De nature réservée et polie, on pourrait penser qu’il est aussi facile de lire en Misha que dans un livre ouvert. Il est vrai que cet.te hybride adore avoir ses petits moments à lui. Dans ce cas, vous n’avez pas complètement tort, mais vous n’avez pas non plus totalement raison. Tout dépend des situations, cela va sans dire, mais il faut bien comprendre que le zèbre cache un sacré panache de contradictions.

Premièrement, d’un naturel discret et introvertie, Misha réfléchit et analyse beaucoup autour de lui. Iel n’est pas le premier à initier les discussions, mais ses talents de déduction pourrait en faire pâlir plus d’un quant aux informations qu’iel serait capable de dénicher en quelques coups d’oeil. Faisant preuve d’une grande empathie, il ne lui est pas difficile d’imaginer la vie d’autrui ainsi que leurs émotions. Misha comprend les autres, sans forcément se comprendre soi-même. Ses discours et conseils, bien que honnêtes, pourraient sonner un brin moralisateurs pour certaines personnes. Et n’essayez pas de lui faire changer d’avis : Misha est aussi borné.e qu’une mule concernant ses aprioris et ses convictions - qu’iel considère comme les plus justes du monde, là, l’ouverture d’esprit s’est faite la malle.

Misha aime connaître le personnes et leur tendre sa main pour aider, cependant il déteste que l’on lui rende la pareille, n’appréciant guère que des connaissances s’immiscent ainsi dans sa vie privée. Il déteste se plaindre ou parler de soi. Étrangement, évoquer ses propres émotions ou son ressentie le brise parfois en milles morceaux. Se souciant toujours des autres, l’hybride essaye par ce biais d’oublier ses propres problèmes. Iel a besoin de sentir utile pour ne pas se sentir perdu ou trop plongé.e dans ses pensées.

Et pourtant… Se sentant souvent incompris.e, Misha ne s'aperçoit pas de suite que certaines personnes peuvent faire des efforts et que ses attentes sont bien trop hautes. Malgré son envie irrésistible d’être utile, l’hybride peut se montrer distant. S’agit-il d’une protection contre les personnes toxiques ? Allez savoir. Mais sachez que même s’il peut être dur de gagner sa confiance, une fois adoptée, iel vous considérera comme une personne unique et importante dans sa vie. Et si ô grand jamais vous veniez à vous attirer ses foudres, Misha ne vous tapera pas. Misha ne vous criera pas dessus. Vous n’existerait tout simplement plus pour Misha. Plus jamaiiiiiis. (ah, quand il claque une porte, ce n’est pas à moitié). Le zèbre peut pardonner, mais il a appris à ressentir rancune et colère au fil du temps. En revanche, iel ne sait pas mentir. Vraiment.

Misha est plutôt optimiste concernant les autres et leur bon fond, mais iel n’applique pas spécialement cette mentalité envers soi-même. Toujours pessimiste ou peut-être trop humble, Misha ne se reflète pas une belle image.

Concernant ses “phases” garçon et fille, il ne s’agit pas là de mode ou de simple coups de tête. Son ressentie vis à vis du bien-être dans ses baskets peut durer de quelques semaines à plusieurs mois. Misha n’est pas tatillon sur les usages de pronoms ou les accords : iel se doute que son comportement peut paraître déstabilisant pour certains, mais iel ne demande qu’à être accepté comme tel.le et non pas persécuté.e. Bien que cette manière de faire dérange un peu le propriétaire de l’animalerie, Misha n’est pas prêt à faire une croix sur son fort intérieur pour deux sous. Rappel : discipliné, mais forte tête.

Si vous souhaitez soudoyer l'hybride, optez pour des pêches au miel. Misha adore cela.

Qu’est-ce qui pourrait bien être intéressant dans la vie banale d’un hybride banal ? Ses origines ? Sa famille ? Son enfance ? Ses croyances ? Ses passions ? Il y avait tant de choses à dire sur la vie d’un hybride, mais son parcours ne se résumait qu’à quelques mots couchés sur une étiquette, à une puce ainsi qu’à un prix d’achat. Rien de plus.

Et pourtant… Il pouvait s’en passer des choses dans une vie, aussi banale pouvait-elle être estimée par le jugement d’autrui.

Lorsque Misha vit le jour pour la première fois, ce fut dans les bras de sa jeune et tendre mère sous les nuages d’automne. La belle hybride au regard doré et aux cheveux tressés de noir et de blanc tenait son enfant avec fermeté et maladresse, comme si sa vie en dépendait. Les larmes aux yeux, elle souriait chaleureusement à son nouveau-né. Elle était heureuse et pourtant si triste… Heureuse d’avoir donné la vie, mais triste de constater les attributs animaliers de sa progéniture.

Le père de Misha était un membre actif d’Humanis et jouissait d’une grande richesse de par son siège au gouvernement et de ses fonctions administratives au sein du parti. Marié et père de deux enfants humains, son statut ne l’avait point empêché d’entretenir une relation avec sa femme de chambre hybride. Attiré par sa beauté et son exotisme, il l’avait achetée à prix d’or pour décorer un peu plus ses appartements luxueux. Autant dire que l’annonce de sa grossesse n’avait pas été la bienvenue dans cette vie plus que parfaite…

Malgré les menaces et le chantage de son amant, cette mère ne souhaitait pas perdre son enfant. Le politicien tira finalement profit quant au fait de vendre le petit s’il naissait hybride et laissa sa femme accouchée à l’abri des regards indiscrets et des médias.

Bien entendu, il ne reconnaissait pas Misha comme l’un de ses enfants, mais comme un simple bien qui allait prendre de la valeur au fur à mesure que ses rayures de zèbres allaient apparaître. La puce présente à son oreille gauche était une preuve suffisante.

La mère n’ayant plus son mot à dire, elle fut rapidement écartée de son enfant. Misha grandit enfermé entre les quatre murs de sa chambre, ne se mêlant à aucun membre de la famille et ne voyant son soit-disant père que pour se faire malmener ou crier dessus. Il y reçut, cependant, un minimum d’éducation et d’initiation aux tâches des servants de la demeure - une sorte de retour sur l’investissement.

Malheureusement, plus le temps passait, plus le maître des lieux s’impatientait. Seules quelques timides rayures blanches s’étaient formées au niveau de sa queue et à la base de ses oreilles, en raison de ses origines humaines perturbant son hybridation. Vu de loin, il ne ressemblait là qu’à un simple âne et non pas un beau zèbre. Monsieur ne voulait pas d’un âne dans sa demeure. Monsieur ne voulait s’entourer que de beauté et de perfection. Une tache d’encre telle que Misha n’avait pas à graviter autour de lui. A peine âgé de 8 ans, il envoya l’enfant aux laboratoires Chroma pour “réparer” cette imperfection, cette “chose” comme il le disait si bien.

Plus jamais Misha ne remettra un pied dans cette maison…

Son passage à Chroma s’était prolongé jusqu’à ses 18 ans, les scientifiques n’ayant pas encore assez peaufiné le sujet pour le mettre à la vente à ses 16 ans. Ce temps passé au laboratoire restait un cauchemar éveillé aux yeux de Misha. Les expériences, les tests, les traitements… Ces soins avaient fini par le rendre malade au point même qu’il était désormais incapable de prendre une pilule sans la rendre et que le moindre contact lui provoquait une crise. Son ADN avait été croisé maintes et maintes fois avec toutes les races de zèbres possibles, à un tel point, qu’il était maintenant impossible de dire avec exactitude à quelle espèce pouvait bien appartenir (zèbre des plaines, Grévy et Hartmann). Beaucoup de souffrances, pour finalement peu de résultats... Le sujet n’était que passable, mais il restait un espoir d’adoption.

Misha fut envoyé dans une première animalerie exotique. Il y resta quelques mois avant d’être transféré dans une animalerie disposant d’un rayon NAC. Aux yeux des gros porte-monnaies, l’hybride n’était qu’une contrefaçon : un zèbre ne pouvait pas avoir aussi peu de rayures. Ce n’était pas beau. Ce n’était pas normal. Cela n’avait pas sa place dans une boutique aussi cotée. C’était une honte.

Au sein de cette seconde animalerie dans le Queens, le prix de Misha restait au dessus des bourses moyennes qui préféraient investir dans d’adorables lapins ou des chevaux robustes. Ne trouvant personne pour son adoption, le zèbre dût se résigner à travailler pour le compte de cette deuxième animalerie. Travaillant d’abord dans les locaux, il finit comme aide à domicile.

Cette tactique permettait autant à l’animalerie de se faire de l’argent que d’apporter une publicité à ses hybrides dociles et compétents. Misha se rendait chez plusieurs client.e.s d’âges et de profils différents afin d’alléger leur quotidien, leur handicap et leur solitude. Les heures ne se comptaient plus et le travail était éreintant… Cependant, Misha arrivait à en tirer une certaine satisfaction, une sorte d’accomplissement. Ses actions, bien que dans le cadre d’un travail, n’étaient pas vaines et le sourire des personnes en difficulté égayait ses journées.

Ce genre de pensée l’inspirait beaucoup à rejoindre Unity et ses valeurs, cependant… Misha n’osait pas, laissant ses pensées et la réalité troublaient ses objectifs. L’hybride n’osait pas… parce que cet hybride avait peur de se faire rejeter à nouveau.

Voilà. Ce n’était qu’un exemple banal d’hybride banal à l’adoption, sillonnant les quartiers de Queens et de Brooklyn pour gagner une bouchée de pain.