Une mort-vivante qui se moque de tout avec un penchant pour l'humour noir. Tu aimes bien te définir comme ça, dans ton amour de l'autodérision. Tu es en vie mais est-ce que tu existes réellement? Tu rôdes dans ton cabinet comme une revenante, tu hantes les rues proches et les lieux les plus glauques du Bronx comme si tu cherchais des âmes à dévorer. Difficile de t'imaginer en sauveuse quand tu es la première à plébisciter la mort, mmh?

Un visage froid qui se targue de temps à autre d'un sourire narquois, un œil unique marron sombre qui manque cruellement d'éclat, une peau plus claire que la normale... Tu n'incarnes pas vraiment la définition de l'éclatante santé. Et sous prétexte que tu commençais à avoir des mèches blanches, tu as coloré l'entièreté de ta tignasse noire en gris. Sur un coup de tête. Juste parce que ça te saoulait à chaque fois que tu croisais un miroir. Une des innombrables idées étranges qui passent par ta tête malade de temps à autre, là où réside ton intelligence dysfonctionnelle.

Tu n'es pas une personne très sérieuse, en dehors de ton travail. Tu es armée d'une désinvolture qui donne l'impression que tu te moques du sort des autres, ou même de ton environnement entier. Ce je-m'en-foutisme sang-froid que tu possèdes en toutes circonstances est lié à ton état de santé misérable, tu as appris à ne pas réellement t'inquiéter des conséquences de tes actes ni de ton futur. Tu n'es juste pas certaine de vivre assez longtemps pour voir à quel point tes conneries ont de l'importance sur l'avenir de cette maudite cité urbaine.

On t'adore ou on te déteste, il n'y a pas de juste milieu. Ton humour douteux emprunt d'un cruel cynisme trouve rarement public, d'autant que tu te targues souvent d'un insupportable pessimisme. Mais tu n'es pas non plus absolument désagréable, tu aimes quand même discuter avec ton prochain et faire preuve d'une certaine espièglerie pour embêter ton monde. Une petite plaisanterie sur un scalpel mal aiguisé avant une opération, tu trouves ça amusant. Même si ça ne fait très souvent rire que toi.

Ton métier? C'est bien la seule chose que tu prends au sérieux. Sans doute parce que tu as ça dans le sang, ou alors ce sont les restes de ta vie précédente. Tu coupes, découpes et recouds avec un certain perfectionnisme, détestant à tous les niveaux le travail bâclé. Tu fais d'ailleurs preuve d'un dur franc-parler quand il s'agit d'avouer de déplaisantes vérités à tes patients, tu n'as aucune raison de donner de faux espoirs. Tu ne mens généralement pas, n'ayant pas grand chose à cacher de toute manière. L'honnêteté est une qualité vraiment misérable.

Le monde tourne selon ton point de vue, tu es la protagoniste las de ton conte de fées. A travers le filtre morne de ton unique œil, tu observes et juges l'univers du haut de ton piédestal rouillé. Tu n'as pas grand espoir pour l'avenir bien que cela ne t'empêche pas d'être la plus cupide des vétérinaires clandestines. L'argent est la seule chose qui te permets de survivre, te permets d'acheter tes traitements médicaux, de rembourser tes créanciers. Tu arrives même à en mettre un peu de côté, bien que c'est assez ironique quand tu y penses.

On a jamais vu une morte enterrée avec un coffre-fort.

Résumé de l'histoire trop looongue:

2034 - Tu es née en Corée du sud, probablement dans une grande ville. Tu as été abandonnée devant un hôpital à seulement 4 mois, pour des raisons que tu ignores. Tes parents n'avaient sûrement pas les moyens de te nourrir, ou une connerie du genre. Tu as rapidement été adoptée par un couple étranger de passage, des américains membres d'une association caritative connue. Des gens biens selon toutes apparences. Foutaises.

Tes parents adoptifs se sont empressés de faire les formalités d'usages pour te ramener chez eux, aux États-Unis. Originaires de Louisiane, ils se revendiquaient un patrimoine français qu'ils ne possédaient pas. C'était juste du vent, presqu'autant que leur prétendue philanthropie. Tout ce qui les intéressaient, c'était de se faire bien voir sur les réseaux sociaux. Pires que des coqs fièrement dressés sur leur tas d'immondices.

2050 - 16 années et déjà assez amère dans ta vision des choses. Obligée de te battre pour faire les études que tu veux, obligée de te battre pour décrocher une bourse et faire des enseignements supérieurs. Incapable de compter sur tes vieux, qui ont réussit à se ruiner après avoir dilapider leurs finances dans cette stupide recherche de gloire. Tu brûles d'une sale rancœur à leur égard. Tu vas leur montrer à quel point tu es meilleure qu'eux.

Tu avais tout pour plaire à ton monde. Tu étais belle, intelligente, charismatique, ton nom de famille a été déformé en 'Mary-Sue' par tes détracteurs. Et cela aurait été vrai si tu n'étais pas dédaigneuse, sèche et un brin mégalomaniaque. Tu t'es tapée un complexe de supériorité pendant tes études te causant plus d'ennemis que d'amis. Mais tu t'en foutais bien. Le plus important, c'étaient les résultats. Rien d'autre.

2052-2058 - Ton intérêt pour la médecine et ta curiosité envers les hybrides t'ont menée à suivre des études de vétérinaires à ta majorité. Une entreprise bien connue a proposé de financer tes études tout en te garantissant une future place chez eux, ainsi qu'argent et gloire. Tu as longuement hésité avant de décliner l'offre, peu désireuse d'imiter tes parents adoptifs. Hors de question de vendre ton âme à une multinationale dégueulasse.

Tu t'es retrouvée dans une Université en Pennsylvanie, trimant comme une dingue pour joindre les bouts. Même avec tes mécènes, ta bourse universitaire et tes petits boulots, tu as pas mal galéré. Remporter le tournoi national de mots croisés chaque année juste pour le chèque final n'était pas vraiment synonyme de fierté. Mais après longues années d'études, tu as finis par obtenir ton diplôme spécialisé de vétérinaire hybride.

2058 - Après avoir jeté ton succès et ton dédain au visage de tes vieux, tu as finis par rejoindre Unity. Tu t'es installée à New-York, là où se trouvait l'épicentre de tous les maux (selon les journaux). Tu t'es très vite retrouvée débordée de boulot en plus d'être incapable de t'entendre avec tes collègues. Perfectionniste et maniaque, jamais le travail d'équipe n'a été ta tasse de thé. Et tu n'hésitais pas à envoyer chier ton monde quand ça te plaisait.

Ton complexe de supériorité a finit par s'effriter le jour où tu as rencontré cet hybride fennec. Celui qui est arrivé battu et ensanglanté après d'horribles maltraitances. Son comportement féral désespéré t'a laissé une profonde cicatrice dans l'avant-bras droit, encore nettement visible aujourd'hui. Et voir l'hybride battu retourner sagement chez son propriétaire avait fini par faire bouillir ton sang à toutes les températures.

2058-2062 - Tu l'avais habilement arraché à son tortionnaire, tu avais fait de lui ton disciple. Andrew était intelligent, bien plus qu'il ne l'imaginait lui-même. Il apprenait vite (sous ton autoritaire gouverne) mais surtout, à son contact tu t'étais improvisée plus mère que professeur. Tu t'es découverte une gentillesse que tu ne soupçonnais pas, influencée par sa bonté d'esprit et sa volonté de bien faire. Il t'a rendue plus humaine que tu ne l'avais jamais été.

En parallèle de ton chaperonnage, tu as étendu l'arbre de tes connaissances sur les hybrides et leurs maux. Longtemps tu as hésité à t'attaquer aux puces de Chroma mais tôt ou tard, tu as finis par mettre les doigts dedans. Il t'était insupportable de voir tes patients mourir suite à une extraction, aussi tu t'es battue pour améliorer ta technique, déjouer la complexité de ces instruments de pistage nauséabonds. Et pas seulement chez Unity.

C'était un secret bien gardé. Tes déplacements en ville, dans des quartiers occupés par les déviants, devaient absolument rester sous silence. Soins, chirurgie, dépuçage risqué, tu as fais de ton mieux pour soutenir la cause en douce. Tu ne t'es jamais considérée comme une réelle révolutionnaire. Mais tu estimais que TOUS les hybrides avaient le droit à un minimum de dignité. Même si ces derniers haïssaient la moindre fibre de ton âme d'humaine.

Janvier 2063 - Comme à chaque fois, tu étais sortie de nuit, tu t'étais rendue dans le Bronx pour offrir tes services aux Déviants. Tu te souviens avoir rencontré quelqu'un, avoir parlé à quelqu'un. Ce même quelqu'un qui a pointé son arme vers ta tête avant d'appuyer sur la détente. Ce soir là, tu t'es écroulée avec un œil en moins et du plomb dans le crâne, littéralement parlant. Pas vraiment ce que tu imaginais en sortant d'Université.

Des déviants reconnaissants ont ramassé ta carcasse, tu as reçus des soins attentionnés quoique archaïques. C'est pas comme si quelqu'un était capable de retirer les morceaux de balle logés dans ta cervelle de toute façon. Ta rémission a été aussi longue qu'inachevée, tu t'es retrouvée du jour au lendemain amnésique, épileptique, mentalement instable et aux mains d'hybrides qui pensaient probablement avoir gagné une vétérinaire personnelle.

Juin 2063 - 6 mois de captivité, d'horribles souffrances et de médecine au sein d'hybrides terroristes et on avait finit par te mettre à la porte. C'était ça ou la mort. Certains déviants préféraient crever que de finir sous le scalpel d'une humaine et ça, tu l'avais bien compris. Quand tu t'es retrouvée à la rue, sans repères et sans antidouleurs, tu t'es tournée vers les seuls individus capables d'assurer ta survie dans ces quartiers pourris. Les mafieux.

Malgré ton amnésie, tes crises d'épilepsie et autres sautes d'humeurs, la partie de ta cervelle dédiée à la médecine est toujours restée fonctionnelle. Tu t'es mise au service de ces sales types moyennant un traitement de choc à base d'opiacés, de calmants, d'antiépileptiques et d'autres psychorégulateurs. Tu es très vite devenue accro à tes pilules, te rendant un peu plus dépendante de tes mécènes criminels.

Septembre 2063 - Ton état mental s'est grandement amélioré, de nombreuses bribes de ta mémoire sont revenues, tu as retrouvé bon nombre de tes facultés originelles. Tu sais désormais qui tu es et pourquoi tu es là. Tu sais maintenant pourquoi tu as toujours retrouvé ton calme en admirant cette morsure cicatrisée sur ton avant-bras. Tu te souviens de tout ou presque. Mais ça ne veux pas dire que tu es capable de retourner à ta vie d'avant.

Devenue dépendante de tes médocs excessivement chers, tu as pris la décision de rester dans le Bronx à travailler sous le manteau. Tu as emprunté de l'argent à la mafia pour ouvrir ton propre cabinet médical clandestin, tu t'es endettée à un niveau presque cosmique. Tu soignes tout le monde et n'importe qui, à condition d'être grassement payée. Tu n'es techniquement pas habilitée à soigner des humains mais tu n'en as plus rien à foutre, hein.

Tu es d'ailleurs l'une des rares à pouvoir dépucer les hybrides sans tout arracher comme une barbare. Tu es une pro dans ton travail même si tu suis le plus bref chemin de ta propre autodestruction. Cigarette, alcool, médicaments sont tes vices habituels, tu ne te refuses plus rien. Tu n'as mentalement plus grand chose à voir avec cette bienveillante professeur que tu as incarné chez Unity. T'es plus qu'une fataliste avec un humour pourri.

Ta santé s'est stabilisée, mais pour combien de temps?
Ça sers à rien de le savoir. C'est juste bon à devenir complètement folle.
En attendant tu as des addictions à satisfaire et zéro moralité restante. Fuck it.