Probablement que Seiko s’attendait à ce retournement de situation alors qu’arme en main elle ose mettre Lance en joue pour le menacer en retour. Yukari se fige, terrifiée par le blond la maîtrisant sans le moindre souci. Plateau lâché, air paniqué elle jette son regard sur sa compagne qui ne semble pas tout de suite réagir comme pour l’implorer à l’aide. Sécurité retirée Seiko elle ne veut rien savoir en refusant d’obéir au chef de la brigade.

« Plutôt crever que d’obéir à des fils de putains comme vous. »

Les crocs dehors elle tient plus du démon que du bovin en cet instant alors que Sayako elle obéit, silencieuse sans même daigner regarder Lance dans les yeux. Pas même Crash ne peut capter ses yeux clos de rage à l’idée de s’être laissée berner de la sorte. Les paroles du coyote ne font qu’envenimer les choses en forçant Seiko à le mettre en joue à ton tour en perdant petit à petit patience.

« TOI FERME TA GUEULE ! ENVOYER TA PROPRE ESPECE A LA MORT TU N’AS DONC AUCUN HONNEUR ?! Pourquoi leur obéir alors que tu sais pertinemment qu’ils vont te buter après cette mission ? T’EN SAIS TROP PETIT ENCULÉ T’ES QU’UN HYBRIDE SOUMIS DE MERDE ! »

Elle manque d’appuyer sur la détente en posant ensuite son canon sur la blonde d’un air désespéré.

« JE JURE JE FLINGUE LE PREMIER QUI AVANCE JE M’EN TAPE DE CREVER C’EST CLAIR ?! »

Son doigt frôle la détente sur Magnolia, haletant presque de rage en sentant une goutte de sueur perler le long de son front. Puis vint le lourd fracas fracassant le mur proche de vous trois. Les pierres chutent, déboussole le monstre se présentant à vous d’une carrure que l’on ne pensait pas pouvoir voir un jour. Tobias vous rejoint en renfort mais l’entrée fracassante de Yuan vous déstabilise suffisamment pour laisser une ouverture à Yukari de mordre sauvagement le bras de Lance de ses crocs aiguisés et tenter de se jeter sur son arme.

Un coup de feu part en direction de Magnolia alors que la bovine se jette sur sa patronne pour l’attraper et la tirer loin d’ici sans même se soucier de la chauve-souris ou du monstre restant sur place. L’humaine hurle, tente de se débattre mais est rapidement embarquée avec sa sauveuse pour se faufiler et se perdre dans les rues étroites de Chinatown.

La panique s’installe dans le quartier alors qu’enfin la brigade daigne laisser respirer les clients de ce bar au chef fou. Les yeux injectés de sang Yuan ne tarde pas à se montrer de plus en plus menaçant pour espérer pour faire fuir et sauver ses belles demoiselles prenant la suite non sans avoir blessé la délicate blonde. S’il devait mourir alors il n’hésiterait pas un seul instant. Pour Sayako. Seiko. Ses frères. Ses sœurs. Tentant d’attraper le blond par le bras le deuxième coup de feu le bloque, sa respiration se coupe et titubant il avance encore d’un puis deux pas. Il beugle, bavant presque comme le monstre cornu qu’il est avant que la troisième balle ne vienne le clouer à terre.

Haletant de douleur il tente de ramper en venant attraper Tobias par la cheville pour essayer de le tirer, le regard mauvais en griffant son pantalon de ses oncles durcis.

« Je vais tous vous buter … Un par un. Vous arracher les tripes … »

Au même moment le coup de feu de Magnolia fait mouche en touchant Sayako qui retient de justesse un cri de douleur pouvant alerter l’homme. La dirigeante des lieux ralentit sa course un instant pour se retourner vers le coyote avant que sa comparse ne la tire vers une ruelle pour échapper à la brigade entrant en trombe dans ce petit salon, armés jusqu’aux dents pour venir maîtriser le bovin se débattant tout ce qu’il pouvait le temps d’être sédaté et menotté de force de liens bien trop épais pour sa force herculéenne.

L’homme de son côté a été rapidement transporté à l’arrière d’un camion venant d’arriver, protégé par la brigade prenant possession du terrain il tremble, caché dans une couverture offerte gracieusement par un des soldats le temps qu’il se remettre de ses émotions pour relever son regard vers le policier.

« Je … Je vais tout vous raconter … »

Les talons de l’une claquent contre le sol alors qu’elle laisse sa consœur la traîner à travers ces ruelles animées en ce début de soirée hasardeux. Elle halète, épuisée par cette course folle ayant défait les délicates boucles habillant son subterfuge. Elle qui semblait être tout ce qu’il y avait de plus humaine laisse apparaître des attributs bovins sur le haut de son crâne en ses oreilles pointues et ces cornes durcies par les horreurs qu’elle a été forcée de subir plus jeune.

« Seiko, pitié … »

Cherchant à se défaire de la main de la douce aux cheveux de neige elle s’arrête, essoufflée et incapable de continuer à marcher sans chuter sous la fatigue. Elle ferme les yeux, se pince difficilement la lèvre inférieure d’angoisse et se retournant, surveille leurs arrières d’un regard effaré. Elles avaient fui sans s’arrêter, rescapées qu’elles étaient en contrepartie de la vie de deux des leurs.

« Yuan … »

Ses poings se serrent, elle s’en veut de ne pas avoir été assez forte pour tous les sauver. Comment a-t-elle pu être assez naïve pour se laisser avoir par ces monstres ? Est-ce ce pauvre coyote ayant attiré toute son attention qui l’a tant fait dévier du chef de cette Brigade ? On ne lui a jamais parlé de lui, d’eux, elle a toujours été éloignée de tout Sayako, comme une déité qu’on cherche à protéger du mode pourri qu’est l’extérieur. Folle de rage elle retire cette fausse coiffe pesant son poids pour la jeter au sol et secouer sa tête pour décoiffer ses mèches encore rebelles.

« ON DOIT LES SAUVER ! »

Ils vont les tuer. Tous les deux. Yuan, Yukari. La Brigade ne leur laissera aucun répit et ils feront tout pour les faire parler quitte à atteindre à leur vie. Elles devaient les sortir de là, quittes à périr toutes les deux pour défendre leur honneur et cette cause à laquelle elles avaient offert leur vie depuis sept ans. Sayako s’impatiente, s’accroche à sa plus jeune sœur et la secoue comme pour la faire réagir et la forcer à se rendre compte de cette terrible réalité. Pourtant Seiko ne bouge pas, immobile malgré ses poings se serrant au fur et à mesure que la bovine aux cheveux de jais éclate en sanglots pour faire savoir sa peine et sa rage.

Pour l’instant elles devaient fuir, toutes les deux.


Les beuglements de l’animal ne cessaient de résonner dans cette pièce fermement gardée à clef et éloignée des bureaux administratifs alors qu’à nouveau les coups surviennent, violents, pleine d’une haine sans nom. Les yeux bleus et le sourire narquois de son bourreau arrachent un regard assassin au bœuf le dévisageant en essayant de se défaire de l’emprise dont il a été victime. Il jure, crache un mollard ensanglanté aux pieds de l’agent. La brigade n’avait pas pour habitude de pousser aussi loin la torture des bêtes qu’ils capturaient mais dans ce cas présent les informations étaient bien trop primordiales pour être délaissées et ils savaient pertinemment que l’animal immense qu’ils avaient en face d’eux ne parlerait pas de lui-même malgré les menaces.

Non, il était bien trop coriace. Trop haineux. Trop mauvais. Trop virulent aussi au vu des coups qu’il a tenté de mettre à l’homme en cherchant à l’embrocher de ses épaisses cornes pesant leur poids. La gueule ensanglantée, le goût de fer dans la bouche, il râle, tente de se relever mais rapidement l’homme le repousse, le faisant rechuter au sol pour le surplomber de toute sa supériorité malsaine.

Les gants tâchés de ce sang malade, méticuleux et sérieux Tobias observe, tente de trouver le point sensible, celui qui fait mal pour pouvoir le rabaisser et espérer le faire parler. Attrapant une de ses cornes sciées pour éviter un drame il le secoue, lui pose les mêmes questions d’une voix beaucoup trop calme à la limite du mielleux pour le rabaisser toujours plus.

« Où sont-elles parties. »

Il ne dira rien. Même ses jambes brisées ne le feront pas craquer. Même son corps couvert d’ecchymoses ne sera pas assez pour qu’il daigne ouvrir la bouche. Le corps lacéré, couvert de cicatrices ne seront pas suffisants pour qu’il trahisse les siens. Non il se contente de grogner et suivre le mouvement que l’homme lui impose en se soumettant à sa volonté. De toute façon il ne peut plus faire que ça Yuan, lui qui est maintenant incapable de se tenir debout sans sentir ses os déjà brisés se craqueler un peu plus sous son poids monstre.

Chaque geste de l’agent est calculé pour ne pas se faire avoir par le monstre essoufflé. Il sait que ce n’est pas suffisant et qu’il doit augmenter d’un cran encore. Il repose encore la même question, inlassablement comme si la poser à nouveau allait changer la donne.

« Que faisiez-vous à Chinatown ? »

Juste une insulte en retour. Comme depuis deux semaines.

Le miaulement d’un félin se fait entendre en venant se glisser entre les pattes de son propriétaire comme pour obtenir un semblant d’affection. Billy se montre enfin, toujours aussi insupportable et bruyant en observant de temps à autre l’énorme bête étalée au sol et menottée. Il aurait voulu se faire les griffes dessus mais Tobias le repousse en l’attrapant par le ventre pour le soulever après avoir lâché le bovin pour aller le poser sur la table et lui caresser l’arrière des oreilles.

Attrapant un sceau au passage il revient vers le bovin haletant de douleur et de fatigue, ses muscles se tendant, ses crocs saillants menaçant eux de mordre l’homme s’il s’approchait d’un peu trop près. Il louche sur le contenant en métal, ne comprend pas de suite avant de remarquer le sourire complètement fou de l’homme attrapant le bas du seau pour le renverser sur l’hybride qui pousse un hurlement de douleur traversant les murs de cette pièce excentrée.

Aussitôt il se tord de souffrance, sent les larmes lui grimper aux yeux en faisant tout son possible pour les retenir. La lèvre mordue au sang, les plaies boursouflées sous l’effet salé de l’eau l’ayant trempé il a dû mal à supporter plus. Depuis deux semaines l’horreur est quotidienne, inhumaine même et quand bien même il était un presque surhomme il ne pouvait tenir ; tout être à ses limites et quand bien même celles de Yuan sont exceptionnelles son esprit lui n’était pas en mesure de subir plus.

Alors il supplie, il appelle à l’aide en même temps qu’il demande pardon à la muse pour laquelle il a donné sa vie, il implore l’homme pour faire cesser ses souffrances et finalement, la voix honteuse et tremblante, il avoue. Pas tout, mais assez pour satisfaire l’ego surdimensionné de l’homme le surplombant.

« UN TRAFIC D’HUMAINS ! On s’est refilés pleins d’humains ! Un peu partout … La moitié de Chinatown est concerné vous n’arriverez pas à tous nous arrêter … Le quartier est à nous ! Bordel RETIRE MOI TOUT CE SEL JE VAIS TE TUER ! SALE ENFOIRÉ ! MERDE ! »

Tobias observe toujours, satisfait d’avoir enfin fait parler la bête féroce qu’est Yuan. Il sourit, amusé en s’abaissant à son niveau pour attraper de nouveau sa corne et le secouer en cherchant son regard.

« Je pense que je vais plutôt … Te ramener la femelle que tu implores tant. »

Le relâchant il ne répond même pas aux beuglements de l’esclavagiste en posant le sceau à ses côtés pour aller récupérer son chat feulant à l’encontre de Yuan, le pelage hérissé et toutes griffes sorties prêt à lui sauter à la gorge.

Un dernier sourire adressé à sa proie et le norvégien s’échappe, satisfait d’avoir enfin obtenu les informations qu’il souhaitait.

« A demain, Yuan. »