"Un, deux, trois..." Hoani observe. Hoani regarde les arbres qui passent. "Quatre, cinq, six..." Une légère panique dans ses yeux. Il en a raté un, il en a raté un. La pensée l'obsède, l'irrite. Il déglutit et se met à gratter ses poignets, ses avant-bras. Ses ongles raclent sa peau et la panique s'installe. Son coéquipier le remarque et fait demi-tour pour reprendre la route depuis le début. Pour permettre à Hoani d'avoir son compte juste, de se calmer et de ne plus avoir à se gratter à sang la peau.

Hoani, c'est un jeune homme qu'on sait un peu spécial. Quand on le voit la première fois, c'est son sourire qui attire. Ce regard pétillant de malice et d'amour. Ce rire qu'il ne se lasse pas d'émettre lorsqu'il est heureux. Hoani, c'est ce jeune homme qui n'a besoin que d'un rien pour être de bonne humeur. Qui attire la bonne humeur chez les gens. C'est un drôle d'oiseau qui a rajouté de l'énergie dans le centre d'accueil où il vit, depuis son arrivée. Oui, Hoani est un bienheureux optimiste. Mais, depuis ce jour, on sait aussi qu'il a quelques petits "soucis". Des tocs qui l'obsèdent. Des tocs qui le rendent fous. Il est regardé de travers par moment, lorsqu'il lui prend la lubie de compter les dalles, de faire en sorte que ses pas soient d'un nombre pair - s'il est impair, il trouvera un moyen de faire un pas de plus, qu'importe la situation -... Il est toqué. Toqué et ses collègues font avec car il ne leur fait pas de mal. Au contraire...

L'oiseau est un pacifique. Malgré les coups, malgré les maltraitances qu'il a pu subir lorsqu'il était chez "M'sieur Alvarez" comme il l'appelle... Hoani refuse la violence. Il refuse de faire du mal aux autres. Il s'en fait à lui même, lors de ses paniques mais il n'en reste pas moins un être inoffensif qui n'attaquera pas autrui même sous la menace. Certains parlent de faiblesses en parlant de ce trait caractéristique chez lui. D'autres, cela serait une vertu que l'on ne voit que très peu. Il n'a jamais montré les crocs, il ne s'est jamais montré territorial comme hybride avec du félin en lui. Cela a même été étonnant, lorsqu'un plus gros prédateur est venu vivre avec lui, il l'a simplement accueilli... Comme s'il était un ami de longue date. Comme s'il était un nouveau membre de cette famille. Attention tout de même, car le prédateur se réveille au fur et à mesure que l'infection prend place en lui. Il ne serait pas étonnant de le voir montrer les crocs à un moment ou à un autre.

Curieux, il n'est jamais avare de questions ou de découverte. Il questionne, interroge... Il lit, il relit, il découvre et se plonge dans les mystères du réel. Déjà "enfant" - oisillon ou tigron serait plus à même de décrire l'hybride -, il montrait un esprit alerte, il avait une soif d'apprendre que son "Père" lui comblait sans aucun souci. Bien qu'il ait souvent des "stop". L'oiseau se montre souvent trop bavard, parlant, parlant... Il déblatère des faits et des questions. On l'arrête dans sa recherche, dans ses questions, dans son exposition des faits. Il se croit alors fautif. Fautif d'avoir ennuyé les autres. De les avoir dérangé d'une façon ou d'une autre. Craintif comme le chaton qui vient d'acquérir la vue, comme l'oisillon qui doit sauter du nid... Pourtant, il peut se montrer protecteur. Lorsque son instinct se réveille en voyant une personne en danger, en voyant qu'il peut faire quelque chose pour sauver ou autre. Il ne restera pas longtemps un tigre courageux et sans peur, une fois l'adrénaline passée, il se retrouvera comme un bébé. Il aura le contrecoup, il se demandera pourquoi il s'est mis dans cette situation. Il peut se prendre des coups pour quelqu'un d'autre, mais ça ne veut pas dire qu'il les rendra. Non, il n'a pas ce courage. Il n'a pas ce besoin. Il n'est pas courageux. Il ne supporte juste pas de voir quelqu'un subir des maltraitances et de ne pas agir. Il souhaite juste... Protéger.

"Pourquoi j'ai pas de maman et de papa, moi ?" Le petit bonhomme à la chevelure de blés était assis sur la table d'auscultation. Entre ses mains, une petite peluche malmenée, qui avait du appartenir à un autre enfant avant lui, vu son état déplorable. Il s'imaginait, par moment, que cet autre propriétaire avait, lui aussi, été enlevé à ses parents. Qu'ils ne pouvaient pas dire, comme d'autres enfants nés ailleurs : papa ou maman. Il connaissait ces mots grâce aux autres, grâce aux livres... Lui ? Personne n'était là pour le protéger, pour s'occuper de lui...