Le silence se lit sur ses lèvres, le regard se tord d’un vide immense, alors que Mikhaïl est la définition même d’un être renfermé. Il ne semble alors pas démordre de cette apparence cloîtrée dans un mutisme froid, et d’un désintérêt flagrant pour son entourage. Malgré tout, il se meut d’une gentillesse profonde, guidée par son propre instinct sans se laisser emporter par le courant des idéaux d’autrui.

Il ne se laisse pas dominer par le paraître, se prêtant à une réelle authenticité. Mikhaïl n’apprécie pas se fatiguer de faux semblants, tout comme il lui est plus reposant de taire une injustice afin de s’éviter un débat houleux qui n’aurait d’impact que sur sa tranquillité. Non pas qu’il puisse adhérer, mais moins il est concerné, mieux il se portera dans la bulle grandiose dans laquelle il aime s’enfermer.

Il se satisfait de sa condition, car, il a appris à ne plus rien attendre des autres, à dissimuler la timidité qui le ronge, pour apparaître d'une fermeté sans retord.
Mikhail reste pourtant discret, ne se permettant pas le luxe de s'imiscer dans les histoires qui ne le concernent pas. Se protégeant ainsi de la moindre altercation. Il fuit lâchement le conflit, car c'est plus facile ainsi, de ne pas s’en mêler et conserver la paix à laquelle il aspire tant.

Ce n'est pas pour autant qu'il laissera filer aisément le tort qui pourrait lui être causé. En effet, la rancune lui est tenace, s’insinuant dans ses viscères pour lui faire oublier qui étaient ses proches.

Cela dit, il n’éprouve désormais aucun attachement qui le pousse à agir pour autrui, se contentant bêtement d’appliquer ce qu’on lui demande car c’est plus facile ainsi.

Funfact :
- il aime le sucre, et déteste faire la diète, mais trauma par son poids, il est obnubilé par la balance
- Déteste faire du sport mais en fait régulièrement pour maintenir sa ligne
- Aime pas la chaleur
- Il a la peau irritable
- Il aime bien les plantes, mais n’a pas la main verte
- Il écoute la musique à fond

2039 — Naissance de Mikhaïl en Russie, et durant cette année, on se rendra rapidement compte que quelque chose ne va pas alors qu’il est le seul brun aux yeux bleus dans la famille (il est en fait d’un père différent). Légèrement délaissé par sa famille, il sera tout de même aimé et accepté.
2046 — Il se découvre une réelle passion pour les jeux vidéo et l’univers de l’informatique.
2050 — Plus renfermé que les autres enfants, il sera rapidement mis à part, n’ayant que peu d’amis, et il finira ensuite par combler son anxiété par la nourriture. Prenant alors beaucoup de poids, il finira par être encore plus délaissé.
2055 — Après une énième humiliation de par sa famille et ses camarades de classe, il finira par se prendre en main, poussé par Elian qui l’aidera à distance, et durant les quelques fois où il reviendra en Russie.
2056 — Suivant des années de programmation, Mikhaïl finira par créer une intelligence artificielle capable de l’aider dans son quotidien, alors qu’il continuera ses études à domicile.
2057 — Enrôlé dans le service militaire, il commencera à mieux se développer jusqu’à finalement rester deux ans de plus poursuivre le cursus, ce qui lui fera alors le plus grand bien dans son estime de lui-même.
2059 — Il termine alors sa formation en informatique après ses deux ans de l’armée et développera encore mieux son IA qui trouvera place dans un porte-clés fait main pour qu’il puisse la conserver tout le temps avec lui.
2063 — Le corps d’Elian est envoyé en Russie au grand désarroi de la famille qui poussera Mikhaïl à rejoindre la BTD afin de venger son frère. Il suivra une rapide formation avant d’être assigné au département qui se charge des informations.


« Tu as bien travaillé… »

Mikhaïl ne l’entendait pas souvent, pourtant lorsque la grande main de son frère aîné se posa sur le sommet de son crâne, il ne put retenir ce léger sourire qui étira ses lèvres. Déchiré par la rancune qui malmenait les tréfonds de ses tripes, il ne pouvait s’empêcher de ressentir une fierté l’habiter lorsque l’idéal modèle de la famille l’approuvait si ouvertement.

Il avait pourtant toujours été cette ombre qui se dissimulait sous les traits d’un étranger dans la famille Makarov. Le sujet de ses origines elles, avaient toujours été tues malgré les regards de travers que leur père avait pu lui lancer. Il pouvait parfois sentir ce dédain lorsqu’il le prenait dans ses bras. Un sentiment qui alors à cet âge, il ne connaissait pas.

Sa poitrine s’était gonflée d’une fierté profonde alors qu’il saisissait la main de son frère aîné comme pour s’assurer qu’elle n’échapperait pas à sa poigne timide. Comme pour s’assurer que ce pilier ne finirait pas par s’évaporer.

——

Parfois c’était une remarque, d’autre fois c’était un coup d’épaule au détour d’un couloir. Mikhaïl baissait alors la tête, taisant la frustration qui grandissait peu à peu au fond de sa poitrine. Se détestant chaque jour de ne pas être en mesure de répliquer si ce n’était d’un rire nerveux afin de fuir au plus vite le malaise qui s’installait.

“Tu m’as pas entendu ?! Entendit-il dans son dos, alors qu’il tentait de passer le portail de son collège.”

Enfonçant son pouce entre ses dents, l’adolescent n’osa pas relever le nez qui fixait intensément le bout de ses chaussures. Un malaise semblait s’être peu à peu emparé de ses entrailles, et son échine bourdonnait de frissons qui le rendaient bien ridicule face à l’adversité. Frêle de ses épaules élargies par la graisse, penaud de sa puberté qui ne l’avait pas encore fait s’élever à hauteur d’homme, Mikhaïl s’était tétanisé au milieu d’une ruelle.

« Eh gros porc ! T’es au milieu du chemin ! Marche plus vite pour te débarrasser de ton gros cul, ou pousse-toi ! »

Il n’entendait plus vraiment les insultes qui lui étaient attribuées, et pourtant il ne pouvait s’empêcher de ressentir un pincement dans la poitrine à chaque fois qu’on finissait par lui adresser la parole.

Pourquoi lui était comme ça ? Pourquoi il était le seul à devoir subir ce traitement alors que le reste de sa famille pouvait se pavaner aisément sans craindre un mot de travers.

« Casse-toi tête de con, t’as pas mieux à faire que d’emmerder mon frère ? »

Reconnaissant alors la voix derrière lui, Mikhaïl tourna timidement la tête pour voir la silhouette de Sacha se dessiner plus loin. Seulement, honteux de devoir compter sur son aîné, il se tourna tout aussi vite afin de fuir cette scène humiliante.

——

La voix d’Elian résonnait au fond de son oreillette alors que l’adolescent terminait son énième série pour soulever les haltères, puis les reposa à leur place afin d’essuyer la sueur qui perlait le long de ses tempes.

« Tu t’améliores, fit remarquer le militaire dans son oreille. »

Le visage se dessinait à travers le petit boîtier qui permettait aux deux frères de discuter. Mais en seule réponse, Mikhaïl lui offrit un haussement d’épaule désintéressé. La courbe de ses muscles commençait peu à peu à former le galbe, sans que cela ne vienne rompre l’indifférence qui avait pris place sur son visage à mesure qu’il s’était renfermé.

Un long soupir traversa le micro de son frère qui l’observait toujours distraitement en même temps qu’il semblait s’être perdu dans les dossiers qu’il traitait, tout en veillant sur son cadet. Une question lui brûlait les lèvres, car le soudain entrain du jeune Makarov pour se lancer le défi impossible d’une quête de perte de poids, ne lui semblait pas totalement anodine. Les deux regards se croisèrent, avant qu’il ne lui tourne le dos.

« Je n’ai pas besoin de ton avis, reprit Mikhaïl sans laisser le temps à son frère de parler.
— Je n’ai rien dit, rétorqua Elian passivement. L’adolescence te rend désagréable, surtout quand je prends de mon temps pour toi.
— Ouais, c’est pourtant pas la raison qui t’a poussé à partir. »

Et il remettait ça sur le tapis. L’aîné laissa sa joue tomber lourdement dans le creux de sa main sans le lâcher du regard.

« C’est la faute de maman ? »

Il ne reçut aucune réponse et l’appel se coupa soudainement, laissant l’adolescent dans un silence pesant. Elian avait toujours eu le don de taper insupportablement juste.

——

Le menton posé sur son genou, Mikhaïl regardait passivement son programme émettre des lignes de code interminables. L’air ennuyé de son visage ne sembla quitter ses traits alors qu’enfin, il appuya sur la touche qui permettrait à son dur labeur de fonctionner.

Pourtant rien, alors qu’un profond gémissement de frustration traversa les lèvres de l’adolescent dont la tête bascula vivement en arrière sur sa chaise. Un nouvel échec dans sa tentative. Un énième qui le fit se lever au cœur de la nuit, pour se faire couler un café, afin de se permettre de terminer la nuit sans s’effondrer d’épuisement sur son clavier.

Voilà des mois qu’il tentait de réaliser ce programme qui lui tenait tant à cœur, et celui-ci se soldait manifestement par des échecs consécutifs. Tenant alors sa tasse entre ses doigts qui émettait quelques volutes blanchâtres, Mikhaïl perdit son regard par la fenêtre, y déposant son crâne songeur pour regarder la cité qui s’étendait par-delà l’horizon. L’écran noir, parfois parsemé de quelques lumières timides lui rappela que le temps ne jouait plus en sa faveur, et qu’à ce rythme, il perdrait certainement confiance en ses capacités.

Et alors que les lignes de codes semblaient continuer à défiler sur son programme, une réaction attira finalement son attention. Une fenêtre s’afficha et alors qu’il revenait près de son ordinateur pour s’y installer, Mikhaïl commença à taper quelques mots au hasard.

« Il me faut un nom. »

Clignant des yeux à plusieurs reprises, l’adolescent regarda son écran hébété.

——

« Maître Mikhaïl, tu as tes exercices dans deux heures, tu devrais dormir.
- Mikhaïl, répondit-il en soupirant.
- ⊂((・⊥・))⊃ »

Le petit visage se dessinant sur le cube doté de led observait le nouveau militaire qui s’était plongé dans une armée de livres, le menton posé dans le creux de sa main, tout en laissant échapper un profond bâillement. Du coin de l’œil, il observa le robot qui était installé sur son bureau, alors qu’il analysait les cours de son créateur, tout en profitant de la charge qui lui était offerte.

« Appelle-moi Mikhaïl, arrête d’ajouter des suffixes inutiles.
- Mais.
- Mikhaïl, acheva-t-il intraitable.
- (´；Д；`) »

Il finit tout de même par fermer son bouquin pour trouver place dans son lit le temps de quelques heures avant les sessions d’exercices.

——

Le visage fermé, Mikhaïl regarda la boîte s’enfoncer lentement dans les entrailles de la terre. Son épaule supportait les larmes d’une mère dévastée, alors que lui, il n’arrivait pas à éprouver la moindre émotion. Une sensation d’un vide profond semblait l’avoir envahi, et il n’était plus capable d’émettre le moindre mot qui aurait pu réconforter. Qui aurait pu l’aider à s’exprimer.

Non, Mikhaïl se contentait juste de voir cette boîte disparaître au fond de la terre, comme si l’on enterrait un inconnu.

Comme s’il n’était pas concerné par cette perte.

« C’est du déni, lui avait dit Terra. »

La chemise jetée dans un coin de la chambre, il s’était laissé lourdement tomber dans son matelas. Restant d’abord silencieux, le garçon pencha son visage en direction de l’engin électronique qui se contentait de le fixer.

« C’est la phase du déni, avait-il continué sans la moindre émotion, se contentant simplement de ressortir des articles sortis dont ne savait où sur le net. »

Et en simple réponse, Mikhaïl se contenta d’abuser une épaule d’un air désabusé.

« Il a fait ses choix, vraisemblablement, c’était celui de jouer avec la mort, et il a perdu. »

Tournant son dos à sa création, il ferma les yeux, sans comprendre d’où lui venait ces sensations désagréables qui l’avaient saisi à la gorge sans qu’il ne puisse exprimer le moindre sentiment de tristesse. Ainsi, il finit par fermer les yeux, incapable de s’endormir, mais choisissant le silence pour ne pas se heurter à la réalité qui le rattrapait durement, après tout, Elian était un pilier qui n’aurait jamais dû être détrôner dans cette famille.

——

« T’es le petit frère de Makarov ? »

Le regard de dédain posé sur lui tendit à l’agacer, mis son expression resta de marbre lorsqu’il s’était présenté lors d’un recrutement au sein de la brigade. Évidemment, lorsque l’aîné laissait derrière lui une impression imposante, le côté discret de Mikhaïl devait décevoir. Quand la grande gueule de Sacha quant à elle se faisait remarquer, lui n’était qu’une ombre qui s’était faible oublier à mesure des années.

Qu’ils avaient très certainement oublier pour l’avoir lissé ainsi derrière. Pour se heurter aux parois de la mort sans s’inquiéter des dégâts qu’ils pouvaient laisser derrière eux. Ni la rancœur qu’ils pouvaient éveiller.

Ni la peine qu’ils avaient provoquée.

« Le cadet de la famille, en effet. »

Il s’inclina poliment, s’exprimant d’un ton morne et sans vie. L’armée lui avait appris la discipline, et c’était sûrement ce qui lui avait permis de rentrer aussi rapidement dans les rangs de la brigade de traque. Sûrement que la réputation qui précédait son frère n’avait pas épargné les oreilles des recruteurs, et l’avait aidé à se propulser plus aisément à son poste.

Il posa son regard sur le sol, le cœur lourd de se sentir l’objet qui devait redorer l’image d’un mort. D’être le frère de.

De ne pas être juste celui que l’on pouvait féliciter d’être juste Mikhaïl.

Mais après tout, ça avait toujours été sa vie.