Test rp

La trahison.

"La fourbe, vice propre à l'humaine nature, fait plus horreur à Dieu : les hommes d'imposture gisent donc tout en bas et sont plus torturés."

Condamnés au neuvième cercle des enfers par Dante, ils étaient, les traîtres, parmi ce que détestait le plus Mathilde. Elle accorde si peu sa confiance au point d'appeler quelqu'un "ami" que l'on pouvait les compter sur les doigts d'un rescapé de guerre.
Alors elle vit la trahison comme la pire des choses. Un nouvel abandon, comme ses sœurs. Un traumatisme d'enfance non résolu qu'elle n'a jamais vraiment adressé, mais qui aujourd'hui encore régit qui elle est et comment elle réagit dans telle ou telle situation.

Les preuves étaient fausses. Un test pervers de loyauté mis en place par le chef de la brigade pour voir si madame le lieutenant avait de quoi se faire appeler capitaine.
Mais pour la Française, ça n'en était pas moins réel, tangible : la personne s'était occupé de son entraînement post-blessure, de sa rééducation, vendait des informations à l'ennemi : les déviants.

...

Elle aurait dû, pû se douter que la preuve était falsifiée, car cette information, c'est elle qui était allée la chercher... Dans la première partie de ce test.
Un couteau, de l'alcool, du sel, un citron, une pince à clou, et un coupe-boulons. Mais ça, c'était pour la deuxième étape. La première est de déterminer "qui" faire craquer. "Qui" a les informations ?

Tout ce qu'avait attrapé la BTD, c'étaient deux hybrides, deux déviants, deux frères. La situation était particulière, et ils devaient être interrogés.
Cette tâche, c'était à Mathilde qu'elle avait été confiée. Étrange compte tenu de sa section : l'intervention. Normalement, elle n'était pas formée à ce genre de cas, et c'est plus la section infiltration et recherche qui s'occupe de ce genre de choses. Elle aurait dû se douter de quelque chose, mais non. Elle sait que les effectifs sont limités, et tout ce qu'elle a fait, au final, c'est suivre les ordres.

Mais du coup, quel frère choisir ? Les deux étaient très similaires, mais il y a forcément un plus tendre que l'autre... C'est peut-être ça qu'il fallait voir, mais non. Ça n'est pas comme ça que ça marche. Il fallait juste voir lequel des deux préférait son frère à ses convictions...

Un couteau, de l'alcool, du sel, un citron, une pince à clou, et un coupe-boulons... Mais la moitié de tout ça n'était là que pour impressionner. On n'arrivait jamais au coupe-boulons si le travail était bien fait, et au vu de ses compétences au couteau et les quelques restes de ses appétences en médecine datant de quelques missions de récupérations d'informations dans l'armée, elle avait de quoi faire chanter bien avant de changer d'instrument...

"Non", "Arrêtez", "Je vous en supplie", "Pas lui", "Je dirais tout ce que vous voudrez"... De quoi faire rouler les yeux de la blonde, dont le lys était maintenant vraiment carmin, ses mains couvertes de sang. Elle avait opté par un supplice lent et qui attirait moins de cris de douleur que d'autres, mais qui n'en était pas moins impressionnant. Les Chinois appellent ça le Lingchi. Dans le reste du monde, on dit simplement "le supplice des milles entailles". À la sauce Mathilde, c'était plus lent, mais tout aussi clair : une question non répondue : une entaille. Un mensonge : une entaille. Une insulte : une entaille. Des suppliques : du sel.

Simple. Simpliste même. Encore plus quand celui qui doit répondre n'est pas celui qui est entaillé !
La disposition était simple. Une salle d'interrogatoire, un déviant attaché sur une chaise à regarder son frère bâillonné se faire charcuter, coupure par coupure par une démone se voyant ange de la vengeance, la justice venant porter un juste châtiment sur des criminels.

- C'est parce que tu ne me dis pas ce que je veux que ça continue. Ça pourrait s'arrêter là... Mais tu choisis de faire ça. C'est toi qui pourrais tout arrêter, mais tu choisis de ne pas le faire.

Dans un soupir déçu d'une mère ayant surpris ses enfants être des délinquants, elle prends une pause. Bien méritée, et laisse mariner. C'est important aussi, dans la torture. Car si c'est tendu tout le temps, on s'y habitue... Enfin, là, ça n'était pas le torturé qu'elle laissait mariner, mais l'interrogé. De toute façons, avec le sel, celui qu'elle avait entaillé n'était pas prêt d'arrêter de souffrir...

Et pendant une petite pause clope pour Mathilde, ils ont pu "communiquer" Pas par des mots, mais par des regards, des expressions, des émotions et des sentiments ! De quoi faire comprendre que l'on est a bout que l'on en peut plus...
Et deux salles à côté, la salle de repos, Mathilde semblait hors du lieu, hors du temps, fumant une rapide cigarette accompagnée d'un verre d'eau, de ses mains couverte de sang qui en tâchait ses manches retroussées, elle pensait surtout à la suite, sans vraiment porter d'attention aux regards des brigadiers et de son sous-lieutenant...

- C'est bon ? Tu t'es décidé ?

À peine pousse-t-elle la porte de la salle que déjà, elle s'y remet, revenant s'asseoir sur une chaise en face de l'interrogé, elle lui sourit, un sourire plein de fausse compassion et de compréhension.

- Tu veux te battre pour que les hybrides soient nos égaux, alors commence à avoir un comportement un peu humain, et arrête de laisser ton frère souffrir inutilement. D'accord ?

La phrase ironique d'un démon dans une peau d'humain. L'inhumaine tortionnaire parlant de se comporter en humain en était qu'un monstre... Mais ça marche, il craque, pleure et commence les confessions, non sans demander, presque exiger de la part de Mathilde une promesse.

- Je te promets. Donne-moi tous tes contacts, tous les détails de ta petite opération, et ton frère arrêtera de souffrir.

Et ainsi, c'est presque deux heures de plus qu'elle passa à enregistrer le témoignage, et le prendre en note. En soit, elle pourrait en être impressionnée au vu de leurs moyens : l'idée était de renforcer un peu plus leur réseau d'information avec une petite cellule capable d'intercepter des communications sensibles...
Elle l'a notée, comme les noms des déviants, comme les noms d'humains cités, qu'ils soient définis par le jeune homme comme "alliés" ou "utilisés" d'ailleurs. Juste avant d'aller transmettre à la section voisine de la sienne, recouper sa version avec des informations fiables, les noms de certains déviants déjà connus et recherchés par la brigade... Et une fois tout vérifié, Mathilde est donc allée libérer son frère de ses souffrances, comme promis... D'une balle dans la tête.

De la compassion ? Non. Peut-être que celui derrière la caméra pourra voir cela par cette mise à mort rapide, mais Mathilde, tout ce qu'elle a fait, c'est rester loyale à ces principes, à la promesse faire à son frère qui l'a supplié d'arrêter de le faire souffrir... Génie maléfique de la lampe retournant son vœu contre celui qui l'a fait...
Sa seconde action a été d'offrir ce déviant aux hybrides de la section d'intervention... L'arrestation s'était passé merveilleusement bien, sans bavure aucune, sans blessés parmi les brigadiers, mais les déviants s'étaient bien battus, et la section, ce jour-là, à perdu un hybride, et trois ont été blessés.

Encore une fois, leur comportement était exemplaire, et Mathilde n'a pas de mal à donner une petite tape dans le dos des soldats qui se battent bien, fussent-ils simples trouffions : Une chair à canon qui remplit son rôle est quand même appréciable... Ainsi, elle offre une récompense qu'elle ne comprends que trop bien : la vengeance.

...

Mais voilà... Parmi les informations obtenues par le Lieutenant ne figurait pas le nom de son ami... Et là... Si.
Ça ne pouvait signifier que deux choses : soit celui qu'elle a fait parler n'as pas tout dit et elle a arrêtée trop tôt. Soit c'est une traîtresse qui a omis de son rapport le nom de quelqu'un de proche d'elle.
Dans tous les cas, elle avait fauté et était en tord... Touchée dans son ego, son orgueil...

Ce qui aurait pu lui mettre la puce à l'oreille pour ce test était la procédure. Normalement, dans ce genre de cas, un officier potentiellement impliqué est mis à pied, voir pire. Mais là, rien... Cela dit, pour elle-même, elle ne pouvait pas rester comme ça.
Moins d'une heure après avoir reçu cette information, elle a pris l'initiative de procéder aux arrestations et d'écrire une lettre de démission, de renonciation à son poste au vu de la faute commise, ou plutôt des implications de celles-ci...

Oui, elle est orgueilleuse, fière de son travail, et tient à son poste, mais elle tient encore plus à ses principes, à son intégrité, et la voilà bafouée. Comme un pénitent irait se flageller, elle se résigne à abandonner ce qui lui plaît... Mais avant ça : les arrestations.

Commençant à 5h20 du matin, elle mit un point d'honneur à arrêter son ami en premier. Elle-même, flanquée de quatre brigadiers et de leurs hybrides assignés.
Il a très vite deviné que quelque chose n'allait pas, et n'a rien dit, préférant garder le silence. Le regard de la Française en disait bien assez. Pour elle, il était un traître, et ne méritait ni compassion ni pardon... Mais ça ne l'a pas empêchée de rester professionnelle, lâchant le discours habituel dans ce genre d'arrestation, avant de le charger dans le fourgon, et de passer aux quatre autres arrestations de la journée...

Ni traitement de faveur, car il était un ami, ni demande d'explications, ni tentatives de justifications, ni aide... Juste l'application froide de la procédure pour quelqu'un qu'elle considérait comme un ami, un confident, peut-être, qui de par la trahison à son espèce venait de l'entraîner dans sa chute...

Un peu après midi, Mathilde est arrivée dans le bureau de l'actuel capitaine de la brigade, pour apporter sa lettre, ainsi que quelques explications quant à celle-ci. Elle était prête à se soumettre à une enquête, et à demander pourquoi n'avait-elle pas été mise aux arrêts dès que les liens entre son entraîneur et elle ont été mis à jour... Mais il n'était pas là, et à la place du capitaine, le chef était présent, son habituel sourire charmeur, mais professionnel au visage.
Le test était passé, la promotion pouvait maintenant prendre effet...