Honnête - Crédule - Distrait - Joyeux - Maladroit
Malhonnête - Méfiant - Attentif - Distant - Minutieux

Deux personnalités distinctes, voilà ce qui fait de toi celui que tu es.

Tu es premièrement Silas, c’est le prénom que tu portes, pas besoin d’être détective pour savoir ça. Mais c’est surtout toi, ton caractère, ta personne, ton identité.
C’est l’enfant encore bienveillant, content d’être simplement en vie, qui s'extasie devant un feu d’artifice avant de sauter sur son ami pour le remercier de l’avoir invité à aller le regarder ensemble. Terriblement curieux et reconnaissant, il n’y a pas une once de négativité ni de noirceur dans ses actes ou ses paroles.
C’est celui qui est terriblement sociable, qui ne connaît pas la définition d’ennemi, qui se fait apprécier par tout le monde car il est une oreille attentive mais aussi une épaule sur laquelle on peut pleurer, à tout moment, car tu t’adaptes constamment. Que l’on te partage un problème ou que l’on te donne des ragots sur le quartier, tu es toujours le premier à répondre présent.
C’est le véritable rayon de soleil, tu n’en fait que plus rire la galerie quand tu es maladroit et fais tomber quelque chose devant tout le monde, de quoi te faire rougir avant de ramasser en rigolant avec eux, car tu t’es déconcentré, tu as pensé à quelque chose, tu ne te souviens même plus de quoi, et tu n’as pas regardé devant toi.
C’est la fouine qui n’arrive pas à tenir en place, qui écoute un peu trop aux portes parfois mais qui n’en dit jamais rien, rangeant ça dans un énième dossier dans son crâne avant d’aller faire du sport, sans jamais ouvrir sa bouche pour en sortir un mot.
C’est celui qu’on aime, celui qu’on apprécie, celui qu’on veut comme voisin, ami, collègue, complice.

Deuxièmement, tu es Cheshire. C’est le nom que tu as choisi, que tu as adopté pour te permettre une deuxième identité, n’existant que sur internet, personne ne sait que vous êtes liés d’une manière ou d’une autre.
C’est l’adulte un peu trop conscient de la réalité, qui refuse l’idée même d’être dans un monde aussi dégoûtant et qui se bat activement chaque jour pour faire enfermer des criminels, tout en faisant monter les marches une par une pour les plus faibles. Incapable de faire confiance, prenant tout avec des pincettes, tu as longtemps perdu foi en l’humanité.
C’est celui qui n’aime pas les autres, qui est persuadé que tout le monde a déjà fait du mal et que l’innocence n’existe plus, qu’il y a seulement des justice justifiées et celles qui ne le sont pas. Obsédé par l’idée de ne pas se faire attraper pour tes propres crimes, tu repousses la sentence qui finira par te couper la tête comme Alice alors que tu cherches à montrer au monde entier les crimes des autres.
C’est celui qui ressemble au nuage empli de pluie, qu’on ne voit pas venir mais qu’on sent bien arriver dès lors que l’eau commence à nous toucher. Tu es discret, autant que rien ne passe au travers de tes oreilles à partir du moment où tu n’es pas loin d’une information intéressante. Tu n’es pas sourd, tu es loin de l’être, et les bruits dehors sont ta source favorite pour faire pleuvoir les tracts, les affiches, les photos, les terribles faits, tu choques la population à chaque goutte qui tombe.
C’est le chat qui avance doucement pour attraper sa proie entre ses crocs, les yeux perçants et les sens aux aguets pour ne pas se faire attraper, prêtant attention à chaque mouvement, chaque élément suspect, sans pour autant perdre son sang froid, car tu ne peux pas te permettre de montrer ta deuxième personnalité à qui que ce soit qui ne peut pas être dans le secret, sinon c’est toute une fondation qui s’effondre, au même titre qu’un avenir.
C’est celui dont on se méfie, celui dont on s’éloigne, celui à qui on ne donne pas sa confiance de peur de voir un couteau être planté dans son dos au moindre faux pas.

Au nom de la justice, comme une punition divine, rien ne passe à travers l'objectif de ton appareil. La vérité, tu la tiens et tu tiens à l'exposer au monde entier.

2039 - Naissance en Angleterre
2039 - Arrivé en Amérique
2045 (6 ans) - Arrivé à l’orphelinat
2051 (12 ans) - Se fait récupérer par Chroma pour devenir hybride
2057 (18 ans) - Se fait envoyer en animalerie et presque immédiatement adopter
2059 (20 ans) - Abandon des propriétaires, retour en animalerie
2060 (21 ans) - Libéré lors d’une mission d’Unity et recueilli en refuge, retrait de sa puce
2061 (22 ans) - Début de la chasse aux informations, création de l’identité Cheshire
2062 (23 ans) - Rejoint officiellement Unity

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Ta vie commence en Angleterre, plus précisément à Sheffield si l’on en croit les papiers.
Mais ta vie a continué en Amérique, à New York, lorsque tes parents ont déménagé là-bas pour du travail avant de disparaître.
Tu as donc grandi dans un orphelinat, sans savoir la raison soudaine de ce changement, tu étais trop jeune, et tu avais beau essayer de comprendre, on ne répondait jamais à tes questions. Alors tu t’es adapté, parce que tu pouvais rien faire d’autres avec tes six années d’existence, tu as appris à connaître les autres enfants et les rassurer, être présent pour eux, car tu y trouvais toi même un refuge, de la chaleur, dont tu avais terriblement besoin.
Tu aurais pu avoir des problèmes vis à vis de la culture, une différence forcément présente entre ta vie en Angleterre et l’orphelinat en Amérique, mais tu n’avais pas la barrière de la langue, et il faut croire que tu avais déjà compris que la vie est injuste. Donc tu n’as jamais rien questionné, même pas lorsque un des autres orphelins t’as parlé des autres qui pouvaient partir sans parents.
Tu l’as regardé avec des yeux blasés, l’air de lui demander de quoi il te parle, c’était clair et net que tu étais déjà rodé alors que tu n’avais plus de souvenir de ton enfance mis à part tes parents, et que lui avait peur pour sa vie.  

Hannes.
Il avait 14 ans quand on est venu le chercher, il s’est enfui, et c’est retombé sur toi. 12 ans, t’étais pas plus haut que trois pommes, et on t’a attrapé par la peau du cou alors que tu le voyais encore courir dans les rues.
Si ce n’était pas lui, alors ça sera toi, et tu l’as accepté.
T’as ravalé ta fierté, t’as ravalé ta colère contre lui, et tu t’es adapté, tu t’es encore adapté. Tu étais un adolescent facile, comme tu étais un enfant facile. Tu écoutais, obéissais, et tu te laissais faire, même lorsque tu es ressorti une tout autre personne après une opération, et que tu as perdu un oeil dans le tas.
Tu étais ce qu’on appelle un gentil sujet d’expérimentation, un bon toutou, le genre qu’on ne trouve quasiment pas, ceux avec qui on peut jouer encore et toujours sans qu’un seul mot ne sorte de sa gorge.
Toujours le sourire aux lèvres, les années passées chez Chroma t’ont appris plus qu’autre chose à masquer tes sentiments, tes pensées, ton ressenti, et à être le plus docile possible pour ne pas subir ce que les autres pouvaient subir. Mais les autres, tu étais toujours là pour les enlacer après une punition trop sévère, tu étais leur source de réconfort, comme eux étaient la tienne,
C’était l’orphelinat, encore une fois.

Ce n’est qu’à tes 18 ans que tu es retourné dehors, en animalerie, alors qu’on prônait ta différence aux yeux de tous : trois races, et seulement un oeil de perdu. Mais ce n’était pas grave, parce que tu en avais un autre à la place et que tu étais tout particulièrement utile, tu pouvais tout faire, sans jamais te plaindre.
Tu étais un hybride parfait, qui pourrait se vendre pour quelques centaines de dollars, voire même plus, et ils avaient raison, ton caractère t’a fait partir à un bon prix pour remplir les poches déjà corrompues de Chroma.
Tu n’as rien dit, tu t’es simplement adapté.
Sans jamais rien questionner.
Même si au fond de ton crâne, les questions n’ont fait que se succéder :
Pourquoi ce traitement ?
Pourquoi faire subir ça à ses prochains ?
Pourquoi prendre des enfants et les transformer ?
Pourquoi personne n’en parle ?
Pourquoi ?
Du matin au soir, ce n’était que des pourquois, des comment, alors que le monde n’avait plus entendu le son de ta voix depuis trop longtemps déjà.
Un côté de toi t’intimait de toujours rester ainsi, tu devrais être heureux d’encore être en vie, à l'inverse de tes parents, à l’inverse des hybrides trop récalcitrant, à l’inverse de tous ceux que tu as vu mourir.
Sois heureux d’être en vie Silas, car tout le monde n’a pas cette chance, ne sors pas des rangs pour continuer à vivre, n'attire pas l’attention, ne fait rien de mal, ne-

Ta vie, jusqu’à tes 20 ans n’est finalement qu’un enchaînement de choix qui ne sont pas les tiens. L’esprit de rébellion étouffé bien trop tôt, le besoin de survivre trop important pour prendre des risques, tu es déjà épuisé et les portes de sorties que tu arrives à voir sont toutes aussi extrêmes les unes que les autres. Sans même le réaliser, te voilà malade, tu ne manges plus, ne parles plus, ne prends plus soin de toi, ta santé mentale s’est terriblement déclinée et tu n'arrives pas à apercevoir comment la remonter, simplement car on ne te l’a jamais appris, car tu as toujours subis, car tu t’es toujours adapté, attendant fatalement le jour où le fait de s’adapter n’est plus possible, car ton traitement n’est pas approprié.
Car tu fais partie de ces hybrides qui, maltraités sans raison valable, n’est vu que comme de la chair à battre. Tu n’es qu’un produit bon à jeter dès que tu as perdu de ton utilité, et ton utilité, c’était de pouvoir tout faire sans jamais rien refuser, sauf que là, tu ne peux plus, et de surcroît, tu ressembles à un cadavre, à ce que l’on te dit.
Toi, tu ne sais pas, tu n’es même pas sûr d’à quoi tu ressembles, ça fait tellement longtemps que tu ne t’es pas vu dans un miroir, tu ne veux même pas chercher à faire l’effort, tu es en train de te laisser manger par tes propriétaires, sans
jamais
rien
questionner.

Jusqu’à ce que leur jouet ne les amuse plus, et qu’ils décident de te renvoyer en piteux état en animalerie. Produit défectueux, tu acceptes ta sentence mais aussi le fait que tu ne seras sûrement jamais adopté une deuxième fois, pas dans cet état, alors peut-être seras-tu pris en charge, mais de qui tu te moques.
Tu as déjà vu tellement de choses, tu n’as que ça dans tes souvenirs, les moments où la violence faisant rage contre des hybrides impuissants, l’utilisation d’enfants non adoptés pour faire des tests dessus, le traitement des hybrides qui ne se vendent pas en animalerie, l’argent sale qui se passe dans le dos des humains, l’oeil toujours tourné vers l’extérieur des forces de l’ordre, l’horreur du monde,
Ce monde sale, dégoûtant, il te répugne.
Au fond de ta cage, à attendre un miracle ou la fin de ta vie, tu ne bouges pas de là quand tu entends du bruit vers la porte, avant que des éclats de voix atteignent des oreilles. Ça ne t’intéresse pas plus que ça, tu assumes que c’est une manifestation futile, encore une fois, va savoir, ça ne te regarde pas de toute manière.
Jusqu’à ce que quelqu’un ouvre la porte de ta prison, te forçant à lever les yeux vers eux à cause de la surprise, pour tomber nez à nez avec une femme qui t’invite à la suivre, expliquant qu’il est bien assez temps que tu sortes d’ici et récupère une vie acceptable.
Perturbé, effrayé à l’idée de te faire punir, tu n’oses pas t’approcher pendant quelques longues secondes, le temps de réfléchir et pensant à tout ce qui te fait rester dans la sécurité de cette boîte de ferraille gelée.
Puis tu penses à tout ce que tu pourrais faire, tout ce que tu as voulu faire, à tout ce que tu as vu, et tout ce que tu aimerais dire.
Tu as peur, tu n’as jamais eu aussi peur de ta vie, mais tu attrapes la main que l’on t’offre pour te lever sur tes jambes tremblantes, suivant l’inconnue jusqu’à un refuge qui s’occupera de te remettre d’aplomb, de se débarrasser de ta puce et enfin de t’offrir un gîte en échange de ta liberté.

Tu as l’impression que c’est un miracle inespéré, et la première chose que tu fais, c’est de regarder les informations.
Tu absorbes une quantité affolante de nouvelles, d’info sur les différentes situations, tu passes presque des journées entières à jongler entre la télé et ton ordinateur portable, à scruter tout ce qui pourrait croquer sous ta dent, à l’image d’un scandale, de quelque chose qui se rapproche de ce que tu as vécu, tu veux pouvoir écrire des articles sur tout ça, toi aussi, mais ce n’est jamais assez.
Ton obsession pour la justice ne s’assouvit simplement jamais, et c’est la seule raison qui te pousse à sortir dehors une nouvelle fois, dans le but de te promener dans les rues, de monter les étages pour observer la ville des hauteurs, et enfin, de photographier ce que tu peux voir.
Tu multiplies les clichés, les crimes, les injustices, rien n’échappe ton oeil dès lors qu’il se pose sur une scène qui ne devrait pas avoir lieu, et dès lors que tu rentres, pour la première fois, tu ouvres un compte twitter, publiant les photos avec différents textes, créant au fur et à mesure une communauté autour de tes publications jusqu’à ce que finalement, sous tes yeux, se déroule une scène d’une injustice flagrante où un couple d’hybride se fait exécuter dans un zone soi disant abandonné, de la main d’homme que tu reconnais être humanis.
Désensibilisé avec les années qui ont pu passer, tu filmes la scène, privilégiant la réalité des événements plutôt que ta propre santé. Et ce n’est que lorsque tu es sûr de n’en avoir raté aucune miette que tu t’en vas, aussi silencieusement que tu as pu arriver.

De là débute une guerre innomée entre toi et ce groupe d'humains, qui regroupe toute la peste de cette ville, tu n’en doutes plus. Ta ville fait le tour des réseaux, elle est partagée et ton compte se fait rapidement descendre, mais à chaque fois, tu en refais un derrière.
Tu es insatiable, empli de rage et accro aux réactions que tu récupères sur internet. Ton adresse IP change au quotidien, tu n’as jamais de domicile fixe même si tu retournes souvent dans un petit studio que tu t’es pris à Brooklyn. Pour rajouter toujours plus d’insultes au dessus des insultes déjà offerte sur internet, tu travailles rapidement main dans la main avec Unity, cherchant à toujours plus choquer, dans le simple but de ressentir quelque chose, d’avoir l’impression d’être en vie, même si, avec du recul, tu ne fais que nourrir une haine et une vengeance qui causera tôt ou tard ta perte…
Au même titre que l’infection qui te ronge depuis ta nouvelle liberté.


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The little blue bird that’s lost its voice
I can hear the whispers

The beginnings of a deep echo
The voice that will overturn the world