Non.

Non, non et non.

Cela devait être une sacrée plaisanterie, ce qui se disait ici. En tout cas, Mania voyait les choses ainsi. Elle était peut-être à peine stressée par le fait qu'elle était sensée être bientôt au travail. Travail de l'autre côté du pont. Animalerie de l'autre côté du pont, elle aussi. Quelle bonne idée avait-elle eu d'aller sur Manhattan ce matin. Voici son bus bloqué dans les bouchons, à l'arrêt désormais. Et les gens qui commencent à murmure, à se coller contre les fenêtres pour mieux observer. Les chauffeurs à côté sortent de leur voiture afin de mieux voir ce qui se passe. En soit, c'est une très bonne idée puisque rien ne roule. Le pont semble à l'arrêt, comme si le temps s'était figé.

Faisant comme les voisins de route, elle décida de descendre du bus, puisque le chauffeur avait lui-même ouvert la porte pour voir ce qui se passait. La réponse ne tarda pas arrivée, puisqu'ils n'étaient pas si loin que cela du problème. Quelque chose semblait bloquer la circulation dans les deux sens. Quelque chose et quelqu'un. Et le travail qui devait l'attendre. Elle pouvait toujours tenter de se rapprocher pour mieux comprendre la situation, voir si les personnes avaient besoin d'aide, puisque le pont ne manquait pas de mains d'oeuvre. Elle s'approche, Mania, espérant que les choses se régleront plus facilement. Et puis elle entend. Elle se fige, tout simplement. Elle écoute le monologue de la demoiselle au mégaphone.

Encore des Robin des Bois qui ne comprennent pas. Des gens qui veulent se faire entendre et qui empêche les autres de vivre leur petites vies tranquillement. Qui ne pensent qu'à eux et qui ne se rendent pas compte des problèmes que cela peut poser. La voici dans un problème qu'elle considère plus urgent. Le retard. La ponctualité. Parce que visiblement, elle ne pourra pas être au Musée aujourd'hui. Pas à l'heure en tout cas. Car elle a grand confiance en la sécurité New-Yorkaise et espère que les forces de l'ordre pourront facilement faire quelque chose.

De ce fait, à la fin de ce long discours, elle espère pouvoir profiter de la mini pause pour regarder autour d'elle. Il y a du monde. Elle devrait pouvoir trouver son bonheur facilement. Elle croise les doigts en tout cas. Prête à tenter sa chance au près du premier inconnu. Sauf que le premier inconnu semble assez énervé et elle pense très franchement qu'elle risque de s'en prendre une si elle le dérange. Suivant donc. Quelqu'un de calme, espère t-elle. Elle veut juste un téléphone portable. Quelle idée de ne pas en avoir, franchement. Allez, elle a confiance.

« Excusez-moi monsieur. Je sais que le moment est peut-être mal choisi, mais serait-il possible de vous emprunter votre téléphone portable ? En restant à côté de vous, bien sûr. C'est pour prévenir mon travail de la situation. »

Régler son propre problème avant d'essayer de comprendre le plus gros qui pointe le bout de son nez. Un embargo. Mais quel enfer. Si cela continue, elle va finir par ne plus jamais quitter son petit Brooklyn.

Il accepte. C'est un vrai soulagement. Elle s'incline rapidement, afin d'avoir le temps de passer son coup de fil. Cela ne dure pas longtemps, puisque l'information est déjà en train de circuler. Ils savent que ce n'est pas un mensonge, qu'elle n'aurait jamais osé, elle qui est toujours si ponctuelle. Elle tend l'objet vers l'humain, se permet enfin de prendre le temps de lui répondre. Elle hoche la tête.

« Un travail, monsieur. Merci énormément. »

Pâle sourire qui éclot sur ses lèvres. Elle en offre rarement, ce qui cause une disparition très rapide de celui-ci. Il n'y a pas de raison de sourire lorsqu'on entend un bruit de coup de feu. Elle sursaute, surprise, puis tourne la tête vers la leadeuse de ce mouvement. Elle a tiré dans le ciel. Ce pauvre ciel, cette étendue magnifique qui n'a jamais rien demandé. Et puis. L'arme change de cible. Et par un triste hasard, voici que cela oscille entre elle et l'humain.

Et ce n'est pas logique. Tout simplement pas logique. Cela pourrait être du bluff, mais elle ne le pense pas. Alors, elle a ce réflexe d'avancer de quelques pas, se mettre devant le brun qu'elle ne connait pas, mais qui s'était montré très compréhensif quelques instants plus tôt.

Et pour une fois, Mania ne se tait pas. Non pas qu'elle tienne à la vie, mais le premier coup de feu ouvre toujours une sauterie. Elle préférerait éviter cela. Ni hybrides ni humains ne méritent d'être blessés ou de mourir. Alors elle s'exprime, sans crainte ni peur, mais sans courage non plus. Elle essaie juste de parler assez fort pour que la femme armée l'entende.

« Il serait totalement idiot de tirer sur des personnes qui ne montrent aucun signe de résistance à la situation.  »