Doux – Bienveillant – Créatif – Attentif – Dévoué – Discipliné – Patient – Serviable – Enthousiaste
Capricieux – Boudeur – Indécis – Envahissant – Dépensier – Naïf – Timide – Rêveur – Neurasthénique
Malgré son adorable petite bouille d'ange et sa douceur naturelle, Alessio a son caractère. Il n'est pas certain de ce qu'il veut la plupart du temps, mais cela ne l'empêchera pas d'en faire qu'à sa tête et de changer d'avis douze fois si cela lui chante. Il est loin de l'enfant roi, la place revient à son frère, mais il n'en est pas moins le Prince della Rovere. Ce que le doux Alessio veut, il l'obtient. Il n'aime pas entendre non et trouvera un moyen de changer cette réponse en celle qu'il préfère entendre. Il n'est cela dit pas aussi déterminé que d'autres sur le sujet et peu très bien changer d'avis et partir sur un haussement d'épaules dédaigneux, abandonnant la poursuite de ce qu'il avait en tête pour quelque chose de mieux.
Il a tout un tas de défaut, mais rien de bien méchant. Dans le pire des cas, il est un peu puéril pour son âge. Ce qui n'est pas vraiment de sa faute après avoir été couvé toute sa vie par une famille qui ne semble pas faire la différence entre le mutisme et la perte de deux jambes et deux bras. Avec le temps, Alessio a simplement appris à acquiescer puis à faire par la suite ce qui lui plait sans vraiment tenir compte de l'avis de toutes les mères poules de son entourage.
Débrouillard ? Un peu. Sans prétention. Mais il sait faire plus de choses de ses dix doigts qu'il ne le laisse penser. Et même s'il reste très naïf, il n'est pas complètement dénué de bon sens. Sauf lorsque l'on parle d'argent. Il n'a pas la moindre notion de ce dernier et ne le cache pas vraiment.
Contrairement à sa famille très portée sur la science ou le business en général, Alessio est l'artiste rêveur qui s'est perdu au milieu des requins. Ce qui ne semble pas déranger les siens du moment qu'il cesse de dessiner sur cette nappe à 700 dollars. Il ne dessine pas si bien que ça. Non, Alessio est un amoureux de la musique. Peut-être parce qu'il ne peut pas utiliser des mots pour parler ? M'eh. Vous y voyez ce que vous voulez. De son côté, notre utopiste joue de plusieurs instruments dont le violon, le violoncelle, le piano et la harpe, il signe dans trois langues et détient plusieurs titres de patinage artistique en individuel. Ce qui est déjà pas mal.
Il vit assez mal la solitude et c'est sûrement pour cela qu'il finit toujours par se glisser là où il ne devrait pas être.
2035 – Naissance d'Alessio en Corée du Sud
2038 – Adoption d'Alessio et découverte de sa paralysie des cordes vocales
2040 – Dernière opération à ce sujet.
2041 – Commence à patiner.
2042 – Déménage à New York avec sa famille
2052 – Premier titre national
2053 – Champion des quatre continents de patinage artistique
2054 – Participation aux jeux olympiques d'Hiver
2056 – Champion du monde
2058 – Champion olympique
2062 – Deuxième médaille olympique
2063 – J'ai perdu le fil de toutes ses médailles, mais vous avez l'idée
Ti aspetterò
Perché sei tu che porti il sole
E non c’è niente al mondo
Di migliore di te
Nemmeno vincere un milione
Été 2044.Le petit garçon cligne des yeux, observant son grand frère jouer du piano. Avachi sur le tabouret à côté de son ainé, Alessio a les yeux rivés sur Andrea. Un regard brillant d’un bon million d’étoiles alors qu’il observe son frère qui joue en chantant pour lui. Une chanson douce, qui a bercé toutes ses jeunes années. D’aussi loin que remontent les souvenir d’Alessio, son grand frère lui a chanté cette chanson jour et nui sans jamais que le petit bout de chou ne s’en lase. Pire que tout, Alessio la réclame dès qu’il arrive à saisir l’attention du rouquin et jamais Andrea n’a refusé de chanter pour lui.
Finalement, l’enfant grimpe sur le siège pour s’asseoir près du plus âgé, secouant ses petites jambes et dodelinant de la tête en rythme avec l’air de la chanson. Ils ont sept ans de différence et même si Alessio n’a que neuf ans, Andrea est déjà un adolescent et il a plein de choses à faire, de gens à voir, des amis avec lesquels trainés. Et malgré cela, les deux frères trouvent toujours le moyen de passer de précieux moments ensemble.
Ils ne se ressemblent absolument pas, mais l’amour fraternel qui les lie est plus fort que les liens du sang. Personne ne parle de frère adoptif ou de fils adoptif, Alessio est un della Rovere. Et il adore son ainé plus que tout au monde. Il espère être comme lui quand il sera grand. Il n’a pas trop de souvenir de l’Italie contrairement à Andrea qui a dû laisser derrière lui bien plus d’amis. Alessio aussi, mais il finira certainement par oublier bien plus vite que le roux.
«
Com'è andata la tua giornata, tesorino ? » demande Andrea, tournant la tête vers le plus jeune.
‘Meglio adesso che sei con me,’ signe l’enfant avec un grand sourire alors l’ainé le tire délicatement dans une étreinte pleine de douceur.
Ti giuro che l’attesa aumenta il desiderio
E’ un conto alla rovescia
Col tempo a rilento
Però ti sto aspettando come aspetto un treno
Come mia nonna aspetta un terno
Aspetterò che torni come aspetto il sole
Mentre sto camminando sotto a un acquazzone Été 2048.Alessio glisse sur la rivière de glace sous ses pieds, aussi léger qu’une plume pour rejoindre le bord de la patinoire, se penchant par-dessus la barrière pour écouter ce que son coach et son père racontent. Ses grands yeux noirs passant de l’un à l’autre comme un chiot qui ne sait où donner de la tête alors qu’il fait de son mieux pour reprendre son souffle. Il n’a que treize ans, mais tout le monde à l’air de dire qu’il a du talent et qu’il ne devrait surtout pas arrêter maintenant, alors l’adolescent ne peut que sourire en entendant ce genre de mots. D’aussi loin que remonte sa mémoire, après son opération, Alessio a retrouvé une respiration normale et même si ses parents sont toujours trop inquiets pour lui à son goût, le jeune patineur adore ce qu’il fait. Ce n’était pas prévu. Pas du tout même. Une sortie en famille à la patinoire lorsqu’ils vivaient encore en Italie, Alessio n’a pas réussi à détacher ses yeux d’un groupe de patineurs artistiques qui s’entrainait de toute l’après-midi et même si à l’époque le langage des signes était encore difficile, le petit garçon de six ans n’en démordait pas, il voulait faire comme les grands de la patinoire.
Un caprice sain, a déclaré Giacomo, son père, en cédant et l’inscrivant au cours pour enfant. Depuis, le monde entier peine à lui faire quitter la glace. Concours, championnats en tout genre, spectacles, tout, Alessio veut tout faire en rapport au patinage artistique. Il entasse des prix, des confirmations, des tenues, des patins et personne ne se met sur son chemin. Ce n’est de toute façon pas l’argent n’a jamais été un problème, encore moins depuis que ses parents ont rejoint Chroma alors pourquoi priver leurs enfants de leurs rêves ?
Ti aspetterò
Come il caffè a letto a colazione
Come ad un concerto dall’inizio
Si aspetta il ritornello di quella canzone
Ti aspetterò
Perché sei tu che porti il sole
E non c’è niente al mondo
Di migliore di te
Nemmeno vincere un milione
Hiver 2052Assis sur le banc, Alessio s’étire précautionneusement, malgré son esprit qui vagabonde. Ses parents ont dit qu’ils viendraient, Andrea a dit qu’il viendrait aussi, mais il n’a pas vu le roux. Les doigts croisés sur ses genoux, le patineur scrute les alentours, l’œil aussi vif que celui d’un rapace à la recherche de son frère ainé. Il sait qu’il viendra, mais son cœur se serre de ne le voir nulle part. Cela serait bien la première fois qu’Andrea rate un événement et cela ne lui ressemble pas du tout… Une petite moue déçue sur les lèvres, Alessio se redresse, accrochant enfin le panneau des scores avec curiosité. La plupart des autres noms lui sont connus, il analyse que très vaguement les nombres et les noms affichés là, pas spécialement dans la compétition.
«
Je suis en retard, désolé, tesorino, » souffle une voix dans son dos.
Alessio se retourne, observant Andrea avec deux gros yeux ronds avant de lui mettre une tape sur l’épaule. Le rouquin prétend souffrir le martyr face à tant de violence avant de lui tendre un bouquet de fleurs. Le patineur continue de froncer les sourcils en signant :
‘
C’est à la fin qu’on offre des fleurs.’
‘
Les miennes sont spéciales,’ signe Andrea avec un sourire emplein de tendresse.
Le plus jeune n’a donc pas le choix, face à un tel argument, ses doigts se referment délicatement sur les tiges encore emballées pour aller les déposer dans un vase sur la petite table de son boot. La barrière qui les sépare agace un peu Alessio, mais il fait de son mieux pour ne rien laissé paraître alors qu’Andrea enfonce ses mains dans les poches de son manteau. Il plisse les yeux à la recherche de leurs parents. La moue sur les lèvres du patineur se renforce avant qu’il ne se fasse aussi grand que possible pour refermer ses bras autour de la nuque de son ainé. Le serrant aussi fort que cette position très peu confortable ne le lui permet. Il le relâche après de longues secondes.
‘Ti aspetterò, sempre,’ signe-t-il timidement.
Andrea sourit en tendant la main pour caresser sa joue. Il hoche la tête, «
Je ferai en sorte que tu n’attendes pas trop longtemps alors, tesorino. »
Alessio opine, puis il indique la direction des places de sa famille à Andrea avant de se rasseoir, bien plus calme qu’avant l’arrivée de son frère. Maintenant il peut enfin se jeter dans les flammes du mondial l’esprit tranquille. Ses doigts tirent distraitement sur le tissu de son poignet alors que ses yeux sont rivés sur le tableau des scores. S’il peut avoir la troisième place, il sera ravi. Andrea et leur père disent toujours qu’il ne devrait pas se déprécier autant, mais c’est difficile pour Alessio de ne pas penser que les autres sont meilleurs que lui.
Il sait que son heure est proche, pour être un peu dramatique, alors il s’avance vers l’entrée de la patinoire pour rejoindre la glace. Ses lames éraflant le diamant lisse sous lui alors qu’il prend le temps de faire quelques pas avant de rejoindre le centre alors qu’il est annoncé. Au centre, Alessio prend position en attendant que la musique se lance. Les premières notes de laissent entendre alors le gamin, de tout juste dix-sept ans, progresse dans tout l’espace qu’on lui donne.
Si les anges regardent, ils sont certainement verts de jalousie de la beauté des ailes dans le dos d’Alessio qui valse seul sur l’immense miroir, s’épanouissant dans la solitude de cette danse. Il se faufile dans la foule invisible d’autres danseurs, jusqu’à sortir de cette pièce trop étroite pour se retrouver ailleurs. Quelque part dans une prairie où il pourra déployer ses ailes et cesser d’étouffer. Découvrir sa liberté nouvelle. Sauter pour essayer de voler pour la première fois.
Se mi cercherai io ti aspetto qui
Ti mando la posizione
Così se poi mi raggiungi
E poi ti stringo forte
Questa volta non sfuggi
Non ti perderò più
Aspetterò che torni come aspetto il mare
Mentre sto camminando sotto il temporale Automne 2062Alessio s’assoit, observant ses deux parents de l’autre côté de la petite table du café. Il penche la tête sur le côté avant d’attraper le menu. Il les a salués en entrant, mais il n’a pas la moindre idée de ce qu’il se passe ou pourquoi il est invité à déjeuner. Ses doigts se referment sur la tasse de thé devant lui, soigneusement commandée par sa mère avant qu’il n’arrive. Doucement, il souffle sur le liquide pour le faire refroidir alors qu’il écoute enfin ce que ses parents ont à dire.
Pour faire un résumé très bref, sa mère doute que ce soit une bonne idée qu’il vive seul avec son ‘handicape’ ça peut être dangereux pour lui. Comme si Manhattan était le Bronx. Alessio est un adulte et il est enfin temps que tout le monde cesse de le surprotéger. Puis il ne fait pas de folies : il s’entraine quotidiennement, il répète, la gymnastique, le patin, encore du patinage, il mange, il traine devant la télé et quand il a un peu de temps il va donner un coup de patte à Unity. Il a vu des annonces un jour en se promenant alors Alessio est allé voir s’il avait de la place pour lui malgré son mutisme. Bénévole, il range, il nettoie, il donne parfois des cours de musique ou de yoga, ce n’est pas grand-chose, mais il a l’impression d’être utile. Oui, voilà, il se débrouille très bien tout seul. Puis Andrea n’est qu’à un coup de fil de son appartement… Et c’est eux qui remplissent son compte bancaire… Si ça les embête tant que ça, ils n’ont qu’à lui couper les vivres ? Cela ne l’empêcherait pas de très bien vivre sans eux, mais le confort est important. Son confort en particulier.
Puis il y a Unity… Il ne tient pas tellement à ce que son père scientifique et sa mère programmeuse pour le géant de l’industrie des hybrides n’apprennent qu’il traine avec les militants… Il n’a rien dit, mais ça l’arrange bien de ne plus vivre sous leur toit pour cette raison.
Il finit son thé, décline poliment l’invitation à revenir vivre dans le foyer familial et Alessio retourne à ses occupations.
C’est mieux ainsi. Essayer de vivre tout seul à son grand âge. Mieux vaut tard que jamais.
Ma già l’attesa è fantastica
Perché sei tu che porti il sole,
E non c’è niente al mondo di migliore di te...
Nemmeno vincere un milione.