La Manhattan Display Arena, voilà bien un lieu où règne débauche, banditisme et avarice. Cachée sous terre, bien en dessous des lignes de métro, se tient la plus grande arène de combats clandestins de la ville, si ce n'est la seule. Rares sont les civils au courant de son existence ; c’était un peu comme une légende urbaine, un nom que l’on se murmure à l’oreille, un lieu où l’on se donne rendez-vous pour impressionner l’autre et parier sur le plus grand combattant de la soirée.

Officiellement, ce lieu était interdit et il n’était pas rare que la Brigade de Traque des Deviants soit envoyée sur les lieux pour une ou deux rafles, histoire de rappeler qui dirigeait cette ville d’une main de fer et calmer ainsi les ardeurs de quelques malfrats prêts à se brûler les ailes. Officieusement … C’était une autre histoire. Il serait délicat que le secrétaire de la défense ou toute autre personnalité mémorable soit vue ici, à négocier paris et fortunes sur la tête d’un hybride malmené. Alors contre le silence du gouvernement, la tête pensante des lieux reste muette, fermant les yeux sur qui pouvait bien se trouver ici.

Mais les événements récents ne cessaient de faire vaciller l’empire que ce « Baron Rouge » était en train de construire. Chroma était au plus mal, l’attaque cybercriminelle lancée par ce dénommé « BlackMarket » a non seulement fermé le site de la firme, mais a aussi permis à ses détracteurs de mettre la main sur des dossiers confidentiels. Comment avaient-ils pu accéder à ces dossiers secrètement gardés par la famille Zhang, récents mais puissants investisseurs et seconds de ce lieu ? Personne ne le savait.

Mais une chose était sûre : la situation n’était plus sous contrôle.

Un match vient à peine de se terminer, les parieurs hurlent, soit de joie soit de dégoût en voyant le corps d’un des deux hybrides chuter lourdement au sol sans vie. L’annonceur, cette mouette à la voix si puissante qu’est Horus annonce les résultats. Seth est de nouveau vainqueur, grand gagnant des combats qu’on ose lui lancer malgré sa force reconnue. Les perdants protestent, demandent dédommagement alors que les gagnants empochent joyeusement leur mise. On demande à Seth de se retirer dans les bas-fonds des vestiaires tandis que le corps inerte est traîné, retiré et jeté auprès des autres cadavres de la soirée à l’abri des regards.

Cependant, tout s’arrête. Le courant se coupe d’un coup, plongeant l’arène dans le noir complet avant qu’un générateur de secours ne vienne reprendre le relais. Un coup de pistolet est tiré en l’air en guise d’avertissement et d’attention alors qu’un groupe armé s’élance, prenant petit à petit possession des lieux sous le regard effaré des parieurs, qu’ils soient nouveaux ou habitués.

« NOUS VOULONS DES EXPLICATIONS ! » L’incompréhension est totale. Chacun se regarde, les hybrides servant hors des combats se faisant petits pour ne pas attirer l’attention. « COMMENT SE FAIT-IL QUE CES SALES FILS DE PUTE DE BLACKMARKET AIENT PU ACCÉDER À DES INFORMATIONS SI CONFIDENTIELLES ?! » L’homme beuglant vous semble à tous bien habillé, probablement un homme d’affaires traînant dans des affaires louches au vu des hommes de main armés l’accompagnant. « UN MAIL TOURNE EN CE MOMENT MÊME ! PEUT-ÊTRE AVEZ-VOUS RÉCEMMENT REÇU UN MESSAGE VOUS METTANT EN GARDE ! » La panique, toujours mêlée à l’incompréhension, peut se lire dans le regard de certains alors que l’homme ne cesse son discours en grimpant à l’un des nombreux étages menant aux gradins supérieurs de l’arène. « IL Y A DES TRAÎTRES DANS NOS RANGS ! DES MALADES ! DES CONTAMINÉS ! CERTAINS DOIVENT PROBABLEMENT TROUVER AMUSANT DE SE TAPER DES HYBRIDES ENRAGÉS ET MALADES ! LA MDA LAISSE DES PESTIFÉRÉS VOUS APPROCHER ! » Certains ont attrapé leur téléphone, vérifiant leurs boîtes de messageries comme pour se rassurer ; l’effroi détruit des visages en lisant leurs noms apparaître sur une liste beaucoup trop importante. Des politiciens, des hommes d’affaires, des amis, des collègues, les lignes n’étaient que trop nombreuses et des murmures n’ont pas tardé à se faire entendre. « NOUS DEVONS EXCLURE CES RACLURES ET FAIRE PAYER LES HYBRIDES PORTEURS ! S’ILS NE SE DÉNONCENT PAS D’EUX MÊME ALORS FAISONS LES PARLER ! »

Les voix montent, en colère, alors qu’un pauvre hybride est pris à partie. De vos points de vue différents, vous pouvez tout voir. Seth tu es remonté au même niveau que toute cette cohue, Judy tu tentes de te cacher des humains hystériques et toi Pan, tu continues de te faire petit en compagnie de tes camarades. Seul Horus semble pour le moment éloigné de toute cette folie meurtrière de son piédestal de présentateur.

Vous assistez à ce lynchage, spectateurs des cris et des hurlements, des supplications de l’hybride. Vous savez que chaque hybride subira le même sort et aux hommes devant la porte vous comprenez que sortir d’ici ne sera de toute évidence pas possible pour l’instant. Discrètement vous fuyez, vous éloignant pas à pas de la meute se formant autour du pauvre innocent.

« NOUS VOULONS DES EXPLICATIONS BARON ROUGE ! MONTRE-TOI ET EXPLIQUE NOUS SI TU NE VEUX PAS CREVER COMME EUX ! SALE FILS DE PUTAIN ! »

Il était évident que le concerné allait se montrer, une grande première depuis la disparition de l’ancien. Personne ne connaissait son visage alors qu’un grésillement se faisait entendre depuis les nombreux hauts parleurs et enceintes de l’arène ; il était là, depuis le début il regardait, observait depuis son trône. Seul un soupir s’échappe, distordu par un modificateur de voix dissimulant un peu plus son identité. De son geste dédaigneux, il fait comprendre son agacement, toujours aussi supérieur au monde.

Chacun à votre manière, vous avez fui l’arène principale pour échapper au chaos. Vos regards se sont croisés, peut-être curieux, peut-être inquiets ou même terrifiés. Les cris étaient encore audibles et plus les secondes passaient plus la tension montait en ces lieux sordides.

Vous n’aviez pas vraiment le choix : vous étiez pour la plupart des inconnus, mais vous alliez devoir coopérer pour vous sortir de cette situation. Qui sait … Peut-être que le Baron Rouge pourra vous sortir de cette situation, à sa manière.

Sous terre vous êtes invisibles, des fourmis au milieu d’une fourmilière dans laquelle on vient de shooter. Certains tendent de s’enfuir mais les grandes portes menant aux ascenseurs ont toutes été scellées, empêchant quiconque de prendre la fuite. Ils crient, hurlent, s’inquiètent de voir que la situation ne s’améliore pas. Le chaos se répand comme une trainée de poudre, les coups partent, les réflexions fusent et de son piédestal le Baron observe, bien dissimulé derrière les vitres teintées.

Un coup tente de l’atteindre, fissure le premier vitrage sans pour autant atteindre les autres. Une provocation lancée avant qu’un nouvel hybride ne soit pris à parti à côté du corps inerte du premier.

« Horus ! »

Une voix au fort accent asiatique résonne dans la petite cabine de la mouette avant que son regard ne se pose sur le gladiateur à ses côtés. Il semble perplexe mais finalement il se reprend en faisant signe au commentateur de partir.

« Tu ne devrais pas rester là. Ils ne devraient pas tarder à monter pour tout saccager. Toi là, Seth, tu devrais le suivre aussi ! Et fais toi discret si tu ne veux pas te faire buter Horus, tu nous les a encore plus excités avec tes commentaires. »

Visiblement tes provocations n’ont pas été appréciées de tout le monde Horus. Chargeant son arme il vous jauge tous les deux une dernière fois en vous pointant un endroit plus calme, bien à l’écart de la foule.

« Trouvez-vous une cachette et attendez que les choses se tassent. »

Oreillette enclenchée, il se détourne de vous pour sortir de la pièce et hausser le ton dans un chinois énervé. Toutes les personnes ici, majoritairement humaines, étaient à cran à cause du mutisme du dirigeant des lieux et la foule en panique. L’ordre était clair tous les deux : vous deviez partir d’ici avant que les choses ne s’enveniment. D’un dernier coup d’œil, Seth, tu aperçois un groupe s’éloigner du reste de la populace, encapuchonnés pour certains, étranges pour d’autres.

De quoi t’intriguer.

Elise et Rose vous indiquent toutes les deux le chemin à suivre, Judy et Pan, pour pouvoir être à l’abri d’une balle perdue. Elles connaissent l’endroit depuis qu’elles ont été récupérés par les nouveaux propriétaires et mises à disposition en tant d’hôtesses aux différents bars. Si la scène principale était inaccessible, les couloirs eux restaient pour l’instant calme de tout bruit. Parfois quelques hybrides passent, tantôt seuls et libres, tantôt trainés par leurs maîtres à la recherche d’une cachette pour échapper à la foule.

Impossible de savoir si vous étiez dans la bonne direction en quête du Baron Rouge, mais de toute évidence vous n’aviez pas beaucoup le choix.

Nous y voilà : la rencontre des habitués et des étrangers. Chacun de votre côté vous vous jaugez, tous perdus les uns les autres en quête d’un endroit où vous cacher pour échapper à la folie humaine. Des beuglements résonnent dans le couloir, bestiaux et agressifs comme s’ils étaient à la recherche d’un énième hybride à massacrer tel un sacrifice face au gérant de ce lieu. Rose et Elise se sont arrêtées à la question de Seth. Vous pouvez tous le reconnaître sans mal : son visage affiché sur les écrans géants de l’arène après sa victoire, et cette gueule de mouette gueularde l’accompagnant.

Judy et Pan, vous étiez démasqués par les hybrides travaillant à la solde de votre ennemi.

Des pas s’élancent à nouveau vers vous, ceux de lourdes bottes bousculant les deviants pour passer aux côtés du gladiateur et de l’annonceur comme si vous n’étiez rien. Encore un homme de la sécurité beuglant dans un chinois strict de serrer les vis autour de ce groupe terroriste sans que vous ne puissiez le comprendre. Il tourne au fond du couloir donnant sur l’arène, se fige et chute lourdement au sol comme un pantin désarticulé. Le bruit d’un coup de feu ne vous trompe pas : si ces humains étaient prêts à s’en prendre aussi sauvagement à la sécurité alors vous n’aurez aucune chance de rédemption face à eux.

Vous n’aviez plus le choix, invités ou non en ces lieux, vous alliez probablement devoir vous associer pour vous en sortir vivant. Un seul couloir s’ouvre devant vous ; qu’importe votre destination tant que vous pouviez mettre de la distance entre vous. Alors qu’un silence pesant revient, le grésillement en provenance du talkie-walkie de l’homme arrivera peut-être l’attention de certains. Peut-être votre meilleur moyen de vous en sortir ?