Maverick.
Ce nom, tu le portes si bien.
Tu l’as choisi, et tu l’as gardé à travers les changements, fièrement.
Et ces changements, parlons-en, serpent.

Empli de vice.
Il y a toujours ce qui ne change pas, ce qui est ancré, encré.
C’est écrit sur ta peau, gravé dans tes os, inculqué dans ton cerveau.
Tu as tes problématiques, et tu n’en as pas qu'une, c’est le fondement de ta personne, passé traumatique, c’est cette ombre dans ton dos qui t’accompagne chaque instant, cette main autour de ton cou qui n’attend que ton accord pour t’étrangler.
Tu la sens souffler dans ta nuque, et voilà qu’on dit de toi que tu es paranoïaque, suicidaire, que tu imagines l’inexistant, que tu es fou.
Cette mort, que tu as accompagnée toute ta vie durant.
Celle qui sera ton unique amante, qui sera l’ultime cri de ton nom.
Liberté.

Le voilà qui se glisse.
Et puis il y a ce qui s’est construit, avec le temps, avec la vie.
Le besoin de savoir, la curiosité malsaine, le regard perçant.
Ces yeux qui ont parcouru des lignes sans voir le temps passer, ces mains qui ont touché du bout du doigt ce qui est à la limite de l’inexplicable.
La science, la chimie, la physique.
La naissance, la vie, la mort.
C’est devenu ton obsession, ton but à suivre depuis si jeune, cette nécessité d’assouvir la soif qui te demande, discrètement, “pourquoi ?”
Comme si toute la connaissance du monde ne te suffisait pas, il fallait que tu pousses ce vice plus loin, que tu ailles jusqu’à ouvrir un être humain, méticuleusement, sans aucune pudeur.

Sous le clair de lune.
Mais quelle horreur, d’y penser.
Disséquer, décortiquer, analyser, dans ces pièces froides, lugubres, à l’odeur difficile à décrire, un mélange de javel et de putréfaction, que l’on finit par oublier.
L’être humain s’adapte, à chaque instant, même sous la lame aiguisée et gelée d’un scalpel, qui glisse sans accroc.
Tu n’y as pas fait exception, c’est là que tu as trouvé ta vocation, dans ce lieu qui demande une adaptation hors norme, qui réclame une séparation entre le cerveau et le coeur, qui oblige le médecin à faire la différence entre la vie et la mort.
Tu as toujours été plus doué avec ces derniers, ça t’arrange.
Moins lorsque tu dois annoncer ce qu’il s’est passé à une famille qui n’est pas prête d’entendre ce qu’a pu subir leur précieux enfant.
Alors tu laisses ce métier aux plus doués, pendant que toi tu sutures, avec patience et précision, la plaie que tu viens de créer afin d’offrir ton respect une dernière fois aux défunts.

Entre les draps.
Car on ne l’oublie jamais, ce respect.
Le fait de bien faire le travail, de noter chaque nom dans un petit carnet, pour pouvoir parfois trouver la tombe et y déposer une fleur, dans l’espoir qu’ils ont trouvé la paix qu’ils n’ont pas pu obtenir dans la vie.
Tu as toujours été une âme douce, de ceux que l’on peut penser être rayonnant, mais tu as toujours préféré l’être sous la lune que sous le soleil.
Tu es un grand solitaire, la nature de ton métier bien sûr ne t’aide pas à aller à l’encontre de ce trait de caractère, mais ça ne te gêne pas.
Ca t’apporte même une certaine importance quant aux rencontres que tu peux faire, que d'autres n’ont pas.
Malgré tes troubles, malgré tes difficultés, malgré ta capacité à tout transformer en chiffre et en science, tu as toujours été souriant, accueillant, réconfortant.
Tu es celui que l’on vient chercher lorsque la vie nous attaque, à la recherche d’une oreille, d’une épaule, d’une main.
Tu aimes, du fond de ton cœur, l’être humain.
Et tu fais toujours tout ce qui est en ton pouvoir pour le faire ressentir, par tes gestes, par tes sourires, par tes attentions.

Porteur d’infortune.
Même si toi, tu n’y as eu que trop peu le droit.
Tu es ce petit mouton noir, le vilain petit canard, tu n’aurais pas dû naître, venir au monde, tu es l’erreur imprévue.
Soit, il te suffit de te cacher sous tes draps dans l’attente que la terreur passe, que les souvenirs s'effacent, une peluche choisie avec attention entre tes doigts, les larmes qui perlent sur tes joues pendant que l’heure tourne.
Soit.
Tu retenteras demain, de te faire accepter, d’oublier…
Ou alors, au contraire, finiras-tu enfin par accepter que jamais, tu n’entreras dans ces codes que l’on a voulu t’imposer ?
Avec ces aiguilles qui t’ont imposé des tatouages, tandis que toi, tu ne voulais que créer des peluches, avec des aiguilles.
Avec ces pinceaux que l’on a glissés dans ta main pour t’apprendre l’art de la calligraphie, dans une éducation ancienne et erronée, tandis que toi, tu ne voulais que peindre des paysages, avec des pinceaux.

S’enroule autour de ce bras.
Finalement, tu n’as que le caractère d'une personne qui aurait souhaité croquer la vie à pleines dents, mais à qui on a offert des griffes et des crocs.
Et la douleur n’est que bien rarement la bienvenue.
Alors tu as transformé ce que l’on t’a offert en avantage, pour finalement en payer le prix, te brûlant les ailes.
Et chaque soir, le monde te rattrape, tu te demandes pourquoi l’on te punit, pourquoi tu as ces terreurs nocturnes, ces crises qui te font croire que tu es fou, ces pensées qui te font voir toute la noirceur de ton esprit…
Pour sourire le lendemain, arrosant les fleurs à ta fenêtre avant de découper un cadavre, une chanson qui passe tes lèvres, signe que tu es à la recherche de l’infortune qui a pu ôter la vie d’une personne, encore.

C’est une histoire qui ne s’arrête jamais, une boucle sans fin, un cercle vicieux, celui qui t’a créé, qui t’a offert ton utilité, qui t’oblige à mordre de tes crocs dans ce bras, avant de te servir de ton propre corps recouvert d’écailles pour créer un garrot et empêcher le venin de circuler.
Tu es un monstre qui blesse, alors que tu ne veux qu'offrir amour.
Tu n’es que le résultat de ta famille.

MBTI : INFJ-T

[HS : Comprenez bien que les éléments difficile à lire sont fait pour l'être.]
Ce qui suit sont des extraits de nombreux carnets que Maverick garde précieusement. Il se sert de l’écriture comme refuge, comme moyen de mémoriser ce qu’il a peur d’oublier mais aussi comme moyen de se soigner, petit à petit…