Par usage commun, le monde se voit divisé en deux catégories distinctes : ceux qui prônent l’art mystique de la famille des bovidés, observant le monde bouger autour d’eux. Ruminant vaillamment que l’herbe d’à côté semble d’un jade plus onctueux que celle d’ores et déjà sous leurs pieds empotés – appelons-les passifs – ; à leur diamétral opposé, se tiennent ceux qui à l’abstraite notion de changement sont acteurs d’une destinée qu’ils se jugent seuls dignes de pouvoir tracer. En tout état de cause, braves et persuadés qu’un fumeux libre arbitre leur est tout singulier, héros modernes de la prise d’une Bastille figurée. Eux s'auto-proclament actifs.

Lui ne s’estime d’aucune de ces deux supposées castes. Entre toutes les cases bien alignées du monde, races, genres, et tant d’autres, Kaiden est ce connard de funambule qui du haut de sa corde jette à la gueule d’un cirque indolent le sel dont il est le producteur premier. Fiel infect d’un pathétique humain aussi passif-agressif que ses poings ne sont le glas d’un bris de nez. Délit de faciès, qu’on dira. A charge de revanche, qu’il vous répondra.

Toxique ou empoisonné, la question l’indiffère depuis qu’il a mordu la poussière plus de fois qu’il n’accepterait de l’avouer de son égo écorché. Violence, la pathologie qu’il soigne de chacun de ses souffles. Nerfs à vif, c’est d’une charge négative toujours prête à éclater qu’il étincelle d’un tempérament éblouissant de brutalité. Cruel en chacun de ses sens, là où les émotions sont la ligne furieuse d’un sismographe branché à un pouls qui jamais ne cesse de s’emporter. Des poings ensanglantés aux scrupules inexistants justifient de tous ses actes, là où la mécanique des souvenirs est devenue la course effrénée de sa survie. L’ébullition de la sève en guise de grog pour les nuits d’hiver mordantes, l’hémoglobine est sa toile préférée, étirée sur les murs du sud et du nord, là où Savannah est un tendre souvenir et ses utopies déçues se sont heurtées aux briques d’une New York aussi injuste qu’impure. Les poches pleines de rêves chimiques, brûlés contre un filtre crasseux, injectés sans besoin d’IV. Peut-être a-t-il volé l’onirisme à son prochain, ah, non, c’était juste ce connard de sauvage qu’il a esquinté en fuyant des rames du métropolitain.

Un sourire furieux sur ce minois décharné résigné à n’être que le jouet de la haine anxieuse de ceux qui le réduisent au silence. Docile clébard aux crocs moins acérés que ceux qui tiennent à la génomique de leurs pairs. Tordu tant et si bien qu’il s’en est rompu, plus si humain, plus si vrai, plus qu’un miasme de solitude rejetant l’affection. Qui pourrait bien la lui offrir, après tout ? Pourquoi s’attarderait-on sur une ombre aux noms aussi nombreux que les faux papiers qui peuplent ses poches trouées ? Jouer de chaque avantage qu’il peut tirer d’être le serf des tout-sachants et très hauts d’une race qu’il n’est pas. Ses chaînes il les estime brisées depuis des années. Nul n’est esclave de ses propres convictions, ancrées à la force des années. Un fils de chien qui se rabat à ne plus gronder contre ceux qui l’asservissent, et infliger pire encore à ceux qui défendent des idéaux qu’il ne sait plus partager.

La roue tourne, chuchote le percuteur d’une sordide roulette russe, écrin léthal de la balle qui finira par lui crever la peau. Les balles, elles, n’ont pas de maître, seulement des fins.


Est très spécifique sur sa nourriture • sujet à des paralysies du sommeil récurrentes • compense en faisant des nuits blanches • souffre de fréquents saignements de nez • ne supporte pas d’être pris par surprise • OVNI d’acidité • pleure parfois dans son sommeil • ment comme il respire • a une vision biaisée de la justice • bombe à retardement • patience discutable • champion du système D • a arrêté de se regarder dans le miroir et de se juger • mœurs brisées • vice et péché

TBD