Who's inside ?

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Bélier asc. Capricorne • Dragon de feu • ISTP • 8w7
Franche - Traditionnelle - Curieuse - Impulsive - Active - Taciturne - Aversion de soi - Pédagogue - Autoritaire

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Jadis humaine, maintenant bête.
Wú Bīng-Qīng , aujourd'hui devenue Shānyáng a déployé toute sa volonté pour préserver ce qui restait d'elle. Mais ça n'a pas été suffisant pour tenir tête à cette corporation mondiale qu'est Chroma. Modelée de force pour être à l'image de l'année chinoise de 2063, son caractère est tout autre, et loin d'être celui de la brebis docile et délicate qu'on aimerait bien lui attribuer.

Tout le monde souffre, mais pas tout le monde s'apitoie sur son sort. À quoi bon pleurer ? Les larmes ne réparent rien. Le silence est son bouclier tandis que feindre l'ignorance est son arme. Il y a pas à dire, ses émotions à elle, elle les enterre. À ses yeux, ses sentiments sont sa plus grande faiblesse. Wú Bīng-Qīng aura tout fait pour les préserver de l'immonde poison de Chroma. Mais Chroma s'en moque, ils en sont même ravis. Cette épine dans le pied, par le passé, a fait que redresser Shānyáng fut pénible. Elle ne montrait rien et dissimulait beaucoup trop ses émotions pour qu'Humanis puisse en exploiter une faille. Comme ils l'auraient fait avec tant d'autres hybride. Néanmoins, c'est désormais une bénédiction pour eux, le jeu en a valu la chandelle comme on dit. Les envies, les désirs, son propre bien, le respect qui devrait lui être dû en tant qu'être vivant sont perdus et elle ne semble pas vouloir se battre plus que ça pour les retrouver. Wú Bīng-Qīng est perdue et elle le sait, ainsi a-t-elle laissé cette appellation disgracieuse de Shānyáng prendre le dessus. Pourtant, même ainsi perdue, elle persiste à aller de l'avant, à vivre l'instant présent.

Cette femme, cette hybride voulait faire croire à tout le monde qu'elle s'en moque. Mais en réalité, ces petites étincelles de sentiments se changent systématiquement en brasier, en violence. Elle est triste ? Elle frappe. En colère ? Elle s'enrage. Perdue ? Elle fonce tête baissée sans réfléchir. Une sacrée tête de mule qui répond à quiconque chatouille d'un peu trop près ses émotions par de l'impulsivité pure et simple. Beaucoup trouveront cela stupide, et ils ont sûrement raison. Shānyáng est l'incarnation même du agir avant réfléchir, un défaut qui fait d'elle une hybride pas bien facile à maîtriser. Un vendeur pourrait vous présenter ça comme un avantage. Trop impulsive, trop franche, trop instinctive. Entre un surin et une pioche, ce bélier choisirait sûrement une pelle. La subtilité ce n'est pas son fort, il est assez facile de voir ses intentions en somme. Aucun risque, donc, de se faire duper par une hybride faisant semblant de vous apprécier n'est-ce pas ? Quand quelque chose l'agace, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Sa propre logique éclate à la tronche de tout le monde et il ne reste plus, pour quiconque souhaite lui donner tort, que de la massacrer en lui faisant réaliser ô combien la dure réalité de ce monde ne saurait fléchir devant sa bêtise.

L'exemple le plus marquant ? Wú Bīng-Qīng qui n'avait de cesse de clamer son humanité, goûta aux revers de ses propres paroles. Il avait suffi qu'on lui fasse remarquer que dans ses colères, elle ressemblait avant tout à un animal pour que ces piques d'irritabilité récurrente se fassent petit à petit, moins fréquentes. Des mots qui très certainement lui sont resté dans le crâne et au travers de la gorge, car l'animal se rapproche plus de l'hybride que de l'homme. Elle était en colère qu'on ne la considère plus humaine. Désormais, elle s'efforçait de contenir cette rage qui la dévore pour ne pas faire le plaisir, aux Humanis, de se donner en spectacle. Là aussi elle avait perdu, et le mieux pour eux, c'est que c'était sa propre morale qui la faisait plier. Elle ne voulait pas être un vulgaire animal. Elle tentait désespérément de préserver un brin d'humanité. Alors plutôt que de charger, elle s'est agenouillée sans discerner que cette position, où elle avait l'illusion de contrôler son corps et sa pensée, était avant tout avantageuse pour les projets de la firme qui souhaitait éteindre ses violentes impulsions qui sommeillaient en elle.

Si elle était restée humaine, les gens se contenteraient de dire qu'elle a son petit caractère, que ça fait son charme. En tant qu'hybride, le discours est tout autre, la bélier semble agir sur des coups de tête. Mais alors, comment Chroma fait pour vous vendre un produit pareil ? Hé bien... on parle de ses "qualités". Cuisiner ? Pas de soucis elle sait faire, tant que vous aimer l'épicé et l'exotisme... Et si vous n'appréciez pas, vous pourrez toujours compter sur sa curiosité culinaire pour tester des recettes qui sortent de l'ordinaire. Fermer sa grande bouche ? Aucun problème, elle n'aime pas parler pour rien dire, quelques grognements par-ci par-là, mais ça se corrige bien vite en rappelant qui commande. Envie de musique ? Aussi surprenant que ce soit, cette tête dure sait se débrouiller avec un Sanxian, instrument de musique traditionnel chinois. Puis ce n'est pas tous les jours qu'on a le luxe de posséder un hybride sachant parler le mandarin, l'une des langues les plus difficiles à apprendre au monde. Bien évidemment, Chroma lui a appris les bases de l'anglais. L'accent asiatique reste néanmoins bien présent, mais ne vous en faites pas, ça ne fait que rajouter de l'exotisme à ce produit qui accumule des compétences tout à fait atypiques et rares sur le marché des hybrides.    

Un simple produit, une excentricité de luxe, voilà en quoi on l'a réduite, elle qui jadis était bien plus. Les jours où elle faisait autorité en cuisine semblent si lointains. Sa curiosité, sa recherche de nouvelles expériences, semblent également s'être égarées. Son franc-parler lui, bridé au possible, le seul avis qu'elle est à la rigueur en droit d'exprimer est cette haine des hybrides, cette haine qu'elle porte envers elle. En fait, elle se hait plus que tout le reste. Les autres hybrides ? Tant qu'ils vivent leur vie sans l'embêter, elle s'en moque, tant qu'ils ne l'approchent pas pour lui rappeler qu'elle est aussi inférieure qu'eux alors elle ne fera rien. Mais, si par malheur cela devait arriver...

Chroma insiste beaucoup pour qu'un hybride ne se retourne jamais contre son maître ou contre un humain... Leur éducation repose essentiellement là-dessus. Mais le bélier ne peut pas promettre qu'elle sera aussi tendre avec ses pseudos "confrères". Hybride aux yeux des humains, humaine aux yeux des hybrides... Dans le fond, même si elle ne parle pas souvent, elle veut être  écoutée. Si elle ouvre sa bouche, ce n'est pas pour rien dire, elle cherche à enseigner aux autres les quelques domaines qu'elle croit maîtriser, si bien que Chroma lui a autorisé, après que son comportement se soit amélioré, à enseigner à d'autres hybrides les bases de la cuisine traditionnelle chinoise. Si on l'avait hybridé dans un tout autre but, elle aurait peut-être pu devenir un excellent chien de la BTD. Tête brûlée, préférant l'action à la passivité, un manque d'identification envers les autres hybrides... Elle aurait pu l'être oui... Mais elle est bien loin d'être taillée comme une armoire à glace pour ça.

 

résumé:

Un couple marié obtient leur tout premier enfant. Un petit bébé qui ne manqua pas de crier à plein poumon dès ses premières respirations. Une petite fille qui porterait le nom de Bīng-qīng (冰卿). Une signification poétique, aussi clair que de la glace, sûrement, car en grandissant, sa peau était d'une telle pâleur, que nombreuses étaient les Asiatiques qui l'enviaient. Un standard de beauté dans un pays où la majorité des femmes sont, soit fille unique, soit grande sœur. Wú Bīng-Qīng faisait partie de la deuxième catégorie.
Trois ans plus tard, la famille Wú vit naître un second événement... La naissance d'un petit frère. Frais de scolarité, logement, santé : l'arrivée d'un enfant impose d'importants sacrifices financiers. Contrairement à la première-née, Yì-Qiáng (义强), tel est le nom qui lui fut donné, n'est pas un événement heureux. Il est une bouche supplémentaire à nourrir là où une petite fille représente un possible gain dans l'avenir d'un mariage possible.

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Néanmoins, cette famille n'était pas tant prédestinée à la misère. La mère était professeur de musique traditionnelle tandis que le père gérait un petit restaurant. Cette famille comme tant d'autres vivait dans la vaste municipalité de Chongqing, au Sud-Ouest du pays. Un équivalent de Chicago en Chine, tel est la comparaison qui était souvent faite avec la capitale brouillard. Peut-être était-ce d'ailleurs pour son climat que les Wú ne bronzaient pas tant que ça.

Quoi qu'il en soit, Bīng-Qīng et son frère Yì-Qiáng n'étaient pas des enfants difficiles. Habitués à leur plus jeune âge à partager la même chambre, les mêmes fournitures scolaires et la même éducation. Cependant, toutes ses similarités ne font pas toute une personnalité. Ainsi ont-ils grandi en ayant des caractères diamétralement opposés. Et en tant que grande sœur, il était de la responsabilité de Bīng-Qīng de soutenir et d'épauler son frère même dans des tâches aussi bête et stupide que d'écrire son propre prénom. Fallait dire que leurs parents, c'étaient sûrement dit qu'avec des noms aussi complexe, cela les pousseraient à développer leurs compétences intellectuelles dès leur plus jeune âge. Pas sûre que cela fonctionne vraiment...

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On n'imagine jamais le pire s'abattre sur soi. On se dit que ça n'arrive qu'aux autres. On est persuadé que le malheur, jamais, ne viendras sonner à sa porte, car rien ne semble faire le présage de son arrivée à venir. Pourtant, alors qu'elle était seulement âgée de 16 ans, le malheur s'abattu sur sa famille et rien ne put faire suffisamment barrage à cet événement.


Une maman partie trop tôt laissant derrière elle un mari et deux enfants. Un cancer... C'est si courant de nos jours. Père avait tout fait pour la sauver. Les chiffres de son compte en banque étaient catastrophiques. Hélas, qu'importe l'argent dépensé, ça n'a pas été suffisant. Ainsi, Bīng-qīng eut à faire ses adieux à celle qu'elle appelait maman. Celle qui lui avait appris comment pincer les cordes d'un instrument. Celle qui l'avait enfanté. Celle qui l'avait aimé.

Le jour de la crémation, elle a serré si fort la main de son petit frère qu'il s'est mis à pleurer, tandis que ses yeux livides étaient fixés vers le grand fourneau brûlant. Mère avait pourtant toujours souhaité être enterrée, comme le voulaient les traditions taoïstes, mais père en avait décider autrement. Trop cher avait-il dit. Il n'y a jamais eu suffisamment de place pour les défunts en Chine...

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Regarder en arrière est futile. Ce qui était quatre est désormais trois et la famille se doit de composer ainsi. Ils n'entretiendront pas le regret de sa mort, mais se souviendront de cette joie qui fut de l'avoir pour mère. Bīng-qīng, vivante, elle est, et ainsi, inconsciemment, essaye de remplacer le rôle de la figure maternelle. Elle ne fait pas dans les sentiments. Elle bouscule, elle s'agite, hausse la voix et renverses les ustensiles de cuisine. Père se noie dans le travail, le chagrin, mais également la boisson. Yì-Qiáng lui est insouciant, empoté, larmoyant et accepte mal le décès de mère.

Elle est la grande sœur, elle se doit de montrer l'exemple, d'aller de l'avant, de continuer à vivre et de rappeler au reste que geindre et avoir des regrets n'a jamais ramener qui que ce soit. Cette tristesse, jamais elle ne l'affiche, son père la voit comme une tête brûler et son frère comme une personne insensible. Pourtant, elle marche à leurs côtés, souffre tout autant à leurs côtés, simplement... Elle est différente. Sa main tient toujours fermement celle de son frère, car elle sait qu'il pourrait aisément se perdre. Le duo arpente les rues et les nombreux escaliers de Chongqing, la ville montagne, tous les jours... C'est moins cher de circuler à pied que de prendre le monorail. C'est ce que père répète. Yì-Qiáng n'aimait pas ça et Bīng-qīng non plus... mais la grande sœur tâchait de présenter les choses sous un angle plus challengeant.


Les cours de danse du lion de Yì-Qiáng... Il serait extrêmement doué s'il se forgeait un peu plus les jambes. Bīng-qīng se souvenait très bien de s'être disputée contre son père. La famille à des dettes, mais ce n'est pas quelque chose qu'il faut dire en public. Père cherchait de l'argent là où il y en avait. Plus de monorail, ni même de tram, les petits sacrifices s'accumulent... Néanmoins, ce n'était pas suffisant. C'était jamais suffisant. Yì-Qiáng est trop sensible, trop jeune, trop fragile. Enfin bref... "trop"... Ainsi, plutôt que de sacrifier cette seule chose qui le faisait sourire...

Les instruments de musique de Bīng-qīng, ceux hérités de mère, sont laisser en arrière, vendus contre quelques yuans, pour laisser place aux casseroles et aux poêles qui s'enflamment. Elle aide sa famille et le petit restaurant de son père. Et s'empare même de la place du cuisinier une fois en âge de travailler. Néanmoins, ce sont surtout des raisons économiques qui poussent le patriarche à prendre cette décision quand bien même elle a un certain talent dans ce domaine. Des plats épicer, digne de la cuisine sichuanaise, qui a le mérite d'attiré une clientèle curieuse de goûter à ce qui se fait de plus traditionnel en ville. Des épices... et des flammes... un combo que Bīng-qīng espérait suffisamment fort pour brûler, non pas des palais, mais avant tout les larmes et les dettes de la famille.

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Le restaurant de père est un bateau prenant l'eau n'ayant aucune chance d'atteindre les quais. Bīng-Qīng le sait fort bien. La clientèle se fait de plus en plus rare, ou du moins... de plus en plus louche et désagréable. Leur regard inspire la crainte et leurs sourires la terreur, surtout du côté de père. Ils ne payent que très rarement l'addition et leur simple présence suffise à ternir la réputation de l'enseigne. Père n'a toujours pas remboursé les dettes qu'il doit à ces hommes. L'argent mis de côté est parti dans la boisson et dans des paris douteux. Ces personnes, à qui il a prêté de l'argent des années de cela, ne sont pas là pour aider, bien au contraire, ils viennent et observent petit à petit la famille sombrer.  

Yì-Qiáng a 19 ans, ainsi donc père l'a mit à la porte, estimant qu'il était assez grand pour se débrouiller tout seul. Qu'il était en âge de trouver un travail et un logement. Il cherche juste à se débarrasser d'une bouche supplémentaire à nourrir. Le privilège de Bīng-qīng, ou plutôt son malheur, est qu'elle est une femme. Elle a 22 ans, une femme à marier depuis déjà trop longtemps. Père compte beaucoup sur cette possibilité pour que la dot versée puisse le sortir de là... Du moins... le sortir de là où lui permettre de se perdre un peu plus dans la boisson. La colère s'installe, la grande sœur enrage et refuse d'aller jusqu'à vendre son être tout entier dans un mariage ridicule alors que père ne fait aucun sacrifice à ses yeux.

Il y a longtemps que ce local miteux ayant l'audace de se faire passer pour un restaurant aurait dût être vendu... Tout comme il y a longtemps, que ces maudites dettes auraient dû être essuyées !

Son père est trop saoul pour le remarquer, mais Bīng-qīng n'hésite plus à garder un peu d'argent de la caisse et des pourboires pour elle. Une petite somme qu'elle a mise de côté en espérant pouvoir s'échapper. Une somme qu'elle donnât finalement à son frère, lui faisant jurer de ne rien dire à père, car elle estimait qu'il en avait bien plus besoin que lui. Pourvu que cela suffise à s'acheter une nouvelle vie... Pourvu qu'il en fasse un meilleur usage que celui qu'ils avaient jadis nommé Papa... Elle lui avait fait la promesse que, si jamais il passait par là, il pourrait manger autant qu'il lui plaira.

La fin approche... Bīng-qīng passait son temps à nager à contre-courant, et ce, dès la naissance. Elle espérait au moins que Yì-Qiáng puisse s'en sortir. Il était si... grand désormais... Trop grand pour que père veuille toujours de lui. Si seulement mère était là, que dirait-elle devant tout cela ?

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Ils sont venus, une dernière fois, tandis qu'elle était seule au restaurant familial... Les intérêts étaient trop grands et étant donné que père était absent, c'est à cette petite furie que les mafieux ont eu à faire. Des poêles, des casseroles, de l'huile bouillante et des bouteilles vides d'alcool... on ne se défend pas de la mafia chinoise en se contentant de jeter tout ce qui passe sous la main à tout-va. Elle était ainsi Bīng-qīng, très... impulsive, du genre combattante ayant du mordant. Elle était ainsi, jusqu'à ce que du jour au lendemain, elle disparaisse.

Morte. Ça oui tout le monde le croyait. Il n'y avait pas de corps mais le chaos laisser derrière était si grand qu'on n'avait aucun mal à croire qu'elle s'était battue jusqu'à ces derniers instants. Pourtant, elle respirait encore, étouffée parmi d'autres fantômes comme du bétail dans un quelconque entrepôt. Des corps entasser, souffrant encore dans le seul but de pouvoir un jour leur prélever un quelconque organe vital.

Cela, relevait-il désormais de la chance ou du malheur ? Chanceuse d'échapper à la boucherie sanglante, malheureuse, car ses tourments seront peut-être bien pires. Ils râlent, ils s'énervent, sont agacés. Son sang est rare mais bien loin d'être le plus convoité. Son groupe sanguin, receveuse universelle AB+, voilà qui la fait passer aussitôt au statut de merde inutile. Ses organes seraient que bons à fournir ceux ayant le même sang. Ceux qui par défaut ne sont que très rarement sur les listes de demandes étant donner qu'ils peuvent recevoir d'absolument tout le monde. D'un entrepôt, elle passa à un conteneur miteux qui l'emmenait, elle et d'autres, elle ne savait où. Elle n'était pas un très bon "frigo" alors... ils avaient bien dû finir par trouver autre chose.

Et ils ont trouvé. Ils avaient l'air de préparer une grosse transaction, c'était flou et pas bien clair. Mandarin et anglais se mélangeaient sans qu'elle ne comprenne quoi que ce soit. Un mot était discernable : Chroma. Un mot qui jusqu'ici n'était pas dans le vocabulaire de Bīng-qīng. Pas plus que ne l'était le mot : hybride. Puis, ils sont partis, tout simplement. Quelques heures, plus tard, les portes du conteneur s'ouvraient. C'était un sauvetage. Du moins, ça en avait l'air. Les apparences étaient malheureusement trompeuses. Tout ce cirque, faisait partie de la transaction. Les autorités locales passaient pour des sauveurs, des héros de l'humanité. Néanmoins, leur programme de réinsertion venant en aide aux victimes du trafic humain n'était qu'une vile mascarade ayant pour but de maquillé l'acquisition des futurs sujets d'expérience de Chroma. New York l'avait avalée et Chroma muselée. Étrangère sur un continent qui lui était totalement inconnu, personne dans ce maudit pays ne se souciait d'elle ou de son misérable sort. Tout le monde s'en tape et personne n'ira chercher au-delà des apparences. Les informations concernant ce pseudo-sauvetage furent rapidement effacées par les premières pages d'attaques meurtrières déviante.

Depuis quand datait la dernière fois qu'on l'avait traitée comme un être vivant ?

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Elle s'éveille, mais son corps refuse de se mouvoir. Elle prend une grande inspiration, sa bouche est pâteuse. Hélas, cela ne l'empêche pas de ressentir une vive douleur au travers de ses gencives tandis que l'air semble siffler entre ses dents. Ses yeux sont rapidement agressés par la lumière d'une lampe, alors que des éclats de voix sonnants fausses et difformes parviennent à ses oreilles.

Un coma artificiel, voilà de quoi elle se réveille. Petit à petit, elle retrouve ses sens. Mais à cet instant précis, il n'y avait qu'une seule chose qui lui venait à l'esprit : Souffrance. Sa respiration est devenue un cri alors qu'elle sentait une vive douleur se saisir de son visage, de ses yeux, de ses oreilles, de sa bouche, de son crâne. Elle se débat des sangles qui la maintiennent allongée sur la table d'opération tandis qu'elle distingue des silhouettes blanches autour d'elle. Ils prennent des notes, observent, mais ne semblent guère inquiets. Comme si tout ceci était normal pour eux. Elle voit, elle entend, elle ressent. C'est tout ce qu'ils ont besoin de savoir. Vraiment, son sang, son groupe sanguin, quelle aubaine pour eux. Qui sait ce qu'ils avaient mis dans ses veines durant tout ce temps ? Il n'y avait aucune limite, ainsi ont-ils tiré au maximum possible son apparence vers celle d'un animal.

Ses cornes, grandes et imposantes, parfaitement symétrique. En voilà une belle réussite. Le mouflon de Dall était une bonne base pour espérer fournir à une hybride de sexe féminin d'aussi beaux attributs. Même les brebis en possédaient dans le règne de ces animaux. Ils ne leur restaient plus que de faire quelques injections de testostérones pour en accroître la taille au fil du temps. Une hybride au cycle hormonal totalement ravagé, mais qui selon eux ferait parfaitement l'affaire pour un futur projet marketing. Seule déception, pas la moindre trace d'écaille. Sûrement avaient-ils trop pousser sur les gênes d'Ovis dalli pour qu'on voit davantage de traits du Serrasalmus rhombeus.

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C'est son nom, mais plus personne ne le prononce. Chèvre, mouton, hybride, animal, nombreuses sont les appellations, mais aucune ne semble correcte à ses yeux. Pourtant, ce n'est pas son avis qui est demandé, mais bel et bien son obéissance. Elle était terrifiée, effrayée et dans l'incompréhension. Ce qui l'entourait n'était plus humain et cela l'effrayait. Ce qu'elle était... n'était plus humain... cela la terrifiait. Et dans la peur naît la violence. Humain comme hybride, personne n'était épargné, quiconque l'approchait devenait une menace, un ennemi dans cet environnement duquel elle ne pouvait s'échapper.

Elle était revêche et combattante. Ainsi, Chroma l'a livré aux mains d'une éducatrice dont le compas moral était aux abonnés absents. Des jours, des semaines, des mois... des années même. Le déni, la colère, le marchandage, la dépression... La crinière pourpre avait tout vu d'elle, et ce, malgré ses tentatives de rien laisser transparaître. Enfermée dans une boîte, avec pour seule compagnie l'ombre de sa silhouette et un miroir. Les bras plaqués contre son corps par une camisole, privée d'une quelconque opportunité de s'arracher ce visage difforme. Condamnée de voir sa chevelure noire s'éclaircir par la racine jusqu'à devenir entièrement blanche. Le mouton noir devenait, malgré lui, petit à petit blanc.

Sa combativité, s'était envolée, brisée à l'instant même où cette idée, s'était glissée dans son esprit tel un vil serpent : Elle a été vendue. Est-ce la réalité ? Est-ce un mensonge ? Pourquoi père était-il absent ce jour-là ? L'hybride ne pleurait pas, du moins pas lorsqu'il y avait des personnes autours. Mais les caméras et vitre fumée montraient tout autre chose. Un être brisé, trahi, se recroquevillant dans les angles de sa prison comme si cela suffisait à ce qu'on ne devine pas les sanglots qui venaient recouvrir son visage.

Elle était un peu plus malléable après ça. Au moins, s'était-elle enfin intéressée aux cours de langue pour dire autre chose que des injures ? Sa nouvelle condition physique la contraignait à réapprendre à marcher. Elle apprenait au lieu de s'énerver désormais. Il subsistait néanmoins quelques moments de crise où le simple fait de cuisiner lui rappelait ce père abject qui l'avait peut-être abandonné. Là a été sa perte : ce poison avait totalement envahi son esprit. Durant toute sa vie, elle n'avait jamais eu le choix. Elle n'avait pas choisi d'être hybride. Pas choisi d'être sa fille. Pas choisi les dettes qui s'accumulaient sur sa famille. Le seul choix qu'elle avait était celui de continuer à avancer, et ce même si la direction ne lui plaisait pas.

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Chroma la renomma Shānyáng. Elle n'avait pas vraiment son mot à dire là-dessus. Si elle ne se vendait pas, elle savait d'office qu'on la renommerait Capricorne. Ça, c'était le plan B si jamais elle n'intéressait personne. En ce Lundi 29 Janvier, elle était enfin dehors et pouvait ressentir le vent sur son... "ce visage". De grandes banderoles et des panneaux publicitaire géants faisaient la promotion de Chroma. C'est le nouvel an, l'année de la chèvre d'eau. De ce point de vue, ses hybridations prennent tout leur sens. D'autres hybridations de type chèvre, mouton et poisson sont de sortie pour ce cortège.

Les rues sont parées de rouge et de noir, et des associations locales de Chinatown dansent dans des costumes traditionnels au rythme effréné des cymbales. C'est bruyant, coloré, joyeux et festival... Une façade parfaite pour dissimuler ô combien être le centre de l'attention l'agace. Ses chevilles sont enchaînées à une plateforme d'exposition amovible, mais personne ne le voit. On lui demande de sourire, de saluer... bref d'être présentable.

Une journée entière à supporter tout ce boucan. Le tout amplifié par les tirs de canon qui crachaient des enveloppes rouges comme si ce n'était que des confettis. À l'intérieur, des coupons de réduction à utiliser au sein des boutiques de Chroma. Quelques grandes enseignes sortent leur épingle du jeu en mettant en avant leur boisson gazeuse à la teinte de pétrole. Les coutumes chinoises représentent l'élément eau, non pas par la couleur bleue, mais bel et bien par le noir de l'encre. Piranha noir... il n'y avait pas à dire ces salauds avaient calculé leur coup des années en avance. Beaucoup d'attention dans les détails, on était même allé jusqu'à peindre ses foutues cornes en rouge. Toute cette scène dans le but d'attirer l'attention d'un pays qui se moquait bien de leur politique jusque-là. Le mieux dans tout ça, c'est qu'ils en profitaient également pour véhiculer un message : Chinatown est aux mains d'Humanis, la preuve en était de ce festival infâme. Combien d'hybrides au sein de ce cortège avaient été en réalité arrachés à leurs pays et hybridés contre leur gré ?

Elle est contrainte de sourire, d'applaudir, de balancer de temps en temps des enveloppes, mais surtout... elle se retient de vomir, car tout cela l'insupporte. Ce visage qui n'est plus le sien fait la première de couverture des magazines dédiés à cet événement. Elle n'est plus qu'un produit, un objet à s'arracher et pourtant elle se contente de ça. Elle n'a pas le choix. Elle ne l'a jamais eu...