Aux premiers abords, Qiang-Sheng passe pour cette femme séduisante aux douces paroles et au sourire éblouissant. Charmante et grâce à sa confiance, elle parvient généralement à obtenir ce qu’elle souhaite avec quelques mots. Elle dégage cette aura de mystère alors qu’elle reste toujours très discrète en ce qui concerne sa vie privée. Elle n’est pas vraiment du genre à partager ses émotions, préférent opter pour ce masque de la gentille fille.

Pourtant, elle est loin de tout ça. Sarcastique avec une pointe d’égocentrisme, elle fait vite comprendre aux autres quand quelque chose lui déplaît. Elle est direct et ne passe pas par quatre chemins, elle n’a pas que ça à faire. Qiang-Sheng se montre très méfiante et n’accorde sa confiance qu’à peu de personne. Cette prudence constante la fait finalement douter des liens qu’elle entretient avec les autres et de ses propres capacités à former des relations. Ce qui la rend particulièrement jalouse, d’ailleurs, quand elle voit les autres bien mieux s’en sortir qu’elle.

Mais dans tout ça, elle a cette âme d’artiste. Créative et surtout passionnée, elle n’a jamais cessé de peindre. Elle y trouve un réconfort qu’elle n’a retrouvé chez personne d’autre. Un refuge dans lequel elle se plonge peut-être un peu trop pour son propre bien, cependant elle ne peut se résoudre à faire autrement pour le moment.

ADORE les chats + Bonne cuisinière + Gauchère + Obsession pour les bijoux en or + Aime attraper des insectes en cachette + Tea lover + Lit beaucoup + Parle coréen (discussions simples) + Fait un peu de poterie
Pour ses peintures, voir l’artiste Mariusz Lewandowski.

Chronologie:

Née à HangZhou en Chine, Qiang-Sheng est l’aînée de la famille Lóng. Promise à un avenir radieux, elle aurait pu suivre le chemin du prestige attendu par ses parents. Tout était prévu pour : une éducation stricte pour qu’elle soit prête à faire honneur à sa famille. Droite, polie, jolie, elle devait être parfaite. Alors pourquoi, lorsque son petit frère est né, il avait le droit à tout l’amour maternel qu’elle n’a jamais pu connaître ? Petit garçon fragile et souvent malade, il profitait de toute l’attention de leur mère tandis qu’elle devait se comporter comme une adulte et être responsable.

“Tu n’es plus une enfant. Tiens toi droite et ne nous fais pas honte.”

Pendant que son adelphe pouvait être tranquille dans sa chambre, elle devait apprendre les codes sociaux d’une famille de la haute. Elle qui rêvait d’obtenir la reconnaissance de ses parents ne recevait finalement que des reproches et des réflexions.

“Ne mange pas trop, tu vas grossir.”

“A ce rythme, tu ne seras pas bonne à marier.”

Qiang-Sheng n’a aucune envie de se marier, de toute façon, alors quel intérêt ? Mais elle n’a pas son mot à dire, non. Elle est l’enfant et les enfants doivent toujours écouter leurs parents car ils ont raison. Donc elle faisait de son mieux pour correspondre à leurs attentes, pour les rendre fiers. Surtout sa mère, puisque son père souvent absent ne prenait jamais la peine de les regarder. Mère, dont elle savait à présent capable d’offrir de l’amour.

Mais tout semblait vain puisque ses efforts n’étaient que ce qui était déjà attendu d’elle et donc en aucun cas une réussite. Au fil du temps, Qiang-Sheng a fini par abandonner cette idée de lui plaire même si au fond, peut-être qu’elle essaie encore.

C’est à ses quatorze ans qu’ils ont déménagé à New York. Ce serait pour une opportunité au travail de son père mais elle n’y croyait pas trop. Jeune mais loin d’être bête, elle avait déjà à plusieurs reprises fouillé les affaires de son paternel et même si elle ne comprenait pas la majorité de ce qu’elle y lisait, elle pouvait conclure qu’il faisait des choses qu’il préférait garder secrètes.

2050 à 2055 (15 à 20 ans)
L’adaptation avait été difficile. Il fallait parler anglais et Qiang-Sheng ne connaissait que quelques mots de base. Affligée par ses lacunes, sa mère lui avait obligé à prendre des cours particuliers et assez intensifs pour rattraper son retard jusqu’à ce qu’elle soit enfin assez à l’aise pour suivre correctement les cours. Un jeune homme, qui devait avoir à peu près son âge, s’était présenté. Étudiant au même lycée qu’elle, il l’avait beaucoup aidé et ils s’entendaient très bien. Ce qu’elle avait d’abord pris pour une corvée était devenu le moment de la journée qu’elle attendait avec impatience. Ce serait se mentir si elle disait ne pas le trouver mignon et elle avait toujours ces petits papillons dans le ventre lorsqu’ils passaient du temps ensemble. Il aimait l’art et lui en parlait souvent, il en prenait souvent pour référence pour ses cours. Une passion qu’il a fini par lui partager et lui donner envie de s’écarter du chemin qui lui avait déjà été écrit.

Mais un tel souhait lui était impossible. Lorsque Qiang-Sheng en avait parlé à ses parents, ce fut un refus instantané et les choses ne s’arrangeaient pas lorsqu’ils ont appris que cette idée venait de son professeur particulier, viré sur le champs. Et pour s’assurer qu’aucune autre distraction ne la ferait dévier, ils avaient décidé de la changer d’école où elle ne rencontrerait pas d’imbécile pour lui retourner l’esprit. Depuis, elle n’a jamais pu le revoir et ça lui avait brisé le coeur. Sans même avoir eu l’occasion de lui dire au revoir, elle devait accepter le fait qu’elle n’aura jamais le choix.

Cependant ça, Qiang-Sheng ne pouvait s’y résoudre. Plus elle était éloignée de son nouvel amour pour la peinture, plus elle en était attirée. C’était la seule chose qui la rattachait à des souvenirs heureux, un bonheur si difficile à atteindre et dont elle n’était pas prête à se détacher. Alors, après des semaines de négociation, elle avait réussi à obtenir son souhait : intégrer une école d’art. Mais pas sans condition. Elle devra se plier à l'exigence qu’elle a toujours rejeté : être mariée à un homme que ses parents auront choisi. Car la descendance est importante et car elle ne peut la perpétuer avec n’importe qui. En choisissant pour elle, ils pourraient trouver un parti qui leur serait avantageux.

2056 à 2059 (21 à 24 ans)
Ce choix d’études avait été la meilleure chose qu’elle avait pu faire. Réussites haut la main, elle s’était déjà rapprochée de contacts dans le secteur qui lui ont plus tard permis de prendre une bonne place dans le monde de l’art. Ses peintures, plutôt originales pour ce qui est habituellement vu, attiraient l’intérêt des connaisseurs et en quelques années, Qiang-Sheng Lóng est devenu un nom connu pour les amateurs d’art.

Régulièrement, elle sortait assister à des expositions, à des conférences ou des conventions, souvent invitée à y partager ses toiles. Cette période, elle considère que c’est la meilleure de sa vie. Plutôt éloignée de ses parents à ce moment-là, elle pouvait vivre de sa passion tout en étant reconnue pour les efforts qu’elle avait fourni.

Mais en 2059, ce qui devait être une soirée d'inauguration pour sa nouvelle série de peintures s’était transformée en véritable cauchemar. D’habitude peu inquiétée de sortir seule le soir, elle ne se rendait pas compte sur le coup du danger qui la guettait. Bien habillée, parfaitement maquillée et coiffée, elle se rendait à pieds à l’adresse de l’exposition, souhaitant profiter de l’air frais de cette soirée d’été. Sans le remarquer, une ombre s’était glissée derrière elle et tout se passa ensuite très vite. Une douleur vive causée par une lame sur son épaule, une vision d’horreur sur son agresseur à l’attrait animal et une peur terrible qu’elle n’avait encore jamais ressenti. Elle s’était débattue de toutes ses forces et ce sont finalement ses cris qui ont alerté des passants et fait fuir l’hybride. Qiang-Sheng ignore encore pourquoi il s’en était pris à elle et elle n’ose imaginer ce qui aurait pu lui arriver si personne n’était aux alentours à ce moment-là. Tout ce qu’elle retient, c’est que plus jamais elle n’osera sortir seule au coucher du soleil. Sans parler de la peur que les déviants lui procurent maintenant, ceux qu’elle faisait mine d’ignorer jusque là mais qui lui ont montré qu’elle avait tout intérêt à les craindre.

2060 à Aujourd’hui (25 à 28 ans)
Si la jeune femme savait que son père traînait déjà depuis longtemps dans des affaires louches, elle n’avait jamais mesuré l’ampleur de ce qu’il faisait réellement. Un simple investisseur aux paraîtres, il devait avoir bien plus de liens avec les organisations criminelles qu’elle n’aurait pu imaginer. Elle se souvient de ce jour, à une simple réunion de famille où il s’était mis à déblatérer des paroles sans aucun sens, terrifié à l’idée que la vie de toute la famille était en danger. Une paranoïa soudaine qu’elle n’avait pas comprise jusqu’à ce que tous soient conviés à un dîner un peu spécial.

“Comporte toi bien. Tiens toi droite et sois souriante. Tu dois faire bonne impression.”

Qiang-Sheng n’a aucune idée de comment elle avait été embarqué là-dedans. Elle se retrouvait à partager la table de la famille Zhang avec ses parents et son frère. Son père, malgré les apparences, lui semblait particulièrement nerveux. Il leur avait donné quelques vagues explications sur la raison de leur présence.

“Nous avons besoin de leurs faveurs et nous serons en sécurité si nous sommes en bon terme.”

Un simple repas qui devait juste conclure un accord commercial dont elle n’avait pas compris grand chose non plus. A vrai dire, tout ce qu’elle avait retenu, c’est qu’elle devait faire belle figure le temps que le contrat soit signé et ensuite, tout le monde n’aura plus rien à craindre de cette menace qui planait apparemment au-dessus de leur tête.

Cependant, la suite fut des plus inattendue. Les conversations étaient banales, fausses et ennuyantes jusqu’à ce que la mention du mariage soit évoquée. Elle s’était comme réveillée de sa transe quand l’attention s’était tournée vers elle. A vingt-cinq ans, elle était toujours célibataire sans l’ombre d’un homme à ses côtés, un comble que fit remarquer ses parents. Elle n’avait jamais eu l’envie de se marier, trouvant ça encore bien trop tôt pour elle mais dans ce milieu de prestige, elle n’avait pas son mot à dire.

Pauvre d’elle, persuadée que ses parents avaient oublié leur accord, ont accepté bien facilement de céder sa main au fils lui aussi présent à ce dîner. Un bel homme à l’allure soignée qui pourrait faire chavirer le coeur de plus d’une femme mais pour Qiang-Sheng, il lui semblait tout aussi faux que ce qui s’échangeait autour de la table.

“Quelle meilleure conclusion qu’un mariage pour réunir nos familles ?”

Parce que la descendance, c’est tout ce qui compte. Une condition ajoutée à la dernière minute qui a laissé la femme dans un tel choc qu’elle n’avait rien osé dire.

En quelques mois, elle se retrouve alors mariée à cet homme qu’elle venait juste de rencontrer et à vivre chez lui sans même qu’elle n’ait eu le temps de réaliser ce qui lui arrivait. Et ces changements n’avaient rien pour lui plaire, d’autant que ses soupçons envers son nouveau mari étaient bien fondés, de quoi laisser cette ambiance tendue à la maison avec laquelle elle a dû à présent apprendre à vivre.