Espèce d’enflure. Combien de fois as-tu entendu cette insulte soufflée dans ton dos, alors que tu t’éloignais ? Bien trop de fois. Assez pour que tu ne prennes plus la peine de reprendre les gens, en réalité. Tu pourrais, mais pourquoi corriger une réalité plus que criante ? C’est fatigant, et inutile. Tous ces gens ont raison : tu n’es ni sympa, ni doux, ni compréhensif. Le monde se porterait sans doute bien mieux sans toi mais eh… on peut pas toujours avoir ce qu’on veut. Et tu ne comptes clairement pas t’effacer.

Justement, t’aimes prendre de la place. Qu’on te regarde, qu’on t’admire, qu’on t’adule. T’aimes quand on se retourne sur ton passage, quand les gens perdent leurs moyens quand tu daignes poser tes yeux sur eux. T’es hautain et supérieur, juste ce qu’il faut pour captiver les foules. Tu as ce côté inaccessible qui agace autant qu’il fascine. On a envie d’être près de toi, et en même temps on n’ose pas t’approcher. Ça t’arrange quelque part, ça maintient à distance la plèbe. Et lorsque tu décides de laisser quelqu’un s’approcher, il ne peut s’en sentir que plus flatté encore. Il a réussi à piquer ta curiosité, quel miracle.

Est-ce qu’on a envie de creuser, lorsqu’on fait ta connaissance ? Certaines personnes s’y risquent, espérant secrètement que tu ne sois pas si pourri que ce que tu laisses paraître. C’est le cas oui, mais il faut surtout beaucoup de patience. Et pour ça, il faut aussi que tu acceptes de céder du terrain, ce que tu ne fais presque jamais. Assez pour que tu baisses légèrement ta garde. Que tu laisses ce connard prétentieux et colérique s’effacer l’espace de quelques instants, juste pour souffler.
Autour de toi, peu de personnes peuvent prétendre te connaître réellement. Pourtant, tu n’es pas particulièrement secret. Tu es simplement du genre à t’ouvrir au compte goutte, quand tu juges que la situation le mérite.

Tu es le genre de créature à se lasser très vite. Comme un enfant qui brise ses jouets et en réclame un autre, tu prends et tu jettes quand ça ne t’intéresse plus. Tu ne t’entoures pas de gens qui ne peuvent pas te servir, chacun est bon à quelque chose, sinon ils peuvent rester loin de toi.
Tu es ce soleil qui illumine la vie des gens que tu aimes, mais qui peut disparaître aussi vite. Tu donnes, mais tu reprends surtout sans prévenir. Un jour blanc, le lendemain noir. Difficile de savoir sur quel pied danser avec toi. Et souvent, les gens cherchent une explication logique, quelque chose qu’ils auraient pu faire alors que la réponse est souvent extrêmement simple : tu fais ce que tu veux, comme tu le veux.

Depuis enfant, tu n’as jamais manqué de rien. Tu as surtout toujours regardé les gens de haut. Pour toi, les gens n’ont que ce qu’ils méritent. Ironique, quand on se dit que tout ce que tu as obtenu n’est que le fruit de la réussite de ta famille. Tu n’as rien fait, tout a toujours été prémâché pour toi. Ça ne t’empêchera pourtant jamais de clamer haut et fort que tu mérites ta place.

L’amour n’est pas quelque chose que tu affectionnes particulièrement. Tu es joueur et tu restes humain. Tu as besoin d’affection autant que de te sentir aimé. Malgré tout, tu n’as pas de temps à perdre avec quelque chose d’aussi inutile. Jamais personne n’a réussi jusque-là à se faire une place au creux de ton cœur. Ce ne sont pas les candidats qui ont manqué bien loin de là mais… Il en faut, pour que tu t’accroches.
Il faudrait quelqu’un avec les reins solides. Parce que même si tu ne te laisses que peu approcher… tu sais très bien ce que tu aimerais. L’autre vivrait sans aucun doute l’enfer. Tu es exigeant, jaloux et possessif. Tu veux être mis sur un piédestal, que l’autre n'ait d’yeux que pour toi. Tu veux être son monde, que son univers entier ne se résume qu’à ton sourire, à ton regard. Tu veux être la première chose qu’il voit à son réveil, la dernière sur laquelle son regard se ferme le soir. Tu veux que ça marche comme tu le décides. Et si ça ne fonctionne pas… Tu es un excellent tireur.

Il n’y aura pas dans cette histoire de gamin pauvre qui se bat pour sa survie, qui tente de se faire une place dans ce monde du mieux qu’il le peut et qui souffre jour après jour. Non toi, tu es l’archétype même de mec énervant qui a toujours tout eu, tout réussi, tout gagné. Tu es de ceux qu’on idolâtre, qu’on regarde de loin car leur lumière est trop éblouissante. Tu le sais, tu en joues. Ça t’amuse, de voir les gens se retourner sur ton passage. Ça te plaît, ces murmures dans ton dos. Tu as grandi avec, et ils n’ont fait que se multiplier avec l’âge. Tout le monde le sait : plus on en a, plus on en veut.

Tu es le fils d’un commandant de la BTD, et d’une actrice. Dans la famille, tous les hommes ont travaillé pour Chroma, et ton avenir était déjà tout tracé. Tu aurais pu te rebeller, rêver d’autre chose peut-être ? Mais quand on regarde l’éducation qu’on t’a donné… Pourquoi faire autre chose ? Entrer dans l’industrie du cinéma, comme ta mère ? Tu aurais pu c’est vrai, depuis petit garçon, ton physique a toujours attiré l’œil. Mais tu as préféré laisser ça à ta grande-sœur, pour suivre les traces de ton père.

L’école, c’est à la maison qu’on te l’a fait. Car dans la famille, on ne se mélange pas. Hors de question que tu fréquentes des gens qui pourraient ne pas être de la même classe que toi. Tu as rencontré du monde oui, lorsque tes parents te traînaient avec eux lors de banquets interminables. Tu finissais toujours avec tous ces gosses de riches, à fumer planqué dans la cour arrière en sifflant les fonds de bouteilles. Chacun vit son adolescence à sa sauce. La tienne était entachée de vices, c’est ainsi. Est-ce que quelqu’un te l’aurait reproché ? Jamais, tu étais trop parfait pour ça.

Quand tu as eu l’âge requis, tu entras en cours préparatoire pour rejoindre la BTD. Tout de suite, les choses devinrent bien moins drôles. Même si tu n’étais pas n’importe qui, on te traita comme tel. Peut-être même que ce fut pire car tu étais le fils d’un des commandants. Pour la première fois de ta vie, tu te faisais bousculer. Pour la première fois de ta vie, on te remettait à ta place. Oh tu pouvais bien grogner, les coups que tu te prenais derrière te remettaient dans le rang. Et pas une seule fois, ton père n’a pris ta défense. C’est comme ça qu’on apprend, il paraît.
Alors tu as ravalé ta fierté, et tu as encaissé. Mais tu apprenais. Toi aussi, un jour, tu ferais partie de ces instructeurs. Toi aussi un jour, tu remettrais des gamins à leurs places en leur marchant sur la gueule avec plaisir. Mais pour l’instant, tu devais juste… apprendre et te taire.

Par chance, tu n’étais pas seul pour traverser tout ça. Tu avais fait connaissance avec un jeune homme de la même promotion que toi. Insupportable d’ailleurs, vraiment du genre à foutre le bordel partout autour de lui, et à ne pas comprendre quand il devait se taire. Là où toi, tu tentais de rentrer dans le rang pour ne pas t’en prendre plus encore par les instructeurs, lui n’en faisait qu’à sa tête. C’était drôle parfois, mais souvent, t’avais envie de le tuer.
Et pourtant, le temps à fait son œuvre. Il a souvent été là pour te relever, quand toi tu avais juste envie de prendre tes affaires, et de te barrer purement et simplement. Déjà parce que ta famille ne te laisserait jamais faire et surtout, parce que finalement, tu n’avais pas envie de le laisser derrière toi.
Alors peu à peu, votre amitié s’est renforcée. Et tu as fini par y voir une forme de compétition, étrangement saine malgré tout. Il te poussait à donner le meilleur de toi-même, à te dépasser. Et surtout, il était le premier à t’accepter pour ce que tu étais, comme tu étais. À ne pas vouloir te faire changer. À te dire que tu avais le droit d’être tout pété, on l’est tous un peu finalement.

Le diplôme n’a pas été si dur à obtenir. Rien d’étonnant quand on bosse sérieusement, et c’était bien la première fois que tu ne faisais pas usage de ton nom ou de tes relations pour faire pression sur les autres. Papa avait été clair : si tu réussissais, ça serait par tes propres moyens.
Pour te récompenser de tes efforts accomplis, il t’offrit un hybride. Un être qui obéirait au doigt et à l’œil, et qui serait ton partenaire dans toutes tes missions. Même si tu savais pertinemment que tu n’avais d’autres choix que de travailler en binôme dans ton boulot… Ta tolérance pour les hybrides était proche de zéro. À tes yeux, ils ne sont pas humains non, ce ne sont que des animaux. Là pour obéir au moindre désir de leurs maîtres effectivement, mais certainement pas pour vivre en liberté et faire ce que bon leur semble. C’est donc sans surprise que tu fus un maître strict, sévère. Ayden a passé plus d’un moment désagréable en ta présence, sans jamais plier. C’était le plus fascinant à tes yeux. Tu pensais sincèrement que tu l’aurais à l’usure, assez pour pouvoir chanter fièrement à ton père qu’aucun hybride n’était fait pour toi. Pour que tu puisses rester seul, et ne pas t’encombrer.
Ça, c’est que tu croyais. Car finalement, tu t’es attaché à lui, plus que de raison. Peu à peu, l’hybride s’est creusé un chemin jusqu’à ton cœur. Sans jamais dépasser cette relation de maître à hybride, tu faisais attention à lui constamment. Tu le gardais à l’œil en mission et n’hésitais pas à abattre quiconque tentait de s’approcher de lui pour le blesser. Étrangement attentif à son bien-être, bien que tu ne l’avoues jamais à voix haute, Ayden compte énormément pour toi aujourd’hui. C’est d’ailleurs bien pour cette raison que tu as tendance à le maintenir à distance de ta vie. Parce qu’un hybride reste un hybride. Parce que vous n’êtes pas du même monde.

Enfin, la situation est ce qu’elle est aujourd’hui. Chasseur hors pair, respecté par ton équipe, un tableau de chasse hors du commun… Tu es le genre de connard à libérer volontairement des hybrides pour le plaisir de les traquer et de les abattre pour passer le temps. Tu n’as rien d’un enfant de cœur, et il serait bon de rappeler qu’il ne vaut mieux pas d’avoir à dos. Car peu de gens survivent à ta haine.