Comme une ballerine aux chevilles cassées, Timothy trébuche et se relève pour recommencer à danser, à virevolter dans tous les sens, dans tous les angles. Non, c'est faux. Complètement faux et futile. Parce qu'il se redresse pour continuer à avancer sur le champ de bataille : tel le fidèle compagnon de l'homme. Parce que Tim ne cesse de se dire qu'il n'est bon qu'à ça, qu'à servir, qu'à obtempérer : c'est tout ce qu'il connaît, c'est tout ce qui se trame constamment dans sa cervelle d'aliéné. Nonobstant, il y a toujours cette petite voix dans sa tête, au bout d'un moment, qui prend de plus en plus d'ampleur. Quand tout semble s'écrouler, quand le ciel semble vouloir l'écraser sous lui, quand les balles retentissent de part et d'autre de sa silhouette ; il y a cette petite lumière, cette petite chandelle en lui qui crie ''It's enough !''. Une intonation qui résonne en son être et qui a le don de tant l'effrayer : par peur de vriller, par peur de cesser d'être ce que le monde a choisi pour lui. Quelle détresse est-ce de ne pas savoir quand cela éclatera et comment ça se produira ; parce qu'à ce moment-là ce sera lui contre le monde entier.

Pourtant, une fois rentré ''à la maison'', il tient tête à sa façon.
Incapable de s'adonner à une quelconque faiblesse.
Inapte à s'avouer une part de vulnérabilité.
Refusant, au fond de lui, de n'être qu'un pantin.
Rattrapant son égo qui déboule jusqu'à ses pieds.

Coincé à se souvenir constamment de ses propres calamités, Tim trouve le moyen de se cacher derrière un personnage heureux, jovial. Incapable de s'avouer la réalité qu'il traverse continuellement, le lionceau trouve refuge auprès de toutes les bonnes actions qu'il effectue chez Unity : comme si cet échantillon de bienveillance suffirait à apaiser sa conscience quant à tous ces gens morts par sa faute d'exister, d'être obligé d'obéir pour survivre en ce bas monde. Bien des personnes iraient jusqu'à dire qu'il est un hybride particulièrement envahissant, or ça se révèle être un tic nerveux pour digérer ce trop-plein d'émotions qui vacillent constamment en son être troublé. Suffisamment tourmenté par les affres de ses méfaits, Timothy s'est perdu bien trop de fois dans son oreiller, à la nuit tombée, pour crier ô blasphème, en tentant de refouler les larmes qui taquinaient le coin de ses mirettes de couleurs vairons. Douleurs étaient-ce à chaque fois, alors que la seule chose qui recelait le pouvoir d'abréger ses souffrances était une infime partie de chaleur humaine. Un tout petit peu. Juste un peu. Un brin, et rien de plus. Était-ce trop demandé ? Timothy aurait répondu, en rigolant d'une voix rouillée par la peine de subsister, que si.

Roulette russe qui tourne et qui tourne.
La peine, la peur ; elle siège au fond de lui en secret.
Montrant son beau sourire, dupant quiconque.
Il joue le jeu, il fait mine que tout va bien.
Mais, ça va si mal.
Si mal.

(en cours de développement)

Parce qu'il n'y a jamais assez de lignes dans un livre pour énumérer la globalité d'un personnage :
✘ Timmy aime marcher pieds nus ; pour mieux sentir la douceur de l'herbe sur sa peau, pour apprécier les douces caresses du vent sur son épiderme.
✘ Tel un félin, il aime trouver refuge dans les branches d'un arbre ou sur un toit : encore plus lorsque tout semble s'écrouler sous ses yeux et que tout va mal.
✘ Cœur de lion, il lui arrive trop de fois de mordiller trop fort en guise de jeu, de marque d'affection.
✘ Quand l'embarrassement se mêle au jeu, Timmy a tendance à rabattre son capuchon sur lui, de baisser la tête ou de frotter ses joues.
✘ Le chat en lui raffole du saumon, du lait, de la cantaloup, mais aussi des charcuteries fraîchement affinées. Toutefois, il ne daignera jamais manger de la nourriture pour chat et encore moins tout ce qui touche de près aux légumes.
✘ Timothy c'est le genre de petit homme qui croit, encore à ce jour, qu'il doit se donner en spectacle lorsqu'il fait le ménage : attrapant le balai pour l'utiliser en guise de micro, alors que la pièce complète se transforme en une scène. Bien que cela puisse sembler ahurissant, le lionceau est doté d'une capacité vocale remarquable et agréable.
✘ Difficile à convaincre, fainéant de nature, la meilleure option est de lui promettre des gummy bears : les jaunes sont ses préférés, bien que le goût ne change en rien la donne.
✘ Timmy raffole de la flagrance de l'herbe à chat : il en est raide dingue.
✘ C'est le genre de félidé qui aime trôner sur le tronc des humains et faire mine, pendant l'espace de quelques secondes, d'être le roi du monde. Loin d'être un être totalement soumis, le félin aime jouer avec les limites des autres.
✘ Lorsque quelque chose le frustre, il a tendance à aiguiser ses ongles sur tout et n'importe quoi.
✘ Lorsqu'il est malade, sa première réaction est de s'emmitoufler dans les couvertures et de ne plus en sortir.
✘ Lorsqu'il est pris d'affection pour quelqu'un, Timothy a l'habitude de se frotter affectueusement à cette personne, de la pétrir du bout des doigts et de devenir envahissant.
✘ Afin de copier ses lointains cousins les chats, celui-ci adore narguer en faisant tomber des objets.
✘ Lorsque trop longtemps coupé de l'extérieur, le cerveau de Timmy disjoncte et il se met à courir d'un bout à l'autre de la pièce en question.
✘ Timothy apprécie principalement dormir dans un bain, sur un canapé ou sur le sol.
✘ Il apprécie les odeurs citronnées, gourmandes, florales et mentholées. En revanche, celui-ci ne tolère pas les flagrances boisées et poudrées.
✘ Parfois hypocrite, Timmy possède un jeu d'acteur hors norme.

 

“Life is unfair, darling. Bad things happen to good people. Lady luck is a motherfucking bitch. But we keep our chins up. We don’t give up. We don’t surrender. And we come back swinging.” — Elle Aycart.

Vendu, avant même d'avoir eu la chance de respirer une once de liberté : Timothy, né sous l'identité de Nathaniel, avait su éclore en un monde cruel, illusoire, ségrégationniste. Un univers dépourvu de pitié, de considération pour le fruit de leurs expériences déplorables, mais surtout damnables. Naissant sur le territoire américain, rejeton de parents d’origine grecque, le jadis humain avait été réservé ou plutôt condamné un an à l’avance. Géniteurs reconnus pour leurs précédentes portées idoines et adaptées pour appuyer les corps militaires ; Timothy et son aîné de quelques minutes avaient, aussitôt, été sélectionnés par le gouvernement. À vrai dire, il s’avérait plus avantageux. pour les forces armées des États-Unis, de se procurer les futurs membres de leur escouade hybride auprès d’éleveurs locaux. Alors, sans la moindre considération pour le futur de ce nouveau-né, son avenir avait déjà été orchestré : pion de l’humanité entière, la vie de Timothy s’étalait à même un document imprimé et nappé de mots davantage beaux à lire que compréhensibles.

Acte de vente - Nathaniel
Réservé pour l'US Military.

Vendu par Chatterie Royale, éleveur certifié de l'agglomération de New York.
Hybridité visée : Lion d'Asie (temps estimé des injections : six à huit mois).
Prêt pour l'adoption à l'âge de douze mois.

Prix : $35 000, diminué avec accord à $31,999.
Qualité : ★★★★☆
Carnet de santé mis-à-jour et pucé.
Aucune maladie notifiée ou héréditaire.
Projet risqué, l'éleveur ne certifie pas la réussite de celui-ci.
Échangeable, mais non remboursable.

En échange d’une liasse de billets, toutes les bassesses semblaient permises pour redorer l’image de l’être humain, pour acclamer les réussites des patries et pour épargner les humains, à la forme originelle, de se joindre à la déflagration de la mansuétude, de l’humanité. Bien que l’homme était l’auteur de cette paix annihilée par la vénalité et sa lubie de pouvoir, ça ne l’empêchait pas de pousser le fruit de son désastre, l’hybride, à affronter la rage qui grouillait sur Terre à sa place. Pire, il s’en lavait les mains ; bien content de pouvoir épargner ses compères à cette boucherie. Suffisamment heureux que n’importe qui se serait permis de dire que la vie d’un humain valait bien plus que celle d’un mi-humain mi-animal ; n’avait-il que faire du nombre de sujets lessivés lors d’un bombardement, il suffisait d’en racheter pour remplir les rangs manquants. Dès lors, Timothy servait à devenir qu’un numéro pour en remplacer un autre : rien de plus.

Élu pour entretenir la déchéance de cet ère dantesque, le petit se voyait lui-même être envenimé par le venin de l’anthropien suprême. Bloqué à vivre ces sévices, les fléaux de ses ancêtres se repliant sur sa gorge, la malédiction réussissait à se rendre à destination : le liquide brûlant se frayant un passage jusque dans son code génétique. Enlevé fréquemment à sa source maternelle, seulement âgé de deux ans et demi, le môme perdait tout doucement les privilèges d’un individu considéré pur. Peu à peu, alors que son côté humain se perdait en des traits bestiaux, le regard d’autrui envers lui changeait aussi. Tel un objet voué à satisfaire les caprices de l’Homme, son existence s’arrêtait à asservir l’humain et être sous son joug. Arraché à la chaleur humaine, en grandissant, Timothy se contentait de la sienne et de son ami imaginaire : seules sources de réconfort.

Œuvre de guerre arrivée à terme, la bouture fût transplantée dans le jardin de l'Enfer. Les souvenirs quant à sa famille d'antan, au fil du temps, cessèrent d'animer son encéphale : leurs existences se dissipant jusqu'à disparaître pour de bon. Renommé Timothy, on s'attelait à lui arracher aussi son identité de naissance ; parce qu'il n'était qu'un pantin jusqu'à la moelle osseuse. Évidemment, il ne méritait pas de posséder un passé : un potentiel chien antichar ne nécessitait pas ce genre de traitements. Entre les mains d'un sous-traitant du gouvernement, Humanis, afin de l'éduquer : Timmy réalisait qu'il n'y avait point de tendresse qui l'attendait en ce lieu. Par contre, la brutalité et le mépris régnaient en cette prison : deux fatalités qui allaient l'asphyxier jusqu'à l'âge de dix-sept ans.

“Be still when you have nothing to say; when genuine passion moves you, say what you’ve got to say, and say it hot.” ― D. H. Lawrence.

(en cours)