Ilunga, tu aurais pu être la plus douce des femmes, la plus gentille des sœurs, la plus tendre des mères, tu le sais, tu n’as souvent fait qu’aspirer au bien, à la douceur, à la paix. Mais dans la vie, le besoin de s’adapter est toujours là, dans un coin, et toi, tu as pris l’habitude même de t’adapter. Car sans ça, tu serais déjà depuis longtemps six pieds sous terre, comme quasiment tous ceux qui sont autour de toi.
D’un côté calme qui se veut fabriqué, tu as appris à en être d’autant plus bruyante et voyante lorsque tu en as l’envie. La discrétion, au fond, tu n’aimes pas tellement ça, tu préfères toujours qu’on te voie, qu’on t’entende, qu’on se retourne pour te remarquer, parce que tu es imposante et tu l’as toujours été. Lorsque tu es calme donc, c’est bien souvent le calme avant la tempête, et pourtant, tu peux l’être, sincèrement. Lorsque tu es avec une personne que tu aimes, c’est un calme apaisant et protecteur qui peut s’installer, invitant tes proches à se reposer sur toi, à prendre une goulée d’air avant de repartir sur le front, avec toi ou derrière toi. Car du mordant, tu en as, et de là en vient une dualité quant à ta capacité de protection, tes alliées bien souvent derrière toi tandis que tu es capable d’enchaîner les coups, les insultes, mais une goutte de trop et c’est des années qui se déverse sur l’inconnu pas si inconnu face à toi, une violence inouïe qui apparaît alors que tes yeux perçants rigolent au nez de la victime de ta liberté soudaine.
Tu aurais été un hybride chien que cela n’aurait pas été plus étonnant, car ta capacité à aboyer est impressionnante. L’agressivité est presque une seconde nature chez toi, même si tu as appris à la ravaler de travers en attendant par instinct de survie, car la survie, c’est bien ce qu’il y a de plus important dans ce bas monde. Alors en attendant, tu changes de visage pour qu’on t’aime, qu’on t'accepte, pour que tu puisses être vue comme la gentille fille qu’on veut que tu sois jusqu’au moment où tu peux voir l’occasion de sauter au visage de ceux qui ont pu te faire du mal, ceux envers qui tu as de la rancune et contre qui tu en auras toujours, car ça, tu en as plus qu’il n’en faut et tu en offres à qui bon le veut. Même si tu comprends la raison derrière le fonctionnement des gens, des fois derrière leur manière de penser, ce n’est pas pour autant que tu acceptes ce qu’il se passe. Alors tu réfléchis, tu penses et tu trouves toujours une manière ou une autre de t’enfuir ou de te venger, car la fuite ne t’amène qu’à ta venger un peu plus tard, la patience étant une aptitude manquante à ton étendoir, ce n’est que partie remise, toujours.
C’est de là que tu puises ton courage, ta force, ta fierté, ta dignité. Dans ces deux visages, celui que tu offres et celui que tu imposes. Dans ta compassion et ta vengeance en bonne conscience. Des regrets, tu n’en as pas, tu n’en auras jamais aucun, car ton destin est toujours entre tes mains et le jour où tu ne l’auras plus ne signera que la fin du chapitre qu’est ta vie. Et jusque là, tu comptes bien en tirer le meilleur, changer le monde comme certains osent le dire, bousculer celui des autres. Dans ton univers, tout tourne autour de toi, et c’est à toi que revient le rôle de les protéger, de les aider, de les aimer, comme de les venger, de les enterrer ou de les haïr. Tu leur promets la lune, tu la leur offriras dès que possible, mais un coup de couteau dans le dos et c’est le soleil qu’ils auront.

More facts: