Brave, la jeune femme aime plus que tout les défis. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle est partie s'installer à New-York au départ. Elle n'a pas peur d'échouer. Après tout, il faut tomber pour se relever. C'est une battante qui n'aime pas se laisser marcher dessus, préférant montrer de quel bois elle est faite. Abandonner est un mot qu'elle ne connaît pas vraiment, préférant essayer encore et encore jusqu'à avoir le résultat escompté. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose, vu sa situation ? Pas sûr.

En revanche, elle sait exactement quand il faut se taire. Il y a des combats qu'elle ne peut pas gagner avec la parole. Par contre, ils peuvent devenir victorieux sur le long terme. C'est pour cela que l'on peut la trouver particulièrement silencieuse face à certaines situations déplaisantes. De plus, élever la voix n'est pas une solution. Cela apporte plus de problèmes qu'autres choses. Tant pis si cela la fait paraître effrayée, timide ou peu sociable. Ce n'est pas à sa couverture que l'on juge un livre.

Kirsten est une jeune femme tendre, qui apprécie la beauté, même lorsqu'elle se cache sous plusieurs couches de laideur. C'est ce qui l'a motivé à se lancer dans la photographie. Même si elle est spécialisée dans les documentaires animaliers, elle ne s'est jamais gêné pour prendre en photos les endroits marqués par la violence. Car même dans ces moments-là, il y a toujours une lueur d'espoir. Un rayon de soleil prêt à fendre les cieux. C'est ce qu'elle s'efforce de capturer. Elle met cela même en œuvre avec les personnes qu'elle rencontre.

Et c'est exactement pour cette raison qu'elle n'apprécie pas vraiment les hybrides. Qu'elle n'en possède pas. Parce qu'ils sont beaux. Bien éduqués. Ils sont parfaits. Font des métiers à succès, envahissent les chaînes télévisées. Tout ceci doit bien dissimuler des choses beaucoup moins jolies sous toutes ces couches de peinture. Son œil d'artiste est critique: un tableau n'est appréciable que quand on y montre de la défaillance. Envers eux, elle se montrera toujours froide, voulant mettre le plus de distance entre eux et elle. Une véritable ironie, n'est-ce pas ?

Sa seule peur est de disparaître sans laisser de trace. Que personne ne puisse la retrouver et qu'elle finisse par mourir de la main de ses bourreaux. Même si cela motive encore plus son envie de vivre, elle n'aime pas du tout la façon dont cela tempère son caractère. Le fait d'être terrifiée n'est pas quelque chose de naturel chez elle. Cela lui a été presque imposé. Et bien qu'elle n'essaye pas de le montrer, il est toujours possible de voir cette crainte au fond de ses yeux, d'ordinaires si inexpressifs.

La Norvège, ce magnifique pays si froid. Où l'on ne prend quasiment aucune couleur, laissant la peau aussi pâle que la neige. En 2037, il vit naître une fille ordinaire, dans une famille ni pauvre, ni riche. Ayant assez de quoi vivre pour subvenir à ses besoin ainsi qu'à ceux de son grand-frère. Une famille soudée et joyeuse. Le petit bébé qu'elle était ne pouvait rêver mieux.

Bien qu'elle ne pouvait pas tout avoir dans son enfance, cela lui suffisait. De plus, on pouvait déjà deviner ce qu'elle deviendrait plus tard. Elle faisait semblant de prendre des photos avec ses doigts de petite fille. Cela finit de convaincre ses parents de lui offrir son tout premier appareil alors qu'elle n'avait que 6 ans. Bien évidemment, ce n'était pas un bijou de technologie mais cela lui suffisait largement, à l'époque. Kirsten n'était pas quelqu'un qui demandait beaucoup, juste l'essentiel afin qu'elle puisse s'épanouir et découvrir comment elle pouvait être heureuse. Rien ne pouvait aller mal. De plus,elle pouvait compter sur celui qui voulait bien jouer avec elle. Son seul et unique frère, qu'elle aimait plus que tout au monde. Elle l'admirait, même.

Les choses commencèrent à changer dans son adolescence. Peu comprise par ses camarades dans ses idées un peu sombres, elle se mis à s'isoler pour profiter d'une certaine tranquillité. Avoir peu ou pas d'amis lui importait peu, du moment qu'elle pouvait consacrer tout son temps à sa passion. Jusque là, ses clichés les plus réussis sont des animaux. Des loups, des cerfs, des oiseaux. Elle sait capturé l'instant présent afin d'en tirer le meilleur parti. Rapidement, elle s'éloignait de sa famille, ayant des rêves de grandeur. Gagner des concours de photographie, partir pour une grande université américaine. Même si cela voulait dire quitter son beau pays, elle n'aurait absolument aucun regret. Son père l'encourageait. Sa mère avait peur. Son frère n'arrivait pas à la comprendre. Mais son choix était fait.

Obtenant son bac en 2055, elle s'envolait quelques semaines plus tard en direction du continent qui lui promettait Monts et Merveilles. Et c'était le cas. La ville de New-York était belle, malgré le chaos qui commençait à s'y installer doucement. Et c'est là que son regard sur les hybrides, ces mi-humains mi-animaux, se mit à changer radicalement. Ils étaient... trop. Ils manquaient cruellement de cette touche apocalyptique, dévastatrice, qui lui plaît tant. Les Déviants ne sont que des animaux sauvages incapables de réfléchir et Unity un groupe qui se berce d'illusions. Elle se mit alors à ignorer cet aspect, préférant se concentrer sur ses études artistiques, se spécialisant donc dans la photographie animalière. Parfois, elle se fait un peu d'argent en revendant ses clichés à la presse. Ceux qui lui rapportent le plus sont ceux des rixes qui se sont produites. Elle s'infiltre sur les lieux pour les mitrailler et tout revendre. Tout ceci dépeignant un portrait peu flatteur aux Déviants.

Humanis finit par la remarquer, en 2058. Elle refusa de les rejoindre pour leur propagande, ce n'est clairement pas ce qui l'intéresse. En revanche, moyennant des dollars, elle accepta de prendre, de temps en temps, des photos d'eux. Mais, c'est tout, cela n'allait pas plus loin. Elle récupère son argent s'en va, retournant dans son petit appartement du Queens qui lui convient parfaitement. C'est ainsi qu'elle vivait, jusqu'à atteindre ses 26 ans en 2063. Officiellement diplômée dans le domaine qui lui a toujours convenu. New-York, de plus, se transformait véritablement en terrain de guerre, ce qui ravissait la jeune femme car cela voulait dire obtenir plus de clichés des combats. C'est cette envie qui la poussait à aller toujours de plus en plus loin. Jusqu'aux jours où elle se trouva au mauvais endroit, au mauvais moment.

Fin septembre 2063. Après tous les récents évènements qui ont, une nouvelle fois, déchirés la ville. Pas de gagnants, pas de perdants. Mais que des lieux empreints de désespoir à prendre en photo. Alors elle s'est aventurée dans le Bronx, armée de son merveilleux appareil qui lui a coûté presque toutes économies. Elle s'est avancée sans se douter une seule seconde que ce serait ses derniers pas en pleine liberté. Puis, il était là, s'aventurant seul. Dans sa hâte, elle avait oublié qu'il s'agissait là du territoire de ceux qu'elle exècre le plus. Ces hybrides sans foi ni loi. Son souffle s'est bloquée dans sa poitrine alors qu'elle lève ses mains tenant son précieux objet, dans le simple but de prendre ce moment en photo. Cette mission, probablement secrète, qu'il effectue sans l'aide de personne. Elle aurait du partir, plutôt de se dire qu'elle pouvait réussir. Il y a des choses qu'il faut savoir laisser derrière soi. Elle ne l'a pas fait, à cause de son maudit caractère.

Au final, l'attaque est sortie de nulle part. Que peut-elle contre ces hybrides qui ont plus de force d'un humain lambda ? Le noir l'enveloppa, la tirant vers le fond. Les chaînes s'enroulèrent autour de ses membres rendus mous par l’inconscience. Le collier serra son cou, prouvant à tous qu'elle ne s'appartiendrait plus à partir d'aujourd'hui. Maintenant, elle n'est plus Kirsten. Elle ne sera qu'une ombre vouée à les servir. Qui devra faire attention à chacun de ses mots si elle veut éviter les blessures. Pourtant, d'instinct, elle a su qu'avec lui, rien ne serait simple. Le calvaire débute et il l'entraîne dans une spirale sans fin, créant chez elle une peur qu'elle ne fera jamais disparaître. Maintenant, elle est son esclave. L'humaine enchaînée de Saorsa, pour la cause des Déviants.

Octobre, novembre.. et le temps continuera encore de s'écouler. Lentement. Est-ce que cela brisera définitivement ?