Les cartes glissent librement entre ses doigts. Chaque friction de carte amène son lot de mystère et l'excitation monte à son apogée. Enfin la carte se retourne.

XIX : Le soleil

La lumière et la chaleur, tel est ce qui représente le plus le cartomancien. Tout dans ses gestes, son corps, sa voix et son cœur rappel un oasis d'or ou s'écoule lentement les sources du bonheur. Un sourire se dessine à nouveau, il n'a jamais vraiment disparu. Le soleil, c'est aussi l'astre que l'on suit, celui qui ramène toujours un brin de couleur et de bonheur. Il n'a rien à faire pour cela.

Un soupire et ainsi le doute s’enfuie en courant. Hélas, le soleil est celui que l'on ne peut regarder trop longtemps, au risque de se brûler les yeux. Une autre carte alors se dévoile

XVIII : La lune

Celle qui vit dans l'ombre, celle qui ramène à ses pensées les plus profondes, ses angoisses, ses inquiétudes, ses peurs. Elle est souvent la part de mystère que l'on peut dévoiler, et celle qui montre qu'il ne faut trop parler. Le bleu domine, symbole de la grande parole. Conférer avec soi-même, pas pour le reste du monde. Il y a des choses que personne ne souhaite savoir. Et pourtant sous ses draps d'argents s'écoule aussi l'or. L'alchimie.

II : La Grande Prêtresse

Par l'évidence d'une connexion au delà de ce que les yeux peuvent percevoir. Perdu dans ce vaste univers où l'ensemble ne fait plus qu'un. Il y a, à la fois la finesse, et la puissance. Celle que l'on redoute, mais aussi celle que l'on admire.
Perdu entre rêves et prémonitions, il est parfois difficile de s'y retrouver. Laissant place au silence, chose qui ne dérange pas, mais qui est parfois troublante, et laisse paraître finalement une sensibilité toute autre. Celle que l'on ne pouvait s'imaginer.

Les mains se rejoignent et se frictionne, vieille mimique qui ne semble plus se défaire de lui, comme encrée dans ses gênes. Un râle et les yeux se closent. Un instant de réflexion, comme tant d'autre. Le moment de chercher une réponse dans l'immensité de l'esprit.
Alors le jeu reprend.

XI : La justice

L'impartiale, celle qui regarde le monde dans son ensemble. Est-il bon, ou est-il mauvais. Tout ce qui nous entour n'est peut-être que le résultat de nos attentes à tous. Ce n'est pas pour autant que l'amour et la foi ne raisonne pas en chacun de nous. S'il fallait changer le monde, ne faudrait-il pas d'abord se changer soi-même. Bien sûr que l'homme et l'hybride sont les mêmes, mais qui pourrait dire qui à tord, et qui à raison.
Il faut protéger ce pour quoi on croit. La dernière carte se retourne

0 : Le Mat

Celui qui avance dans le monde sans se soucier de ce qu'il peut se passer. L'aventurier qui n'a qu'un souhait : celui de voir un nouveau jour se lever. Celui qui est prêt à aller de l'avant, sans même se soucier de ce qu'il se passe derrière lui. Bagage en main, il y a toute une vie d'or et de lumière, mais aussi de doute et d'ombre. Qu'importe l’équinoxe, le chemin se devine, sans aucun doute, ni même une once de peur.

La fumée de sauge s'élève dans les airs, laissant glisser le long de ses mèches brunes le spectre du passé qui anime ce qu'il est aujourd'hui.
Voilà 29 ans qu'il demeure sur cette terre, perdu dans une ivresse constante de ce que ce monde peut lui offrir. Emilio n'a jamais vraiment quitté sa terre natale, ni même son quartier. Né à Brooklyn dans une famille latine, où le sang mexicain et espagnol n'a su que se mélanger pour former des êtres aux allures latines et chaleureuses. Les traditions ne se sont jamais réellement perdues, et lorsque l'on parle de famille, la réponse s'offre en lotissements. Unis à travers les âges de la naissance à la mort.

Emilio est donc né entouré de deux générations, accompagné de son frère et de sa sœur. Baignant dans une sainteté irréprochable. Un bassin de lumière dont tant d'autres auraient rêvés de toucher du doigts. Chaque instant de sa vie fut un délice. Un complet bien-être tel le Chariot.

Sa langue traverse ses lèvres, un goût épicé en ressort, lui rappelant les longs repas de son enfance, jusqu'à la tombé de la nuit. Les rires fluettes et les râles des hommes s'élevant dans le ciel nocturne à peine éclairé par les loupiotes de couleurs. Il fait chaud, il fait bon vivre.

Très jeune, Abuela, sa grand mère, lui a inculqué les règles de l’ésotérisme. Cet art tant convoité, mais qui semble ne plus tellement être au goût du jour. Le monde se ferme et plonge aveuglément dans cette guerre sans fin. Elle était l'Impératrice de la maison. Cette femme forte qui a sû voir à travers le temps ce qui dévore le cœur des Hommes et ainsi les phrases et les mots qui apporte soutien et bénédiction divine.
Sa main glisse sur le bureau. Pierre, encens, cartes, cristaux et autres bouts de bois se mélangent. Tout ce qui a constitué son enfance ne quitte jamais réellement son quotidien.

Très jeune, Abuela avait perçu un lui un très grand pouvoir, un successeur avait-elle dit. La « magie » n'étais pas tabou dans la famille, bien au contraire, elle était respecté et ritualisé à chaque pleine lune, à chaque ressenti, ou vision. La famille Medina avait une renommée dans le quartier et voir même un peu plus loin. Certains d'entre eux en vivais, d'autre, comme l'Empereur, son père, avait un métier ordinaire, centré sur le manuel.

Sa main caresse lentement son bras dessiné et la peau rêche de ses doigt grésille, alors le sourire s'agrandit. Les souvenirs longs de son enfance, jusqu'à son adolescence se résume à : sa scolarité, ni mauvaise, ni excellente. Le travail manuel, l'apprentissage et l'agilité de ses doigts, mais aussi de son corps. Enfin l'étude de l'esprit et de l'âme. Le monde s'offrait peu à peu à lui et il avait cette facilité de jongler tel le Magicien.

A l'âge de 17 ans, Abuela s'éteignit. La Mort avait soufflé sur elle, et elle l'avait accueillit telle un baiser en plein hiver. Une larme perle sur son visage alors que le souvenir de sa mère dans son étreinte empoigne son cœur. La mort n'est qu'une porte, mais la perte de l'être physique fut réellement dur et long à encaisser. Tel est le jour où sa vie pris un réel tournant. Alors que tout ce qu'on avait pu lui enseigner, résonnait dans sa tête, l'équation se résolu. Tout devant lui, paru soudainement plus clair. Pour lui, ses yeux se lèvent au ciel, Abuela est ici, une main sur son épaule, lui ouvrant alors les portes de la vérité au plus haut de la Tour.

En dehors se sa famille, Emilio avait des connaissances, des amis, des Amoureux. Il n'a jamais fait la différence entre les genres ou les hybridation. Chaque personne avait son lot de connaissances et son expériences à apporter. Bien sûr, comme tout adolescent, il eu les bas, mais surtout les hauts. Forgé dans un monde aux multiples facettes. Emilio trouva rapidement sa personnalité et la voie qu'il voulait prendre.

Le temps s'écoula par la suite à une vitesse folle, le monde changeait autour de lui et les informations étaient parfois compliquées à assimiler, entre les clans qui se renforçaient à mesure du jours, ce virus dont personne n'avait réellement d'information et qui ébranlait le cœur des habitants. Ces manifestations à chaque coins de rues. Le monde avait grandi trop vite et dans de mauvaise conditions.

Emilio avait le cœur en plusieurs lieux. Tout d'abord il prit la succession de Abuela ainsi qu'une grande partie de la clientèle, qui voyait au travers de ses yeux, la tempérance dont sa grand-mère avait toujours fait preuve. Son deuxième atout se dévoila dans le magnétisme et la pratique du massage. Pourtant lorsque son cœur lui dictait il allait régulièrement sur d'autres chantier prêter ses bras et son mains dans l’œuvre de la construction et il pouvait faire preuve de plus de recule et ainsi songer tel un hermite.

Le songe se termine et alors il se lève se postant près de la fenêtre. Le rideau de lumière lui couvre le visage. Le monde s'étend devant ses yeux. Chaque jour est une aubaine et offre  la force nécessaire de parcourir cette vie où chaque soir marque la fin du histoire, avec comme seule lumière l'étoile du lendemain.