Vincent est doux, bon, gentil, souriant, aimable, s'emporte pour protéger ses sœurs. Un sister-complex dit-on. Vous aimez ça sale humain ? M'obliger à jouer le pantin, à faire ce que bon vous semble. Si je fais ce que je fais, ce n'est pas par plaisir, si je joue le rôle que vous me donnez, c'est bien pour vous duper, vous les humains qui aiment tant qu'on vous caresse dans le sens du poil ! ... Moi aussi, mais littéralement, me comparer pas à vous. Néanmoins, je dois vous remercier, dans votre stupidité, il y a du bon, vous m'avez appris des choses. Notamment vous distraire avec mon jeu d'acteur, je mens souvent et je sais faire le magicien pour vos beaux yeux.
Pour mes sœurs je ferais tout, même vous étranglez dans votre sommeil. N'attendez pas de pitié de ma part, vous avez suffisamment abusé de ma liberté pour que je ne vous crache aux visages. Mais vous avez de la chance... Je ne suis pas stupide et je sais que les lois seraient contre moi, donc j'évite de me rebeller... En face de vous. Les coups en douce, sournois, ça me connaît, je bastonnerais bien de front, mais encore une fois la loi étant à votre avantage, autant que vous ne sachiez pas qui viens de vous mettre à terre.
Si cela ne vous semble pas assez clair, je suis un félin fier de qui je suis, prêt à me battre pour mon statut et qui ne se laissera pas écraser sous de sombres prétextes de supériorités... Qui me semble encore plus stupide en sachant que notre ADN est le meilleur. Nous avons plus de capacités que vous pauvres humains, n'avez pas développé, au point d'avoir un fossé entre nous. La seule chose que vous gardez, ce sont vos secrets, votre culture pour vous, vous nous laissez dans l'ignorance pour mieux nous contrôler. Ne pas savoir lire, ni écrire m'insupporte, je sais compter et j'en suis déjà heureux, mais mon niveau, qui, par votre faute est pitoyable, est loin d'être ma fierté. Oh, si vous voulez blesser mon ego, commencer par là, par contre, serrer les dents, il y a toujours un retour de bâton à force de chercher la bête.
Vous pensez avoir gagné en m'éloignant de mes sœurs ? Je compte bien les reprendre, continuer de dire que je suis protecteur, c'est vrai, je suis gourmand euh oui... J'aime les grattouilles et ronronne ? Que de mes sœurs ! Bas les pattes !

Vous êtes compliqués vous les humains, dans la cage d'orée de maître Kefger, j'y ai perdu quelques notions. En sortant dans la rue, je me retrouve à parler familièrement avec vous et bon sang que cela ne vous plaît pas, vous vouvoyez ? Agaçant. On m'a dit que j'étais pas mal impulsif, il faut dire que j'avais tout avant et facilement, je croyais vous connaître, mais je me sens si inculte... En dehors de chez moi, j'ai l'impression de n'être plus rien, c'est rageant. Vos fichus codes en sociétés, me rende mal à l'aise, je me sentais plus proche de vous sur vos lettres qu'en face, toujours à cacher qui vous êtes, je suis plus méfiant que jamais ! Je n'aime pas avoir tort, borné c'est ça ? Qui aime s'écraser ? Certainement pas moi ! Ma vie n'était déjà qu'un mensonge, raconté, planifier, maintenant que je dois la caché, je suis devenu un sacré mythomane ah ah... Craindre en permanence d'être retrouvé me rend des plus anxieux, presque parano. Fichu Humain.

L'humain m'a donné la vie, et m'a volé ma liberté, c'est ce que je pense aujourd'hui. Mais ce n'a pas toujours été le cas. Ai-je des parents ? Cela me chagrine de ne rien savoir de cela, de n'être qu'un numéro parmi tant d'autres, de ne pas avoir d'histoire.

Né dans ce fichu laboratoire, ma commande était un peu spéciale, quoique je ne connaisse pas l'envers du décor. Le maître qui m'avait demandé cherchait une panthère qui ne savait pas lire, écrire, où un minimum, il voulait toutefois que je sois bon en mathématique. Ainsi, dès mon plus jeune âge, tous les jeux que je fis, avaient pour objectif d'apprendre, comprendre la logique des formules et la géométrie. Et pour m'y pousser, j'avais le droit à une friandise à chaque bonne réponse... Autant dire que je devins rapidement accro aux sucreries.
Je rencontrai pour la première fois mon propriétaire, Maitre Kefger lorsque j'eus sept ans, il venait voir comment je grandissais. Il me paraissait être un homme charmant, toutefois, il piqua une crise contre les hommes en blanc.

- C'est un panda que vous m'avez fait ? Vous avez vu ses joues, et son bide ?! Vous l'engraissez ou quoi ?!

À partir de ce moment-là, je n'eus plus le droit à mes sucreries, peu de jours après, on me présenta celle qui devait être ma "sœur". Nous n'avions aucun lien familial apparemment. Les léopards des neiges se ressemblent autant m'étais-je pourtant questionné. Freyja, ma sœur qui m'accompagne encore aujourd'hui, pourtant, j'étais jaloux d'elle à ce moment-là, elle avait le droit à apprendre la culture, alors on entra un peu en rivalité entre nous deux. J'avais les maths et elle, le reste si je peux dire, Freyja savait déjà comment attirer le regard, la sympathie, mais moi, je lui résistais. Malgré tout, je pris mon rôle de grand-frère rapidement au sérieux et fus ravie qu'elle s'en remette à moi.

Un an après, ce fut l'arrivée de Silvera, le troisième léopard, formant le trio. Celle-ci était beaucoup plus peureuse et se mit rapidement à jouer de la harpe pour se détendre. J'en fus admiratif, elle jouait très bien pour son âge et c'était un plaisir de l'entendre. On tentait de la mettre à l'aise, je lui offrais même les cookies que l'on m'avait appris à faire. Après les mathématiques, on m'apprit la cuisine, pâtisserie et des tours de magie. Dont j'étais très heureux et fier devant mes petites sœurs, la fratrie que nous formions était soudée.

Je commençais un peu mieux à suivre ce que voulait notre "maître", que l'on ait chacun des compétences différentes, que l'on se complète entre autres. Toutefois, je n'avais pas son objectif et ce n'est qu'à mes seize ans que tout fut clair. Cet homme voulait nous mettre en avant sur un blog, c'était... Amusant, mais j'étais affreusement mal loin de mes sœurs, la première année seul, je pleurais les deux premiers mois et l'insultais à tout-va, refusant de faire ses demandes. Toutefois, il arriva à me faire taire avec une menace, celle d'envoyer les filles loin de moi si je travaillais mal. Ce chantage affectif fut lourd pour moi, autant en anxiété qu'en colère envers lui.

Je travaillais d'arrache-pied pour que son fichu blog attire du monde, malheureusement, les retours n'étaient pas géniaux, si le départ plaisait, vite les gens se lassèrent, commentaire mon mauvais jeu d'acteur, ce qui évidemment blessait mon ego. J'aurais pu m'amuser, mais la crainte de voir les filles envoyer dans des endroits... Peu recommandables, me déchirai le ventre d'angoisse et encore, je n'avais que sa promesse, n'ayant pas revu les filles depuis. Qui sait ce qu'ils leur étaient arrivés ?

La deuxième année fut une catastrophe, si mon jeu d'acteur s'améliorait, les contraintes mises par Kefger, mon apprentissage lacunaire et mon manque de déplacement firent chuter l’audience, mes histoires étant toujours les mêmes, la lassitude arriva vite. Cela lui permit toutefois de décider de comment agir et acheta une maison qu'il barda de caméra pour améliorer les choses, bien qu'il ne fasse que prévoir l'arrivée des filles. Créant une histoire émotionnelle jusqu'à l'apogée de leur arrivée.

Ce jour-là fut à la fois un des plus et des plus gênants, en effet, j'attendis sous le regard des caméras que la porte sonne et que mes sœurs n'arrivent, s'il ne se jouait pas de moi. Lorsqu'elles entrèrent, je leur sautai au cou pour les étreindre et nous pures nous retenir de pleurer. Je crois que ce fut un des plus gros pics d'audience.
À partir de ce moment-là, le trio reformé donna bien plus de vie et les choses s'amélioraient. Les lettres pleuvaient et Kefger nous faisaient les lires, sans rien censurer, nous laissant réagir en direct. Parfois, c'était marrant, d'autres non et il nous les apportaient lui-même, se faisant passer pour le bon-papa, alors que dans le dos des filles, il me rappelait que si je ne jouais pas le jeu, il enverrait Silvera ou Freyja dans un lieu pour les briser... jamais je n'en parlai aux filles.

En conséquence de quoi, je m'investissais beaucoup, j'aimais le blog autant que je redoutais son audience. Les filles pensaient que j'étais fier de ce que nous faisions et... Ce n'était pas faux, c'était agréable d'avoir des fans et la vie, maison, piscine privée était très agréable. Mais je regrettais malgré tout le fait d'être enfermé dans ce monde-là. Confiné dans un environnement que nous n'avions pas choisi, je me sentais prisonnier et ne pouvais guère apprécier pleinement les moments, rêvassant du monde en dehors.

Qui aurait imaginé que notre blog attirerait l'attention de déviant ? Je n'imaginais pas être "sauvé". Un soir en pleine nuit, ils ont attaqué la maison, c'était la première fois que je voyais d'autres personnes extérieures depuis longtemps, j'en fus surexcité. Malheureusement, notre "Maître" avait une bonne sécurité et nous n'avions pas le temps de tergiverser, rapidement les choses se dégradèrent et nous devions faire rapidement un choix, Freyja fut la première à se décider, suivis aussitôt de moi. Malheureusement, Silvera hésita, ce temps d'hésitation permit à la sécurité de la rattraper et pris dans la panique nous fuire.

Ce fut un moment douloureux, encore aujourd'hui nous cherchons à la récupérer, mais notre fuite a mis sur les gardes notre maître qui nous fait rechercher activement et à augmenter la sécurité. Les déviants nous proposèrent de nous retirer les puces, mais les risques étant trop grands, je refusais pour nous deux, Freyja en fut furieuse, car nous continuerions à être traqués avec. Cependant, l'état dans lequel nous risquerions d'être me faisait bien trop peur, quel intérêt d'être sauf si nous étions des légumes ? Paralysé ou autre ? Je vis donc en ce moment avec Freyja, une vie de misère, libre en fuite. Si je ne regrette pas mon départ, il est difficile d'apprécier cette nouvelle vie sans rien à voler et s'inquiéter dès qu'une personne crie, ou qu'une sirène retentisse. C'est exténuant d'être sur ses gardes en permanence, on ne vit de rien et change chaque soir de lieu pour dormir. Les autres déviants nous donnent toutefois des petits jobs pour gagner un peu de sous, mais on ne peut pas les suivre. Pour le moment, on arrive encore à éviter les forces de l'ordre, mais j'ai l'impression que de jour en jour, ils se rapprochent... Combien de temps tiendrons-nous à cette fuite ? Pour survivre, on profite surtout d'Unity qui nous offre des repas, mais ne pouvant nous garder... On fuit... Encore et encore. Ce n'est pas une vie, petit à petit, je commence à regretter ma fuite et me questionner... Devrait-on rentré et retrouver notre sœur ?