Sköll s'est toujours considéré comme un outil. Il est né dans le mauvais corps, celui d'être croisé avec un animal et donc d'avoir très peu de droit dans cette vie. Il en a conscience mais l'a rapidement accepté sans avoir besoin de faire exploser le moindre bâtiment. Ayant été créé par l'Homme, il a donc choisi de répondre favorablement à ce qu'on voulait de lui. C'est un énervé violent, soit, même ce genre de profil est recherché. On ne lui demande pas d'être un stratège, alors il a arrêté de penser et se contente d'obéir sans poser de question. Si la seule règle est de ne pas mordre la main qui le nourrit, alors tout est plus simple ainsi.

Sköll n'est pas très tolérant, surtout envers ses collègues hybrides de la BTD à qui il ne laisse rien passer. Il n'est pas là pour se créer un semblant de famille, ne cherche même pas à faire l'effort de retenir leurs noms, et préfère ne s'attacher à personne susceptible de mourir dans les jours qui arrivent. Cette mentalité le rend chaotique dès lors qu'on le place en duo sous les ordres d'un plus haut gradé. Les brigadiers peuvent donc compter sur son efficacité, jusqu'à ce qu'on lui demande une coordination de groupe. Il a la fâcheuse habitude de se mettre en avant, d'intimider volontairement ses partenaires, ne craignant aucunement d'aller au-devant du conflit ou de la punition qui s'en suivra. Aussi, le coyote n'aime pas beaucoup les hiérarchies établies au sein de son groupe d'agent en raison de son aversion pour sa propre espèce, n'écoutant que ceux qui ne se comportent pas en victime ou les brigadiers qui savent mettre le holà. Ce trait de personnalité est sûrement dû à quelque chose, mais la réponse reste floue. Pourtant, mise à part la séparation maternelle dont il ne se souvient plus, Sköll n'a jamais subi de mauvais traitements, et surtout pas physiques.
Malgré cette tâche au tableau à propos de son caractère combatif, il reste un bon élément, quoique difficile à tenir en laisse. Il n'est pas à placer entre toutes les mains, ayant tendance à donner le maximum de lui-même si on ne lui fixe aucune limite. Il exécute ce qu'on lui ordonne s'il estime un minimum la personne, le rendant dangereux dans ses actions s'il n'est pas bridé. Il est la parfaite raison de pourquoi un chien de chasse ne fait pas un bon chien de compagnie. Il a pour ainsi dire, aucune intelligence sociale. Peu compatissant, il se fiche de vexer son entourage par sa franchise et son manque de tact, voir y prend un certain plaisir malin quand cela fonctionne.

Mais comme tout le monde, Sköll se révèle être une personne différente en dehors de son travail. S'il n'avait pas été agent de la BTD, sans doute serait-il cet ami bon vivant, qui n'a pas toujours les mots, mais qui sait tout de même remonter le moral. Son humour douteux tourne beaucoup autour de la moquerie, de la taquinerie et de la provocation. Il aime tester la patience des gens et les récompenser avec sa spontanéité de façon imprévisible, c'est un vrai sans-gêne. Ce genre de moment n'influence pas le reste du monde et ses conflits engagés. Il peut se contenter de profiter, d'être contemplatif et curieux de beaucoup de chose, quand bien même sa méfiance n'est jamais loin. Malgré sa fonction, ce n'est pas un insensible, il a simplement appris à reconnaître les moments où il doit fermer la chaîne qui lock son cœur. Il mène une vie esseulée malgré son existence en communauté et met ça sur le compte de l'animal solitaire qu'il incarne. Il n'a jamais été dans une relation amoureuse, mais sans doute serait-il toxique pour autrui, en raison du cocktail explosif de défaut qui lui sont propres, tels que la jalousie, la possessivité et son agressivité. Il ne possède rien, mais ne supporterait pas qu'on lui prenne quoique ce soit. Or une personne est un cas différent d'un objet et ce comportement serait dû à un énorme manque de confiance envers les autres. Ce n'est que dans ces très rares cas qu'il pourrait se montrer protecteur à outrance et territorial.

Chronologie:

I.
Les parents de Sköll ne s'aimaient pas. Ils ne formaient même pas un couple, sauf peut-être au moment de sa conception. L'un venait de par-delà l'océan mais tout deux étaient de la même espèce. C'était la première et dernière fois qu'ils se rencontraient, car leurs maîtres respectifs avaient conclu un accord, celui de mêler leurs gênes pour concevoir un nouvel hybride, né avec l'accord et sous la surveillance au sein même de Chroma. Pour cette mère, il s'agissait de son troisième enfant, qu'elle espérait cette fois garder durant les premières années de ce dernier. Il n'en fut rien.

II.
Sköll n'appréciait pas son maître. Ils avaient beau vivre dans un très grand appartement, il s'y ennuyait ferme. Il s'accrochait parfois aux vêtements des autres hybrides pour les empêcher de partir une fois leur travail de la journée terminé. Leur odeur lui semblait familière sans qu'il ne parvienne à mettre le doigt dessus. Mais à chaque fois, le résultat était le même. Alors la nuit, il hurlait son ennui à la lune, gémissait son manque inconnu mais fulminait en se débattant dès que l'homme cherchait à le toucher. Et puis un jour, l'action dépassa l'envie et Sköll se servit de ses dents pour faire respecter ses droits.

Il ne se souvient pas de son arrivée à Chroma. Il était sensé être un don au laboratoire, un sujet dangereux porteur d'une possible maladie. Pourtant, le coyote démoniaque semblait bien sage derrière les barreaux, entouré d'hybrides mais chouchouté par des humains. On lui piquait parfois les bras, mais on lui donnait un bonbon par la suite, alors ce n'était pas gênant. Les cages sentaient la peur et la tristesse, chose incompréhensible quand dans son cas, il lui tardait de sortir pour se dépenser auprès de ceux dont il avait la complète attention. Il se fichait bien de qui prenait sa place sur la table d'examen, tandis qu'on lui faisait mordre une sorte d'anneau en silicone qu'il avait pour instruction de ne pas lâcher malgré les secousses, lui faisant irrésistiblement remuer la queue.

III.
Son éducation a été entièrement financée par Chroma. À comprendre par là, une vie principalement en centre, à vivre une éducation scolaire normale aux résultats satisfaisants. Ainsi que beaucoup pratiquer une activité physique, puis plus tardivement, militaire, pour un projet futur financé par un nouveau parti politique. Il apprend le corps à corps, à esquiver pour mieux assener, le maniement d'armes blanches principalement, à être rapide au karambit, à savoir planter le balisong ou à abattre lourdement l'arme d'hast. Sköll n'y était pas une recrue modèle, particulièrement difficile dans ses relations avec les autres pensionnaires. Néanmoins, la condition éliminatoire était une rébellion contre les humains, et la colère du coyote s'orientait d'avantage vers ses semblables, avec qui il ne dépassait pourtant jamais la limite, n'étant pas non plus complètement demeuré sur sa situation.

IV.
En 2054 vient la création officielle de la Brigade de Traque. Le projet ayant parfaitement été préparé, le recrutement de brigadiers en devint la suite logique. Jugé comme compliqué mais sans danger pour l'Homme, Sköll est placé comme hybride test aux nouvelles recrues, en tant que partenaire le temps d'exercices et  d'évaluations loin d'être faciles. Un premier tri se fait grâce à lui, où il en apprend d'avantage sur les humains, qui pour la plupart, détestent tout ce qu'il représente malgré l'obligation de coopérer avec lui. Il n'est pas un collègue mais un serviteur.
À 18 ans, il prend donc conscience qu'il est né dans le mauvais corps et que se couper les oreilles et la queue ne suffirait pas. Il est condamné à une existence où on l'associera à jamais à une race de perdant et dont son nouveau job vise à supprimer ceux qui n'acceptent pas cette idée. Le pire dans tout ça, est probablement qu'il adhère complètement à cette idéologie. Ce ne sont pas les hybrides qui ont fait qu'il est là aujourd'hui, pas même ses propres géniteurs. Son espèce a été faîte pour obéir et plaire, tout le monde doit travailler et jusque là, il a été bien nourri sans jamais passer une nuit dehors, que demande le peuple de plus ? Qu'importe s'il est là pour assister quelques brigadiers haineux, il lui arrive même de compatir quand leurs hybrides attitrés ne savent pas mettre un pied devant l'autre.

Sköll a donc continué à terroriser les nouveaux brigadiers en devenir durant quelques années, avec un malin plaisir parfois, il se l'avoue. Ses facultés lui donnent l'immunité de ne pas être mis dehors et le luxe de pouvoir "choisir", en quelque sorte, l'élément susceptible de le faire flancher.
C'est à ses 24 ans qu'il se fait finalement plusieurs fois mater par un certain Laury Kang, à qui l'on s'empresse de refiler l'hybride avec un potentiel bien trop particulier à exploiter. Encore aujourd'hui, Sköll n'est pas d'accord avec le déroulement des évènements raconté sur sa capitulation, mais n'a pas le temps pour s'en plaindre. Il donne toujours pas mal de fils à retordre à Laury, qui le lui rend bien et avec qui son tempérament rentre souvent en brutale collision. Pour autant, le duo est diablement efficace sur le terrain et c'est là tout ce qu'on leur demande.