Enfin là. Enfin. Et tu la vois. Cette fille, cette gamine que vous comptez bien enlever. Visiblement, les deux autres Déviants sont là et ont l’air de bien s’amuser avec elle… Mais vous n’avez plus le temps, il faut passer aux choses sérieuses. Ceci dit, tu cherches du regard si la dernière hybride a pu s’en sortir, mais visiblement, pas encore… C’est inquiétant. Tu fais mine de chercher un accessoire, fouillant dans les cartons, cherchant dans les costumes, non sans observer les deux hybrides, comme pour leur dire qu’il fallait s’occuper de son cas.

Tu pourrais lui foncer dessus, l’assommer d’un simple coup derrière la tête, mais tu préfères assurer le coup et te rapprocher petit à petit en faisant tomber n’importe quoi des cartons, en te faisant passer pour un putain de maladroit. Tu rougis, parce que ta tenue ne te définit pas vraiment – après tout, on voit rarement un meneur dans un costume un peu étrange de danseur, et beaucoup de maquillage, n’est -ce pas ?

« Roh zut, mon pantalon a craqué. Il faudrait l’enlever. »

Insistant sur le dernier mot, tu espères pouvoir faire passer le message, alors que tu es prêt à te mettre dans tous tes états et dans une honte pas possible pour pouvoir l’enlever sans éveiller les soupçons.

« Je n’ai pas envie de me taper la honte devant les gardes de la loge, et encore moins sur scène… »

Parce que tu n’as pas pu t’occuper des deux gardes. Pour le moment. Et au pire, la voie est libre en passant par la trappe. Tu ne pourras toujours pas y accéder, mais au moins, peut-être que tu seras en mesure de faire le tour pour les rejoindre.

D’un coup tout s’animait. Alors que Beatrice se mettait à table offrant quelques informations en guise d’amuse-bouche, Cassiel les rejoignait dans le vestiaire. Pendant que l’adepte d’Humanis recherchait les acquiescements de Kaguya, celle-ci devait demeurer d’un calme olympien et, surtout, ne pas fixer Wen du regard alors qu’il se rapprochait de la cible prêt à abattre sur elle son arme improvisé.

Frappant fort, mais juste, l’homme assoma Beatrice d’un coup sec. Le violon roula sur le sol, abandonnée par sa propriétaire. Kaguya avait rattrapé cette dernière, plus par réflexe que par volonté d’aider l’humaine. Bien, maintenant qu’ils avaient Beatrice, quelle était la suite du programme ? Wen lui répondit plus promptement que prévu.

« On ne peut pas passer par l’entrée sans se faire remarquer, pas le choix, il va falloir passer par la trappe, je vais avoir besoin de ton aide pour la porter, Kaguya. »

Kaguya acquiesça, relevant Beatrice. Heureusement la jeune fille ne pesait pas lourd. Le plus compliqué serait de la faufiler dans la trappe, un hybride de chaque côté pour pousser, ou tirer, le poids mort.

— On ne devrait pas la couvrir avec quelque chose ? Je ne sais pas, la faire passer pour un quelconque paquet de costumes, accessoires au cas où quelqu’un croiserait notre route ?

Du menton, l’hybride désigna un tapis qui se trouvait parmi le tohu-bohu de bagages.

— En l’enroulant dedans, personne ne se doutera qu’elle se trouve là et on pourrait filer directement par la porte si personne se trouve dans le couloir. Enfin, ce n’est qu’une suggestion. Je vous laisse maîtriser, messieurs.

La jeune femme finit par céder, et par s’évanouir. Tu te contentes de sourire, en lâchant enfin tout ce que tu avais pris pour toi, soulagé que la plus grosse partie soit finie. Tu sembles quand même réfléchir, puisque tu ne pourras pas partir avec eux par la trappe.

« Oui, la mettre dans un tapis m’a l’air parfait pour la cacher. Faites-la passer par la trappe là-bas, je vous rejoins après et je la porterai. J’ai un peu peur qu’ils sonnent l’alerte parce qu’on est toujours pas sortis. »

Et puis surtout, c’est pas pratique d’être un géant massif. Tu viens cependant les aider à tout mettre à l’œuvre, en espérant que le plan fonctionne. Ils retourneront dans la salle de surveillance, et tu iras les rejoindre, puis vous trouverez un moyen de partir avant qu’ils ne remarquent la supercherie. Un plan presque parfait, non ?

« Vous avez bien joué votre rôle, sinon. Félicitations. On se retrouve dans la salle de surveillance, d’accord ? »

Puis tu préfères t’en aller après t’être assuré que ça va. Sortant de la pièce après avoir attrapé un costume au hasard, tu arrives au niveau des gardes. Tu ne peux pas les laisser s’inquiéter, alors tu t’empresses de venir les neutraliser, en te fichant bien de les avoir simplement assommés ou tués. Puis tu rejoins le petit groupe, prêt à partir avec votre marchandise sur les épaules.

« Le monde se souviendra de ce qu’on a fait, s’ils arrivent à faire le rapprochement. »

Tout semblait tourner en leur faveur : enfin ! Néanmoins la prudence était de mise et Kaguya, comme ses comparses, demeura à l'affût. Suivant les indications de Wen, elle l'aida à transporter leur otage au sein du conduit pour déboucher au sein d'un couloir peu fréquenté. La salle de surveillance leur ouvrit grand les bras, les accueillant dans une salle paisible.

Voyant les gardes au sol (morts ?) Kaguya serra les dents pour étouffer une exclamation de surprise. Elle ne devait pas ruiner leur plan si près du but ! Il ne leur restait plus qu'à sortir hors de cet endroit avant que quiconque ne s'inquiéta du temps que mettait la star de ce soir à se préparer.

— Je peux ouvrir la marche si vous le souhaitez, j'ai une bonne ouïe, précisa-t-elle en agitant ses oreilles. Monsieur Cassiel pourra porter notre otage. Vous êtes taillé dans le roc.

Oh une petite flatterie, trois fois rien. Le parfum du succès poussait, parfois, la lapine à être plus cajoleuse.