte, de tes jeunes yeux, quel calvaire subissaient ceux que tu voulais en animal de compagnie. Toi même tu as subit le lavage de cerveau qu'opère Chroma sur tous ceux qui sont hybridés. Pourquoi aurais-tu fait une exception ? Alors tu t'es jurée, lors de ton adolescence, de devenir une meilleure personne afin de pouvoir apaisés tes futurs amis lors de leurs tourments. Et c'est ce que tu arrives à faire. Aujourd'hui, tu te dis que tu peux être fière de la jeune femme qui te regarde dans le miroir, malgré le chemin qui s'est dessiné pour toi.

En revanche, ce n'est pas parce que tu es gentille que tu te laisses marcher dessus. Très forte tête, tu n'hésites pas à t'imposer lorsqu'il le faut car tu sais que tu as le savoir. Cela t'es resté car, déjà petite, tu étais comme ça. Tu essayais toujours d'avoir le dernier mot, ne reconnaissant jamais tes tords. Maintenant, tu sais te remettre en question quand il le faut mais ce n'est pas pour autant que tu laisseras certaines personnes te dire des choses injustes. Ta langue sait trouver les bons mots afin de remettre à leur place ceux qui te prenne de haut et ce n'est pas près de changer. Certes, tu es une hybride, mais tu as toujours ton mordant.

Tu es protectrice. Tu détestes que l'on touche à ce qui t'appartient. On pourrait même te trouver assez envieuse car dès que tu souhaites quelques choses, tu le veux pour toi. Et tu finis par l'avoir pour le garder. Tes objets. Tes proches. Si on essaye de s'approcher de tes amis ou de ta deuxième grande sœur, tu n'hésites pas à montrer les dents. Les menacer revient à te menacer toi. Bien sûr, tu n'es pas spécialement forte, même si tu as gagné quelques muscles, mais le venin contenu dans tes crochets suffit à faire fuir, ce qui te remplit d'orgueil. Cela prouve que tu es au moins capable de te défendre.

Ce qui t'effraie le plus en ce monde, c'est ta famille. Tu n'as jamais tenté de reprendre contact avec eux de peur que leur accueil soit peu chaleureux. Tu te trouves un peu lâche quant à cette décision, si bien que tu suis les articles qui paraissent sur ta famille afin de pouvoir voir ce qu'ils deviennent. D'un côté, cela te rassure de voir Serena en bonne santé. De l'autre, cela te rappelle trop la terrible décision de ton géniteur. Vu la position qu'il occupe, jamais il ne t'acceptera. Alors tu te contentes de les regarder de loin, peureuse à l'idée de les revoir un jour, malencontreusement.

Résumé:

[2043 à 2052]

Tu es née entourée d'amour. Tes parents étaient heureux d'avoir une deuxième fille. Ta grande sœur était trop jeune pour vraiment se réjouir de ta venue. Cela viendra donc plus tard, lorsque les deux petites pourront commencer à jouer ensembles. Ta mère fut celle qui te donna ton prénom. Nora. Quand tu as commencé à l'apprendre et à le comprendre, tu le trouvais jolie. Bien évidemment, les années à être un bébé finirent par s'écouler. Tu commençais à peine à devenir une enfant lorsque l'on commença ton éducation.

Mais cela ne t'intéressait pas trop. Tu étais moins calme que Serena, beaucoup plus énergique. Tu ne connaissais pas encore le mot "chaos" que tu le faisais parfois vivre. Mais tu l'aimais profondément. Tu pouvais compter sur elle autant qu'elle pouvait sur toi dans votre nouvelle vie. Après tout, des disputes entre sœurs, c'est assez récurent dans une famille normale. Tu étais avide de l'attention de ta maman, la quémandant dès que possible afin de palier à l'absence, de plus en plus prononcée, de ton papa. De plus, le fait que l'on t'offre tout, cela t'avait donné un caractère assez capricieux. Il se pourrait même que tu exigeais pas mal de choses, ce qui te valait quelques reproches.

Tu l'enviais pour tout ce qu'elle avait, même si tu en possédais tout autant. Tu n'hésitais pas à lui voler des objets. Des vêtements. Tu voulais absolument lui ressembler et tu l'embêtais autant que possible alors qu'elle profitait de quelques après-midis auprès de Mickey. Pourtant, tu t'amusais bien avec Sören lorsque cette dernière était également présente. Ce fut ta première véritable amie. En revanche, tu oubliais tout ceci lorsque ton papa était à la maison. Tu l'admirais et, grâce à lui, tu en apprenais beaucoup. Il avait l'habitude de s'asseoir dans un fauteuil pour lire des tomes de sciences psychologiques, ce qui t'a tout de suite attiré. Il prenait donc plaisir à t'expliquer et à t'acheter divers choses sur le corps humains ou sur la médecine afin que tu puisses en apprendre davantage. Tu avais déjà trouvé ta voix.

[2053]

Tu ne te souviens pas de grand chose. C'était ton anniversaire. Tes 10 ans. Grâce à l'un de tes caprices, ton père t'emmenait acheter l'hybride que tu avais vu en boutique avec ta mère. Et c'est là que les choses basculèrent pour toi. Une belle journée qui se transforme en cauchemars en l'espace de quelques secondes. Le temps aurait même pu ralentir, te laissant tout apercevoir. Tu n'as même pas eu mal sur le moment. Tu as juste sentit le corps de ton père qui essayait de te couvrir mais tu te sentais bizarre. Détachée. Toi qui était si vive, si dynamique, tu étais affreusement calme. Et un liquide rouge s'échappait d'entre tes lèvres. Tu avais du mal à respirer.

Les sirènes, tu les entends encore. Les cris des secours qui tentent de te maintenir éveillée afin que tu ne succombes pas à la tentation du néant qui t'appelait. Une douce mélodie qui résonnait à tes oreilles, prête à t'emporter dans de lointaines contrées. Tu ne sais pas ce qui t'arrivait. Tu as du même perdre connaissance plusieurs fois. Jusqu'à ce qu'il y ait une accalmie dans cette tempête. Tu as pu saisir des brides de conversation entre les médecins ainsi que ton père et ta mère. Cette dernière suppliait que l'on te sauve. Et lui ne disait plus rien. Un silence total. Tu aurais voulu pouvoir les rassurer. Le fait qu'ils se disputent devant toi était assez exceptionnel. Déchirant. C'est alors que tu as compris qu'il allait te laisser mourir. Il a refusé le seul moyen qui pouvait te sauver. Ton cœur se brisa.

Un soir, alors que tes parents n'étaient pas là, tu finis par entendre autre chose que le bruit des machines. Tu étais encore complètement déconnectée. Plongée dans le noir. Mais les mots te parvinrent. Ils parlaient du fait de te prendre afin de te sauver dans le dos de toute ta famille. Un scientifique avait une idée, assez folle, comme quoi une espèce pourrait potentiellement te sauver. Ils voulaient faire de toi un cobaye. Mais tu ne pouvais protester. Tu ne pouvais agir. Alors ils t'ont endormit pour de bon, t'emmenant loin de l'hôpital. Ce dernier, qui était de mèche, te déclara morte. Cela ne sera annoncé que le lendemain à ta famille. Décédée à 9h45 de ses blessures. Et pourtant, tu étais désormais loin. Tu étais dans les laboratoires de Chroma.

Ce fut plusieurs mois passés entre conscience et inconscience. Mais tu avais l'impression que ton corps changeait. La douleur que l'on t'imposait était horrible à supporter pour ton jeune âge. Mais tu n'avais pas le choix. Et tu avais alors bien changé. Des crochets poussaient. Tes pupilles n'étaient plus humaines. Désormais, tu étais ce que ton père ne voulait pas que tu deviennes: une hybride.

[2054 à 2060]

Ta nouvelle vie commençait. Le gêne du requin marteau ta sauvé la vie même si tu ne sais pas comment cela est possible. Grâce à lui, tu peux détecter les champs électromagnétiques. Plus précisément, c'est la détection des contractions musculaires des personnes proches de toi, ce qui peut s'avérer assez pratique pour savoir qui vient te voir. Plus faiblement, tu peux sentir les changements de température. Tu sais lorsqu'il va faire plus chaud ou plus froid. Mais le plus impressionnant restent les deux crochets qui ornent ta bouche et qui peuvent produire du venin. Te voilà à moitié serpent et requin. Au début, dans toute ta naïveté enfantine, tu trouvais cela cool. Jusqu'à ce que tes souvenirs remontent peu à peu et te rappellent tout ce que tu as traversé. Le fait que ton père t'a tourné le dos. Alors, à peine adolescente, tu as toi aussi décidé de lui tourner le dos pour entamer une nouvelle part de ton histoire.

Sauf que plus tu grandissais, plus tu remarquais ce qui clochait. Tes éducateurs ainsi que les scientifiques s'occupaient bien de toi, certes, mais ce n'était pas normal que t'apprenne à servir correctement des humains. N'étais-tu pas toujours humaine ? La réponse était non. Et dans le fond, tu savais que tu étais devenue une esclave. Tu voyais la partie immergée de l'iceberg et cela te déplaisait fortement. Tu trouvais le monde injuste. Bien évidemment, tu t'es prêté au jeu au fur et à mesure que les années s'écoulèrent mais tu n'aimais pas ce que tu avais sous les yeux. Tu ne l'aimes toujours pas. Cela te rappelait un peu ta première éducation mais en plus stricte. Plus dure. Tu te devais d'être obéissante. Loyale. Fidèle. Pour ton futur maître. Rien que ce mot te donnait envie de vomir. Toi qui avait tout... tu as tout perdu. Et peut-être qu'à ce moment-là tu as légèrement compris la décision de ton père, sans forcément l'accepter.

Tu te pliais à leurs exigences. Tu acceptais de détruire l'enfant capricieuse au profit d'une nouvelle personnalité plus douce. Mais ton énergie n'avait pas bougé. Tu avais parfois du répondant, ce qui te valait d'être puni. Sceller tes lèvres n'était pas quelque chose de facile. Tu l'as quand même fait afin d'éviter que l'on te fasse du mal. Et au plus profond de toi, tu t'es juré de devenir quelqu'un qui soignerait. Qui aiderait. Et non pas qui blesserait.

Un jour, tu croisas un visage familier dans les couloirs. Mais tu ne pouvais pas t'arrêter. Ton cœur battait la chamade dans ta poitrine car tu pensais savoir qui c'était même si tu avais besoin de plus d'informations pour être réellement sûre. Mais un nouvel espoir se dessinait. Si tu avais pu lui parler, peut-être que vous vous seriez soutenue. Que vous auriez évoqué des beaux souvenirs. Loin de toute la douleur que vous pouviez éprouver. Juste deux amies d'enfances qui se rejoignent dans leur nouvelles existences. Bien sûr, tu te demandais ce qui l'avait conduite ici, pourquoi était-elle devenue comme elle. De ton côté, c'était contre ta volonté. Tu n'avais que 10 ans. Maintenant, tu en as 17. Mais cette question ne t'intéressait pas plus que cela tant tu étais heureuse de la revoir même si tu ne pouvais lui parler.

[2061 à 2063]

Tu as atteint tes 18 ans. Elle ses 19 ans. Et par un pur miracle, vous vous êtes retrouvé dans la même animalerie. Vous avez pu brièvement échanger. Ton bonheur n'était même pas entaché par le fait que tu allais être vendue. Puis, tout bascula une nouvelle fois sans que tu ais le temps de dire "ouf". Les Déviants ont débarqués. Vous ont libéré. Alors vous les avez suivie. Tu as perdue Sören de vue dans ce méli-mélo de cris et de courses effrénées. Mais une chose était sûre: tu n'as pas regardé derrière toi une seconde, tes jambes te portant vers ta nouvelle liberté. Les balles sifflaient, une ta transpercé le bras. Mais tu ne t'es pas arrêté. Tu voulais vivre. Ta force était toujours présente, elle attendait son moment pour ressortir. Plus jamais tu n'allais te faire traiter comme une esclave.

Une fois parmi les Déviants, tu te sentis un peu dépassée par ta situation. Le Bronx n'était pas l'endroit rêvé. Et pourtant, cela te plaisait déjà mieux que cette sordide animalerie. Naturellement, tu as suivit le mouvement. Tu as dit vouloir te rendre utile. Que tu savais soigné. Ce qui était complètement faux. Tout ce que tu connaissais de la médecine te venait des nombreux livres que tu lisais sur le sujet. Même lorsque tu étais dans les laboratoires, tu n'avais pas vraiment le droit. Pourtant, tu avais pu continuer de t'instruire sur le sujet. Après tout, cela peut être utile d'avoir un hybride qui sait soigner. Alors, on t'a dirigé vers un endroit où tu pourrais t’exercer. Tu as commencé par ton bras, puis par une jambe d'un blessé et ainsi de suite. Tu étais plus ou moins douée mais tu te faisais guider par l'hybride qui gérait cette piteuse infirmerie. C'est même cette personne qui t'a retiré ta puce, que l'on t'avait implanté dans la nuque. Au final, tu sentais que tu pouvais recommencer à sourire plus sereinement.

Puis, le destin t'a tendu la main. Sören est venu à toi un beau jour. Depuis, tu ne la quittes plus du tout. Elle t'a prise sous son aile, comme une grande sœur le ferait. Bien que tu te sens parfois nostalgique, tu as finit par te sentir à ta place chez les Déviants. Tu pensais que ce n'était qu'un groupe violent. Au final, tu sais maintenant qu'ils se battent pour leur droit. Tu n'aimes pas vraiment leur méthode mais au moins ils te permettent de faire le métier de tes rêves: docteur.

Et c'est ce que tu es aujourd'hui. Tu fais officiellement partie de la branche paramédicale des Déviants. Ton talent dans la médecine se reconnaît de plus en plus et tu arrives à les sauver. Pas tous, mais cela fait partie de la vie, malheureusement. Tu vis avec ton amie d'enfance qui te protège, qui prend soin de toi. Et comme lorsque vous étiez enfants, vous vous entendez merveilleusement bien. La seule chose qui te sert le cœur, c'est lorsque tu contemples les articles sur ta famille. Ils ont évolués. Toi aussi. Mais qu'adviendra t'il dans l'avenir ? Vas-tu un jour les revoir ? Parce que parfois, quand tu te sens seule, tu regrettes tout ce qu'il s'est passé. Et tu as peur. Terriblement peur qu'ils finissent par te voir telle que tu es maintenant: une rebelle hybride déviante.