Indra est une jeune femme souriante, enjouée et chaleureuse. Elle semble déborder d'énergie, presque trop, qu'elle met au service des causes qu'elle estime justes.
La première d'entre elles est bien sûr la lutte pour l'égalité des droits des hybrides. Elle œuvre en refuge, mais elle milite aussi activement lors de manifestations. Et elle n'hésite pas à monter à l'affrontement si on cherche à la faire taire, plaçant sa sécurité en second plan. Elle estime que se taire ou reculer reviendrait à trahir ses convictions.

Mais cette énergie fait aussi d'elle une personne nerveuse, qui a dû mal à ne pas agir, à attendre sans rien faire. Et elle stresse assez facilement dans les situations sociales.

Pourtant, sa nervosité ne l'empêche pas de faire preuve de beaucoup d'attention et de rigueur. Dans son travail, évidemment. Son poste de soins est toujours parfaitement organisé, ses actes tracés au fur et à mesure, ses dossiers parfaitement à jour, et elle s'assure de ne jamais rien oublier. Lors des situations d'urgence, elle a appris à transformer son stress en activité efficace. Elle sait ce qu'elle fait, et à tendance à vouloir imposer sa manière de faire aux autres. Et à y parvenir lorsqu'elle lance ses directives trop vite pour laisser le temps d'y réfléchir.

Elle parvient pourtant à éviter l'écueil de la rigidité. Très bienveillante et attentive aux autres, elle sait se poser pour offrir une écoute attentive, une main secourable et une présence tendre. Très compatissante, elle veut aider tous ceux qui souffrent, et ramasse tous les "chiens perdus" que la vie lui amène (son appartement est d'ailleurs une véritable arche de Noé). C'est dans l'optique d'aider davantage encore ceux que la vie a malmené qu'elle suit des cours du soir pour se former à la psychiatrie infirmière. Elle espère ainsi apaiser les cauchemars de ceux qui ont trop souffert, aider les esprits autant que les corps.

Dans sa vie personnelle, Indra est tout aussi énergique, toujours partante pour entraîner ses amis dans ses projets, que ce soit danser toute la nuit ou partir en camping pendant 3 jours. Elle pratique toutes sortes de loisirs manuels. Elle aime bricoler, aussi bien en menuiserie qu'en mécanique. Elle a gardé de son enfance la passion des randonnées équestres, même si elle doit désormais se contenter de promenades avec des chevaux de centres dans les parcs de la ville.

Elle se lie facilement avec toutes sortes de personnes, sans apriori, même si elle exprime son opinion très ouvertement. Elle est extravertie et un peu fatigante à suivre, mais toujours disponible et motivée. Et malgré tout, assez facilement convaincue pour se faire une soirée devant des comédies romantiques avec du chocolat...

Néanmoins, depuis quelques mois elle développe des épisodes d'anxiété ou de déprime ainsi que des sautes d'humeurs, qu'elle attribue à la fatigue et au contexte social stressant, de même que les mouvements qu'elle croit distinguer à la limite de son champ de vision. Mais elle refuse de se laisser démoraliser. Elle pense avoir simplement besoin de vacances, et si elle peut retrouver sa famille pendant un temps pour se ressourcer, elle est persuadée que tout rentrera dans l'ordre.

Dates clés:

Née en septembre 2036 dans les steppes mongoles, elle est la quatrième d'une fratrie de sept enfants, celle du milieu. Trop jeune pour s'occuper des plus petits, mais assez grande déjà pour réaliser que sa famille a néanmoins besoin de toute l'aide possible. Peut-être son habitude de déployer un tourbillon d'activité vient-elle de là ? Elle aidait autant qu'elle pouvait, gardant les chèvres puis les chevaux de la famille, lavant le linge, la vaisselle... Son enfance, heureuse malgré la pauvreté, s'est partagée entre les steppes où elle vivait dans son clan familial semi-nomade, et la capitale Oulan-Bator, où elle était pensionnaire pour suivre sa scolarité.

Alors qu'elle allait sur ses treize ans, Indra partit à la recherche d'une chèvre familiale qui s'était éloignée. Elle eut la surprise de la trouver broutant au sein d'un troupeau de saïga. Alors qu'elle réfléchissait à la manière dont elle pourrait rattraper sa chèvre sans provoquer de mouvement de peur chez les antilopes, elle eut la surprise de voir ces dernières s'alarmer et courir dans sa direction. Affolée, elle tenta d'échapper à la harde en panique, alors que les aboiements de chasse des loups expliquaient cette soudaine ruée. Mais elle ne pouvait courir plus vite que les vives créatures, et même en tentant de s'écarter sur le côté, elle fut rattrapée, bousculée et piétinée. La chance seule lui permit de ne pas avoir le crane fendu par les coups de sabots qui pleuvaient tout autour d'elle. Et la chance, encore, permit que des chasseurs de son clan traquant la harde aperçoivent les vêtements colorés de l'enfant en péril. Grace à leur intervention, elle fut sauvée, échappant aux loups ou à une mort pénible, blessée au milieu de nulle part. Mais depuis ce jour, ses cheveux ne poussèrent plus que blancs. Si cela la gênait d'abord énormément, surtout à l'école, elle finit par en prendre son parti.

Dès qu'elle fut assez âgée pour cela, elle se trouva un petit boulot à la capitale. Le soir et les week-ends, elle travaillait dans un supermarché ouvert 24h/24. Son salaire, assez maigre, lui permettait au moins de subvenir à ses besoins vestimentaires et alimentaires si elle se montrait frugale. Elle parvenait même parfois à ajouter sa part à la cagnotte familiale.

Puis elle changea d'emploi, pour faire du ménage dans les hôpitaux de la ville. Elle découvrit alors le monde médical, non plus comme une enfant blessée clouée dans son lit, mais de l'intérieur. Elle vit le dévouement, l'épuisement et le courage, la bienveillance et le découragement. Elle avait trouvé sa voie. Et le salaire, un peu plus conséquent, lui permit de mettre un peu d'argent de côté. Petit à petit, une utopie se mit à devenir envisageable.

Elle rêvait de découvrir le monde, les peuples et les cultures qui en composaient la vaste toile. Elle savait bien que même Oulan Bator ne pouvait se comparer aux riches métropoles occidentales. Elle était avide de tout ce qu'elle pouvait trouver sur les pays lointains dont les noms la faisaient tant fantasmer, mais ce qu'elle trouvait été toujours superficiel, incomplet, et elle n'avait pas les références nécessaires pour saisir les nuances. Et surtout, cela ne valait pas le contact direct, la découverte réelle des gens. Elle parlait le russe, le chinois et l'anglais, mais elle rêvait de pratiquer dans les terres natales de ces langues.

Alors, mettant petit à petit de l'argent de côté, se privant de tout, elle parvint à mettre de côté le prix d'un billet. Et surtout, le destin lui offrit sa chance, à l'approche de ses dix-neuf ans. En travaillant à l'hôpital, elle avait sympathisé avec un médecin américain venu dans un cadre humanitaire et resté sur place par amour du pays. Il avait conservé de bons contacts avec ses confrères américains, et obtint de l'un d'eux qu'il inscrive la jeune mongole dans un programme caritatif : si elle réussissait l'entrée au bachelor d'infirmière, l'hôpital prendrait en charge ses études, à condition qu'elle travaille pour eux durant les vacances et leur doive ensuite un an de travail en temps qu'infirmière.

Indra bondit sur l'opportunité, et se prépara intensivement, mettant à contribution tout le personnel hospitalier n'arrivant pas à se soustraire à ses questions pour consolider ses connaissances et s'assurer de réussir. Elle réussit, et grâce à ses économies, elle s'envola pour New York.

Le dépaysement fut total, et bien plus violent qu'elle ne s'y attendait. La vie au sein de la Grosse Pomme était bien plus rapide qu'à Oulan Bator, bien plus bruyante et incessante. Elle aurait pu s'y noyer. Mais à la place, elle y puisa une énergie nouvelle. Une force qui lui permit de s'épanouir, malgré le rythme de travail intense et son niveau de vie plus que précaire. Mais il y a une chose à laquelle elle n'a jamais pu se faire : la place des hybrides dans la société. Bien sûr, elle savait qu'ils existaient, et elle avaient compris qu'ils étaient considérés comme inférieurs. Ce qu'elle ne pouvait pas percevoir dans les articles ou sur internet, c'est qu'ils n'avaient rien d'inférieur. Leur sensibilité, leur intelligence, leur personnalité étaient aussi riches et complexes que celles des humains. Ainsi, elle les compte au rang des personnes avec lesquelles elle peut enfin interagir directement, pour découvrir cette richesse humaine et cette diversité qui lui manquaient chez elle, où elle avait l'impression de connaître tout le monde. Et même si elle a parfois la nostalgie des steppes, du calme et de la beauté des étoiles, invisibles depuis New-York à cause des lumières de la ville, elle est heureuse d'être venue.

Les quatre ans d'études furent difficiles. Elle devait faire attention à la moindre dépense, et apprendre une nouvelle façon de vivre et une nouvelle culture en même temps qu'un nouveau métier. Elle s'accrocha, et obtint enfin le fameux diplôme. La vie devint un peu plus facile pour elle, car elle avait un véritable salaire, assez pour vivre correctement, et envoyer de l'argent à sa famille demeurée au pays. En évitant les excès, elle espère épargner assez pour retourner voir les siens. En attendant, elle ne rate jamais les appels hebdomadaires qui lui permettent de garder ses liens.

Après un an au sein de l'hôpital qui lui avait donné sa chance, elle décida de changer d'emploi. Elle n'a jamais accepté l'idée que les hybrides soient inférieurs, et c'est devenu pour elle une cause à défendre. Dans le cadre de ce militantisme, elle a rejoint le groupe Unity, et faisant la connaissance d'Hedda Osmund, elle postula pour un emploi dans le refuge de cette dernière, où elle exerce depuis bientôt trois ans. Mais elle y trouva bien plus qu'un emploi. Elle y trouva une amie en la personne d'Hedda, elle y trouva un moyen d'agir concrètement, d'aider ceux qui en ont vraiment besoin. Elle se fit assez facilement sa place au sein de l'équipe soignante, et après un an à apprendre le fonctionnement du refuge et à se confronter aux souffrances des hybrides, elle se mit à suivre en parallèle des cours du soir afin de se former aux soins psychiatriques. Elle voulait soigner les esprits autant que les corps.

En décembre de l'année 2062, elle participait aux soins d'une hybride déviante souffrant de violents maux de tête. Si violents qu'ils provoquaient des mouvements d'agressivité. Elle ne s'étonna donc pas d'être mordue profondément au bras lors d'une crise. Parfois il faut provoquer de la douleur pour supporter la sienne. Elle se contenta de désinfecter la plaie. Elle ignorait qu'elle venait d'être infectée, et ne fit pas le lien avec les troubles qui commencèrent à se développer chez elle...