Né d’une jovialité innocente, désormais Aodhan se tait dans un mutisme détestable. Le sortir de l’enfer dans lequel il s’est enfermé requiert du miracle tant il s’est terré dans les ignominies de ses propres tourments.  

Il est pourtant le chien infaillible, loyal serviteur de sa nation, dissimulé derrière un masque d’indifférence. Inébranlable pilier sur lequel on peut compter, il ne faillira que lorsque ses jambes lui seront arrachées, et le crâne brisé. Ainsi constitué d’une volonté inflexible, le militaire ne reculera devant rien pour accomplir la tâche qui lui est confiée, abandonnant ceux qui le ralentissent, et abattant ceux qui tenteront de lui barrer la route. Le soldat parfait, marionnette de ce gouvernement corrompu.

Ce n’est alors ni la gloire, ni la richesse qui l’ont poussé à ravaler toutes ses émotions. Non, il a seulement fait le choix de se les amputer pour ne pas souffrir à nouveau de ces décisions, portées par une folie ravageuse. Coûtant ainsi la précieuse vie de celle qui lui était si chère, puis manipulé sans scrupule par ceux qui avaient besoin de lui lorsqu’il était affaibli par sa perte. Altérant le reflet de sa réalité pour qu’au final il suive les doctrines qui lui ont été inculquées.

De fait, Aodhan ne s'affuble d’aucun artifice pour se dévoiler à travers une authenticité qui nie toute hypocrisie aux desseins dissimulés. Il agit, et s’exprime selon le fil de ses pensées, regardant droit dans les yeux la personne qui aura le déplaisir de côtoyer le militaire.

Et, il n’abdique sous aucun prétexte de l’idylle manichéen auquel il est devenu nécessaire d’adhérer pour rentrer dans les clous de cette société. Seulement ce concept lui est devenu totalement inconnu depuis qu’il a décidé de rejoindre les rangs de l’armée. Celle qu’il a rejoint avec la conviction certaine d’éradiquer le mal avant de s’oublier dans les torts de la complaisance humaine. Il n’a maintenant plus aucun avis sur la question, ce qui se trame dans les hauts rangs ne le regarde plus, tant qu’à la fin sa tâche est accomplie et que l’argent ressource les escarcelles de son compte.

Non pas que l’avarice le pousse au butin, car si l’on ne s’attarde sur son train de vie, Aodhan est une personne qui ne s’encombre pas de l’inutile. Ordonné dans sa vie, régie par une routine qui ne souffre d’aucun imprévu, le militaire se conforte dans ses habitudes, qui ne peuvent à ce jour se dissocier que lorsque l’appel des armes lui est demandé.

Il ne vit aujourd’hui qu’à travers la violence de ses confrontations, alors que dérider les plis de son visage est devenu impossible.

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