Tu pourrais être un véritable poison, mais ça ne t'intéresse pas. Pourtant quand on te regarde au premier abord, on hésite fortement à t'approcher ; tu es grand, ton regard est souvent sévère. Dépassant d'une voire deux têtes la majorité des humains, tu as tendance à regarder le monde de haut, ce qui te donne cet air un peu hautain qui ne te plaît guère. Car quand on apprend à te connaître, on se rend vite compte que tu es un mélange étrange entre un gamin joueur et une grosse peluche. L'archétype de giant puppy de base. Tu aimes prendre soin des autres, mais tu n'aimes pas qu'on prenne soin de toi. Tu aimes qu'on ait besoin de toi, mais tu n'as besoin de personne. Tu aimes être entouré, mais tu as terriblement besoin de solitude. D'ailleurs, tu es le premier à partir des soirées parce que tu détestes les lieux bruyants autant que les gens alcoolisés.
Tu ne veux pas te poser. Tu es et resteras cet électron libre qui ira où bon lui semble. Tu ne suis personne, alors tu n'imposes à personne de te suivre. Sans abandonner les gens sur le bas-côté, tu n'es pas du genre à les retenir pour autant. Un jour peut-être, tu trouveras quelqu'un à enchaîner... mais ça n'est pas encore arrivé. Tu es jeune, tu n'es pas du genre à penser à l'avenir.
Mais même si tu donnes l’impression d’être froid et détaché… tu souffres un peu, quand même. La solitude que tu t’imposes pour te protéger n’est pas toujours facile. Alors, tu as laissé des gens rentrer au compte-gouttes, quand tu le décidais. Certains te l’ont bien rendu, d’autres… Il paraît qu’ils ne te méritent pas, mais ça n’est rien, c’est la vie comme on dit.

Mais s’il y a bien un trait qui est terriblement marqué chez toi, c’est ta loyauté. À l’image d’un chien fidèle, tu choisis tes maîtres, pas l’inverse. Comme tu as du mal à t’attacher aux gens, lorsque tu le fais, tu offres ton petit cœur sur un plateau d’argent. Oui, on peut dire qu’à l’image d’un animal, tu choisis tes humains finalement. L’amour t’aveugle, souvent. Le risque, c’est que tu pourrais t’offrir à la mauvaise personne, car derrière le géant se cache un gamin fragile, plus que tu ne veux bien l’admettre.
Par amour, tu ferais tout, vraiment tout. Par loyauté, tu tuerais, aussi. Ce qui fait de toi un outil terriblement dangereux, et drôlement pratique pour la BTD. Si on te donne l’ordre d’abattre quelqu’un ; tu ne poseras pas de question. Tu considères que si on te donne une cible, c’est qu’elle le mérite, fin de l’histoire. Alors du coup, on peut vite se servir de toi, aussi terrible que ça puisse être. Tu n’as pas vraiment conscience de ce dernier point.
Mais si on t’ordonnait d’abattre Laury ou Denzel… Pourtant, là, tu en serais incapable. Car il ne faut pas toucher aux gens que tu aimes, justement. Alors quoi ? Alors, c’est compliqué. Tu respectes l’autorité, mais tes proches doubleront toujours tes obligations.

Il est drôle de voir à quel point tu peux être sérieux et dévoué au travail, alors que tu as un côté naïf et terriblement attachant en dehors. Tu es passionné de jeux vidéo d’horreur que tu streames, tu as d’ailleurs une jolie petite communauté qui te suit. Tu aimes les films d’horreur, les bouquins de science-fiction, tu t’endors devant les émissions de true crime… Ce qui pourrait être horrible pour certaines personnes ne l’est pas vraiment pour toi. Mais ça aussi tu n’en as pas conscience, car finalement, tu vis un peu dans ton monde.

Bâtard. C’est triste, mais c’est ainsi que l’on pourrait te nommer. Fruit d’une union interdite entre ta mère et un homme marié, tu n’as pas eu la chance de naître dans une famille unie par l’amour. Non, ta mère a été forcée de te cacher, du moment où elle a appris sa grossesse jusqu’à… ta naissance. Pourtant, ton père a fini par l’apprendre. Il a été terriblement en colère. C’était un accident, d’ailleurs. Car ta mère l’a croisé alors que tu n’étais encore qu’un bébé et… Il a fait le lien. Ce monstre, alors qu’elle n’avait rien demandé, a exigé qu’elle garde le silence. Et pour ce faire, il a fait de gros chèques. Très gros. Tous les mois. Pour subvenir à tes besoins. Alors qu’en réalité, ta mère aurait pu financer toute une école avec tout ce qu’il lui donnait. Mais ça… toi, tu étais bébé, tu n’avais pas conscience de ça.

Lorsque tu as eu trois ans, ta mère et toi avez quitté la maison de votre grand-mère pour vous installer avec son nouvel amant et ton foyer aimant, tu l’as eu. Ton nouveau père était champion de boxe thaï, et ta mère pouvait reprendre sa place de danseuse étoile maintenant que tu étais assez grand. Et puis… tout s’est parfaitement déroulé.
À bien y regarder, il ne s’est rien passé de grave ou de marquant dans ton enfance. Non, tu as été un enfant adorable, doué à l’école, un prodige en sport -il faut dire qu’avec des parents comme les tiens, tu n’avais pas vraiment le choix…-, calme et terriblement gentil. Un enfant discret, qui aimait passer du temps le nez plongé dans les bouquins, ou à jouer avec ses amis. Un enfant classique en somme.
Ah si, il y a bien eu un événement particulier : lorsque tu as eu dix ans, on t’a parlé d’une cousine éloignée dont tu n’avais pas connaissance. Elle vivait en France, mais a perdu sa mère et comme elle n’avait nulle part où aller… Ta mère s’est proposée de la récupérer. Toi, en temps qu’enfant unique, tu ne pouvais qu’être heureux d’une chose pareille ; une grande sœur, c’est toujours un peu de compagnie en plus à la maison ! Même si elle était très discrète, très en retrait, tu es du genre un peu envahissant alors tu l’as… Collé. Oui, il n’y a pas d’autres mots pour ça, tu t’es raccroché à elle autant que possible.

C’est à ton adolescence que la catastrophe s’est produite. Tu te souviens encore du coup de téléphone. Tes parents étaient partis ensemble quelques jours, histoire de se faire de petites vacances. Quand c’était comme ça, toi, tu partais chez ta grand-mère. Depuis que Yuwol avait rejoint l’armée, elle n’était presque plus là. Alors, tu passais beaucoup de temps seul, mais tu n’étais plus un enfant maintenant, alors tu utilisais ce temps pour tes amis ou tes passe-temps.
Tu n’as jamais été du genre capricieux ou omniprésent pour tes parents, non, toi, tu leur laissais l’espace dont ils avaient besoin. Car ils étaient mutuellement constamment en déplacement et se voyaient peu à cause de leur travail respectif, et qu’il était important pour toi qu’ils puissent se retrouver. Et puis, tu aimais terriblement ta grand-mère, donc, ça t’allait plutôt bien.
Mais cette nuit-là, le téléphone a sonné. Il devait être aux environs de trois heures du matin, et quand tu t’es levé, tu as trouvé ta grand-mère en pleurs près du téléphone. Elle tremblait, incapable de prononcer le moindre mot. Mais le regard qu’elle a posé sur toi ce jour-là… tu t’en souviens encore. Il hante tes cauchemars, parfois.


C’est stupide. Il n’y a pas de bons mots à prononcer quand on annonce la perte d’un être aimé. Cette nuit-là, tu as eu l’impression que tout ton monde s’effondrait. On ne sait jamais quand les gens vont nous quitter, on n’a jamais conscience qu’on les voit pour la dernière fois et pourtant… Quand ils partent, c’est terminé. Tout est terminé.

L’adolescent jovial et enjoué que tu étais s’est éteint. Tu t’es entièrement refermé sur toi-même, tu as refusé toutes les mains tendues, tu as repoussé le monde entier. Ta mère ne glissera plus ses doigts dans tes cheveux pendant que tu révises tes cours. Ton père ne surveillera plus par-dessus ton épaule quand tu fais la cuisine. Plus personne ne sera là pour critiquer ton addiction aux jeux vidéos ou tes goûts en matière de films. Plus personne ne te dira rien, finalement.
Tu te souviens de cette peur terrible de les oublier. Que les souvenirs disparaissent peu à peu. Que la vie suive son cours jusqu’à les effacer totalement. Tu as eu cette terreur d’avancer sans eux, de ne plus savoir où aller et pourtant… Tu as continué à refuser l’aide qu’on cherchait à te fournir.

L’enterrement a été une terrible épreuve pour toi, car il sonnait la fin de quelque chose que tu refusais. Tu as vu les cercueils, mais on ne t’a pas laissé voir les corps. Trop jeune, trop fragile pour ça… peu importe. Ils ont pris tes parents, et ils les ont enfermés sous terre. Fin de l’histoire. Un peu de blabla, quelques fleurs déposées sur la tombe, beaucoup de larmes de gens que tu ne connaissais même pas. Des tas de gens qui viennent te présenter leurs condoléances pour une perte qu’ils font semblant de comprendre, une compassion que tu juges terriblement déplacée, puis le monde est passé à autre chose en un claquement de doigts là où toi, tu avais l’impression d’être figé.

Pour l’occasion, Yuwol avait eu le droit de poser une permission, pour tenter d’être présente pour toi, autant qu’elle le pouvait mais… seul le temps pourrait réparer tes blessures.Cependant, dans tout ce chaos, tu t’es raccroché à elle autant que tu as pu. Tu as repoussé le monde oui, mais pas elle. Pas ta grand-mère non plus, d’ailleurs. Elles sont devenues ton repère dans cette tempête, une raison de te lever tous les matins, de tenir le coup et de continuer à avancer.

Sans elles, tu n’aurais pas réussi à passer à autre chose. Avec la perte de tes parents sont arrivées les grandes révélations. Ta grand-mère t’a parlé de ton père, ton vrai père, cet homme qui t’a abandonné et n’a pas voulu de toi. Elle t’a donc parlé de cette autre famille que tu as, mais qui ne te connaît sûrement pas car on t’a toujours caché. Elle t’a montré ce compte en banque monstrueusement fourni dont tu hériteras à ta majorité et que ton géniteur a fait gonfler depuis ta naissance. Tu te rends compte ? Te voilà riche. Toi qui n’avais jamais manqué de rien, car ta famille était déjà aisée… là, ça te dépasse totalement.
Mais tu as toujours gardé les pieds sur terre malgré tout. Yuwol a fini par rejoindre l’armée, et tu l’as vu de moins en moins. Elle revenait de temps en temps, surtout quand tu avais vraiment besoin d’elle car elle a toujours fait de son mieux pour être présente pour toi. Car elle était tout simplement devenue indispensable dans ta vie.

À ta majorité, tu as eu besoin d’une pause. Tu as pris ton sac à dos et tu es parti faire un tour du monde. T’étais toujours un peu paumé, tu ne savais pas où tu allais ni ce que tu voulais faire de ta vie, alors, il fallait que tu prennes l’air. Au fil des rencontres que tu as faites, tu es devenu le jeune homme que tu es aujourd'hui : profondément optimiste, sûrement trop gentil et qui aime beaucoup trop fort. Assez pour vouloir rester toujours un peu en retrait. Parce que souvent, l'amour, ça fait mal. Alors tu as toujours fait de ton mieux pour te protéger du monde entier.

Et quand tu es revenu, tu as décidé de te ranger. Tu as pris la décision de rejoindre la BTD, de retrouver cet homme qui t’avait abandonné, cette autre famille que tu avais. Pourtant, tu n’avais aucune envie de t’imposer à eux, non. Tu savais qu’Edward Campbell, ton père,  faisait partie des grosses têtes de la BTD, tu savais aussi qu’Ethan, ton demi-frère, faisait partie des meilleures recrues. Alors sans vouloir les forcer à t’accepter… Tu voulais apprendre à les connaître, un peu. Pour comprendre au moins, même si les réponses risquaient de te faire mal. Surtout venant de ton père.

Alors à tout juste 19 ans, tu as rejoint les rangs de la BTD. Ton mentor n’a été autre que Laury Kang, que tu vois comme un véritable grand-frère aujourd’hui. Si tout n’a pas toujours été rose, tu es encore là grâce à lui car tu as vite découvert que ton demi-frère, lui, ne voulait pas de toi dans sa vie. Contrairement à ton père… Ce connard qui a vu tellement de talent en toi qu’il a eu soudainement envie de te mettre devant les projecteurs, quitte à éclipser son propre gamin sous prétexte que tu étais meilleur. Pas besoin d’être bien futé pour comprendre qu’il n’est rien de plus qu’une raclure, tu as vite cerné le personnage.

Maintenant… Tu tentes de t’habituer à ce monde dans lequel tu évolues tant bien que mal. Tu te raccroches à Yuwol avec qui tu partages un appartement, tu colles Laury dont tu es devenu l’un des partenaires attitré, tu essayes de te faire accepter par Ethan même s’il te semble que c’est peine perdue et surtout, tu envahis l’espace de Denzel que tu considères comme ton meilleur ami. C’est juste un peu compliqué pour toi de t’adapter au monde dans lequel tu vis, alors, tu fais de ton mieux.