Autrefois, Blue aurait pu être considéré comme une fille calme qui ne demande rien à personne, qui se laisse porter par la vie sans jamais s’en plaindre. Mais ça, c’était la Rikke du passé, à présent, c’est une personne complètement différente qui a pris le contrôle. Même si elle garde cette même créativité qu’elle entretenait auparavant, tout comme sa tendance à réellement s’appliquer dans ce qu’elle fait, c’est sa nouvelle énergie qui la différencie bien de ce qu’elle était. Cette hyperactivité la pousse à devoir toujours trouver quelque chose à faire, à dire ou à détruire. Une activité si constante qu’elle a déjà beaucoup changé rien qu’avec ça.

Au moins, avec cette passion pour l’assemblage, elle a pu développer son talent de bricoleuse, cherchant toujours à créer de nouvelles choses avec ce qu’elle peut trouver autours d’elle. C’est par ce besoin de créer qu’elle se trouve désormais si débrouillarde quand il s’agit de construire quelque chose. Elle paraît être capable de faire des miracles avec les moyens du bord ! Certainement ce qui la rend ainsi si efficace, pouvoir se faire des armes de fortune en peu de temps, c’est le fruit de son travail acharné durant ces dernières années.

Mais il est évident que rien de tout ça n’est ce qui saute le plus aux yeux lorsque l’on rencontre Blue. Ce qui est le plus flagrant, c’est à quel point elle semble complètement déconnectée de la réalité comme si aucune de ses actions n’avaient d’impact autours d’elle. Elle est totalement insensible aux sorts des humains, quelque soit la souffrance qu’ils endurent, même innocents, elle ne ressent rien du tout. Ni pitié, ni regret, ni tristesse. Juste ce vide terrible dans son coeur qui ne l’inquiète même plus après tout ce temps. Blue peut même se montrer immature dans des situations critiques, voulant être celle qui tue le plus de personnes ou qui provoque la plus grosse explosion. Une instabilité dangeureuse pour elle ou quiconque en serait témoin car une fois en colère ou frustrée, elle se laisse rapidement allée par des pulsions sauvages. Deux faces dont elle ne paraît même pas consciente, l’une heureuse de pouvoir construire ce qui lui plait, être avec ceux qu’elle apprécie et l’autre prête à détruire tout ce qui se trouve sur son passage, humain ou hybride.

Malgré toute cette énergie, Blue souffre terriblement. Pas que psychologiquement puisqu’elle semble être en proie à des douleurs chroniques : dans les jambes, les bras, le dos. Des picotements ou des engourdissements qui ne veulent pas partir, qui reviennent par vagues, parfois un peu et parfois beaucoup. De quoi lui faire perdre la tête quand elles sont trop intenses et c’est sûrement à cause de ça qu’elle tente de se réfugier dans les anti-douleurs, prenant des doses de plus en plus importantes à mesure que la douleur se fait plus forte ou que les effets s’estompent rapidement dû à ses prises trop régulières. Une addiction qui ne s’améliore pas avec le temps et dont elle n’a même plus envie de se détacher, pensant qu’elle ne pourrait jamais survivre sans. Surtout que son état de santé ne fait que s'aggraver, récemment, elle a commencé à faire des malaises, peut-être à cause de fièvres qu’elle essaie d’ignorer mais c’est à se demander combien de temps elle pourra encore tenir comme ça.

Chronologie:

2032 à 2053 (Naissance à 21 ans)
Rikke est née le 29 octobre en 2053 dans une famille de cinq enfants au père absent et à la mère alcoolique. Ce n’est clairement pas un environnement des plus propices au développement d’un enfant et les choses ne s’arrangeront pas avec le temps. Rikke était l’enfant du milieu, une fille calme qui se laissait porter par la vie, qui voulait partir loin mais qui ne pouvait se résigner à quitter sa famille aimée. Elle comprenait clairement les problèmes qui régnaient dans son entourage, le favoritisme envers les aînés, l’absentéisme, l’abus physique et moral que les plus jeunes subissaient. Pour Rikke, elle ne vivait aucun des deux, comme spectateur de tout ça, une entitée à part de ce monde. En dehors de chez elle, elle paraissait être la fille normale : des notes moyennes à l’école, quelques amies et un vague intérêt pour tout ce qui pouvait toucher à la créativité.

Elle n’avait jamais essayé d’intervenir au sein de sa famille sur tout ce qu’il se passait pour plusieurs raisons. Rikke avait surtout peur d’empirer les choses, peut-être une excuse pour s’épargner les mêmes traitements, en tout cas c’est ce qu’elle se répétait pour essayer de se dédouaner au mieux et d’échapper aux regrets. Pourtant, elle qui pensait être celle qu’on allait oublier avec le temps, qu’on allait laisser tranquille, était tombée de haut suite à l’ultimatum de leur mère. Cette bulle dans laquelle elle avait grandi s’était éclatée en une seconde et la peur que cela avait entraîné ne l’avait clairement pas aidé à apporter des résultats scolaires convainquants pour avoir droit de rester dans la famille. C’est sous ce choc et dans ce désespoir qu’elle n’a même pas protesté quand elle a été amené chez Chroma, comme une punition pour avoir été resté tant en retrait, pour n’avoir rien fait pour ses petits adelphes et pour s’être cru si inatteignable.

Ces moments au laboratoire de New York où elle a été transféré, Rikke ne saurait les décrire. Douleur, regret, tristesse et confusion. Certainement les quelques mots qu’elle peut poser sur ce qu’elle a vécu à cette époque. Mais elle n’avait pas protesté, que pouvait-elle faire de toute façon ? Dans un sens, elle l’avait bien mérité, ce n’est que le juste retour des choses. Ainsi, on lui avait retiré toute son humanité, ses libertés et lui greffant des parties animales qui l’avaient faite souffrir. Des initiatives qu’elle ne comprenait pas, toute cette démarche de vouloir attribuer tout ça à un humain puis de le réduire à l’état d’animal comme si sa vie d’avant n’avait jamais existé. Au fil du temps, ses regrets ont disparu là où la confusion prenait le dessus avant d’être remplacée par la colère. Rikke jugeait avoir assez subi pour ses pêchés, il était trop à présent, plus rien ne servait à la torturer ainsi. Pourtant, ça ne s’était jamais arrêté, elle continuait à subir et à nouveau elle se trouvait spectateur, de sa propre souffrance cette fois.

2055 (23 ans)
[TW : Mention de harcèlement sexuel]
Une libération. Ou plutôt se faire jeter dans une autre partie de l’enfer. Là où Rikke pensait enfin se libérer de Chroma, elle avait été acheté par le propriétaire d’un maid café dans les rues les moins fréquentables de la ville. Elle ne compte pas les fois où les mains baladeuses se sont aventurées plus que nécessaire, l’abus moral subit chaque jour par le patron qui nourrissait ses fantasmes au travers d’une genre d’entreprise de restauration. Être au service de cet homme était humiliant et même révoltant tandis qu’il profitait clairement de son statut d’hybride pour satisfaire son envie de contrôle sur la vie d’un autre. La chose étant, Rikke n’était pas la seule à s’être retrouvée dans un lieu si infecte car plusieurs autres filles subissaient la même chose. Peut-être pouvaient-elles au moins se soutenir les unes les autres pour surmonter cette nouvelle vie.

L’une d’elles s’appelait Blue : une hybride chat à la magnifique chevelure aux couleurs du ciel. Elle était cette fille qui remontait le moral des autres, qui cherchait à divertir chacune d’elle pour oublier l’horreur de la réalité. Avec Rikke, elles s’entendaient à merveille, rigolant en cachette lors de leurs courtes pauses et s’imaginant une vie pleine de libertés. Elle était cette petite lumière qui parvenait toujours à la faire sourire et qui l’écartait peu à peu de cette haine qui la rongeait.

2056 à 2057 (24 à 25 ans)
Ca faisait un an que Rikke travaillait au maid café, supportant chaque jour les propos déplacés de ses clients. Cependant, ce calvaire allait prendre fin car lors d’une soirée, c’est l’animalerie placée juste à côté qui avait explosé, provoquant une panique générale tout autour d’elle. C’était en comprenant la situation et surtout voyant l’opportunité que cela leur offrait quand le patron s’était précipité à l’extérieur pour constater l’origine de l’agitation, que Blue avait hâté Rikke et les autres filles à s’enfuir par la porte de derrière. Elles espéraient pouvoir profiter de la confusion et de l’absence du propriétaire pour s’échapper de leur prison, une occasion qu’elles n’avaient jamais pu avoir jusque là. Rikke se souvient de leur joie quand elles s’étaient rendues compte qu’elles avaient réussi, qu’elles se trouvaient déjà si loin de ce foutu café.

Elles avaient trouvé refuge dans un vieux chantier laissé à l’abandon où un bâtiment était visiblement en train d’être construit. Loin des routes principales et des quartiers commerciaux, elles se sentaient bien plus à l’abri qu’à leur ancien logement où l’espace personnel n’existait pas. Même si le confort n’y était clairement pas non plus, elles avaient toutes décidé qu’elles resteraient ensemble car c’était ainsi qu’elles avaient tenu jusque là. En se répartissant les tâches, elles avaient pu s’offrir un semblant de vie. Là où certaines s’occupaient de la nourriture ou d’autres des vêtements, Rikke n’avait qu’un objectif en tête : les protéger. Même si le groupe était de bonne humeur, elle ne pouvait pas oublier qu’elles étaient certainement recherchées et que leur fuite leur coûterait très chère si elles venaient à se faire attraper. Pour ça, elle essayait au mieux de fabriquer de quoi les défendre. De vieux bouts de planches où a été attaché une lame rouillée, des petites armes de fortune qui ne valaient finalement pas grand chose mais qui suffisaient au moins un peu à rassurer Rikke.

L’esprit de groupe était ce qu’il y avait de plus important à l’heure actuelle et c’était Blue qui se chargeait du moral de toutes. Dans cette précarité, elle parvenait à trouver les mots pour redonner le sourire à celles qui commençaient à désespérer. Rikke lui en était reconnaissante chaque jour, tout venait toujours d’elle et elle ne demandait jamais rien en retour comme si le bonheur de ses amies était une récompense suffisante à ses efforts.

En 2057, Rikke avait trouvé une vétérinaire pour leur retirer leur puce et se sentir encore plus libérées des mains des humains. Elle y avait alors rencontré Pénélope qui avait gentiment accepté leur requête. Pourtant, ce qui devait être quelque chose les allégeant d’un poids fit naître un début de peur dans le coeur de Rikke qui ne semblait pas réussir à s’en débarasser, lui provoquant cette sensation d’être constamment observée.
[Note : Rikke aura été infecté à ce moment-là.]

2056 (26 ans)
Les choses se passaient bien, trop bien pour que cela ne dure éternellement. Une vie paisible n’était finalement pas possible pour des hybrides en fuite qui se faisaient de plus en plus remarquer par leurs petits larcins, les vols qu’elles faisaient pour obtenir de quoi vivre. Peut-être les a-t-on suivi ou les a-t-on dénoncé, qui sait ? Les faits étaient là : la BTD les avait retrouvées.

TW : VIOLENCE, SANG:

Résumé censuré : Le groupe de Rikke est appréhendé ou tué, Blue meurt dans les bras de Rikke mais elle arrive à s’enfuir.

Plus tard, Rikke avait décidé de rejoindre les déviants sous une autre identité, se faisant à présent appeler Blue tandis qu’elle s’engagea avec un seul objectif en tête : se venger des humains. C’était eux qui lui avaient fait vivre cet enfer, qui lui avait arraché de ses rêves et aucun de mérité sa pitié. De là, elle commença à souvent changer d’apparence, revenant tout de même sur les cheveux bleus comme un écho de son passé.

N’ayant plus personne à protéger, elle s’était mise à prendre un peu plus de risque et elle se penchait déjà plus sérieusement dans son projet de fabriquer les armes qui pourraient faire souffrir un maximum ses ennemis. Car c’était ce qu’elle avait vécu jusque là, de la souffrance de la part des humains qui subiront toute la haine qu’elle avait accumulé depuis.

2059 à 2061 (27 à 29 ans)
Finalement, était-ce réellement mieux ce qui s’était passé ensuite ? L’enfer, elle avait bien compris qu’elle continuerait d’y vivre malgré tous les choix qu’elle essayait de faire pour s’en sortir. Blue s’était faite mordre lors d’un règlement de compte et depuis, son état de santé se dégradait à une vitesse fulgurante. Un problème qu’elle avait fini par laisser de côté comme si elle en avait marre de se préoccuper de ce qui la faisait souffrir. De là, elle n’était plus la femme qui s’occupait des autres et qui se souciait de leur bonheur et à présent, elle ne voulait se concentrer que sur sa haine, persuadée que c’était ce qui lui permettait de tenir.

C’était dans le courant de 2060 que Blue avait développé ses premières douleurs aux origines inconnues. Elle était retournée voir Pénélope pour l’aider à s’en débarrasser mais quelque soient les traitements, rien ne semblait la soulager. Seuls les anti-douleurs puissants parvenaient à réduire ses souffrances et elle s’était finalement laissée aller dans ce faible confort au point où elle ne réclamait même plus d’argent en échange des armes qu’elle fabriquait mais bien de précieux médicaments.

Que lui arrivait-elle ? Son elle du passé avait maintenant complètement disparu pour laisser place à cette poupée meurtrière qui n’avait que vengeance en tête. Une marionnette où seule la colère est maître des fils et où sans elle, plus rien ne pourrait animer son coeur meurtri.

Aujourd’hui (30 ans)
Blue continue de travailler pour les déviants, ses compétences en bricolage s’étant grandement améliorées, elle est à présent capable de créer des armes efficaces et surtout des explosifs puissants. Elle semble toujours des plus enjouée quand elle a l’occasion de s’en prendre à des humains et elle compte continuer à se battre jusqu’à la fin.