A l’attention de :Monsieur Li ZhangLZ corporation
475 xxx street - Chinatown
New York City
Objet : Lettre de motivation
Bonjour Monsieur,
Je me permets de vous adresser ce courrier pour vous témoigner la volonté dont je fais preuve d’intégrer votre entreprise. Je pense, en toute sincérité dénuée de présomption, pouvoir apporter ce dont votre compagnie manque.
En effet, je crois savoir que vous manquez d’un comptable, or j’ai des compétences et des diplômes dans les domaines associés, comme vous l’avez sans doute déjà vu sur mon CV. En outre, je connais déjà les mécaniques nécessaires au fonctionnement efficace d’une entreprise comme la vôtre.
Proposant aussi mon profil pour le poste aux Ressources Humaines, je sais faire preuve de
fermeté lorsqu’il s’agit de
gérer une équipe.
Cependant que
tolérer les erreurs fait partie intégrante du travail, je me sais parfaitement capable de faire en sorte qu’elles ne soient pas fréquentes, et jamais ignorées. L’expérience m’a appris qu’un simple relâchement peut embrayer sur des problèmes bien plus importants et je saurai tout faire pour éviter que le cas se produise.
Mon
adaptabilité aux situations sociales me permet d’assumer pleinement les conséquences des actions de mon équipe tout en m’assurant qu’ils apprennent de leurs erreurs.
J’ai tendance à être
exigeant et à attendre beaucoup des gens avec qui je travaille, mais il découle de cette tendance
facilité à la pédagogie et une
patience efficaces.
Ainsi, Monsieur, je pense qu’il serait préférable que vous jugiez par vous-même de mes compétence lors d’un entretien physique.
________________________________________________________
Voilà ce qu’il a écrit pour trouver son stage obligatoire. Et il n’a pas menti. Par contre ce qu’il n’a pas dit, parce que ça n’a pas sa place dans une lettre de motivation. Quand on le croise en dehors du cadre professionnel légal, Lixin n’a plus cette allure de RH d’un groupe important, il revêt l’aura sombre du Bâton Rouge des Zhang. Il abandonne souvent sa veste noire et remonte ses manches, laissant alors une partie de ses tatouages visibles au monde.
Il apparaît alors souvent
antipathique. Les autres ne l’intéressent pas vraiment, ils sont tous plats et sans intérêt, se plaignant de situations malheureuses dont ils ne font aucun effort pour se sortir. Alors à quoi bon les aider ? Cela fait partie de son rôle : trouver des solutions. Dans l’intérêt de la famille, pas de celui de ces incapables qui l’entourent. Antipathique, oui, et
fier, oh oui, plus fier que la grande majorité des hommes. Il sait ce qu’il vaut, n’a pas peur de courber la tête devant un supérieur. Mais un supérieur en termes de capacités, d’actes et seulement avec preuves à l’appui. Ou par convention, mais c’est un autre sujet.
La renommée ou le nom ne l’intéresse pas et n’ont aucune valeur à ses yeux. Il sait le
pouvoir de la réputation et s’en sert comme bon lui semble pour agir sur ses subordonnés, mais elle a peu d’impact sur lui lorsqu’il se retrouve en position d’infériorité. Il sait avoir les compétences pour se sortir d’une mauvaise situation, que ce soit par l’intimidation, la persuasion ou les propositions matérielles… Il y a beaucoup d’étapes avant d’en arriver aux armes.
Lixin n’est pas particulièrement belliqueux.
Pacifiste est un mot bien trop fort, mais il évitera tout conflit armé : en plus d’être la solution de facilité, c’est celle qui a le plus de conséquences négatives dans tous les camps engagés. Donc bien loin de l’idéal d’un échange. Il a tout de même conscience qu’il existe une
violence nécessaire parfois, et il n’a pas peur de se salir les mains pour menacer ou mettre en garde, la plupart du temps des gangsters du bas de l’échelle qui n’ont pas encore compris qui contrôlait leur vie.
L’appartenance à la Triade, et particulièrement la famille Zhang a développé chez lui sa
loyauté. Que ce soit envers ses supérieurs directs et la cause mafieuse ou les membres de sa famille directe, son père, sa soeur ou sa femme, il n’abandonnera personne dans une situation délicate, que ce soit financièrement, socialement ou physiquement. Il sera prêt à agir et il gèrera les conséquences que son action aura sur sa vie plus tard si cette-dite action permet à l’autre de se sortir d’une mauvaise passe.
Un caractère récurrent chez les mafieux, c’est bien évidemment leur
amour de l’argent et des belles choses. Son appartement est luxueux, sa voiture est toujours parfaitement propre et vaut une petite fortune, ses vestes toujours parfaitement repassées, ses chemises d’un blanc éclatant. Sa femme est magnifique, sa vie doit avoir l’air parfaite. Il n’est d’ailleurs pas loin d’atteindre cette perfection dans son travail. Il ne supporte d’ailleurs pas le travail mal accompli. C’est un
bourreau de travail qui s’accorde peu de temps libre et ne comprend pas que ce ne soit pas le cas de tout le monde. Il ne sait d’ailleurs pas vraiment comment occuper son temps libre et finit la plupart du temps par faire les comptes de son foyer.
Son
moral est régi par son travail : une mauvaise journée le rendra infect et empli d’une
mauvaise foi qui ne semble jamais vraiment le quitter et le fait alors prononcer des choses qu’il ne pense peut-être même pas et pour lesquelles il aura un mal fou à s’excuser. Ses demandes de pardon se manifestent d’ailleurs souvent par des actes toujours maladroits qui finissent par l’énerver encore plus. Recourir à la violence physique est signe qu’il se sent complètement acculé ou que la situation est d’une urgence vitale, concernant sa propre vie ou celle d’un membre de sa famille, que ce soit sa famille proche : sa femme en prorité, ses parents et sa soeur ensuite, et les autres membres de la mafia enfin. La
violence psychologique fait plus partie de son quotidien et la plupart du temps, il ne se rend même pas compte à quel point ses paroles peuvent être blessantes, ce qui engendre des malentendus et des froids avec la majorité des gens qui comptent vraiment pour lui.
Le romantisme et la sensibilité, il les voit comme des comportements attribués aux femmes. Ils sont alors réduits au silence chez lui car considéré inférieur à ce qu’un homme doit être. Cette vérité est intégrée dans son petit crâne et il se rend à peine compte que considérer des caractères comme essentiellement féminins est un comportement
misogyne. Ayant grandi dans un environnement où les femmes ont deux fois plus d’efforts à faire pour prouver leur valeur que ce soit sur le plan familiale ou professionnel illégal, il n’a jamais eu de réelles raisons de remettre sa vision des choses en doute, et de toute façon, il préfère tourner ses réflexions vers des choses plus intéressantes que l’environnement domestique, là où doivent évoluer les femmes.
Pourtant lorsqu’il aime une femme, c’est avec tout son cœur, ce qui le rend particulièrement
susceptible, et
possessif bien qu’il ait toujours beaucoup de mal à accepter de se remettre en question lorsque son comportement est déplacé.
De tous ses camarades de classe, Lixin a toujours été le plus intelligent, quoi que ça puisse vouloir dire. Les mathématiques n’étaient pas un problème, ni d’ailleurs rien de scientifique. Il a d’ailleurs toujours été fasciné par la recherche par induction et déduction. C’est ce qui stimulait le plus son intellect, et ce qu’il a poursuivi dans ses études supérieures, à la recherche d’activités qui lui permettaient de ne pas s’ennuyer. Et si les notes roulaient comme sur des roulettes, sur le plan social, il ne s’en est jamais bien sorti, à l’époque trop prétentieux et intelligent pour l’école de quartier où il était. C’est donc sur cet aspect qui lui posait des difficultés qu’il a tourné presque toute son attention : trouver des mécanique pour comprendre le fonctionnement des autres, comment il pouvait les influencer, user de son nom ou de la présence de son frère aîné dans la même école pour faire plier les autres comme il le voulait et ainsi assouvir le complexe d’infériorité dont il n’est toujours pas totalement débarrassé aujourd’hui.
Enfin, pour briller en société et dans les fêtes mondaines auxquelles participent parfois les membres importants de la famille ou de l’entreprise de son père, Lixin doit apparaître
cultivé, et puisqu’il a
horreur de faire semblant, il développe activement sa culture générale et ses recherches ont fait naître une passion pour l’art. Principalement la sculpture, voilà ce qui constitue sa seconde activité personnelle (en dehors de faire ses comptes) : la poterie. Il la pratique à titre personnel, et autrefois fréquent. Aujourd’hui, il sort son tour de potier lorsqu’il a besoin de calmer ses pensées ou qu’il est dans un très bon état d’esprit.
- Chrono:
→ 2028 : Naissance
→ 2035 : Saut de classe 1
→ 2037 : Saut de classe 2
→ 2041 : Entrée au lycée à 13 ans : ça se passe mal, création de son gang.
→ 2042 : Redoublement de Cao, ils se retrouvent dans la même classe. Gangs prennent de l'importance
→ 2043 : Naissance de leur soeur
→ 2047 : Obtention de sa licence Eco + rejoint activement la famille Zhang
→ 2053 : Mort de Cao
→ 2057 : Accession au poste de Bâton rouge à l'issue d’un conflit important entre les Lin et les Zhang, duquel tout le monde est ressorti vivant grâce entre autres à sa force de persuasion et de diplomatie.
- Dossier scolaire:
2035 : Demande de saut de classe à l’initiative de l’enseignant. Statut : Accepté.
2037 : Demande de saut de classe à l'initiative de l’enseignant. Statut : Accepté.
2040 : Admis au lycée public (Commentaire du conseil de classe : élève qui s’ennuie en classe. Arrogance et insolence : comportement envers les adultes à surveiller.)
2043 : Baccalauréat Admis mention Très Bien | Spécialisation Sciences Economiques et sociales | Options Mathématiques
2043 : Admis en Licence Economie et Gestion à l’université
2047 : Licence Economie et Gestion : Mention Bien
[TW Violence, Mort]
11 ans - 2039 - Manhattan« Vous allez avoir une petite soeur !! »
Ils se demandaient justement pourquoi ils avaient été convoqués tous les deux dans le salon, face à leurs deux parents. Ça n'arrivait jamais. Leur mère n’a jamais eu un seul mot à dire quant à la gestion de la maison, ni de quoi que ce soit d’ailleurs. Elle, elle fait les enfants et la cuisine. Les hybrides s’occupent du ménage et du reste, de telle sorte qu’elle n’ait plus d’autre occupation que prendre soin d’elle et de son corps pour être belle et ne pas faire honte à la famille Zhang. Ils n’en savent pas beaucoup plus, eux, les enfants, embrigadés dans cette vision des choses qui leur paraît plutôt naturelle, au final. Mais ils comprennent pourquoi elle est là, ce soir, face à eux alors que le repas est loin d’être commencé.
« Ah, ok. » se contente de répondre Cao, aussi désabusé que l’ado qu’il est peut l’être. Lixin sourit un peu à la remarque et roule des yeux. « Bah ça va pas changer nos vies, hein.
-
Et sinon tu sais dire des trucs pertinents ? » rétorque le plus jeune en croisant les bras sur sa poitrine. «
C’est une bonne nouvelle, maman ! » Voilà la réponse qu’elle attendait et qui lui fera plaisir. Il l’a entendue tant de fois parler du bonheur qu’avoir une fille serait, et même si lui ne voit pas l’intérêt que cela apportera à la famille, il lui témoigne un peu de bonheur pour ne pas l’attrister. Parce que si elle est triste, elle pleure, et personne n’a envie qu’elle pleure.
13 ans - 2041 - Chinatown«
Je veux ça. » C’est tout ce qu’il a dit en entrant dans la boutique, de sa petite voix de collégien.
« Pardon ? » répond l’homme en marcel noir, laissant apparaitre ses bras aussi larges que les cuisses d’un taureau. Le jeune soupire bruyamment, déjà las.
«
Ca, là… » Il secoue la feuille de papier qu’il tient à hauteur de son visage. “
Je le veux.” Un coup d’oeil dans la boutique lui apprend qu’ils sont seuls. “
Maintenant.” C’est un peu enfantin, comme ton. Probablement qu’il ne laissera pas un mineur faire régner sa loi dans son magasin, mais Lixin a quelques arguments convaincants qu’il garde au chaud derrière son sourire innocent.
- T’as quel âge mon bonhomme ? » Le Zhang vient promptement s’installer sur la fauteuil rouge destiné aux clients du salon, suivi par le maître des lieux qui n’en revient pas.
Après un énième soupir, Lixin tourne la tête vers l’homme pour l’informer. «
Bambou Rougi, vrai nom : Steven Wilford. Possède son salon de tatouage, fait payer moitié moins les membres de la famille Zhang, puisque ce sont eux qui permettent au petit auto-entrepreneur de sortir la tête de l’eau, et ça tombe bien, moi c’est Lixin Zhang. Alors je veux ça, j’ose espérer que c’est dans tes capacités ? »
- T’es sûr de toi ? » L’homme déclenche un soupir de lassitude chez son client. Pourquoi il croit qu’il est là, en fait ? Et ça c’est un gangster depuis plus de dix ans ? Le voilà déçu. Le prépubère se contente de hocher la tête doucement en levant un sourcil dédaigneux. Oui, il est sûr. Le bras qui tient ses cheveux vers l’avant remue pour inciter le professionnel à agir. “Ok alors c’est parti.” Le bruit de l’aiguille électrique résonne aigü dans la pièce et Lixin regarde avec admiration l’artiste l’imprégner d’encre.
- C’est toi qu’a dessiné ?
-
Non. » C’est pas un artiste, lui. Tout ce qu’il veut, c’est que les autres arrêtent de le traiter de gamin parce qu’il a deux ans de moins que tout le monde et qu’il a pas encore mué. Le tatouage, c’était la meilleure manière de faire comprendre au lycée entier qu’il faut pas le chercher. Aussi, comme ça, il aura son premier tatouage avant son frère, et ça, ça le met considérablement en valeur par rapport à lui. Et s’il est en valeur par rapport à son frère, ça veut dire que son gang à lui est supérieur à celui de Cao. Et c’est exactement ce qu’il doit prouver à leur école entière. Cao est moins important que lui.
15 ans - 2043 - Manhattan« C’est votre petite sœur. Maintenant qu’elle commence à être grande, elle va faire des bêtises. Il va falloir que vous la protégiez quoi qu’il arrive, d’accord ? La famille Zhang prend soin de ses membres. Alors tout comme vous devez faire attention l’un à l’autre… Elle aussi vous devez la protéger avec toute votre force. La famille d’abord. » Et puisque c’est une fille, il faut y faire d’autant plus attention, c’est tout naturel : elle est plus faible, plus fragile et plus émotive, c’est ce que sous-entend son père et que Lixin saisit, à la différence de Cao qui se contente de tourner les talons. « Je compte sur toi, Lixin. » soupire finalement le père de famille, et alors Lixin sait qu’il est favorisé. Son père lui fait confiance, à lui et pas à Cao, pourtant son aîné. Alors il faut qu’il fasse tout pour garder cet avantage et prouver à son père qu’il peut lui donner plus de responsabilités.
«
Tu peux compter sur moi. »
17 ans - 2045 - Chinatown“
Tu crois sincèrement que c’est la solution, de se foutre sur la tronche ? On a d’autres choses à faire bordel et puis… on a passé l’âge, à la fin !- Lixin, tu me prends pour qui en fait. Tes gars me volent du territoire et tu crois que je vais pas réagir ? T’es trop gentil pour intégrer le gang, il va falloir que tu t’endurcisses, papa n'a pas arrêté de te le dire !
-
C’est pas parce que j’essaie d’éviter les conflits physiques que j’en ai peur, Cao !! J’ai un cerveau je m’en sers, c’est tout ! Je pensais juste que c’était quelque chose d’inné, de savoir l’utiliser, mais quand je te vois je doute, bizarrement !!”
C’est parfaitement puéril. Ça n'a aucun intérêt. Ils auraient pu régler ça tranquillement, ne pas avoir besoin de se retrouver sur un parking désaffecté pour se tabasser avec des barres en métal. Mais Cao insiste, parce que Cao ne sait pas réfléchir et que pour lui, tout ne peut se régler que par la force des bras et des armes. Puéril.
Alors Lixin regarde son petit gang composé d’étudiants et de délinquants. C’est ridicule, ils se prennent tous pour des gangsters, mais aucun d’entre eux ne sait réellement ce que ça signifie, de partir en guerre de gang. Peut-être qu’ils rejoindront vraiment les Zhang un jour ou l’autre, et alors il aura gagné de l’importance dans sa famille. Mais pour l’instant, puisque son frère n’écoute rien et qu’il n’y a pas d’autre solution, il faut y aller. Il attrape la barre de fer que son second lui tend et se tourne de nouveau vers son frère, à l’opposé du parking.
-
Quoi, t’as peur maintenant ? Me fais pas rire, Cao, c’est toi qu’as voulu ça, maintenant assume est viens par là, baltringue !Ce sont les sirènes résonnantes qui arrêtent les combats ; les cris stridents des guetteurs qui reviennent en courant. Alors tout le monde fuit, aux côtés de ceux qu’ils tabassaient quelques secondes plus tôt. Certains restent au sol, trop amochés pour se lever et personne ne s’arrête pour les ramasser. Les deux frères échangent à peine un regard avant de se séparer. Ils se retrouveront à la maison, de toute façon. C’est pour ça que cette guerre est idiote.
Enfin là, il court, Lixin, et garde bien son arme en main pour ne pas laisser ses empreintes digitales sur le lieu des affrontements. Personne ne doit pouvoir remonter jusqu’à lui, ou son avenir familial sera teinté d’échec.
« Vous avez QUOI ? » Ca, c’est l’expression faciale d’un père en colère. Une expression qu’en général on évite de provoquer, quand on est fils d’un Zhang. Mais puisque l'aîné de la famille est un débile profond, c’est beaucoup plus dur de l’éviter.
« Qu’est-ce que tu voulais que je dise ?? Que je m’écrase ? » En parlant du loup… Quand on s’ennuie, il suffit de le regarder se foutre dans la merde tout seul, c’est passionnant. Lixin s’écarte un peu de son frère, pour signifier qu’ils ne sont pas dans le même bateau.
« Que tu agisses comme un adulte, Cao Zhang ! Un ADULTE ! » Lixin regarde le responsable de l’hémorragie qui colore presque toute sa joue, dédaigneux au possible. S’il l’admirait pendant leur enfance, maintenant il comprend avec précision que son frère ne mérite pas même la plus maigre des attentions. Il n’a qu’à être meilleur. « Et toi aussi ! » Ah.
Son père se tourne vers le cadet, et Lixin empêche un tressaillement de faire faiblir son impassibilité. «
J’AI cherché une solution ! Je lui ai proposé des accords, j’ai forcé les concernés à présenter des excuses, j’ai proposé de rendre une partie du territoire… Je crois avoir tout fait pour éviter l’affrontement, père. » Evidemment, c’était pas suffisant, puisque Cao est un débile. “Mais qui met un débile en chef de gang aussi…
-
T’as dit quoi là ??- SILENCE ! Cao j’en ai assez de tes conneries, à partir de demain tu viens travailler avec moi, il faut que quelqu’un t’apprenne ce que c’est vraiment, la vie. Et ne proteste pas. Lixin tu termines tes études, si je réentend parler d’une quelconque guerre ou conflit à cause d’un de tes hommes qui fait de la merde…” Oh il n’a pas besoin de terminer sa phrase, honnêtement. L’adolescent se courbe poliment pour signifier son respect de la hiérarchie et monte se réfugier dans sa chambre. Ce n’est pas la fin de son gang, bien sûr que non : c’est le début de la diplomatie.
19 ans - 2047 - Chinatown«
T’as fait de la merde. » C’était supposé être une question, mais le jeune homme sait qu’il a raison. «
Je t’avais dit de faire attention. Que ça mettrait le gang en péril. Tu connaissais les risques. Et qu’est-ce que tu as fait ? » Chacune de ses phrases est ponctuée d’un pas vers l’idiot face à lui.
« Lixin je t’en prie… je suis désolé…
-
J’ai essayé de te prévenir, Tao. Maintenant tu sais ce qui t’attend.- Non non, attends !
-
Tu ne fais que gagner du temps. » Le Zhang secoue la tête dans une désolation affichée. L’un de ses hommes qui commet une erreur aussi grosse qu’une montagne… «
Tu es allé trop loin. Jusqu’à ignorer ma convocation. » C’est son petit rire désabusé qui fend l’atmosphère tendue. «
Tu me déçois, tu sais.- Je peux me racheter ! Je suis désolé !!!
-
Oui, tu peux. » Ils savent tous les deux ce que cette approbation signifie, alors Lixin marche tranquillement vers le traître, jusqu’à ce que ce soit l’autre qui tente de reculer. Et c’est ce moment que choisit le chargé de la paix pour faire signe à l’homme qui le suit. Malgré ses quelques kilos de muscles en trop, il avance bien vite et maîtrise l’incompétent contre le capot d’une voiture garée sur le côté de la route. «
Et tu sais ce dont j’ai besoin pour pouvoir accepter tes excuses.- Oui, vas-y, je suis désolé, pitié me tue pas… » Tao tend son bras, aplatit sa main tremblante sur la carrosserie de la voiture, acceptant pleinement son châtiment. Lixin dégaine le poignard militaire qu’il garde à la ceinture et s’approche toujours lentement, jusqu’à placer sa propre main sur le poignet docile de l’homme.
«
Regarde, Tao. » Sa voix résonne particulièrement douce alors qu’il tourne la tête de son subordonné vers la lame délicatement posée sur le dos de sa main. «
Tu sais pourquoi je fais ça. » Ca ne lui fait pas plaisir. D’une manière générale, la violence lui est toujours apparue comme la solution de facilité. Gérer un conflit par les armes est bien moins exigeant que n’importe quelle autre manière de gagner, que ce soit par échange commercial, par intimidation ou persuasion… La violence est toujours le dernier recours, lorsqu’on n’arrive pas à s’en sortir de manière intelligente.
« O-oui, je sais… Pardon… »
Pourtant il est des hommes avec qui discuter ne marche pas. Cet homme devant lui ne tremble pas de peur, car cette douleur, il la connaît déjà. Il tremble d’appréhension. Cette appréhension que Lixin s’acharne à créer et faire durer. On dit qu’appréhender une douleur qui arrive, c’est souffrir deux fois. Alors il regarde son homme, cette expression crispée alors que l’arme se relève jusqu’à ce que la pointe se coince dans la jointure de ses os à la base de son auriculaire. «
Montre sa deuxième main... » Le molosse s’écarte sans lâcher prise pour obtempérer et désigner la main qu’il tient en clef de bras. «
Tao, c’est déjà la deuxième fois. » Son ton est réprobateur, imitant celui d’une mère aimant réprimandant son enfant d’un comportement inapproprié. «
Tu sais bien, qu’on ne va pas au-delà de deux, mh ? »
Lixin lui sourit, de ce faux sourire condescendant que son entourage ne connaît que trop bien, jusqu’à ce que le plus vieux ouvre la bouche pour répondre. C’est là qu’il exerce une pression sur son arme, tranchant net le petit doigt d’un bon à rien qui hurle à peine, recroquevillant son bras lorsqu'enfin les autres s’écartent de lui. «
J’espère qu’on ne se recroisera pas, Kang Tao. » Il tourne simplement les talons, Lixin, et retourne d’où il est venu, suivi de son homme de main. «
Jusqu’ici tes erreurs ont été pardonnées. Je serai moins indulgent à la prochaine. »
25 ans - 2053 - ChinatownQuatre appels manqués de son père. Une dizaine de sa mère. Trois messages vocaux de sa sœur, la voix totalement paniquée : «
Il faut que tu viennes tout de suite… S’il te plaît, Li… » Alors il ne lui en a pas fallu plus pour abandonner toute activité, sauter dans sa voiture et foncer jusqu’à la maison familiale. Sa sœur l’attendait là. L’urgence que criaient les appels et le message vocal l’angoisse mais il ne montre rien en passant la porte de la maison comme une furie. La jeune fille se précipite alors sur lui et le serre dans ses bras, plus fort qu’elle ne l’a jamais fait. Ils n’ont jamais été vraiment proches, tous les deux. Assez pour qu’elle se sente en sécurité près de lui, pour qu’il accepte qu’elle vienne dans sa chambre quand il y est et monte sur ses genoux sur le canapé. Pas assez pour se parler des problèmes de coeur et tout ce genre de choses qu’on peut voir entre des frères et sœurs fusionnels. Il est son grand frère, celui qui sera toujours là pour la protéger et s’assurer qu’elle peut vivre sa vie sans accroc.
« Li… » Elle fond en larme dans ses bras, cette petite fille d’une dizaine d’années… Elle ne devrait pas pleurer, elle est toujours si souriante et sûre d’elle… À genoux devant elle, il lui rend son étreinte et attend qu’elle se calme pour la questionner. Qu’est-ce qu’il se passe ? Où sont les autres ? « A l’hôpital… » réussit-elle à dire entre deux sanglots, ses grands yeux sombres remplis de larmes inconsolables. « C’est Cao… »
Alors il l’embarque sans ménagement, ne se préoccupe plus de la porte d’entrée qu’un hybride viendra de toute manière refermer, l’installe dans sa voiture et fonce jusqu’à l’hôpital appartenant au groupe Zhang. Il se précipite jusqu’à la chambre indiquée par la plus jeune qu’il tient dans ses bras, jusqu’à apercevoir ses deux parents au fond du couloir. Son père fulmine en regardant par la fenêtre, ses mains bien trop serrées autour d’une rambarde d’aide alors que la femme sanglote, assise sur une chaise à côté de lui.
Le jeune homme sent sa gorge se serrer. Il ne s’est jamais entendu avec son frère. Jamais comme deux frères l’auraient dû. Mais ils s’aiment, Lixin en est persuadé. Si ce n’était pas le cas, il ne serait pas envahi d’une panique incontrôlable qui envoie des vagues de détresse à travers ses muscles crispés autour de la fillette qui pleure toujours dans ses bras, lui murmurant ses craintes sur l’état de santé de leur aîné.
«
Père. » salue-t-il poliment son géniteur avant de s’asseoir près de sa mère pour l’enlacer à son tour, lui accorder un peu de soutien alors qu’elle semble être plus mal encore qu’il l’avait imaginé. Le chef de famille s’éclipse en silence, laissant Lixin en charge des femmes de la famille. Ce comportement ne plait pas au jeune homme, mais il n’a de toute façon pas son mot à dire ; et encore moins dans un moment comme celui-ci.
« Monsieur Zhang ?
-
Oui. » Il se lève et salue poliment le médecin qui s’avance vers eux. Ses mains sont toutes deux occupées par celles de sa mère et de sa sœur, qu’il serre aussi fort qu’elles. « Alors, est-ce que Cao… »
va s’en sortir. ne parvient-il pas à dire, sa voix transportant trop d’émotion pour aller jusqu’au bout de sa pensée. Le médecin regrette ; secoue la tête. Ils ont tout fait pour le sauver, mais son cas était trop grave. En tout cas c’est ce que le médecin dit avant de s’excuser encore et de disparaître de l’autre côté d’une porte.
La femme à sa gauche lâche sa main et fond de nouveau en larmes, et malgré toute la colère qui fait maintenant surface dans les yeux de son fils, il la console et racompagne sa famille chez eux, s’assure qu’elles seront bien assistées par les hybrides de maison et rejoint son père, quelque part à Chinatown.
Sur place, le gang est déjà en position. Il ne manquait plus que lui, et on le regarde, l’air grave. L’heure n’est pourtant pas au deuil, et les lueurs scintillantes des lames tenues par les hommes face à lui en témoignent. Les bâtards qui s’en sont pris à Cao sont dans le bâtiment en face. Et aucun d’entre eux n’en sortira. Il s’en fait la promesse. La violence ne règle pas tout, mais cette fois ils sont tous allés trop loin. Ce conflit va trop loin. Diviser une branche de la triade en deux aurait pu se faire de manière pacifique. Mais ils ont décidé de tuer. Le plus lâchement possible, qui plus est. Alors ils doivent payer ; ne méritent plus d’être associés, même de loin, au nom de Zhang. Il faut les anéantir, en faire un exemple.
Voilà ce qu’il a en tête alors que la masse des combattants rassemblés se jette sur les portes principales alors que les plus agiles contournent et passent par les toits. Les civils sont rapidement évacués des deux salles pour qu’il ne reste plus que les mafieux se regardant dans le blancs des yeux, jusqu’à ce que le premier cocktail molotov soit jeté à travers une fenêtre.
Aucun des Lin n’est en effet sorti du bâtiment. Quelques-uns des leurs aussi, mais ils avaient accepté leur sort en entrant. « Lixin ? » Le jeune homme tourne la tête, à bout de souffle, recouvert de sang. « Lixin tu es là. » Rare preuve d’affection d’un père à son fils : ils s’enlacent, l’enfant pleure. Autant de la mort de son frère que de celles qu’il a provoquées, directement et indirectement. Le parent pleure sans s’en rendre compte, ne laissant personne ni voir ni entendre.
«
Je suis désolé. » Pourtant il n’aurait rien pu faire. Pourtant il n’y avait rien à faire. Mais il a le sentiment d’avoir échoué, et il déteste ça. Le sentiment qu’il aurait dû être au courant de ce qu’il allait se passer, qu’il aurait dû anticiper, le sentir venir et agir en conséquences. Alors il se jure que rien de ce genre ne se reproduira. Qu’il fera tout pour atteindre une position qui garantira la sécurité de sa famille en toute circonstances.
29 ans - 2057 - Chinatown«
… Le Bâton Rouge, Lixin Zhang. » Première étape de l’accomplissement de cette promesse. Chargé de la paix intérieure et extérieure de la triade, branche Zhang. Si l’incident d’extrème violence suivant la mort de son frère avait joué en sa défaveur, après avoir géré une grande partie des conflits entre les Zhang et les Lin, par la voix et à grand coup de promesses et de coups de pression bien sentis, il a réussi à s’attirer les faveurs de ses supérieurs directs, s’élevant alors de simple gangster au couteau qui se contente de récupérer dettes impayées chez les pauvres gens à Responsable de la paix, en passant par une activité constante dans le trafic d’hybrides effectué par son père par le biais de cette chaîne d’hôtels qui lui octroie plusieurs points de stockage de marchandises comme points relais entre BTD, MDA, et Marché noir, au plus offrant. Après de longues années à oeuvrer le plus pacifiquement qu’il le peut pour faire régner un climat tempéré au sein de leur famille… Il y est enfin arrivé.
Ayant donc la liberté de créer son propre groupe chargé de la paix, déjà constitué de quelques membres, il est aujourd’hui une tête importante de la famille. Ce rôle, il le prend très à coeur et devient rapidement le centre de sa vie. Ces journées à travailler en tant que RH pour la partie légale du commerce de son père ne semblent au final qu’être un hobby. Le temps qu’il passe à la conception de son équipe et à la gestion de conflits, de trèves et de pactes entre particuliers et les Zhang constituent l’essentiel de ses années.
32 ans - 2060 - Manhattan32 ans, célibataire. Ça commence à inquiéter ses parents qui finissent par craindre que leur lignée s’arrête à leur génération. Il reste évidemment la petite derrière Lixin, mais il vaudrait mieux que ce soit un homme qui engendre, pour perpétuer le nom de Zhang aux générations futures et assurer un train de vie confortable au sein de la triade. Mais Lixin est réticent, il n’a pas le temps de s’occuper d’une femme, d’un couple… Alors il repousse le moment où il devra bien s’en occuper. Jusqu’à ce qu’on demande sa présence à un repas d'affaires important déguisé en rencontre amicale pour créer des liens entre deux familles.
Tout s’y passe à merveille et comme à l’accoutumée. À ceci près que ses yeux sont inlassablement attirés par l’aînée de la famille, une certaine Qiang-Sheng. La conversation que les deux pères de famille entretiennent est passionnante : échanges de services de protection, dont Lixin aura évidemment la charge, contre apports financiers considérables. Auquel s’ajoute un mariage. Le principal concerné n’est pas contre du tout. La jeune femme à qui on le promet est magnifique, et s’ils n’ont pas fait connaissance ni échangé d’autres mots que leurs salutations respectives, il n’a aucune objection. Elle est élégante, gracieuse, discrète, amatrice d’art…
Il n’y avait aucune raison que ça se passe aussi mal.
Pourtant sa situation familiale est on ne peut plus désastreuse, alors il se félicite de ne pas la placer au centre de ses préoccupations, laissant ses activités lucratives lui occuper l’esprit lorsque son mariage coule au plus profond de l’océan pacifique… Atlantique plutôt, parler de paix dans leur cas est un peu présomptueux…