En 2029, tu es venue au monde, de deux parents venus d’Irlande. Après avoir décidé de déménager à New York, après s’être marié, tu étais la prochaine étape, et tu es arrivée, en bonne santé, pour leur plus grand bonheur. Tu as grandi dans un cadre parfaitement normal, à l’aide de la situation aisée de tes parents, tu n’as jamais eu à te plaindre, et tu as rapidement appris à te faire des amis à l’école, tout en étudiant de manière correcte.
En 2044, du haut de tes 15 ans, ta vie a soudainement pris un tournant auquel tu ne t’attendais pas. Tes parents ont divorcé, à cause de ta mère. Tout leur argent, elle l’a dépensé dans des jeux de hasard, c’est une véritable addiction qui s’est développée, et ton père vous a simplement rejeté. Tu es partie avec elle, tu l’as vu tombé d’autant plus dans ses problèmes, et tu as fini par découvrir un mode de vie dont tu as toujours été protégé : sans argent, sans stabilité, ta mère s’est prostitué pour avoir de l’argent facilement, autant pour vous nourrir, que pour les dépenser de nouveau derrière.
En 2047, tu profites de ta majorité pour partir immédiatement. Tu as mis de l’argent de côté à l’aide de travail à mi-temps que tu as pu faire lors de ton adolescence, ce qui te permet de prendre un appartement, tout en coupant tout lien avec ta mère de manière brutale. Comme si l’attachement n’avait jamais eu lieu, tu n’as jamais éprouvé aucun remord.
En 2049, tu commences pourtant à bien trop lui ressembler. Tu t’ennuies dans ta routine, tu ne sais plus quoi faire de ton temps, ne faire que travailler te déprime, alors tu vas dans des soirées, tu cherches avant tout un contact humain plus profond, mais tu tombes surtout sur des addictions : l’alcool, la drogue. Tu tombes dedans, toujours plus profondément, et tu n’arrives pas à t’en détacher. Tu es comme elle.
En 2050, tu rencontres celui qui deviendra ton mari. Yakuza de son état, tu ne le sais pas dans l’immédiat. Tout ce que tu sais, c’est qu’il te plaît, et tu lui plais en retour. C’est un jeu de flirt qui commence à se mettre en place, les rencontres se multiplient, vous faites même des petits rendez-vous romantique, celui qui t’a le plus marqué, c’est le zoo à Brooklyn. Tu te souviens encore de cette jeune femme, avec ses cheveux blanc et bleu.
En 2052, vous vous mariez. Tu deviens officiellement femme de Yakuza, et cette fois, tu le sais. Mais ça ne te gêne pas plus que ça, aveuglé par l’amour, par les promesses, par les rêves, et puis tu ne fais que les observer de loin, ce grand groupe qui te dépasse. Tu ne fais que regarder, à te demander comment même des adolescents peuvent finir par y prendre place, à l’image de ce jeune garçon, toujours accroché à cette femme sûrement deux fois son âge.
En 2053, c’est l’année de votre première dispute. Lui, veut un enfant, toi, non. Tu n’en es pas capable pour l’instant, tu le sens, ce n’est pas que l’envie te manque, mais c’est tellement plus compliqué que ça. Sauf que tu es une femme, tu es sa femme, et vous avez beau être en 2053, certains esprits n’ont pas évolué. Tu es faite pour enfanter. Rien de plus, rien de moins. Si tu refuses de tomber enceinte, alors tu seras celle qui subit ses violences, qui entendra ses insultes, avant de prendre ses coups.
En 2054, tu as bien trop peur pour ta vie. Tu n’aurais jamais cru que ce mariage puisse évoluer ainsi, mais à force, bien sûr que tu as cédé. Non pas sans larmes, sans peur, tu es tombée enceinte, et tu as remercié tous les Dieux en lesquels tu ne crois pas une seconde, surtout pas avec ce que tu as vécu. C’est la paix qui est revenue, c’est le calme, mais ne dit-on pas “le calme avant la tempête” ?

Fausse couche:

Ils t’ont gardé, quelques jours, pour surveiller ton état, alors que tu as commencé à plonger petit à petit dans une dépression toujours plus grande, pas un mot traversant tes lèvres de peur que ça se retourne contre toi d’une manière ou d’une autre, la fatigue rongeant ton visage encore si jeune. Par sécurité, les médecins ont décidé d’écouter un étudiant en médecine aux cheveux ébène, demandant à ce que tu te reposes dans une clinique psychiatrique. Tu n’as pas pu refuser.
En 2055, tu as fini par rentrer chez lui, car tu ne peux pas appeler son habitation comme chez toi, clairement. Il ne t’a pas accueilli, n’en a rien eu à faire de ton retour ; tu as déjà été remplacé de toute façon, avoir des maîtresses, c’est tellement plus simple. Mais lorsque tu les as surpris, même si tu n’as pas réagi à part en t’excusant, il s’en est pris à toi, de nouveau.

Violence conjugale :

La peur, l'instinct de survie, face à la mort, le tout doit normalement se réveiller, mais toi, tout s’est éteint. Ce n’était pas la première fois, ça ne serait pas la dernière fois, tu as accepté ta situation, là où tu n’aurais jamais dû.
En 2056, alors que tu viens de passer une année complète à l’hôpital, dans le plus grand des secrets grâce à un généreux pot de vin, tu perds complètement pied. Des crises d’hystérie, des crises d’anxiété, des tentatives de suicide, tout s’est enchaîné, ils n’ont fait que te rajouter des médicaments, te rendre morte de l’intérieur dans une tentative de te stabiliser et te garder en vie alors que tu n’en voulais pas, de cette foutue vie. De ces cicatrices, de ces rappels que tu es liée à ce monstre, tu voulais juste t’enfuir, disparaître, pendant qu’il n’était pas là, mais dès qu’il venait te voir, c’était le calme, le silence.
Rien.
Tu ne peux pas prendre un seul risque de le fâcher, tu ne peux pas.
Alors quand tu rentres chez toi, la tête baissée, prêt à accepter les mêmes vices encore et toujours, tu ne t’attends pas à ce que ton corps se réveille, naturellement. C’est alors qu’une main se lève, encore une fois, que tu attrapes un vase et viens le casser contre son crâne, la peur et la colère qui se mélange au fond de ton regard, tandis que lui ne fait que t’offrir de la haine dans ses yeux. Il perd connaissance, tombe par terre, et le temps que tu reprennes ta respiration, c’est la panique qui vient t’habiter, les larmes qui coulent avec la pression qui redescend : tu dois partir. Tu dois t’enfuir, tu l’as peut-être tué, tu ne sais pas, tu n’arrives pas à réfléchir, et si non, il va te tuer de toute façon, hein ? Tu prends des affaires, tu prends l’argent en liquide qu’il a dans son portefeuille, et tu pars, sans regarder derrière toi, les mains tremblantes, tombant plus d’une fois par terre, épuisée.
En 2057, tu t’installes dans le Bronx, dans l’espoir de te cacher, même si tu n’es en sécurité nulle part, tu le sais. Tu deviens paranoïaque, tu n’arrives pas à sortir, tu es terrorisé à l’idée de le voir, à l’idée qu’il frappe à ta porte. Mais pourtant, en 2058, tu recommences à y arriver, cependant dans un seul but : tu achètes de l’alcool, de la drogue, et ton corps meurt à petit feu. Tu décides d’aller encore plus dans ton vice, tu recommences à sortir, tu perds pied avec la réalité, tu perds connaissance plus souvent que nécessaire, tu te souviens même du jour où c’est une grande dame avec une jambe tatouée qui t’a réveillé et t’a aidé, alors que tu pleurais à chaudes larmes de peur, encore une fois.
La même année, tu finis par tomber dans les jeux d’argent, et tu as cette chance de gagner le jackpot. L’argent que tu as dépensé dans tes addictions, c’est une autre de tes addictions qui t’a permis de le récupérer. Riche, littéralement, tu te souviendras toujours de cette journée fatidique, des gens autour de toi, dégoûtés, de la grande télé qui affichait une tête d’hybride recherché, aux cheveux gris et mauve, alors que tu te noyais littéralement dans les jetons.
En 2059, ayant profité de ton argent pour essayer de te remettre sur pied, tu décides de reprendre entièrement ta vie en main. Tu recommences à sortir, non pas sans des phobies profondément ancrées, mais les traitements et les différentes visites chez des psychologues t’aident à te stabiliser. Tu as vu des médecins, tu reprends du poids, petit à petit, et tu lâches tes addictions, lentement mais sûrement, même si l’argent… te brûle toujours les doigts. Mais tu finis toujours par renflouer tes comptes alors que tu cherches un nouveau but dans ta vie, et plus le temps passe, plus l’envie de rejoindre des forces de l’ordre t’attire. Tu as besoin de contrôle, mais aussi de te sentir importante, et c’est voir cette hybride avec son masque, répondant aux ordres sans poser une question, qui t’a fait te décider.
En 2060, tu entres chez eux, sans même réfléchir aux conséquences, ta notion du danger et tes limites complètement brouillés par celui qui était ton mari, mais peu importe pour toi ; tu n’es plus à ça près. Et puis, c’est parfait si tu as du monde sous tes ordres, si tu peux gérer les hybrides sans remords, après tout, tu n’as jamais eu d’empathie pour eux. Plus que ça même, tu as pu aller contre pendant un temps, tu as essayé d’offrir plus de succès à ce groupe d’idol débutant, comme pour contrecarrer un groupe d’hybrides, dont tu n’as jamais compris l’intérêt, mais ça n’a pas duré longtemps. Pourtant, tu aimais bien le leader.
En 2062, ta vie est plus stable qu’elle ne l’a jamais été. Alors que tu lis des nouvelles sur un site anonyme géré par un dénommé Cheshire, buvant ton café, c’est ton réveil qui sonne officiellement et tu dois te présenter à la remise des diplômes. Tu t’habilles, tu fais attention à ta présentation, alors que tu vas au lieu de rendez-vous : à ce jour, tu as réussi ta formation. Tu deviens brigadière, et malgré ton vécu, c’est ta gestion d’émotion qui en a découlé qui te permet de devenir sniper, pour ton plus grand bonheur. Bien sûr, ce n'était pas si simple que tu ne le laisses paraître, c'était deux années entières d'entraînement, d'examens, quatre semaines intensives de cours théorique et d'exercice sur la topographie, le camouflage, tu en passes des vertes et des pas mûres pour te spécialiser, mais tu as réussi.
Tu es libre, tu es capable, tu te sens particulièrement en force, alors qu’au fond, tu n’as pas tellement évolué que ça. Ton ancien mari, il te reste toujours dans un coin de ta tête, partout, à chaque coin de rue, et alors que tu passes devant des animaleries, tu ne peux pas t’empêcher d’y repenser, à ce jour où tu l’as surpris avec une hybride renard, comme celui que tu vois enfermé dans une cage, sûrement à peine majeure, une vieille qui lui bave dessus.
Vraiment, tu n’arriveras jamais à comprendre les humains, puisque même si tu n’arrives pas à apprécier ces créatures mi animales, tu sais pertinemment d’où ce mal est né, et ta rancoeur envers ta propre race n’arrive pas à redescendre, même si tu dois bien apprendre à les supporter. Après tout, tu en as besoin, vous êtes des animaux sociaux, mais tu fais toujours en sorte de garder tes distances : tu enchaînes les relations, tu en paies certains, tu te fais payer par d’autres, mais il n’y a jamais d’attaches, tu refuses de prendre un quelconque risque.  
La seule chose qui reste dans ta vie, ce sont tes addictions, tes deux chats et ton regard insistant envers les hybrides qui passent au bras d’un humain, un suçon dans le cou alors que certains arborent des cheveux et des oreilles de lapin roses, une vision à t’en faire vomir, alors même que des informations qui passent devant tes yeux sur ton téléphone par rapport à un tueur en série à la méthode chirurgicale ne te font ni chaud ni froid.

Mais penses-tu pouvoir faire face à ton passé, aujourd’hui, en 2063 ?
Ou penses-tu qu'il finira par te rattraper, à travers toutes ces relations, toutes ces rencontres, qui ne fait que développer ta colère, ta haine, ton dégoût ?