PRIMAIRE – INTUITIF – VIF D’ESPRIT – IMMATURE – VOLONTAIRE – COLLECTIF – LOYAL – INCISIF – RÉSERVÉ – INSTABLE – NERVEUX

L’instinct a toujours été prédominant chez toi. Instinct grégaire; instinct prédateur; instinct de survie. Que ce soit de par tes gènes ou ton éducation, tu es défini et guidé par une perception du monde qui est demeurée assez primaire. Encore aujourd’hui, bien que la nécessité t’ai amené à réfléchir de façon un peu plus critique sur ce qui t’entoure, tu restes fermement pragmatique.

Du fait que tu ne t’embarrasses pas de grandes considérations philosophiques ou morales, tu pourras sembler quelque peu immature et ingénu dans ton rapport au monde. Pour autant ce serait une erreur de te sous estimer. Car tu as l’esprit plus vif qu’il n’y paraît, et cette simplicité qui est la tienne te permet souvent de réagir plus vite et plus efficacement que la moyenne, faisant de toi un atout dans bien des situations. A noter que c’est également ce qui t’as permis de t’adapter et de survivre jusque-là.

Il faut dire que, même si la vie l’a pas mal éborgnée, tu as toujours eu une volonté farouche. Faire parti de Unity t’aide par ailleurs à te reconstruire et t’as permis de récupérer une confiance en toi qui à défaut d’être solide, l’est tout du moins en apparence... Ce dont font très souvent les frais les personnes qui t'entourent.

Tu es quelqu’un qui recherche beaucoup le contacte. Tu as besoin des autres, du groupe et n'en éprouves aucune gène, étant même curieusement tactile. Au fond, tu as un profond sens de la communauté et une grande loyauté, n’hésitant pas à te remettre en question ou à prendre des risques pour les tiens. Il en est de même avec ceux à qui tu es attaché; à défaut de savoir l’exprimer convenablement, tu te montres attentif envers eux et ils savent pouvoir compter sur toi à tout moment. Mais en effet, tes façons ne sont pas des plus douces. Tu cherches les limites chez l’autre et en fait parfois trop à force de jouer au con et de te montrer incisif et railleur... Mais il n’y a qu’ainsi que tu penses pouvoir faire oublier ta situation et ton équilibre précaire.

Dans un sens, tu gardes une certaine réserve malgré tout. Tu tentes tant bien que mal de préserver ce qu’il te reste d’orgueil en dépit de ton instabilité croissante. Le fait est que tu te débats toujours avec certains traumas, lesquels sont exacerbés par l’Infection. Tes terreurs nocturnes et tes hallucinations concernant le développement de ta maladie, ne sont déjà plus un secret pour personnes dans ton entourage… Mais tes angoisses et tes états d’hypervigilance virent aussi parfois à l’agressivité et à la violence, que ce soit envers les autres ou envers toi même. Pas de quoi être fier. Et l’ironie de la chose – et sans doute ce qu’il y a de plus gênant – c’est qu’en de tels moment, ton conditionnement ait encore assez de prise sur toi, pour qu’une autorité ferme venant de la bonne personne parvienne à t’atteindre lorsque rien d’autre ne le peut.

… Calme-toi. Calme toooi…. CALME-TOI!

Tes ongles entament la peau, la déchirent avec acharnement jusqu’au sang. Tes mains tremblent, mais tu n'arrives pas t'arrêter. Ça démange. Ça fait mal. C’est irrépressible... Puis soudain, tes oreilles se rabattent en avant, à l’affût des pas qui approchent du vestiaire. Sans attendre, tu dissimules ton bras scarifié dans ton dos.

- T’es prêt? Faut que tu te bouges; c’est l’heure!

- J’… J’arrive!

Tu maudis le manque d’assurance de ta voix. Mais l’humain n’entre pas. Il ignore que ce n’est pas le combat qui t’effraie et du moment que tu assures le spectacle sur le ring, il se fout du reste. Il se fout des bandages avec lesquels tu t’empresses de couvrir tes plaies, ou de la muselière que tu t’entêtes à porter pour ne pas mordre tes adversaires… Ça fait le show et tout ce qu’il veut c’est son fric.

Ton Maitre n'a pas précisé que tu étais infecté lorsqu'Il t'a "recyclé" à la MDA. Seulement, ça commence à se voir et tu ne pourras pas cacher éternellement ton état de santé. La maladie gangrène un peu plus ta peau chaque jour et tu te demandes encore comment personne ne l’a remarqué… Enfin, peut-être que ça aussi ils s’en foutent… Qu'ils le sachent ou non, qu'ils décident de te tuer ou non quand ta pathologie deviendra trop évidente, au fond ça n'a pas d'importance. Même si tu sais te battre, tu ne brilles pas par ta force brute; tu n'es pas taillé pour les arènes et tôt ou tard tu y perdras la vie... Pour le peu qu'il t'en reste.

D’aussi loin que tu t’en souviennes, tu as toujours su trouver les problèmes quand tu n’en étais pas un toi-même. En faite, même dans l’éprouvette, tu as fais de la merde.

Tu es né dans les laboratoires de Chroma. Tes origines, les circonstances de ta naissance, le nom de ta mère porteuse… Tu n’en as jamais rien su. Et cela n’a jamais eu beaucoup d’intérêt à tes yeux. La seule chose que tu as pu apprendre finalement des bruits de couloirs, c’est que tu avais un défaut et que sur les deux espèces avec lesquelles tu aurais dû être hybridé, seule une avait prise. En bref, tu étais une déception. Un échec…

C’est peut-être pour cette raison que tu en faisais tant pour satisfaire ceux qui étaient en charge de ton éducation étant gamin. Tu te montrais réactif et obéissant, même lorsque ce que l’on t’apprenait t’ennuyait profondément. Tu voulais plaire et prouver que tu avais plus de valeur que l’on ne t'en avait donné au départ.

A 18 ans, tes qualités physiques et ton caractère souple te permirent finalement d'entrer en formation en vue d'intégrer la toute fraiche BTD. Ton apparente docilité invitait alors tes instructeurs à ne pas trop te serrer la bride et à se concentrer d'avantages sur des cas plus difficiles.

Ce fut là leur erreur. Les choses commencèrent à déraper dès que tu entrais en fonction deux ans plus tard.

Ça... Tu avais le goût de la traque, à n’en pas douter. Un peu trop même. Et tu voulais toujours faire mieux, être plus rapide et plus efficace dans tes missions... Jusqu'à en venir à outrepasser les ordres et à laisser à la traine tes partenaires, et ce, dans le seul et unique but de te montrer plus performant que tes paires. En grandissant, cette soif de reconnaissance qui était la tienne s'était changer en orgueil à l'insu de tous.

Or, aussi doué que tu aies pu être dans ton rôle de traqueur, ce n’était pas ce que l’on attendait de la part d'un hybride. Un an à peine après ta mise en service, on te réaffecta donc à un nouveau partenaire et Maitre… Un ancien militaire; un homme à même de dresser les têtes brûlées dans ton genre.


- Elle s’enfuie! Bordel rattrapez-la!

Les oreilles tendues, tu surveilles l’opération depuis un toit, guettant le parcours de votre fugitive. Celle-ci est étonnement rapide.

- Nord-Nord-ouest. Elle s’enfonce dans les ruelles.

- Aaron. Intercepte-la.

Logique. A présent elle est plus proche de toi que de tes collègues. Tu n’aurais cependant pas levé le petit doigt si Il ne t’en avait donné l’ordre. C’est pourtant ta proie; c’est toi qui l’a pistée et à présent c’est ton endurance qui fera la différence. Tu t’élances pour atterrir sur une poubelle, repérée à l’avance, et prend aussitôt la déviante en chasse. Aussi rapide soit-elle, elle se fatiguera avant toi.

Sans réfléchir, tu distances tes partenaires sur plusieurs rues, poursuivant la cible, seul. Après tout, c’est là ton rôle principal; repérer et faire en sorte de ne pas perdre l’objectif si celui-ci s’enfuit.

… En revanche ta stature leste te désavantage. Quand ta proie décide de ce retourner contre toi au détour d’une ruelle, tu dois esquiver le coup, roulant sur le coté afin d’amoindrir ta chute. Face à un adversaire mieux armés ou plus solide que toi, c’est ta ruse seule qui fait la différence. Et dans le cas présent également.

Car quand tu relèves les yeux, l’apparence de l’hybride qui se tient devant toi te fais marquer un temps d’arrêt. Il n’y a pas de doute; c’est une infectée.

- Je l’ai, souffles-tu dans ton oreillette.

- Retiens-la. Et au besoin tues la cible.

Plus facile à dire qu’a faire sans arme à feu, mais tu n’auras sans doute pas le choix, puisque la déviante se jette d’ores et déjà sur toi dans un grognement animal. Tu esquives à nouveau et en profite pour lui lancer un coup de pied en travers des côtes.  Tu devrais sortir ta lame, mais ton adversaire est maladroite. Rapide mais douloureusement maladroite. C’est à ton avantage et à choisir tu préférerais éviter d’entrer en contacte avec son sang. Tu penses pouvoir la retenir comme ça le temps que les autres te rejoignent…

C’est sans compter un reflex inattendu de sa part. Elle saisit ton pied au coup suivant plutôt que d’esquiver et t’envoie valser contre un mur avec une force surprenante. Sonné, tu as tout juste le temps de lui coincer la tête avant qu’elle ne morde lorsqu'elle se jette sur toi, et de lui briser la nuque dans un geste précis.

Haletant, tu repousses la dépouille pour te relever et contempler le corps déformé à tes pieds. Perdu dans tes pensés, tu sursautes lorsque Sa voix raisonne finalement dans ton dos.

- Bon boulot.

Tu te retournes aussitôt pour faire face à ton Maître et t'inclines nerveusement devant lui. Il ne te prête cependant guère d'attention alors qu’Il coordonne déjà la suite des opérations.

C’est à ce moment là seulement, en le regardant s'éloigner, que tu remarques la douleur… Rien d’insupportable mais lorsque tu passes discrètement les doigts sur la paume de ta main, tu sens distinctement la blessure. Ce n'est rien de plus qu'une petite égratignure, mais un vide béant semble s’ouvrir dans tes entrailles alors que tu te refais le combat.

Sans rien laissé transparaitre, tu tires sur ta manche et te remets en mouvement.


C’était rare qu’Il te frappe en réalité, mais à chaque fois il te fallait un moment avant de t’en remettre. Et quand Il n’en faisait rien, c’est par la peur qu’Il te tenait. Il avait les moyens et assez de force pour te contraindre et savait comment te faire regretter la moindre incartade en te maintenant dans un état d'hypervigilance constant. Tu as bien vite découvert que la faim, la privation de sommeil et l’isolement te rendait bien plus anxieux que la douleur elle-même. C’était à en maudire cette fameuse résistance qui était la tienne et cette fierté, si déplacée chez un hybride, qui te poussait à ne rien laisser paraitre.

Pendant près de cinq ans, tu avais réussis à te plier aux ordres, à faire taire cette voix pleine de défi qui hurlait en toi pour accepter ton sort. Et c'est aussi parce que tu avais appris à cacher les sévices que tu as réussis à dissimuler ton état de santé pendant quelques temps, et ce malgré les erreurs qui survenaient sur le terrain, malgré l’anxiété, les oublis et les punitions qui s’en suivaient. Tu avais peur. Et pas seulement de la maladie qui te rongeait. Si jamais Il apprenait que tu avais faillit, que tu t’étais fait mordre et avait contracté l’infection… Cette fois Il te tuerait. «Les chiens désobéissants, on les abat, c’est aussi simple que ça.»

Il en était sûrement de même pour les chiens malades.

C’était du moins ce que tu t’imaginais. Mais lorsque le poteau rose fut découvert, si tu pris en effet la rossé attendue, la décision de ton Maitre de te revendre à la MDA une fois réformé, elle, te pris complètement de court.

... Enfin de compte, tu mourrais peut-être bien sous les coups.

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