Une samba endiablé torturée son corps. Chacun de ses membres ne demandaient qu'à lâcher prise. Une longue nuit de souffrance et d'amertume se présentait à elle. Cette femelle à la peau vive n'avait peur de rien. Il fallait bien avouer, elle était splendide, pour une grognasse. Si le destin avait été plus clément avec elle et surtout, si l'écrivisse était une hybride comme les autres, elles auraient, ensemble, put vivre d'extraordinaires aventures. Aaaah. Quel dommage. Elle en avait les larmes aux yeux, restant paralysées sur place lorsque la démone vint s'approcher d'elle, la toucher, se moquer d'elle publiquement. Elle avait touché son visage. Son visage. Son précieux. Non. Non. Sans crier gare, ses joues vinrent spontanément s'empourprer et ses yeux s'humidifier. Sa peau si délicate, qu'elle prenait grand soin à chouchouter, venait de se faire souiller par les ignobles paluches de cette chose et elle ne pouvait pas lutter, aux risques de devoir recourir à une chirurgie esthétique de qualité en Corée du Sud. Elle l'écoutait parler, la malmener à sa manière avant d'être relâchée. Instinctivement, elle posa ses propres mains abîmes sur son visage, essayant de se contenir. Ses genoux finirent par lâcher des premiers. Son cœur lui ? C'était une Formule 1. Cupidon était dans les parages ? Car c'était le coup de foudre. Son regard de gamine sur le point de piquer sa crise vint se transformer en un océan éclatant de mille feux. Ses yeux pétillé devant cette hybride hors du commun. Un peu bipolaire sur les bords, mais nous mettrons ceci sur le dos de l'alcool. Elle se redressa alors, titubant ici et là en dévorant le postérieur de la Déviante qui venait de les inviter à les suivre. Aaaah. Elle est vraiment belle.

« Les Déviants sont tous aussi bien gaulée que toi, ou t'es une exception à la règle ? »

Une lapine, victime de la chaîne alimentaire, se prenant pour un prédateur redoutable. On aura tout vu.

Elle prit sans le dire clairement, la décision de la suivre, sautillant à chacun de ses pas et bien entendue, se ramassant lamentablement à chaque fois. Puis un crack. Les gros sabots de l'homme ailés venaient se briser sous leur poids, quelques choses. Oh no. Lorsqu'il fut passé, elle découvrit avec effroi le cadavre émietté de son défunt portable. À ce moment, elle vint volontairement se planter ses ongles dans son bras de porcelaine, retenant sa haine déjà à vif. Risquer de piquer un scandale pour un téléphone et se faire griller toute seule ? Non. Elle devait continuer de jouer son petit rôle. Continuer de survivre encore quelques secondes, encore un peu en priant pour qu'un miracle vienne la sortir de cette merde.

« Y'en a déjà une qui est maître d'elle-même parmi nous. La police risque pas de lui faire quoi que ce soit... »

 


Cette phrase qui pouvait l'amener six pieds sous terre, elle l'ignora. Du moins, du mieux qu'elle pouvait. Quel connard. Elle le fixa d'un regard glacial, essayant de graver en elle, son visage. Il faisait bel et bien parti de cette masse inférieur et sans honneur. Un putain d'hybride. Puis, elle regarda l'autre demoiselle aux cheveux de jais. C'est vrai qu'elle était là, discrète, mais présente. Kiana, après s'être relevé de sa quinzième chute, vint s'accrocher à son bras, se servant d'elle pour tenir debout.

« Dit moi, jolie donzelle, ce mec-là, ce n'est pas ton père quand même ? C'est un vrai con. »

Bien qu'elle s'adressait à la jeune hybride, son regard de braise était toujours en train de déshabiller du regard le dos de la peau-rouge. Elle était divine et surtout sa paire de talons. Comment un être de son genre pouvait posséder ces beautés ?

« Plus sérieusement... C'est une bombe nucléaire à elle seule, mais je ne peux pas m'empêcher qu'on marche tout droit dans la gueule du loup et le gros costaud à pas l'air de comprendre la situation... J'peux compter que sur toi poulette. »

La tonalité de ses mots vinrent s'étouffer lorsqu'elle prononça cette phrase. Bien qu'elle pourrait sans scrupule, louer une chambre dans un Love Hôtel avec la Déviante, il fallait rester lucide : c'était clairement la merde pour la blonde qui était complètement à découvert. Un mot de travers de la part des deux Men In Black et la lampe chauffante pourrait lui faire manger le sol. Elle s'imagine déjà les journaux à scandale placarder l'annonce de sa mort sur tout les murs. Une horreur.

Si elle avait été dans un Jeux vidéos narratifs à choix multiples, elle aurait déjà reroll une centaine de fois pour ne pas emprunter ce chemin-là. Sauf qu'elle avait beau se concentrer, demander à son cerveau de revenir à la sauvegarde précédente, rien n'y fessait. Elle était bloquée sur ce fil d'histoire, près à se briser au moindre écart des protagonistes. Le chapitre dans la ruelle était bien plus calme et reposant que ce qui l'attendait. Elle l'avait senti. Lorsque la Deviante avait franchi la ruelle à coup de talon, le hard mod avait été débloqué. Elle avait beau faire la maline, lui tenir tête, flirter avec le diable, elle était prête à se faire dessus à la moindre seconde. L'adrénaline la tenait en éveille, lui permettait de mettre un pied après l'autre, de suivre le chemin que leur indiquait le lampadaire. Ses yeux suivaient ce déhanché bien trop racoleur, mais pas que. La tension était à son comble, mais elle ne pouvait pas rester plus longtemps passive. Alors, sur le chemin, elle observa silencieusement les allers qu'ils empruntaient. Ils s'éloignaient de plus en plus du feu de l'action, ce qui n'avait rien de rassurant. Elle pouvait visualiser tout les chemins “safe” s'évaporer, ne laissant que les plus risquer sur la liste. 


Les voilà donc arrivés dans ce… Taudi. Une déchetterie à ciel ouverte. Mais qu'est-ce qu'elle avait bien pu faire au bon Dieu pour se retrouver dans une mouise pareille. Elle se sentait déjà sombrer. Elle en venait même à regretter d'être sorti du club, ayant préféré prendre le risque de mourir des flammes que des mains des hybrides présent avec elle. Vraiment, elle se serait cru dans une série télé mal ficelé. Ses instincts de survie et son talent d'actrice avait beau dupé la magnifique paire de fesses, les deux autres avaient bien comprit son petit cirque et prenaient un malin plaisir à lui rappeler l'existence de ses amis. Garde ton sang-froid, reste calme. Ils croyaient quoi ? Qu'elle les avaient oublié d'un claquement de doigt ? Qu'ils n'étaient rien pour elle ?! Elle voudrait hurler, revenir sur les lieux de l'incident, remuer ciel et terre pour retrouver leurs corps, sentir leurs mains sur son visage, entendre leur rire aux creux de ses oreilles, voir leurs sourires lui transpercer le cœur. Ils étaient tout pour elle, des amis, des frères, des confidents. De toute évidence, les deux zoziots n'avaient aucune envie de l'aider. Ils avaient qu'une envie : la voir se griller toute seule et subir le jugement de la Déviante, posé telle une reine sur son trône de pacotille. Elle en avait la gerbe. Littéralement. Alors, à leur regardes, la lapine vint lâcher le bras de la demoiselle, venant s'éloigner de quelques pas. Fallait dire, la vue de cet immondice s'amuser avec une arme qui pourrait lui donner le tetanos l'effrayait. Garde la tête haute. Respire. Elle prit alors une bonne inspiration, avant d'éclater de rire. 

« AH AH AH ! Ils me devaient de l'argent, alors vous imaginez bien que ça m'fous les boules que le club est sauté avec eux dedans. Les larmes revinrent en force, essayant de les essuyer au mieux. Bordel. Un bon petit paquet de billets envolé, ça fait très mal à mon petit cœur. »

Faire mine de rien, inventer une histoire pour masquer sa rage. Contrôler ses sentiments, en inventer des nouveaux. Kiana n'était pas qu'une simple humaine de pacotille, elle était une actrice, mais surtout, une Humanis. Leurs convictions coulaient dans ses veines, comme si faire parti de leur rang était une évidence. Alors se faire passer pour une hybride, vous imaginez bien qu'elle ne désirait qu'une chose : retirer cette crasse qui s'emparait de son corps. Elle n'était pas comme les trois pouilleux ici présents. Non. Elle leur était bien supérieure. Du moins, sur le tableau. Car sur scène, elle n'était rien. Seulement une pauvre ivrogne déguisée en foutu lapin et à deux doigts de se faire croquer par le grand méchant loup. S'éloigner était sa seule option, mais comment ?! Les sueurs froides ne mirent pas longtemps à arriver. L'effet de l'alcool s'estompant, elle se retrouvait face à cette réalité qui la dévore. Elle ne veut pas la voir. Non. Non. Elle se mit alors à chercher quelques choses du regard. Voilà ! Avec une grande probabilité qu'il soit hors-service, elle se dirigea naturellement vers le distributeur de canette.

« Aaaaah. J'ai une de ces soifs ! J'espère que tu vas pouvoir assouvir cette envie machine de malheur. »

Ses pas étaient hésitant et son corps refréné aux mieux ses sueurs d’effroi face à cette foutu situation qu'elle ne pouvait contrôler. Réfléchi. Réfléchi bordel de merde. Kiana ! Un combat intérieur qui n'en finissait plus. S'enfuir ? Impossible, elle tomberait en même pas dix secondes de course. Continuer son manège ? Cette option devenait de plus en plus risqué, surtout que le corbeau avait décidé de servir la tête de la blonde sur un plateau d'argent. Se dévoiler au grand jour ? Pire idée EVER. Ce serait un TGV direct pour le casse-pipe. Elle était bloquée. Elle devait se sortir, maintenant, de cette merde. Leur faisant dos, elle posa une main dans sa chevelure, venant se retourner et étrangement, afficher un air serein, calme. Un visage reposant et un sourire étrangement… Détendu. Comme si rien au monde ne pouvait la sortir de cette bulle qui se refermait sur elle. 

« C'est très tentant, mais je dois refuser, beauté de mes nuits. J'ai besoin d'être entretenu, de vivre dans le luxe et l'avarice et cet endroit n'est pas approprié pour ma personne. Vous m'en voudrez donc pas, mes chers amis, si je vous fais faux bond maintenant. »

La dernière chance. La seule option possible. Ses yeux à demi-clos venaient fixer chacun des hybrides ici présent. Tous autant qu'ils étaient. D'abord la jeune femme silencieuse, puis l'oiseau de malheur et enfin, le meilleur pour la fin, la personnification même de la perfection. Bien qu'éloigné, de là où elle était, elle pouvait entendre les sirènes de police qui était, certes, très faible, mais bel et bien présente. Charles, si je ne rentre pas à la maison, je compte sur toi pour effacer mon historique internet.

Ils venaient de lui couper l'herbe sous le pied. La douce flamme d'un possible espoir venait de s'étouffer brutalement devant ses yeux. La cause ? Les deux hybrides de malheur qui venaient, une fois de plus, ouvrir leur claper pour ne rien dire de bien intéressant, si ce n'est l'inviter, que dis-je, lui ordonner sous fond de menace, de rester avec eux. Un soupire de désarroi, bien trop bruyant, bien trop sincère pour ne pas passer inaperçu, mais à quoi bon, elle aller finir ses jours dans ce square miteux avec des hybrides sans intérêt. Sha quel non-plaisir. Elle ne daigna même pas adresser un regard aux animaux se tenant devant elle, que ce soit la femelle qui au lieu de rester sagement discrète, à préférer l'ouvrir au pire moment, ou à l'autre grand âne qui faisait toujours mumuse avec son bâton. Était-ce vraiment un oiseau de malheur ou un canidé qui ne s'assume pas ? Qu'importe, de toute évidence, elle était littéralement seule dans ce foutoir. C'est alors dans un calme olympique qu'elle vint se jeter tête la première sur un canapé, ayant sélectionné le moins ignoble et souillé de tous. La voilà couchée sur le ventre, ses bras croisé accueillant son visage enfoui. Quelle puanteur. 

« Ok mes chéries, j'pensais pas que j'vous manquerez autant si j'vous abandonnez pour une after. »

Sous couvert d'un peu d'humour, elle resta dans cette position un bon moment avant de faire pivoter son corps et se retrouver sur le côté, dos au dossier du canapé. Ainsi, elle pouvait observer la scène d'un point de vue différent. 

Les yeux de bambi vinrent se poser un peu plus longtemps sur le seul mâle de la bande qui avait l'air d'avoir flairé quelque chose. Certainement un écureuil qui voulait nous montrer ses glands durement récolté la veille. Un clignement d'œil pour changer de protagoniste. La voilà sur la reine de la nuit. Celle qui fait tourner les têtes et les yeux. Cette hybride à la peau si profonde, si unique, elle aimerait l'avoir pour elle et elle seule. L'exposer tel une œuvre d'art, en faire son trophée. Dans un énième long et éprouvant soupire, elle continua de fixer cette Deviante.

« Bon, puisqu'on va être ici un moment, quelqu'un a une histoire à nous raconter, un truc du genre ? »

C'est sans attendre la réponse qu'elle reposa soudainement son regard sur l'hybride parti inspecté plus loin.

« Hey, tu veux nous faire faux bond toi aussi ou t'as trouvé un voyeur qui aimerait bien se taper l'une de nous trois ? »