Rune est une personne calme, simple et posée. Elle est profondément bienveillante, rongée par l’injustice de ce monde et le fait de ne rien pouvoir faire pour le changer rapidement.
Elle est pleine d’ambition mais manque de cran pour y parvenir. Et c’est certainement la chose qu’elle déteste le plus d’elle : sa maniabilité. On fait trop facilement n’importe quoi d’elle si tenté qu’on hausse un peu le ton ou qu’on sache y poser les bonnes menaces. Il n’y a que dans son métier qu’elle se sent suffisamment à l’aise pour s’imposer : et pas qu’un peu. Elle sait très bien sortir de qui elle est vraiment, s’armer de détachement pour imposer une autre vision d’elle-même. Dont elle se détache une fois en compagnie seule de l’hybride, pour le mettre en confiance et l’aider. Pas le ramener plus bas que terre. Elle s’adapte en fonction du maître et elle a conscience qu’elle joue à un jeu dangereux. Si on découvre ce qu’elle fait vraiment, sa réputation construite autour de ses années de Mexique tombe à l’eau malgré ses résultats.
Le pire serait qu’on tombe sur son implication auprès de Unity. Qui se trouve pourtant être une échappatoire pour elle, une façon d’être qui elle est vraiment dans ses convictions. Son cercle au sein de l’organisation est très restreint pour qu’on ne sache pas que derrière l’image qu’elle véhicule elle n’est qu’une petite personne avide de justice, mais c’est déjà suffisant pour elle. Un cercle social sain, qui lui fait oublier William.
Sa relation avec lui la plonge doucement dans un état dont elle n’a aucune idée de comment elle pourrait s’en sortir, entretenant une relation assez malsaine avec ses anxiolytiques pour s’en sortir émotionnellement, en se tuant souvent un peu trop dans le sport également. Juste pour oublier. Elle voudrait sortir de cette relation, mais sans savoir comment y parvenir ou comme s’il faudrait un élément déclencheur pour que les choses se fassent. Mais elle ne sait pas, elle a peur. Alors qu’aujourd’hui, son père n’est plus de ce monde pour lui imposer quoi que ce soit. Rien ne la retient. A part elle-même.
La rousse est pourtant pleine de volonté, prête à tout pour réussir ce qu’elle aime. Sinon elle n’aurait pas adopté un chien “à problème”, n’aurait pas quitté les rangs du Mexique pour rester dans la même branche.
C’est sûrement son empathie qui la motive le plus et peut-être ça qui finira par lui faire entendre raison. Malgré tout elle reste une personne aimante et une fois ses barrières cassées, cela se ressent facilement.
En dehors de son travail et de sa pratique du sport canin, Rune réservée, discrète, voire effacée. Elle a beaucoup de mal à se lier, soit par peur que ça lui retombe dessus, soit parce que William pourrait voir ça d’un mauvais oeil. Après tout, si elle est ainsi c’est en majeure partie à cause de lui.
Par contre, lorsque le weekend elle se lance dans ses diverses activités sportives avec son chien, c’est une tout autre personne : Rune devient une figure charismatique et combative. Prête à tout pour rafler la médaille, évoluer, gagner quelque chose. Se sentir vivante et exister. C’est pour elle une sensation exaltante, qu’elle cherche en ne la trouvant qu’ici. Une liberté longtemps cherchée, qu’elle se sent pourtant indigne d’avoir, alors que tant d’autres vivent encore en cage.
TW : relation toxique, maltraitance parentale, violence, dépression Résumé
Juillet 2032 : Naissance
2032 – 2047 : Elle passe son enfance au milieu d’une famille pro-chroma, qui deviendra pro-humanis dès lors qu'ils feront leur apparition, dont les parents usent d’hybrides sans se soucier d’eux à partir du moment où ils sont mis sur le marché. Rune part à l’opposé des convictions de sa famille et développe de l’empathie pour les hybrides, jusqu’à les aider et leur parler dans le dos de ses parents
2047 – 15 ans : Décès de sa mère, tuée par un hybride qu’elle dressait. Son père, fou de rage et de désespoir de perdre sa femme à cause d’un manque de compétence de sa part force Rune à suivre une formation auprès d’un de ses amis dresseur, Octave, sur ses temps libres.
2052 - 20 ans : Son père achète une hybride pour la “mater”, prouver qu’il peut faire quelque chose d’elle. Rune s’attache à Ava plus que de mesure et inversement, jusqu’à entamer une relation en secret
2053 – 21 ans : Rune et Ava se font surprendre. Les deux se font sanctionner lourdement. Son père n'accepte aucunement la “déviance” de Rune, et l’invite fortement à accepter un rendez-vous avec un de ses associés. Elle le fait, commence une relation avec lui sans l’aimer, il se montre très agréable. Ils se marient dans les six mois.
Elle continue d’apprendre avec Octave, agissant d’avantage comme son associé que son apprenti.
Son père en fin d’année, parvient à lui trouver une place au Mexique pour parfaire sa formation. Acculée, elle accepte.
2054 – 22 ans : Son père se fait tuer par Ava dont le sort est réservé, Rune se bat pour dire qu’il est possible de faire quelque chose d’elle. On lui dit alors de s’en occuper, comme test après sa formation. L’expérience est abominable pour elle, qui se retrouve contrainte de briser celle qui lui a apporté un vent de liberté.
2059 – 27 ans : Elle craque, le Mexique n’est plus pour elle – et ne l’a jamais été - elle pose sa démission et enchaine sur la création de son entreprise de dressage d’hybrides avec ses convictions. Elle garde son image de pourrie pour maintenir ses relations qui lui permettent de se glisser à la MDA et au marché noir, tout en récoltant d’autres informations.
Dans ses vadrouilles, elle fait la rencontre de Feriel, militante à Unity, avec qui elle se lie et qui lui permet d’y mettre un pied. Elle y gagne également une amie.
Parallèlement, William montre son vrai visage, contrôlant et forceur ce qui pousse Rune à entretenir de la terreur en sa présence
Full Story
Si Rune avait suivi les mêmes convictions que ses parents, aujourd’hui elle vivrait probablement une vie incroyable. Mais cela n’a pas été le cas.
Elle est née et a grandi dans une famille pro-chroma, qui n’aimait les hybrides que pour les avoir sous ses ordres. Ils n'avaient d'ailleurs pas perdu de temps lorsque que le commerce d'être mi-humain mi animal a vu le jour. De même lorsque d'humanis s'est fait connaître, ils étaient là pour être leurs fervents fanatiques. Elle a beau réfléchir, elle ne sait toujours pas comment elle a pu autant dévier alors que même son frère a suivi le même cheminement que ses parents. Des fois, elle se dit que c’est simplement qu’elle a su faire preuve d’empathie.
Enfant, elle se faufilait en secret jusque vers les hybrides de son père. Leur parler, partager avec eux de la nourriture. En y repensant, ça devait être un petit bout de soleil, mais un bout de soleil un peu emmerdant quand même.
En grandissant est venue l’adolescence, le moment où son père a tenté de commencer à forcer les choses. Après les cours et le weekend il l’envoyait vers un de ses amis dresseur pour qu’elle puisse suivre le même chemin et pourquoi pas en mieux en commençant tôt.
Et elle savait pourquoi il s’y était pris aussi tôt. Sa mère les avait quittés, morte sous la rébellion d’un hybride qu’elle redressait. Plutôt que de vivre son deuil correctement, et de laisser Rune faire de même, il cherchait à rattraper les erreurs.
Ses débuts furent horribles. Tout bonnement. Elle se contentait d’observer et c’était déjà trop. Le bruit, la vision des hybrides qui “osaient” se rebeller sous la main d’Octave étaient compliqués à soutenir. Quand elle a cru que le plus dur était passé, qu’elle avait réussi à s’habituer à cette vision, elle se rendit que le plus difficile allait se produire : Octove lui confia la main.
Et ce fut elle qui brisa des corps et des esprits.
Ce ne fut que le début.
Pourquoi est-ce qu’elle n’arrêtait pas ? Elle-même ne le savait pas. Elle craignait son père et était enrôlé là-dedans désormais. La rousse ne savait pas comment en sortir alors se contentait de suivre.
Alors elle arriva, cette hybride à la chevelure presque argentée, au regard détaché mais sauvage. Son père l’avait achetée pour la redresser et gonfler son égo. Une forme de trophée.
Elle n’a pas fait l’exception et a compté parmi les hybrides dont Rune a pris soin. La faisant également se questionner en sentant les papillons présents dans son ventre à chaque fois qu’elle était en sa présence, et sa gorge qui se serrait en son absence. Depuis quand était-elle de ce bord-là ? Pourquoi ? Elle avait assez de choses à gérer comme ça.
Pourtant, lorsque de fils en aiguilles, Ava a posé ses lèvres sur les siennes pour sceller le secret de leur relation, ce fut comme si ça avait été toujours présent. Avec elle.
La suite se fit naturellement, en secret. Ava ne savait rien de ses activités et ses activités ne savaient rien d’Ava. C’était son cocon. C’était la seule auprès de qui elle pouvait davantage être elle-même, accepter cette partie d’elle.
Mais ça n’a duré qu’un temps. Et un temps bien trop court à ses yeux. Car son père les a surprises en pleine étreinte et elle a pu goûter du cuir de sa ceinture, en ayant nul doute que la louve eut subit bien pire.
Plus que les coups, ce fut l’interdiction de s’approcher d’Ava qui la marqua. Suivis du rendez-vous imposé avec un des collaborateurs de son père, un certain William. Il voulait la remettre sur le “droit chemin”, et Rune y vit une façon de se racheter auprès de lui. Peut-être même que si elle l’écoutait, il ferait moins subir à Ava leur relation. Alors elle a accepté, pour Ava.
Les choses se sont faites, très vites. William s’est avéré être un chouette gars. Amusant, avenant, vraiment sympa. Si se mettre avec lui lui permettait de tasser les tensions, elle le ferait. Et elle le fit.
Elle savait que le mariage était prévu, la demande a d’ailleurs été assez procédurière mais cela ne la dérangea pas. Rune n’aimait pas William, elle l’appréciait juste. Ce n’était qu’une façon de faire plaisir à son père.
Le temps passant, elle supportait de moins en moins le fait de simplement suivre les envies familials sans pouvoir y mettre son grain de sel. Alors, elle se surprit à rêver, construire son avenir dans son esprit, celui qu’elle voulait. Elle eut l’idée folle de construire un sanctuaire pour hybrides, une forme de mini village auto-géré. Le tout avec une base légale en tout point. Elle voulait les aider, faire de son mieux. Pour ça, il fallait de l’argent, il fallait continuer de patte blanche à son père donc.
Alors, lorsqu’il lui annonça qu’il lui avait permis d’avoir une “place de choix” grâce à un ami d’Humanis au sein du camp de redressement Mexicain : elle accepta.
Elle ne put ni s’alimenter, ni dormir pendant des jours à cause de cette nouvelle, mais elle accepta.
Elle sut que ce qu’elle faisait avec Octave n’était rien en termes de souffrance par rapport à celle qu’elle allait causer au Mexique, mais elle accepta.
Alors qu’elle termina sa formation là-bas, elle apprit par son frère que son père avait été assassiné. Tué par son hybride, Ava.
Rune cru perdre pieds. Même si elle n’a jamais aimé son père, la nouvelle la frappa. Et une question s’empara de son esprit. Ava ? Que lui était-il arrivé ? L’avait-on euthanasié ou envoyé à l’autre bout du continent pour tenter d’en faire quelque chose ?
Son père n’a jamais su la faire plier, il arrivait à obtenir quelque chose d’elle s’en prenant à Wyte. Mais si elle obéissait, c’était par compassion. Pas parce qu’on avait réussi à la briser.
Elle venait tout juste d’en finir avec Astrid, une hybride orque – lapin qui lui avait laissé une marque sur le bras, qu’on lui refourgua son ex-compagne. Elle avait osé dire qu’il était possible d’en faire quelque chose, alors on lui avait mis entre les pattes. Une sorte d’épreuve. Si elle ne réussissait pas à la faire plier, la louve rejoignait le bout du tunnel. Et ça, Rune ne voulait pas. Elle ferait son possible pour la récupérer après, même si ça prenait des années, mais jamais elle ne la laisserait crever. Non. Hors de question.
Alors, elle s’arma. De patience, de froideur, et de l'artillerie. La première fois qu’elle s’était retrouvée face à la grisée, aucune des deux n’y cru et Rune cru qu’elle allait craquer en revoyant son regard. Mais elle se fit confiance, ferma ses émotions et son passif et plaça toute son énergie dans ce redressement. Elle avait mal. Comme si on lui arrachait sa peau bout à bout. Mais elle devait le faire, pour lui éviter de crever.
D’abord deux adversaires en proie au doute, Rune devint sa tortionnaire. Elle le su dans le regard d’Ava, qui s’éteignait petit à petit. La seule lueur encore présente étant celle de la peur.
Une tape sur l’épaule, ce fut la dernière chose qu’elle lui adressa à leur dernière séance. Celle qui les convaincu assez pour se dire qu’elle était
prête. On lui avait vendu du rêve. On lui avait dit que l’hybride finirait sûrement chez les autorités. Mais lors de l’annonce, ce fut à un tout autre endroit qu’elle fut prévue. Quelque chose qu’elle ne connaissait pas. Et on refusa de lui répondre lorsqu’elle demanda des éclaircissements ou une explication.
Elle continua quelques années comme ça, voyant ainsi très peu William. Ce qui lui permettait de ne pas se rendre compte de ce qui allait la gêner plus tard vis à vis de lui. Mais pas d'oublier Ava.
Son corps et son esprit ne furent plus en état de tenir le Mexique. Les cauchemars se faisaient plus récurrents et violents, elle décida de poser sa démission et se lancer elle-même. Avec ses propres méthodes, afin d’alléger les choses et prendre en compte l’hybride plutôt que d’aller contre. Le considérer. Et ne plus user de violences.
Son retour à la maison, pour de bon, lui apporta un certain confort, mais pas que. Même si William était une personne sympathique, elle se rendit compte que ce qu’elle n’avait pas considéré comme étant grave, devint plus récurrent. Là où elle arrivait encore à ressentir plaisir à partager des moments intimes avec lui, ce ne fut plus le cas lorsqu’il commença à négocier pour en avoir quand
lui le voulait.
Parallèlement à ça, il devint contrôlant. Se permettant des remarques sur ses modifications corporelles – qu'elle effectuait désormais en cachette -, son alimentation. “
Je ne veux pas que tu deviennes grosse, t’es belle là”
Sa présence était désormais un poids, un apport d’angoisse. Par chance, il n’était que rarement là, souvent en voyage d’affaires. Ce qui permit à Rune de retrouver du réconfort dans le bras des autres. Et de vivre cette partie d’elle refoulée.
Elle adopta même un chien. Elle eut vent d’un élevage qui ne parvenait pas à faire adopter un jeune chien avec une maladie chronique. Alors Karma fut son premier sauvetage. Un malinois de travail qui lui permit de vivre sa vie en sa compagnie. Elle se lança dans le sport canin et toute sa vie tourna bientôt autour de ce petit être qui comptait plus que tout à ses yeux.
Et heureusement qu’elle avait ce petit astre pour l’aider à tenir car elle décida d’user de ses liens avec les “pourris” pour se faire passer comme tel à son tour. Obtenir le maximum d’informations pour les transmettre et voir comment les hybrides étaient traités dans les pires milieux afin de savoir comment mieux les remettre d’applomb par la suite.
D’abord, elle parvint à intégrer le public de la MDA, puis de fil en aiguille : le marché noir. De nombreuses fois elle n’eu qu’une envie : claquer son argent pour sauver un hybride qui risquait de partir dans un lieu horrible. Mais elle résistait, pour son projet. La seule pour qui elle aurait tout abandonné c’était Ava. Qu’elle eût vu de nombreuses fois sur le ring en comprenant désormais ce qu’était le mystérieux lieu de vente annoncé au Mexique. Elle l’avait vu se faire arracher une partie du flanc en plein combat après avoir croisé son regard. Puis manquer de mourir de nombreuses autres fois. Elle se promit alors de la sortir de là, un jour. Rattraper ses erreurs avec elle. Après tout, elle aurait peut-être dû la laisser mourir que de lui faire endurer une telle vie.
Heureusement, quelque chose lui permit de voir un bout d’espoir, goûter au bonheur. La rencontre d’une personne, Feriel, au cours de ses divers fouinages lui permis de se rapprocher en secret de cette organisation qu’elle n’a toujours aidé que de loin, anonymement. Plus que tout, elle eut l’impression d’y trouver une amie. Un lien qui se créait doucement, de confiance et de respect l’une pour l’autre. Après tout, c’était peut-être elle sa lumière au bout du tunnel, celle qui lui apporterait le déclic pour bouger, changer. Sortir de là.
Changer les choses.