Avant, tu étais une peste, une garce aux yeux du monde entier. Un vrai monstre sanguinaire, une humaniste digne de ce nom. Tu te montrais intransigeante envers ces êtres impurs que ce soit ceux travaillant à la solde de ton entreprise ou ceux ayant la malchance de te croiser en rue. Tous subissaient ton courroux sans état d'âme, tous devaient se poser à tes pieds afin de ne pas salir tes précieuses chaussures coûtant un bras, tous devaient ressentir ce désir de baiser tes pieds, de chanter tes louanges, tous devaient obéir au doigt et à l'œil sans fléchir, sans même avoir besoin d'un papier attestant en être la maîtresse. Aucun n'avait le droit à ta compassion, ni ne méritait de perdre ton temps à écouter leurs malheurs. Ils avaient le droit à une seule chose de ta part, un regard froid et méprisant. 

Si quelque chose t'appartient, il l'es entièrement. Personne n'a le droit de le toucher, ni de les regarder d'ailleurs. Tu ne peux pas t'empechait de te montrer de ce fait possessive et encore plus mordante à ceux osant te défier ou voler. Si tu es déjà de nature intransigeante, ici, c'est un côté rancunnier qui devient ton principal défaut, transformant la vie de ces affronts en enfer.

Le lâcher prise n'était pas un mot que tu connaissais. Tu en étais même bien incapable. Il était de ton devoir de toujours garder le contrôle comme celui d'en avoir le dernier mot, de toujours avoir raison. Écouter était facile, pour autant, tu t'évertuais à faire la sourde oreille, à leur faire croire que leur avis t'intéressait avant de les guider et les mener à la baguette vers la direction choisie par tes soins. Celle plus importante, celle-là meilleure à tes yeux. Personne ne devait te contredire ou oser te donner un conseil et encore moins te rabrouer. Tu avais confiance en toi, en les bienfaits de tes choix et de leurs conséquences, pas de ceux des autres. Un comportement autoritaire pas uniquement subi par les hybrides, tes employés vivaient ce calvaire aussi de ne pas être à ta hauteur, de ne pas mériter ton respect, d'être juste des pions à contrôler et manipuler. Rien de moins.

Accepter l'autorité de quelqu'un d'autre t'était insupportable, aussi, un tel caractère ne laisse que très peu de place à l'amitié ou même à une hypothétique histoire d'amour, et ce, même en dehors du travail. Peu t'importait de toute façon, seule la puissance gagnée comptait à tes yeux, seule une personne de ton rang méritait de devenir un jour ton époux ou d'être nommé ami. Tout était fait de faux semblants, de phrases pré-mâchées dignes de la bourgeoisie d'où tu venais. Rien n'était vraiment sincère, juste de la manipulation, juste du chantage, juste des compromis, juste des retours de faveurs, ni plus, ni moins.

Pas une once de sentiment et d'émotion t'animait, tu étais la froideur par excellence, une poupée de porcelaine façonnait aux désirs de tes parents. La perfection incarnée disaient-ils à ton égard constamment.

Aujourd'hui, tu es toujours la même, tu agis toujours de la même façon. Rien n'a changé dans ton comportement. Pas une seule émotion n'échappe à ton contrôle. Autant la haine, la rage, le dégoût, la tristesse que le regret ne transparaît jamais sur ton visage sans être de ton propre chef. Tout est offert selon ton bon vouloir et dans ce désir de convaincre les personnes t'entourant de toujours être à leurs côtés, de toujours être cette humaniste criant sa supériorité sur les hybrides. Pas moyen de réussir à te montrer agréable, plus gentille, tu gardais encore et toujours ce masque. Tu y es habitué, il est ancré en toi malgré ton choix récent de rejoindre Unity, de combattre ceux qui faisaient partie de ton clan. T’en défaire semblait difficile, impossible même. Même dans ta propre demeure, tu ne trouves pas ce repos. Le seul endroit où ton visage à l’autorisation de se décrisper enfin de cette froideur, d’esquisser une once de sourire, est uniquement possible sous la douche à l'abri des regards indiscrets.

Une seule personne peut se vanter de te connaître d'une façon différente, de te voir pleurer et trembler de tout ton corps. Lui avait su te rappeler l'humanité au fond de ton cœur, lui subissait tes besoins de tendresse, lui devait supporter ta tête contre son épaule en laissant les larmes tombées inlassablement et sans plus de discontinuité. A ses côtés, plus moyen de rester cette femme forte sans ressentir ses remords à chaque seconde devant te faire passer pour une diablesse.

Malgré ton désir de mettre fin à tout ça, de cracher ta haine envers ton ancien clan au lieu de rabaisser encore et encore les hybrides, tu restes incapable d’agir et de prendre les choses en main. Tu tiens beaucoup trop à ta réputation, à ta vie. Tu as besoin de cette reconnaissance du monde. Tout perdre dans une cause loin d'être gagnée était impossible à tes yeux et lui le comprend, lui te soutient de ne pas te jeter à pied-joint dans cette bataille sans bouée de secours.

Désormais, ta vie se résume à cette triste réalité. Tu ne peux pas, ou plus, être toi-même. Tu dois toujours suivre les règles qui t’écœure et te doit de te cacher des autres sur les véritables intentions t’animant de toute part sous ce masque détestable et bien ancré dans ta peau d’une humaniste. Il t'est impossible de montrer ta vraie personnalité à autrui, celle se développant en ce moment, sans certitude de pouvoir leur accorder ta confiance en bel et due forme.

Blabla histoire