- Chronologie et résumé:
2027 – Naissance d’une mère alcoolique qui l’élève seule à Nashville.
2037 – 2041 – Fait les 400 coups avec son demi-frère ainé : trafic de drogue et vols. Jusqu’à ce que ce dernier parte à New York.
2042 – Monte un groupe de rock qui marche bien. Fletcher joue du synthé et chante.
2045 – Création d’Humanis. Le groupe de musique explose et Fletcher se maque avec les pontes Humanis de la région.
2046 – Va à New York. Il va vivre les premières années dans la misère, payant le peu qu’il gagne pour maintenir ses contacts avec les Humanis qu’il fréquente. Son demi-frère l’aide. Va se cribler de dettes pour survivre et maintenir son niveau de vie.
2050 – S’est refait un réseau dans les activités illégales de New York et dégage un peu d’argent. Il finit par rejoindre un club de MMA pour apprendre à se défendre.
2052 - Développe une relation de rivalité unilatérale après s’être fait humilié par Gaël de dix ans son cadet.
2054 – Rencontre Reina qui lui propose de bosser pour elle. Il accepte et devient son assistant, ses mains sales, contre une belle rémunération.
2060 – Se fait infecter par Su-Jin en cherchant des hybrides dans le Bronx.
Bon c’est quoi ce délire ? Vous me faites passé une audition ou quelque chose ? Je dois vous racontez ma vie ? Vous avez de la chance j’adore ça. C’est parti pour la petite enfance puisque vous voulez tout savoir.
Enfance
Je suis né en 2027 dans le Tennessee, précisément la petite ville de Franklin si vous voulez les détails. Mon père était un sale fils de pute dont vous n’avez pas besoin de connaitre le nom. On va dire que je l’ai oublié, ça ira bien. Quant à ma mère… Elle faisait ce qu’elle pouvait. Mina Nam, qu’elle s’appelait, j’ai gardé son nom évidemment. Malheureusement pour elle, et pour moi, elle était un peu trop portée sur la bouteille. Déjà qu’elle ne gagnait pas super bien sa vie avec son taff de serveuse dans un restaurant de la ville, forcément c’était un peu dur de joindre les deux bouts.
Lui ? Il nous a un peu aidé au début. Il n’était jamais à la maison mais passait de temps en temps, apportait de la bouffe. Pendant mes dix premières années, franchement, je l’aimais bien. Même si ma mère l’insultait de tous les noms dès qu’elle parlait de lui. Un jour, le restaurant où elle bossait a dû fermer. On a déménagé à Nashville pour qu’elle retrouve du boulot. Nouvelle ville, nouvelle école, je me suis habitué. Mais déjà que les études c’était pas mon fort, après cette rupture je passais encore plus de temps dans la rue.
J’avais dix ans je crois quand le père a fait un truc sympa, finalement. Il m’a présenté à un autre de ses fils, qu’il avait eu d’une autre femme évidemment. Peu importe sa naissance, ce gars-là était de quelques années mon ainé et il avait toujours les bons plans. C’est avec lui que ma vie a commencé à prendre des couleurs sympas. On passait plus de temps à voler sur les étals des marchés ou à dealer qu’à aller à l’école, c’est sûr. Mais je pouvais dégager un peu d’argent pour aider ma mère, et ça me convenait. J’évitais de lui dire bien sûr, sinon elle me suppliait de retourner à l’école. Mais entre son ivresse et son travail elle me laissait globalement faire ce que je voulais.
Il était plus vieux que moi et imaginait toujours les plans les plus audacieux. Mais, tout petit comme il était, lorsqu’on finissait inévitablement par avoir des ennuis, c’est moi qui lui sauvais la mise. Entre ma carrure déjà impressionnante, et ma langue habile, ne vous inquiétez pas que les emmerdeurs faisaient pas long feu (ce qui ne nous a pas empêcher de nous faire tabasser plusieurs fois, mais laissons les détails de côté).
C’était le bon temps. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. J’avais presque quinze ans lorsqu’il s’est barré pour New York. Il voulait devenir infirmier qu’il disait. Effectivement, ce n’était pas en dealant des taz et en volant des pommes qu’on allait vivre. J’étais encore loin de m’en préoccuper, mais pas lui. Alors il est parti. Ça faisait longtemps que je voyais plus le paternel, alors je me suis retrouvé tout seul avec ma mère et les quelques amis que je m’étais fait. J’ai continué un peu, mais sans lui ce n’était plus pareil. Il allait bien falloir que je trouve quelque chose à faire.
Indépendance.Je vais vous donner une info de plus : j’adore la musique. J’adore VRAIMENT la musique. J’en ai toujours beaucoup écouté. Finalement, Quand mon frère est parti et que l’école me soulait vraiment trop, j’ai décidé d’apprendre à jouer d’un instrument. Je suis tout de suite parti dans l’idée de devenir un artiste. J’ai regardé des tutos, trouvé des gens qui acceptaient de me donner des conseils contre un moment agréable et une bière. Ça m’a pris un an je dirais, mais je suis devenu un chanteur correct et je jouais du synthé comme personne à Nashville. Ça vous étonne ? Me demandez pas de jouer, ou de chanter. Non. C’est mort.
Toujours est-il que dans mon épopée j’ai croisé d’autres jeunes passionnés de musique. Avec le temps, on a monté un groupe. « Astral Drifters », on s’appelait. Oui, mon attirance pour les acides et autres hallucinogènes a commencé là. Elle s’est jamais arrêté. J’évite juste les trucs qui vous restent coller à la peau et dont il est impossible de se débarrasser. Bref, on a joué notre petite musique. Rock, Indie, Punk… On faisait notre bout de chemin sans vraiment chercher à définir notre musique. Ça a bien marché. On a même signé dans un label au bout d’un an à jouer dans des petites salles. Notre musique plaisait. J’étais sacrément jeune vous trouvez pas ? Oui je sais c’est une de mes fiertés. Malheureusement ça a pas duré, sinon je serais une star de renommée mondiale aujourd’hui.
Ce qui nous a cassé, ce sont les hybrides. Leur arrivée sur le marché a pas fait l’unanimité dans le groupe. Moi je rêvais d’en acheter un, d’autres trouvaient que c’était immonde. On s’est engueulé plusieurs fois sur le sujet. Mais quand le bassiste a débarqué avec son instrument porté par un hybride, le groupe a explosé.
Je me suis retrouvé sur le carreau. Mais un gars puissant m’a pris sous son aile à ce moment-là. Il aimait ma musique et on était totalement en accord sur les hybrides. Ils nous fascinaient tous les deux, tout comme on aimait l’idée de pouvoir disposer comme bon nous semblait d’autres êtres vivants. Il était de plus de vingt ans mon ainé, mais c’est la première personne avec qui il s’est vraiment passé des trucs. Je vous épargne les détails, ce qui est un important, c’est que ce gars était influent au sein du mouvement qui montait en puissance à l’époque : Humanis.
Il m’a recommandé à d’autres de ses amis, et je suis parti à mon tour pour New York. J’espérais monter un groupe à nouveau et le gars m’avait assuré que ses amis pourraient m’aider. Bille en tête, j’ai pris mon billet et go.
Désillusion.
Rien ne s’est passé comme prévu. Enfin si, je suis resté ami avec les potes du gars. Tous m’aimaient bien alors ils m’invitaient à nouveau. A mesure que le temps passait, j’ai étendu mon réseau chez Humanis. J’étais ami avec des personnes toujours plus puissantes.
Mais côté musique, c’était zéro. Mes maigres économies ont fondu comme neige au soleil. J’en suis même venu à aller voir mon frère. Vous savez, mon demi-frère ainé qui voulait devenir infirmier à New York ? Il avait un salaire ce con. Alors je lui ai demandé de m’aider. Il a commencé à m’envoyer de l’argent tous les mois. Et il le fait toujours. C’est un amour je vous assure.
Cependant, cela ne suffisait pas, et à me faire vivre dans mon petit appart miteux de New York, et à suivre également le train de vie effréné des riches membres du parti avec lesquels je trainais. Honnêtement, j’ai couché plus d’une fois avec eux pour profiter de leurs superbes apparts et leurs repas luxueux. Autant joindre l’utile à l’agréable. Quand je ne leur empruntais pas simplement de l’argent avec la, lointaine, promesse de le leur rendre. Mais je ne suis pas une pute. Alors il a bien fallu que je me trouve des revenus, et je suis retombé dans mes travers d’antan, d’avant la musique. L’avantage, c’est que ça m’a permis de connaitre les bonnes personnes pour se procurer de l’acide. Et le meilleur. D’autant qu’étant plus âgé et plus expérimenté, je trouvais de meilleurs plans, et plus d’argent qu’à l’époque.
Quand je vous parle du truc, ça a l’air de durer un déjeuner de soleil. Mais il m’a fallu pas mal d’année pour devenir ami avec de nombreux membres d’Humanis et faire mon nid dans la pègre local. Surtout qu’avec les triades et le nombre de pieds sur lesquels il faut pas marcher, il m’a fallu du temps. Mais j’ai fini par y arriver. Et lorsque j’étais bien installé, j’ai eu mon premier revers.
Je transportais une grosse charge de drogues. Plein de trucs, des choses que je ne consomme pas moi-même et dont j’ignorais même les effets. Mais d’autres savaient ce que j’avais. J’ai été imprudent un instant et j’ai dealé à une connaissance sur le trajet. Ils me sont tombés dessus à 3, sans me laisser la moindre chance. Les connards m’ont laissé sur le carreau j’ai fini à l’hôpital. Pouf, j’ai disparu de la circulation pendant des mois, mon compte en banque se vidant à vue d’œil. A ce moment précis, j’ai pris conscience qu’être beau c’est bien (j’avais déjà commencé la chirurgie esthétique à l’époque) mais être fort c’est mieux. Il était hors de question que je me refasse détruire de la même manière par trois pauvres mecs. Comme vous pouvez le constater, mes efforts ont portés leurs fruits.
J’ai sondé mon réseau pour trouver un bon club en sport de combat, et j’ai fini dans un club de MMA. Je me suis fait défoncé au début. Là-bas, tous les mecs de 23 ans comme moi en font depuis qu’ils ont 16 ans. Je me faisais détruire. Mais je ne suis pas du genre à juste abandonner. J’ai fini par leur donner du fil à retordre. En parallèle, je me suis mis à la muscu afin de me renforcer et paraitre plus intimidant. Au bout de quelques années, je me trouvais plutôt fort.
C’est là que je suis tombé sur Gaël. Je pourrais le résumer en disant que c’est un petit con. Mais un petit con fort malheureusement. Il avait presque dix ans de moins que moi, mais il lui a pas fallut six mois pour me mettre une énorme rouste. Et il a bien choisi son moment, en plus. C’était lors d’un tournoi amical organisé par le club. Plus de la moitié des membres m’a vu prendre une défaite misérable contre le gosse arriviste. J’ai failli lui en coller une quand il m’a lâché, mais j’ai réussi à me retenir. Ce n’aurait pas été très
sportif.
Je suis légèrement rancunier. Honnêtement. Et je n’ai pas réussi à gagner. Il est resté trois ans avant de se faire défoncer par un gars d’Humanis et d’arrêter. Dans l’intervalle, je n’ai pas réussi à le battre. Ma frustration est totale, encore aujourd’hui.
Oui, PatronneBref, passons sur tout ça. J’ai galéré un paquet d’année. J’ai zoné pour trouvé de l’argent, je me faisais frappé, je rendais les coups. J’ai courbé l’échine face à tellement de gens qu’aujourd’hui je suis criblé de dettes que je rembourserais jamais. Surtout qu’en parallèle, je m’assurais de toujours présenter parfaitement face aux petits Humanis avec une cuillère en argent dans la bouche. Heureusement, la galère n’a pas duré. En allant à une importante soirée nocturne organisée dans le manoir d‘un des membres du parti, j’ai rencontre Reina Akira. Pour vous, comme pour moi, ce sera Madame Akira. Madame, donc, était fort sympathique. Je me suis retrouvé à échanger deux mots avec elle au bar et le courant est bien passé. On s’est rapidement rendu compte que, l’un comme l’autre, on appartenait pas au monde plein de paillette qui nous entourait. Le fait qu’on soit tous les deux refaits de partout a surement joué. Je lui ai pas mal raconter ma vie, comme je le fais là, et elle a fini par me proposer du travail.
J’ai accepté, évidemment. La somme qu’elle me proposait valait infiniment toutes les crasses que j’ai dû faire pour elle. Et j’ai dû me salir les mains, un maximum. Hybrides, humains, tout y passe. Lui servir de chauffeur est l’une des rares choses que je me retrouve à faire sous ses ordres qui ne soit pas immonde. Mais peu importe, le salaire vient en conséquence. D’autant que j’ai pu, à quelques occasions, profiter de son réseau pour me procurer des hybrides d’exceptions.
Voilà. Vous avez le détail de ma vie. Je suis toujours l’assistant de Madame Akira. Je gagne bien ma vie, je me fais plaisir sans compter, je cherche les meilleurs hybrides, les plus beaux, les plus rares. Il m'arrive encore très régulièrement d'avoir des petits accrochages avec mes créanciers, que je me suis pas embêté à rembourser, mais rien de dramatique. Ce qui est bien plus dramatique, c'est que mon intérêt pour les beaux hybrides m’a valu une altercation très létale. Je vais vous la raconter car elle a son importance aujourd’hui.
C’était une hybride plutôt spéciale. Ses traits animaux étaient étonnamment très développés. Le plus fascinant était ses yeux vairons, très beaux. Ils m’ont tout de suite attiré. Je l’ai rencontré dans un bar du Bronx, je faisais le tour car on y trouve assez facilement des hybrides sans maitre. Celle là est sans maitre, aucun doute, mais lorsque je lui ai adressé la parole elle m’a immédiatement agressée. Je ne sais pas si c’est à cause de mon regard avide ou parce qu’elle est juste folle, mais elle m’a eu par surprise. Ses crocs se sont plantés dans le bras que j’avais levé pour me défendre. On s’est battu un instant avant que je batte en retraite.
Cette connasse. Elle ne m’a pas tant blessée que cela. Mais depuis, il arrive que de petites touffes de poil châtain me poussent sur le corps. Je les fais systématiquement opérer chez les chirurgiens que je connais. Mais cela ne compense pas les troubles de l’humeur que j’y ai gagné : somnolence, euphorie… Je la trouverais pour récupérer ses yeux. Je ne sais pas si c’est sa faute, mais ces poils sont de la même couleur que le sien…