- Le Capricorne -
Connaissez-vous le Mythe de Pan? Le Pan qui donna son nom à la flûte puise sa source dans la mythologie grecque. Il était le dieu des bergers et des troupeaux. Son apparence, proche du satyre, était celle d’un homme croisé avec un bouc. En fuyant le terrible Typhon, le divin prit la forme d’un poisson pour lui échapper, trouvant ainsi une origine à un autre mythe, celui du Capricorne en occident.
Bien des millénaires plus tard la mythologie ne cesse de créer l'intérêt des hommes, riche comme pauvre, tout le monde a déjà entendu parler de Zeus, de ses frères et de leur famille incestueuse. Cette fascination continue de persister même en 2061.
C'est par l’un de ces fascinés que naquit le projet Pan. Un hybride sur-mesure conçu en cuve pour se rapprocher le plus possible de l’animal fantastique représentant le Capricorne. Le riche commanditaire de Brooklyn avait dépensé une réelle petite fortune pour ce bijou de technologie. Mais hélas, déjà âgé, l’homme rendit son dernier souffle avant l’aboutissement de ce projet. Stagnant durant des mois, des années même. Mais finalement, pour une raison ou une autre, le projet Pan fut remis sur la table. Finalement, il avait probablement dû être racheté pour une société tierce. L’hybride conçu pour être une pièce de collection fut revu pour devenir un domestique docile prévu pour la commercialisation. L’enjeu n'avait plus rien avoir avec les idées d'antan, mais l’embryon ne changea pourtant pas de nom. “Pan”. Par hommage ou bien par défaut l’hybride avait été croisé avec les gênes d’un Cabri, puis un Gecko et enfin un Pterois volitans de son nom latin, aussi appelé Rascasse volant ou encore Poisson-lion. Un cocktail bien étrange qui avait sans aucun doute coûté une belle somme. Comme convenu lors des premiers jets, la date du terme du projet devait arriver à la naissance dite “officielle” de Pan, un 22 décembre, premier jour du zodiaque consacré au Capricorne.
Voici à peu près tout ce que l’on bien voulu te raconter sur tes prémices, sur ce qu’il s’était passé avant ta naissance. Toi, Pan, hybride née en cuve. Née du fantasme d’un millionnaire, tu étais pour ainsi dire d’ores et déjà orphelin avant même que l’air n’ai rempli t’es poumons.
- Découvre le monde -
En vue des efforts mis en service de confection, ce fut dans une agence pour hybride de luxe que tu grandis. Tu y as été élevé en parfait serviteur. Tu fus enseigné la cuisine, l'entretien et tout le savoir-faire pour faire de toi le parfait domestique de maison. Parfois même, quelques vendredi matin et tu t’en souviens, tu étais désigné pour une séance photo. En grandissant ton physique semblait plaire aux agences et beaucoup rêvaient de faire toi un produit de mannequinat. Tu aimais cela, car tu te sentais différent ! Ta chevelure et ton regard sombre avaient su plaire et être aimé, c’est ce qui t'importe. Toi qui après tes 16 ans n'avait pas été adopté. Il y avait bien eu cet essai lorsque tu étais jeune, ce couple hésitant. Mais après une semaine avec eux, ils avaient conclu que s'ils y mettaient un tel prix, ils préféraient au moins un croisement plus exotique qu’une simple chèvre. Cet aspect de toi ne plaisait guère aux potentiels acheteurs. Et lézard, pourquoi pas, un Poisson-lion, c’est exotique, mais… Un cabri ? Pourquoi y investir autant. Ainsi, tu avais passé le premier tiers de ta vie dans cette agence et le second en animalerie. Une fois ta majorité passée, on te fait travailler à droite et à gauche. Tu constatais qu’au fil du temps ton profil intéressait de moins en moins, peut-être parce que tu étais trop occupé à travailler et que par conséquent, tu manquais quelques rendez-vous ou alors simplement parce que tu vieillissais. Tu fus alors d’autant plus surpris lorsque durant ta vingt-neuvième quelqu'un fit une offre pour ton adoption. Ta vie bascula alors brusquement. Naguère, tu avais vu tes camarades quitter l’animalerie, mais tu n’avais jamais réalisé à quel point cela pouvait aller vite. À tes yeux, ton adoption se fait aussi rapidement que lorsqu’on commande un bouquin ou un jeu vidéo sur le net. Tu rentres du travail et aussitôt, on t'annonce que tu allais cesser de travailler et que tu allais devoir faire tes valises pour vivre ailleurs. Dans une même soirée, tu prenais le chemin de l’animalerie à pied sous la pluie et une petite heure plus tard, tu étais dans une limousine avec une inconnue en direction de ton nouveau “chez toi”.
Jeune, tu avais rêvé de cette adoption. Alors pourquoi avais-tu ce goût amer en bouche. En vieillissant, tu t’étais bien rendu compte de comment les hybrides étaient traités. Et encore, en tant que produit de luxe, tu avais bien été épargné. Des congénères se faire frapper au bas de la porte d’un restaurant parce qu'ils avaient eu le malheur de laisser refroidir un plat, tu en avais déjà vu. Jusque-là, tu avais fermé les yeux.
Dans ton éducation, on t'avait appris que l’homme était bon et que toi, ton devoir était de servir. Dans ton esprit, le fait que l’homme était un être qui t'était supérieur était quelque chose d'acquis. Quelque chose de “normal”. Néanmoins, avec ton expérience. Avec ce qu'avait vu tes yeux, tu ne pouvais t’empêcher d'appréhender.
- Madame -
Cette femme, elle était actrice. Probablement, d’origine, porto-ricaine, son nom était Da Kosta et elle se distinguait parmi mille par son imposante chevelure blonde. Tu l’avais peut-être déjà vu une ou deux fois sur un écran, mais ce fut en vivant avec elle que tu appris à réellement la connaître. Et quel personnage. Face à une caméra, Kiana Da Kosta était une personne influente et sympathique, suffisamment distinguée pour plaire aux hautes sphères, elle ne camouflait pas toujours une certaine tendance aux caprices.
Une fois arrivé aux appartements de cette femme extravagante, tu appris de toi-même qu’elle possédait déjà un bon nombre d’hybrides, à commencer par son major d’homme. Il ne te fallait pas plus de quelques jours pour comprendre comment les hybrides étaient traités ici. L’actrice excentrique cachait bien son jeu devant les médias, mais derrière elle prenait un malin plaisir à abuser de ses possessions physiquement, moralement. Les humiliants jusqu'à les brisées ou tout simplement… Les tués. Lorsqu’elle se mit à jouer avec ton corps, tu trouvas cela agréable la première fois, après tout, la maîtresse de maison était une belle femme. Mais tu appris à tes dépens qu’ici seule elle était invitée à prendre du plaisir. Toi qui étais fier de ton physique, tu te mis alors à te détester. Tu ne voulais plus être attirant. Plus tout cela t'insupportait, plus elle semblait te réclamer. Et tu avais intérêt à obéir, oh oui… Tu avais intérêt. Peut-être aurais-tu dû renoncer à la vie pour que ton calvaire s’arrête ici. Tu y as pensé… Longuement. Cependant un espoir, un lendemain meilleur et une peur de la mort elle-même, tu poussais à avancer. Certes, ton regard était bas, car dans ton état, tu ne voulais plus être remarqué. Couvert de bleus, mutilés à certains endroits. Finalement, la dame avait fini par se lasser de toi. Et tu en fus le plus heureux ! Les corvés te semblaient un plaisir tant que personne ne cherchait à frotter son corps contre le tiens. Cependant, dans un coin de ta tête, tu ne pouvais t’empêcher de te dire que tes jours étaient comptés. Que faisait-elle aux hybrides dont elle voulait se débarrasser. De le meilleur des cas, elle les vendait, mais dans le pire… Après les traitements qu’elle t’avait réservés, allait-elle vraiment prendre le risque de te renvoyer en animalerie. Même si cette femme t’avait appris que ce monde était injuste, tu savais qu’il y avait un semblant de bon sens, quelque part voulant que la maltraitance hybride ne reste pas impunie même si pratiquement tout le monde y fermait les yeux.
Ce jour-là, aussi, tu t’en souviens. Dans la cuisine plongée dans la pénombre par des volets rabattus en plus milieu de l’après-midi. Elle t’annonça que tu allais partir. Une boule se serra dans ta gorge, la sueur perlait dans ton dos. Était-ce la fin ? Vraisemblement non. Madame Da Kosta s'assurera que tu sois présentable et que tu puisses avoir l’air en forme pour te présenter à quelqu'un qui lui était spécial : son fiancé, Glenn McGregor.
- Monsieur, Partie 1 -
Cet homme, tu ne savais rien de lui. Tu l’avais pour ainsi dire vu qu’une seule fois. C'était plus régulièrement ta maîtresse qui se rendait chez lui. De ce que tu savais et ce qui se disait avec les autres hybrides, il s'agissait d’un mariage arrangé comme pour réunir leurs fortunes. Monsieur McGregor était l’héritier d’une riche famille écossaise, mais il fut adopté dès la naissance ce qui expliquait son teint basané.
Personne n'a eu besoin de t’expliquer que désormais, tu vivrais avec lui, tu le fit toi-même au cours de cette rencontre pour le moins étrange et malaisante.
Aux premiers abords, l’homme semblait dérangé par ce cadeau visiblement imprévu. Pour lui comme pour toi, vous vous retrouviez perdu face à cette situation. Tu y avais trouvé un peu de réconfort dans ce regard qui semblait si doux et affectueux. Avec McGregor comme maître, tu espérais revivre une vie saine, du moins le temps que Kiana et lui ne décident de vivre sous le même toit. Pour l’heure, l’écossais semblait déjà posséder une hybride. Elle semblait en bonne santé et était vraiment magnifique, que tu saches, elle n'avait aucun signe de violence apparente sur son corps. Ses cheveux étaient d’un rose au moins aussi éclatant que le vert de ses yeux.
Soulager, la vie chez ton nouveau maître se voulait plus qu’agréable. Une chambre rien qu’à toi dans un appartement de luxe. Ta vie allait s’améliorer et à partir de maintenant tout ira pour le mieux n’est-ce pas ? Hein?... Malencontreusement, la vie n'avait pas décidé de te sourire. L’homme s'était procuré tes dossiers médicaux en retraçant l’animalerie dont tu proviens et un détail allait à jamais changer ta relation avec Glenn McGregor. D’ailleurs, bientôt, tu ne l'appellerais plus par ce nom.
Chose que tu ignorais sur toi-même, tu naquis le 22 décembre de l’an 2030 avec des nageoires atrophiées sur tes avants bras. Héritage de la rascasse volante. Cependant, les nageoires de cet animal ont pour particularité d’abriter des épines venimeuses. Alors pour éviter tout drame, tu avais subi une ablation de ces membres. McGregor lui, était persuadé qu’avec l’aide de ses contacts, il lui était possible de te les faire repousser ou alors peut-être bien exploité d'hypothétiques glandes à venin enfermé sous tes cicatrices.
Drogué puis emmené de force et opéré à de multiples reprises, le vrai visage de ton propriétaire se dessinait peu à peu. Durant des soirées dans un lieu sordide nommée la Manhattan Display Arena, ton maître s’y faisait appeler le Baron Rouge. Dans cet endroit, il était roi !
- Monsieur Partie 2 -
Même si les quelques coups de bistouri que tu avais dû endurer n'avaient pas eu l’effet désiré par G. McGregor, il avait néanmoins réussi à en tirer quelques fioles de “ton” poison. Bien décidé à faire de toi son nouveau gladiateur vedette. Tu avais été drogué une nouvelle fois, ou plutôt dopé, cette fois-ci. Tes mains avaient été graissées de ta propre toxine pour que la moindre griffure que tu assurerais à ton adversaire lui laisse de séquelles. En effet, la Manhattan Display Arena, souvent abrégée en MDA était un lieu de rencontre pour fortunée anonyme souhaitant voir combattre des hybrides illégalement et la plupart du temps jusqu'à la mort. En cas de faiblesse de ta part, le baron misait sur ton sang de reptile pour que tu puisses te remettre de tes blessures.
Toi, tandis que tu étais enchaîné derrière une grille donnant sur une arène ensablée. Éboulis par des projecteurs et assourdis par les hurlements du public, une voix parmi toutes celles-ci fracassait ton crâne réclamant du sang. Ils annoncèrent “Quetzalcoatl contre le Lion des enfers”. Lequel de ces deux-là étais-tu ? Tu n’avais rien d’un Lion ou d’un oiseau. Non toi, tu ne pensais pas à cela, tu te demandais comment ta vie avait pu te mener ici. D’abord cette femme… Puis son époux, encore plus fou et dangereux qu’elle.
Une larme de désespoir coula sur ta joue tandis que la grille qui te séparait d’un combat à mort s’envolait sous tes yeux. Et là, ce fut malgré toi le premier d’une longue série de meurtre, violence, boucherie où tu y étais le pantin au rôle principal. Les semaines passèrent, les mois également. Tu vivais dans le luxe, tu souffrais dans la crasse. Puis tu retournais dans cet appartement de rêve. Ce rythme était insoutenable. Le Baron Rouge avait fait de toi le champion de l'arène. À ta grande surprise tu y avais même terrassé un imposant hybride gorille faisant jusqu'à deux fois ta taille. Toi-même, tu n’y croyais pas. Mais visiblement être le favori du Baron avait du bon pour qui voulait survivre là-dessous.
Lorsque tu étais de retour, enfermé dans ta chambre, le manque de cette drogue t'empêchant de ressentir fatigue et douleur montrait sa face la plus fourbe. Les cris de douleur que tu étouffais sous tes draps te faisaient vriller les tympans lorsque tu ne t’évanouissais pas, noyé dans tes larmes. Les rares fois où tu croisais l’hybride aux cheveux rose, tu restais silencieux. Mais tes yeux appellent à l’aide. Ne t'entend-elle pas hurler ? Parce que toi, tu l’entendais fricoter avec le Baron dans toutes les pièces de la maison. La favorite du roi et son champion. Quel tableau.
La troisième semaine de ce chaos, ce fut la fois où tu as essayé le tout pour le tout ! La fugue était ta seule option. Mais hélas, tu ne le savais pas encore, mais personne n'échappe à un homme aussi puissant, aussi influent que le Baron Rouge. En revanche ce que tu savais, c’est que tout comme l'aurait fait sa future femme, il allait t’infliger une punition exemplaire. Mais quoi donc ? La mort ou l'amputation ? Aucun des deux, tu lui rapportais bien trop d’argent en tant que combattant. Non, le président de la MDA eut une idée pour le moins aussi sadique qu'originale. Il t'avait alors fait tatouer le visage. Un imposant croissant de lune sur ton œil droit et une bande du haut de ta lèvre inférieure jusqu’au bas de ton menton. Une bien belle peinture de guerre pour le Champion de l’arène, mais surtout, une subtile façon de se faire remarquer dehors. L’anonymat ne serait plus jamais une option pour toi. Dès lorsque tu essayerais de t'échapper le moindre adepte, le moindre client de la Manhattan Display Arena saurait te reconnaître en un coup d'œil.
De nouveau spectateur de ta propre vie et esclave de ta propre condition. Les jours s’enchaînèrent en bas. Tu ne savais toujours pas pourquoi tu continuais de te battre, pourquoi tu te donnais à ce spectacle macabre. Après tout, tu n’avais qu'à te laisser mourir. Ce n'était certainement pas la première fois que tu y songeais, n'est ce-pas ? Mais pour une raison qui t’échappe, tu gardes la foi. Foi en toi ? Foi en un être supérieur ?
- Dévier le cap -
Ce qui était certain ce que cette foi termina par payer, lorsque, du jour au lendemain. Glenn McGregor disparut de la Grosse Pomme. Du jour au lendemain, sans crier gare, il avait disparu. Ni toi, ni l’autre hybride n’avait été mis au courant. Apparemment, il serait parti en vacances quelque part en Europe. Cela ne lui ressemblait aucunement. Et étrangement, l’appartement fut vidé, et toi, tu fus raccompagné en animalerie. Étais-ce la fin de ce chaos?
Alors que la liberté te tendait les bras, tu te faisais à cette nouvelle vie, bien plus supportable. Cette animalerie, où tu étais à présent, n’était pas aussi prestigieuse que celle où tu avais grandi. Peut être aurais tu perdu de la valeur que ce soit avec l'âge, ces cicatrices ou ce tatouage bien trop voyant. Tu étais bien plus atteint par la haine anti-hybride que durant ta jeunesse, mais tout cela ne te faisait absolument rien en comparaison avec ces deux dernières années où tu vécus l’enfer.
Ironiquement, ton tatouage avait su attirer la curiosité du gérant d’une nouvelle boîte de nuit où les hybrides étaient autorisés à y faire la fête. Un lieu branché en périphérie du Bronx. Derrière le bar de cet endroit que les humains jugent malfamés, tu y rencontreras plus d’hybrides que tu n’en avais jamais croisé dans toute ta vie et parmi eux des gros bras et piliers de bar aux avis bien tranchés sur les humains. Un groupuscule qui a eu seul, justifiaient les innombrables descentes de la BTD. Malgré cela, tu trouvais ton quotidien vraiment calme. Mais avec ces tensions allait-il vraiment le rester ? Des questions restaient en suspens de ton esprit. Tu ne te voyais pas prendre les armes, mais pourtant… Tu avais en toi cette violente envie de crier "Vengeance."
Au travail, tu as néanmoins appris quelque chose d’intéressant. Ces derniers temps la MDA est de plus en plus attractive. Plus étrange encore,
le Baron Rouge continue de s’y produire. Pourtant, tu es détenteur d’un secret bien intriguant.
Glenn McGregor n’est plus en ville. Alors que peut-il bien se tramer sous terre ?