Hyunah est une jeune femme qui aux premiers abords pourrait paraître prétentieuse, et même hautaine, c’est souvent l’étiquette que les jalouses lui donne. De toute façon, si elle sourit comme ça, si elle s’habille aussi “bien”, c’est pour être remarquée, elle cherche l’attention des hommes. L’habit ne fait pas le moine, bien qu’apprêtée chaque jour : sous son apparence soigneusement entretenue, Hyunah est loin d'être l’inaccessible pimbêche que l'on imagine au premier abord. Son sens de l’humour est probablement ce qui la rend aussi attachante, pour d'autres c’est son accent, surtout pour les non-coréens. Ainsi, il n’est pas rare pour elle de revisiter certaines expressions bien connues et leur donner un tout autre sens, alors oui, c’est adorable, en revanche quand on souhaite avoir une véritable conversation, ce n’est pas facile. 70%, c’est le pourcentage que l’on perd quand on s’exprime dans une autre langue, on perd ses tics de langages, ses expressions et son vocabulaire propre qui font qui nous sommes. De ce fait, Hyunah est bien souvent dépeinte comme timide mais la timidité de ne doit pas être confondue avec l’absence de parole, si elle parle peu c’est qu’elle ne connaît pas encore bien la langue anglaise. Alors la jeune fleur fragile, délicate et timide n’existe que dans votre tête, c’est une fille qui a du mordant dès lors qu’elle s’exprime en coréen.

La barrière de la langue met à mal sa personnalité sociable, cela dit, elle ne se décourage pas. Têtue comme une mule, lorsqu’elle souhaite quelque chose, elle va au bout et il faut au moins ça pour tenir la route lorsque l’on devient une idol de kpop. Cette industrie qui vous arrache vos rêves de gosse, qui vous plonge dans le noir quand ce sont les étoiles que vous rêviez. Hyunah vous racontera toujours que l’on ne peut pas en sortir indemne… Dans son cas, c’est l’image qu’elle a d’elle-même et le rapport qu’elle entretient avec son corps… Ce sont les régimes extrêmes qu’on lui a appris à normaliser, se peser tous les jours dans la crainte de voir un chiffre bien trop bas augmenter ne serait-ce que de quelques grammes. C’est aussi se surmener en permanence, pleurer en silence et rester seule avec ses problèmes. Une part sombre qu’elle n’expose jamais, c’est entre elle et elle seule. Sept ans passés dans une industrie aussi pourrie, les séquelles étaient inévitables.

Tous ces problèmes mis bout à bout pourraient ainsi expliquer pourquoi elle est une véritable dépensière à ce jour. Acheter pour combler un manque, un vide ou au contraire, dépenser pour ne pas penser à ce qui la tracasse. Cela dit, à côté de ça, Hyunah ne porte pas rubis sur ongle et donne régulièrement aux associations caritatives, principalement pour les animaux. Cela ne fait pourtant pas d’elle un ange, elle est humaine contrairement à ce que l’industrie tente de faire croire, la perfection n’existe pas, encore moins chez quelqu’un qui a grandi sous le feu des projecteurs. Aujourd’hui repentie, il y a bien une période ou Hyunah était capricieuse et agissait comme une enfant gâtée. Quand on est habituée à être adulée, que l’on a tout ce qu’on demande, si l’on est mal entouré, que l’on a personne pour nous ancrer sur terre, on fini par s’égarer. Aujourd’hui, contrairement à son attitude de peste, son plus gros défaut subsiste encore. Sa franchise parfois brutale, vient trancher à vif les personnes avec qui elle est en désaccord. Ça lui a valu bien des critiques, des censures, des punitions et même des détracteurs allant jusqu'à la menace de mort. Une femme qui se rebelle dans la société coréenne, c’est qu’une saleté de féministe qui déteste son pays… Fort heureusement, tout ça est derrière elle aujourd’hui. Du moins en partie, car il existe toujours de mauvaises âmes guettant son moindre faux-pas pour lui faire manger le sol.

Facts :
Hyunah fait une fixette sur le chiffre de la balance et est persuadée que son poids idéal est en dessous de 45 kilos. - Son répondant peut mettre k.o le plus valeureux des hommes. - Capable d’avaler une barbapapa en moins de cinq secondes. - Collectionne les maneki neko et les trucs mignons de manière générale. - Continue de suivre assidûment le milieu de la kpop. - Ses covers en anglais sont plus populaires dû à son accent “adorable”. -  Dessine particulièrement mal, mais aime quand même gribouiller. - Frileuse comme jaja.

Aime : La danse - la musique - les jeux vidéos - les documentaires en tout genre - apprendre des choses insolites - la mangue.

Aime pas : Le froid - regarder les gens manger quand elle est en diète - qu’on la pense timide - ceux qui ne s’intéressent qu’à sa condition d’idol - perdre à des jeux -

Chronologie :
- 2039 Naissance
- 2040 “doljabi” (1 an)
- 2049 Commence la danse (10 ans)
- 2051 à 2054 Intègre une école d’idols en devenir (12 à 15 ans)
- 2054 Début de son groupe de kpop (15 à 21 ans)
- 2060 Départ du groupe (21 ans)
- 2061 Carrière soliste d’un an (22 ans)
- 2062 Fin de carrière définitive, début du stream (23 ans)
- 2063 Arrivée à New-York

☽ 2039 Naissance
Fille unique voit le jour, comble de joie des parents qui l’aiment depuis le premier regard et ont hâte de la rencontrer. Hyunah, “éclat de lune” lumière qui guide les marcheurs perdus la nuit. C’est ce qu’elle a fait pour ce jeune couple, après plusieurs années à espérer un enfant, ce merveilleux bébé est arrivé. La douceur du nourrisson, fût promesse d’une vie merveilleuse.

☽ 2040 “doljabi” (1 an)
Premier anniversaire et comme le veut la tradition, il est temps de célébrer la cérémonie du “doljabi”. Un rituel autrefois important et déterminant quant au futur de l’enfant, aujourd’hui bien que quelques familles superstitieuses y croient encore dur comme fer, la symbolique n’est plus aussi forte qu’à l’époque. Alors, sur cette petite table face à elle, on a disposé comme le veut la coutume plusieurs objets ; un crayon pour l’art, un billet pour la richesse, un bol de riz pour l’abondance, une bobine de fil pour la longévité, un stéthoscope pour la médecine, et un petit micro pour la chanson. Alors, selon ce que bébé Hyunah choisira, son avenir sera “tout tracé” ; le destin tranche, c’est le microphone sur lequel ses petites mains potelées se sont posées. Hyunah deviendrait une chanteuse.

☽ 2049 Commence la danse (10 ans)
Petite lune est une grande fille maintenant. Dix ans et il est temps de commencer une nouvelle activité ; la danse. C’est grisant, et la fillette apprend chaque jour un peu plus, veut montrer à ses parents ce qu’elle sait faire. Des spectacles pleins de rires et de passion, Hyunah ne fait jamais les choses à moitié, et ses parents le lui ont toujours rendu. Ses premiers fans, ses premiers supporters et ses premiers admirateurs, sans eux, elle ne se serait jamais autant épanouie ni révélée dans la danse. En Corée, les enfants ont une terrible pression quant à leur réussite, Hyunah a eu la chance de ne jamais y être confronté, car le seul discours qu’elle a entendu de la bouche de sa maman et son papa a été : “Fait ce qui te rend heureuse, nous on te soutiendra toujours.”

☽ 2051 à 2054 Intègre une école d’idols en devenir (12 à 15 ans)
La danse a pris tant de place dans sa vie, qu’il était naturel d’en faire une véritable vocation, c’est pourquoi aux prémices de son adolescence, la petite lune danseuse à rejoint “Hybe labels” un des géants du divertissement les plus importants en Corée du Sud. Éclat pur s’est éteint bien vite.

Les auditions passées, le rêve est devenu terne, si terne… Le poids a été le premier sujet auquel elle a été confrontée, jamais assez mince, toujours trop grosse et à douze ans, Hyunah a entamé son premier régime. Le rythme des entraînements est intense, jusqu’à quatorze heures de danse par jour, cinq heures de chant au point où la voix se brise. On ne dort plus chez soi, mais dans un dortoir avec les autres filles qui se préparent comme elle, à débuter dans le prochain groupe que lancera le label.

Comme il a été difficile de voir ses amies abandonner, ou commencer sans elle, quand on côtoie les mêmes personnes durant des mois, les séparations sont toujours difficiles, et bien que quotidiennes, jamais un au revoir ne lui a paru plus facile, à chaque fois son cœur s’est serré. Les filles qui ont définitivement rejoint la scène l’ont inspirée de plus belle, et les efforts ont été plus intenses encore.

Malheureusement, les efforts ne suffisent pas dans certains cas, et à quatorze ans à peine, petite lune est confronté à ce qu’elle aurait préféré ne jamais connaître, chaque industrie possède une part sombre et sale qu’elle masque par la beauté de ses artistes… Jusqu’à ce que ces artistes deviennent pourris eux aussi. Qui dit artistes pourris dit également manageurs corrompus et ceux-là ne veulent pas le bien, seulement le gain. Quand on l’a sélectionné elle et quelques autres jeunes filles pour une représentation “spéciale”, la joie a illuminé son visage, jusqu’à ce qu’elle s’y rende… Elle s’en souviendra de ce moment d’angoisse et de stress, quand elle a compris qu’il fallait se trémousser en jupette face à des hommes de trois fois son âge. “Ils sont soldats de l’armée, ils servent le pays, ils méritent du réconfort.” Ah, oui, c’est vrai… En Corée, la femme obéit sagement, car la patriarcat s’y épanoui.

Papa et maman ne savent pas, ils ne seraient pas d’accord de laisser leur petite lune perdre sa lumière dans cet environnement malsain. “Tout va bien”. Toujours. Jamais. A quatorze ans, on l’habillait comme une femme, maquillait comme telle et la jeunesse de son âge véritable ne subsistait qu’au travers de son attitude. Une femme enfant, c’est ce que le public veut voir, ou plutôt, c’est ce que les dégénérés qui gangrainent ce milieu veulent voir.

Malgré tout, si vous vivez ensembles la plupart du temps, certaines sont rongées par la jalousie et ajoutent encore de la difficulté par-dessus la difficulté. Mais tous ces sacrifices, toutes ces heures passées à s’entraîner, à subir les remarques acerbes des professeurs, tous ces régimes, toutes ces larmes versées… Hyunah n’a pas souffert aussi longtemps pour abandonner si près du but.

La vie privée et un concept qui n’existe plus, adolescence muselée et supprimée. Le téléphone est fouillé chaque jour, les chambres également, parce que certaines cachent de quoi se nourrir lors de diètes trop sévères. Une des filles qui devait débuter sous peu a été virée, apparemment elle voyait quelqu’un, et contrairement aux garçons, les filles doivent rendre des comptes, une idol en devenir se doit de se préserver, de rester pure, pour que le regard masculin ne se lasse jamais et se nourrisse de chimères. Les règles sont tout aussi dures pour les idols masculines, mais jamais ne rivalisent avec celles que l’on impose aux femmes.

☽ 2054 Début de son groupe de kpop (15 à 21 ans)
Tous ces efforts, ce travail acharné, ce stress, cette peur… Tout ça c’est terminé, Hyunah est la dernière membre à être sélectionnée pour le nouveau groupe du label. Cinq filles au total, et c’est elle la cadette, celle qui est choyée et protégée un peu plus que les autres au vu de son jeune âge. Quinze ans. C’est bien trop tôt pour être jetée en pâture à un public exigeant, pourtant Hyunah n’est ni la première, ni la dernière dans ce cas-là. Des questions éthiques se posent, mais on les balaye bien vite, car on oublie qu’elle est mineure, on oublie que le groupe n’a que deux membres majeures sur cinq. On l’oublie parce que maquillées et apprêtées comme des petites femmes, on pourrait leur donner vingt ans. C’est triste, mais l’industrie est comme ça depuis trop longtemps pour que l’on espère que tout ça ne change.

Il est temps de choisir son nom de scène, Hyunah opte pour Lilith en raison de son amour pour le jeu Diablo. Car si elle n’a que peu de temps pour elle, sa passion cachée, celle dont elle discute parfois avec les fans, ce sont les jeux vidéos, un peu de tout, mais principalement les jeux populaires que l’on connaît tous. A la base, c’était pour se changer les idées, et puis c’est rapidement devenu un refuge duquel est née une grande passion.

Le groupe se nomme Five Lullabies, un nom préfabriqué qui n’a pas été choisi ni même approuvé en amont par les idols qui le portent aujourd’hui. Hyunah est la plus jeune, la plus expérimentée et est donc la chouchoute des fans et parfois du staff. On fait attention au bébé du groupe, et c’est très important, puisqu'en quelque sorte, ça l’a protégé de beaucoup de choses négatives durant son début de carrière. Ce n’est pas pour autant qu’elle se repose sur ses acquis, car avoir l’image du bébé, c’est souvent être infantilisé plus que de raison, même à vingt ans passés. Les filles s’entendent entre elles et heureusement, ajouter la pression de l’industrie à du harcèlement entre membres aurait probablement été une épreuve insurmontable sur la durée. Dans cette industrie “parfaite” bien des artistes se tirent dans les pattes même au sein de leur propre groupe, rien que pour briser un peu plus le mythe, mais il vaut mieux fermer les yeux pour ne jamais être déçu.

En tant que cadette, on va lui demander d’exagérer ses traits “mignons” avoir un comportement plus attachant, maladroit aussi, pour attendrir le public. Chacune des filles à un rôle déjà écrit, celle qui est garçon manqué, celle qui est un peu dans la lune, celle qui est timide, celle qu’on qualifie de “sunshine” et Hyunah, la petite cutie. A force de jouer un rôle, on s’y perd et plus le temps passe, et plus c’est difficile de rester fidèle à qui on est. La notoriété monte rapidement, les haters, les fans obsessionnels qui vous traquent et traquent vos proches, la moindre sortie ne peut être envisagée sans garde du corps. Dans les aéroports, nombreuses sont les émeutes, il n’est pas rare de se faire bousculer au point de chuter. De cette nouvelle vie découle l’anxiété sociale qui devient de plus en plus violente, impossible de ne pas faire de crises d’angoisses avant chaque sorties officielles, avant chaque concert, avant chaque fan meeting, au point où parfois l’abandon semble être la meilleure option.

Pourtant, rien ne fût aussi barbare que lorsqu’elle subit pour la première fois la trahison. Au fond, c’était déjà intégré, mais quand elle l’a compris de cette manière là, Hyunah a mis très longtemps avant de pouvoir tourner la page. Des idols qu’elle adulait presque, des mentors, des modèles, des grands-frères qu’elles respectaient énormément… Des modèles qui se sont révélés être de véritables tarés. Un homme reste un homme, même avec le plus angélique des sourires, surtout avec le plus angélique des sourires. “Hyunah, on pourrait se voir à l’hôtel… Tu sais je suis populaire, je pourrais t’assurer une carrière parfaite si t’es gentille…” La carrière d’idol d’un junior peut s’effondrer aussi vite qu’un château de carte sous un coup de vent, et quand on a subi des années de pression, on peut faire n'importe quoi par peur de voir le rêve se terminer. Y compris vendre son corps, c’est tabou, mais si répandu, qu’on le veuille ou non, c’est un monde dangereux quand on est une jeune fille manipulable. Hyunah a refusé et s’est davantage repliée sur elle-même, cet épisode longtemps renié, elle s’est dit qu’elle avait tout exagéré, tout extrapolé et que jamais un grand-frère qu’elle respecte à ce point ne pourrait faire ça. Encore aujourd’hui, elle préfère ne plus l’évoquer, et lorsqu’elle recroise ces personnes en question elle se mure dans le silence.

La popularité engendre la haine, les premières menaces de mort suivent peu après ses débuts. Sans aucune raison la plupart du temps, sa tête ne revient simplement pas à certains, d’autres plaisantent et veulent juste s’amuser creusant un peu plus le traumatisme dans son esprit. Heureusement, les fans ne sont pas tous mauvais, lors des fans meetings, elle rencontre de merveilleuses personnes, certains viennent dès qu’ils le peuvent, à force ils se connaissent bien, sans être de réels amis, revoir les plus bienveillants d’entre eux la rend toujours heureuse. Ces moments lui rappellent pourquoi toutes ses heures de travail, leur sourire est la plus belle des récompenses. Et en tant que petit bébé, Hyunah a toujours eu droit à bien plus d’amour et de bienveillance qui lui ont redonné le courage suffisant de poursuivre cette voie.

Des fans qui l’ont marqué, il y en a quelques un, une gentille femme de presque trente ans, elle aimait beaucoup la musique du groupe, sa fille aussi et a confié à Hyunah que c’est probablement grâce à ça qu’elles s’entendent aussi bien. Petite lune a pleuré sous l’émotion. Il y a eu ce fan un peu plus vieux qu’elle, il était malade, elle l’a vu plusieurs fois dans l’année à chaque fan meeting il était là, quand il a guérit, il lui a offert un joli bouquet de fleur et l’a remercié d’avoir toujours pris le temps de l’écouter. Petite lune a encore pleuré. Et puis, il y a eu ce jeune garçon, qui aurait pu être son petit frère, très souriant, très enthousiaste qu’elle a rencontré aux États-Unis lors d’une tournée. Hyunah était dans une mauvaise passe, épuisée, démoralisée, mais jamais elle ne l’a montré, tenant toujours son image d’idol au sourire charmant. Ce petit dans sa simplicité et sa spontanéité presque naïve lui a redonné le sourire, quelques mots qui l’ont longtemps accompagnée : “ C'est en te voyant faire ce qui te plait réellement, que tu me donnes la conviction de me dépasser pour en faire de même. Et si ma musique provoque un jour les mêmes sentiments que la tienne sur les miens, alors c'est que je serai devenu un vrai artiste.  ” et il lui a offert un petit bracelet qu’elle a longtemps porté et précieusement conservé. Parfois il lui arrive encore de le mettre, quand elle ne se sent pas bien et que le moral n’est pas au beau fixe, c’est comme si il lui donnait un peu de courage.

Quand il y a des hauts, il y a aussi des bas et ceux-là sont destructeurs, encore plus quand ils sont imprégnés du goût de l’injustice. A presque dix-neuf ans, Hyunah entame sa première relation, et la dernière, une relation secrète pour ne pas briser les fans, les siens et ceux de son “amoureux”. Malheureusement, ce que la vie ne lui a pas appris, lui s’en est chargé. Dans l’amour, il y a la violence, il y a les coups et il y a les pleurs. Beaucoup. A vingt-huit ans, il savait parfaitement ce qu’il faisait et la différence d’âge lui a offert l’ascendant sur elle. Un ascendant qui aura eu raison de ses dernières armes. La relation dure longtemps ; Hyunah encaisse longtemps, normalise et internalise tout ce qu’elle subit. Manipulée à croire les mensonges à accepter la violence, la petite lune s’assombrit, elle est terne, elle ne brille plus, ne pétille plus. Ce n’est pas grave, ça va s’arranger, et puis, il l’aime pour de vrai, c’est elle qui n’est pas assez mature. Il était tellement gentil avant tout ça, quand on le voit à l’écran, quand on le voit en interview, qui aurait soupçonné un monstre d’arrogance pareil ?

La douleur la rend mauvaise, et finalement le succès qui monte encore n’arrange rien, Hyunah change, et ne change pas en bien. Médisante, arrogante, durant de longs mois le staff subit ses caprices, ses colères et ne comprend pas le changement, ou peut-être que tout le monde le savait ; la plus gentille des jeune filles peut devenir la plus perfide des sorcières lorsque le succès lui bouffe la tête. Le mot est passé, la fan base n’est pas contente, des informations fuite, et la sanction tombe, mais pas pour cette raison là, on préfèrera dire qu’elle est en pause pour sa santé mentale, le scandale est étouffé, mais ces six mois sans scène et sans musique ne sont qu’une punition trop sévère pour une gamine qui s’est perdue. Sa famille la soutiendra durant tout ce temps, lui faisant réaliser que cette attitude n’était plus tolérable et que ce n’est pas les valeurs qui lui ont été inculquées. Hyunah regrette, Hyunah, pleure, Hyunah s’excuse auprès de ses parents, prendra le temps de contacter chaque personne à qui elle a manqué de respect. Le plus dur c’est ceux qui n'accepteront pas ses excuses, mais au moins la prise de conscience est là. Ce qu’elle n’a pas su comprendre sur le moment, c’est que ce changement d’attitude, outre la popularité et le manque d'humilité, était dû à cet homme qu’elle ne savait pas pousser hors de sa vie, convaincue qu’en effet sans lui, elle n’était rien.

Six mois c’est long, c’est long surtout quand on se dit chaque jour, que l’on a été oubliée, remplacée et qu’on aura plus le droit à tout cet amour, qu’on ne sera plus capable de danser ou chanter. Le groupe n’a jamais ralenti son activité, et quatre chansons ont été sorties sans elle, quatre chansons qu’elle n’a pas pu chanter, quatre chorégraphies qu’elle n’aura pas pu danser. Il faut rattraper le retard, il faut rattraper cette absence et il faudra travailler plus dur, quitte à s’en rendre malade. Hyunah peut enfin revenir, l’accueille est mitigé, certains l’attendaient, d’autres espéraient qu’elle quitte le groupe et entre-temps, les nouveaux fans l’ont découverte. Ça a été éprouvant, il fallait de nouveau faire ses preuves, et si les autres membres du groupe n’avaient pas été là, peut-être que le retour aurait été inimaginable.

Mais voilà, même avec tout l’amour du monde, il y a des choses qu’on ne peut pas faire, qu’on ne peut plus faire après un certain style de vie. Hyunah a consumé sa vitalité bien trop vite, et bien trop brutalement. Le rythme est trop intense, elle se fatigue, ne tient pas, au début on la dira paresseuse, et plus le temps passe plus quelque chose cloche. Hyunah refuse d’aller chez le médecin, et refuse de savoir, parce qu’elle refuse d’admettre la fin possible de sa carrière, ça ira… Il suffit qu’elle mange un peu plus, et ses forces reviendront, pas vrai ? … Pourtant sa condition physique l’empêche de participer à tous les événements, lors des concerts, elle est assise, et chante les larmes aux yeux, la culpabilité la ronge. Elle s’en veut de ne pas pouvoir performer, la peur de décevoir les fans est si forte qu’à chaque fin de représentation, Hyunah fond en larmes. Cette période est éprouvante, mais elle n’a pas le choix que de prendre son mal en patience, on l’a prévenu, le sous-poids et le surmenage finiront par la rendre malade un jour. Comme tant d’autres avant elle, comme tant d’autres après elle, un cercle vicieux qui ne prendra fin que si la profession d’idol disparaît.

Un soir, Hyunah a vent d’un scandale qui concerne son ami d’un groupe plus jeune que le sien. Cloud of Madness. Tout est allé trop vite, Juwon a levé la main sur un fan qui visiblement se tenait trop proche et les fans les plus virulents de son ami l’ont insulté, traîné dans la boue quand au final à tes yeux, ce n’était pas le fautif, ce genre de choses arrivent et les seules personnes qu’il faut blâmer ce sont les managers qui ne prévoient jamais assez de sécurité. C’est la suite qui l’a rendue triste, son ami a été forcé de quitter le groupe et il a disparu, elle pouvait comprendre son besoin de tout couper, mais n’a jamais compris qu’il ne donne plus de nouvelles à personne, y compris son propre groupe. Plus tard, c’est Jisoo qui partira et qui ne donnera plus signe de vie, c’est encore un poids de plus à porter, encore un poids sur son cœur déjà trop malmené à l’aube de la vingtaine.

La veille de son anniversaire, une amie très proche décède, c’est un choc, encore plus lorsque la cause est révélée. Un suicide, encore un… Parce que c’est un quotidien qu’elle aurait préféré ne jamais connaître. La pression pousse à bout et si ses parents ne l’avaient pas soutenue durant ses six mois de calvaire, c’est peut-être ce choix qu’elle aurait fait. Les prochains jours n’ont plus de saveur, on ne parle plus que de ça, la culpabilité est la pire des sentences, persuadée qu’elle aurait dû prendre de ses nouvelles, aller la voir plus souvent, Hyunah se sent responsable et encaisse très mal la nouvelle. Il lui faudra plusieurs semaines avant de retrouver un semblant de sourire. Encore aujourd’hui, son amie lui manque, le deuil est difficile et peut-être qu’elle ne sera pas capable de le faire.

☽2060 Départ du groupe (21 ans)
Le diagnostic tombe. Après un passage obligatoire chez le médecin, sa jambe gauche est complètement dysfonctionnelle et à force de l’ignorer, sa condition médicale s’est détériorée. Dystonie focale qui touche principalement la cuisse, le muscle se contracte sans qu’elle ne puisse rien y faire, et la douleur intense l’empêche de se tenir debout. Pas de possible retour en arrière, pas de guérison totale possible, par ce diagnostic, Hyunah comprend que c’est la fin du rêve, que c’est la fin de sa carrière, car le rythme intensif que doit subir un idol n’est pas compatible et même en encaissant la douleur et en prenant sur soi, tout ce qu’elle y gagnerait, c’est de s’écrouler sur scène. Il faut maintenant le dire au fans, et c’est en larmes, après un dernier concert à New-York, dernière date de leur tournée qu’elle annonce quitter le groupe. Elle pleure, les filles aussi et le concert finit par une dernière chanson, un dernier au revoir.

“Je pars, mais je ne vous oublierais jamais… Merci… Merci d’avoir été à mes côtés, d’avoir été aussi merveilleux avec moi. Je suis désolée de vous annoncer ça comme ça, j’ai longtemps réfléchi à comment je devais vous l’annoncer… J’ai l’impression de vous trahir… Je suis tellement désolée…Je crois qu’il était temps pour moi d’arrêter pour ne plus pénaliser les filles.”

La voix tremblante, des excuses, des regrets, des remerciements et tant de choses qui l’ont touchée au cours de ces années en tant que membre des Five Lullabies, un nom qui n’avait pas de sens au début et qui aujourd’hui représente son monde…C’est une année où la solitude est sa principale compagne, une année où elle réfléchit, elle pense et regrette. Et si elle avait continué ? Si elle n’avait pas lâché ? Si ses choix avaient été différents ? Hyunah baigne dans l’amour de son cocon familial mais rien ne peut combler le vide laissé par ce manque de la scène. Pour s’occuper, elle joue, ou alors elle voit son copain. La relation finit par éclater au grand jour et très vite, elle est démentie par son petit ami lui-même, c’est encore une fois, la déception et la trahison, après presque trois ans de relation, il balaye tout pour préserver sa notoriété et garder ses fans complètement délulu. Le goût de l’échec n’est jamais moins amer, et cet abandon achève ce qui lui reste de confiance en elle.

☽2061 Carrière soliste d’un an (22 ans)
Ça n’a que peu duré, Hyunah a réessayé, elle a de nouveau tenté sa chance. Faite pour performer, tout ce qu’elle sait faire, c’est se produire sur scène, toute sa vie finalement ne l’a menée qu’à ça. Alors, elle revient, seule, sort un album, sans prétention et tourne un clip, mais ça ne dure pas, dû à sa maladie, il lui est impossible de continuer ce qu’elle fait, la vie d’idol se termine comme ça. Jusqu’au bout, Hyunah se sera battu pour faire de sa passion un mode de vie que son corps aura fini par rejeter.

☽2062 Fin de carrière définitive, début du stream (23 ans)
Pour ne pas tomber dans l’ennui, pour ne pas abandonner la vie aussi jeune, il faut tourner la page, apprendre à s’aimer différemment, apprécier ses qualités autrement. Elle reste une figure de notoriété en Corée du Sud, mais aussi à l’extérieur, persuadé qu’elle est maintenant oubliée, son anonymat est à ses yeux égal à la plupart des gens qui marchent dans les rues. Alors presque innocemment, c’est un jour où elle n’a pas le moral qu’elle lance un stream de son jeu et au début, il y a deux, trois, quatre, dix, cinquante personnes, le chiffres monte vite et puisqu’elle est concentrée sur ce qu’elle fait, c’est à la fin de sa partie qu’elle se rend compte qu’il y a maintenant presque trois mille personnes sur son stream. La vague d’amour qu’elle reçoit était inattendue et l’a soulagée, petite lune en avait besoin plus qu’elle ne le croyait. Ce stream devient un simple live où elle ne fait que lire les commentaires tout en répondant le plus possible. Sous cet amour, Hyunah fond en larmes, des larmes de joie, des larmes de soulagement, et pour la première fois depuis longtemps, ce n’est pas le chagrin qui déforme les traits de son visage. Le stream devient un moyen pour elle de rester en contact avec ses fans, de s’évader, de rire et de s'amuser. Alors elle vlog aussi, emmène ceux qui la suive un peu partout dans son quotidien, peu à peu sa confiance en elle renaît, la lune brille de nouveau.

☽2063 Arrivée à New-York
Séoul, sa ville, son berceau la rend malheureuse. Malheureuse parce que voir son groupe en tête d’affiche à tous les carrefours lui fait du mal, parce que voir son ex sur toutes les publicités ou dramas à la mode, la peine. Malgré tout le mal qu’il lui a fait, son cœur réclame encore sa présence, mais c’est terminé, la violence qui s’est déroulée dans le secret y restera et Hyunah ne retournera plus vers lui. Il est temps de partir, de quitter le nid et faire un pas de géant pour une nouvelle vie. C’est sur New-York que son choix se porte, sa ville de cœur, les États-Unis, son pays de cœur. Son échec se reflète dans chaque édifice de Séoul, partir sera pour le mieux.

Elle trouve un petit appartement, la barrière de la langue est énorme, son anglais est bancal, mais elle fait au mieux et arrive à se faire comprendre dans les grandes lignes. Et puis… Pour progresser, il faut bien pratiquer, alors petite lune apprendra sur le tas. Le stream est maintenant au coeur de sa vie, sa popularité a vite augmenté, son ancien statut d’idol à fort joué, mais c’est aussi dans la communauté du jeux vidéo que les gens se sont attachés à elle, Hyunah n’a pas conservé son pseudo de scène, mais elle en a gardé une petite partie ; “Lily on the moon” Un nom qui lui convient parfaitement, Lily c’est elle maintenant, même si certains continuons de l’appeler Lilith, les deux lui conviennent, l’important c’est de passer un bon moment. La solitude continue de la dévorer, mais depuis le temps, elle sait le cacher sans éveiller les soupçons. Il ne lui manque plus qu’une chose ici ; des amis, car le chaton du bengal qu’elle a adopté ne pourra pas éternellement combler le vide. Hyunah a besoin des autres, elle a besoin d’être entourée, elle a besoin de vivre et de se sentir en vie. Et peut-être que ce nouveau départ, signifie le début de sa quête du bonheur.