Jeudi 23 Novembre 2034
Kerzenberg, synonyme de richesse
C'est ce jour-là qu'elle est née, cette fille du nom de Frieda Kerzenberg, fille unique, fruit de l'union d'un entrepreneur Allemand et d'une séduisante Britannique. Elle grandit entourée des vastes et plus beaux décors. Entourée par tout le luxe et tout le confort qu'apportent l'argent et la notoriété, des Kerzenberg, d'une famille riche et fortunée d'Allemagne dont l'influence commerciale se répandait sur tout le continent européen. Mais il y a un mur, ici, dans sa poitrine. Une forteresse c'était construite, car ses parents étaient trop prisés par leur travail ou soit trop occupés à vivre la vie de château. Le père était un riche entrepreneur, la mère, quant à elle, était celle qui avait ferré le bon poisson comme on dit. Une femme qui pour garder cette richesse comme acquise avait fait un enfant à un homme riche.
L'amour était remplacé par l'argent. Cet argent omniprésent mais qui contraste avec cette affection constamment absente. Frieda est cette enfant qui est née avec une cuillère en argent dans la bouche. Une gamine à qui ont cédait à tous les caprices, mais qui n'était jamais satisfaite pour autant. Ce n'était pas assez, ce n'était pas suffisant. Elle est le mouton noir qui n'aimait pas ses parents. Alors cette petite fille qui avait un gouffre à la place du cœur est allée voir ailleurs, voir si elle pouvait combler son vide en acquérant l'attention de d'autres personnes.
La princesse et ses "loyaux" sujets ?
Des amis, elle en avait plein. Tous les parents aiment savoir que leur petit bout de choux est l'amie d'une enfant de riche. Plus le temps passait, plus elle était entourée. Entourée de profiteurs, de faux-semblants, de mensonges. Cet argent, qui prenait tant de place, attirait son lot de malveillance et de cupidité. Il n'y avait que quelques jeux qui lui procurait des frissons, des sensations. La sensation de vivre, mais pourtant... la solitude semblait toujours aussi présente, étouffante. Comme c'était contrariant.. Contrariant de voir ces enfants de familles à peine qualifiables de modeste être entouré d'amis qui semblaient si loyaux... si fidèle...
L'honnêteté est une valeur si rare... Mais un jour, à ses 12 ans, Frieda fut persuadée de l'avoir trouvée, cette perle rare... cette personne qui s'intéressait réellement à elle et non pas à son statut sociable. Tout comme sa mère, elle avait ferré le bon poisson, elle avait trouvé quelqu'un d'aussi, si ce n'est pas plus, riche que sa famille. Elles jouaient souvent ensemble, se promenaient en extérieur... Frieda n'avait d'yeux que pour cette fille, cette amie, cette "Idela" ...
Tata Angela
Idela et la famille Kerzenberg tout entière n'avaient de repos que lorsque "Tata Angela", qui était de temps en temps de passage en Allemagne, proposait à la famille d'emmener sa très chère nièce, Frieda, en vacances au États-Unis. Tante Angela n'était pas mariée et était bien plus jeune que sa sœur. Celle-ci n'avait pas d'enfant, peut-être compensait-elle cela en s'occupant de temps en temps de la jeune et capricieuse Frieda ? La jeune femme menait son propre business et menait une vie plutôt aisée. Le nom de famille "Evert" n'était pas totalement étranger au sein d'Humanis. Néanmoins, ces passages étaient assez rares, elle et la mère de Frieda ne s'entendaient absolument pas. Elles étaient comme chien et chat, "Tata Angela" n'appréciait guère que sa sœur soit juste une profiteuse qui vit aux crochets d'un mari fortuné.
Avec sa tante à ses côtés, le monde semblait fou, incroyable et plein de merveilles aux yeux de la jeune Kerzenberg. Elle regrettait parfois que celle-ci ne soit pas sa mère. Petit à petit, la jeune fille a commencé à vouloir devenir avocate. Ils ont de l'influence, ils sont importants... les gens se tournent toujours vers eux quand ils ont un problème... Ils rendent justice. Ils ont une certaine forme de pouvoir... Ils ont un rôle à jouer sur le sort des plus arriérés d'esprit. D'autant plus que Tata Angela la soutenait... Ce n'est pas bon de dépendre des autres, disait-elle. Ses parents eux étaient mitigés, ne sachant pas si c'était encore un caprice ou ce que souhaitait réellement leur fille. Le temps que son père passait aux côtés d'avocats pour défendre bec et ongle son entreprise avait-il influencé la demoiselle ? A moins que sa Tante y était pour quoi que ce soit dans cette décision ? Le famille de son père, Kerzenberg, tout comme les Everts, la famille de sa mère, étaient après tout très souvent protégées par une petite armée d'avocats.
La honte des Kerzenberg
Les années passaient, Frieda eut 17 ans et il s'avérait qu'elle était une très bonne actrice. Elle était restée amie avec Idela, mais... leur relation avait pris au fil du temps une tournure malsaine. C'était pour la garder à ses côtés que la jeune fille mentait autant. Ce n'était plus de la simple amitié, c'était presque devenue une obsession. Un fantasme... un simple objet à ajouter dans une collection... Frieda voulait être aimée, mais savait-elle au moins aimer correctement une personne ? Probablement pas... La jeune Kerzenberg enchaînait les comédies et les petites scènes, forçant Idela à lui être redevable pour un tout et pour un rien. Cela durait depuis des années.
Frieda aimait jouer de cette image de fille vulnérable que pouvait lui procurer quelques petites mises-en-scènes bien placées et larmes de crocodiles. Cependant, la vérité tomba. Idela n'en pouvait plus. Frieda était envahissante, possessive et s'arrangeait pour avoir un contrôle total sur elle. Une amitié toxique ou les termes "Je t'aime" était la phrase la plus effrayante qui pouvait être entendue aux oreilles de la victime. Ce n'était pas réciproque. En voyant que leur fille n'était plus la même qu'avant, les parents de Idela avaient finalement fait part de leurs inquiétudes à la famille Kerzenberg.
Ce fut le scandale. Un rideau de honte s'était abattu sur cette famille qui avait jusque-là une image irréprochable. Leur fille unique étant loin d'être la jolie poupée parfaite qu'ils s'imaginaient. Beaucoup de sujets avaient son lot de cris, de haussements de tons et de violences. Qu'avait-elle fait pour que la jeune Idela soit ainsi effrayée ? Quelles étaient ces absurdités de dire je t'aime à une fille tout en la coupant du reste du monde ? Frieda venait de perdre l'emprise qu'elle avait sur Idela et ses parents semblaient maintenant la haïr. La vaste demeure était devenue la maison du malheur. Un surnom lui avait presque été tout trouvé : "La honte des Kerzenberg". Personne ne voulait d'elle hormis "Tante Angela".
Conflit
Écouter aux portes et regarder par les trous de serrure étaient devenues une habitude chez Frieda, elle put entendre une discussion très vive entre sa tante et sa mère. Des discussions d'adultes concernant comment il faut éduquer une enfant, que la vraie question n'était pas "Depuis combien de temps dure cette situation ?" mais "Comment avaient-ils laissé faire une chose pareille sous leur propre toit ?". La mère indignée quant à elle, ne manquait pas de répartir en s'exclamant que de toute façon sa sœur n'avait aucune expérience, qu'elle n'était pas mariée, qu'elle n'avait pas d'enfant, qu'elle ne devrait pas se permettre de faire la morale sur des sujets qu'elle ne maîtrise pas.
Lorsque Frieda obtint son diplôme, son "Abitur" (équivalant du Baccalauréat en allemagne), il était temps aux yeux de ses parents de se débarrasser d'elle. Ils voulaient l'envoyer dans un quelconque pensionnat et de plus jamais entendre parler d'elle. Ils obtinrent qu'à moitié ce qu'ils voulaient. Frieda partit très loin, mais pas en pensionnat pour autant. Elle partit vivre avec sa Tante, aux Etats-Unis pour débuter des études vers cet objectif qui n'avait pas été oublié : devenir avocate. Et rapidement, c'était comme si les Kerzenberg n'avaient plus de fille.
Tante Angela n'y avait pas vu d'inconvénient, à vrais dire ça l'arrangeait presque. C'était sa façon de montrer qu'elle avait raison vis-à-vis de sa sœur. Les études se passaient plutôt bien, voir merveilleusement bien pour une demoiselle originaire d'Allemagne. Malgré quelques soucis à se faire comprendre en raison d'un fort accent allemand prononcé, Frieda était studieuse, une qualité que sa tante ne manquât pas de remarquer et de lui faire soulignée. Tante Angela était tout pour Frieda, elle l'admirait, elle était l'image d'une femme forte à ces yeux.
Evert, synonyme de pouvoir
Si le nom Kerzenberg manquait de poids au sein du continent Américain, le nom de famille de sa tante quant à lui, offrait son petit lot d'avantage. Angela Evert était une femme fortunée aux nombreuses relations. Une fortune qui ne cessait de croître au fur et à mesure que le nombre d'hybrides en circulation augmentait. Une fortune qui empeste le sang et le cuivre. La sueur et les larmes des "bêtes" qui passent devant un tribunal et dont la sentence est "Mexique". Il ne fallait jamais parler travail, finalement la vie au côté de cette femme semblait se résumer à croquée celle-ci à pleine dent. Un enseignement que Frieda appliquât à la lettre durant ses années d'étude.
La façade d'une jeune Reine exentrique
Curieuse de tout, amoureuse du cliché du rêve américain comme quoi rien n'est impossible. Bon nombres d'étudiants de sa faculté diraient qu'elle était sociable, extravagante, impossible à louper, irremplaçable. Un côté voyant qui faisait plus ou moins son charme. Elle était douée pour capter l'attention, il n'y avait nul doute. Elle savait manier les mots pour obtenir subtilement ce qu'elle désirait des autres. Dans ce décorum, beaucoup la haïssaient pour ces mêmes raisons également. Frieda se donnait des airs de supériorité, effrayée par la simple idée d'être perçue autrement. En Amérique, il faut bien plus que le nom d'une riche famille européenne pour se faire une place. Elle avait besoin de pouvoir tenir tête face aux familles plus prestigieuses du continent Américain.
Études
Quatre ans en faculté de droit, qui débouchait sur une maîtrise. Était ensuite arrivé un examen très sélectif pour intégrer un Centre de Formation Professionnelle d'Avocats. Un examen qu'elle avait réussi pour qu'une année plus tard encore, elle décroche un Certificat d'aptitude à la profession d'Avocat. Tout ceci concrétiser par deux années de stage dans un cabinet prestigieux ou elle avait été chaudement recommandée par sa tante. Avant même qu'elle ne s'en rende compte, à la fin de toutes ses années, elle était enfin "Avocate"... avant même qu'elle s'en rende compte, elle avait atteint l'âge de 24 ans. Il était clair que sa détermination n'était plus à remettre en cause, ni ses connaissances ou quoi que ce soit d'autre. Il s'agissait d'un parcours impressionnant, car il semblait parfait, sans la moindre bavure, et ce, malgré les penchants fort prononcés pour l'excentricité de la demoiselle. Elle était plus rusée et maline que ce que les autres croyaient. Nombreux furent ceux qui ne l'avaient "pas vue venir"... qui pensait qu'elle se serait brisée les dents sur la barrière linguistique. D'autres pensaient qu'elle aimait trop la vie, était trop joyeuse et fêtarde pour ce métier-là. Même ses parents, de l'autre côté de l'océan, avaient du mal à croire que leur fille était devenue avocate et avait intégré l'un des plus prestigieux cabinets de New York. Certaines personnes jalousaient sa réussite et elle en était ravie. Pour Frieda, c'était comme si elle avait remis les points sur les "i" de tout le monde.
Avocate Pénale, l'élévation Infernale
Décembre 2060
Au cabinet, on fête un événement. Parmi les paperasses et les dossiers lugubres de crimes jugés indéfendables plane une odeur de champagne. On respecte ceux qui savent dépêtrer leurs clients des dossiers les plus complexes. Il y a les seniors et puis il y a elle, cette Kerzenberg qu'on aime ou qu'on déteste. L'avenir du cabinet selon certains, une vulgaire chanceuse pour d'autres. Qu'importe, il y aura toujours des mauvaises langues. On arrose plusieurs choses... La fin d'année est proche et au cabinet régnait un petit jeu de qui s'en sortirait le mieux dans ses dossiers. Ça permet de maintenir l'esprit de compétition selon certain. Fraude, Blanchiment d'argent, Vol, Diffamation et calomnie... C'étaient les petits dossiers de ses débuts. Et puis il y a les dossiers qu'on évite de mentionner lors de la période des fêtes. Viol, Harcèlement, Crime d’agression sexuelle, Crime d’enlèvement, Crime de trafic de drogue... Beaucoup se portent volontaires pour venir en aide aux victimes. Mais quelque chose faisait presque froid dans le dos chez Frieda... Son travail était impeccable, irréprochable... voir trop. "Toute personne est innocente jusqu'à preuve du contraire"... même un criminel à le droit à une défense. Au cabinet, on célébrait l'obtention de sa mention de spécialisation. Elle n'était plus juste une "Avocate" mais une "Avocate Pénale". Des dossiers et des affaires qui se finissent par des familles en larmes, par le mal criant sa joie et le bien son infortune. Elle avait vite assimilé les diverses techniques et astuces des plus anciens du cabinet. Certaines étaient immorales certes, mais parfaitement légale.
Frieda avait ce don... d'être le centre de l'attention. De soutirer ce qu'elle voulait de n'importe qui, même un jury. Elle avait ce talent exécrable de recouvrir toute évidence sous le voile "d'une fausse vérité" finement brodé. Elle plongeait dans la moindre faille pouvant lui permettre de discréditer l'authenticité de certaines preuves. 26 ans... et déjà, elle avait des clients près à l'appeler et à la payer pour le moindre pépin judiciaire. Elle faisait son job, elle défendait simplement les intérêts de ses clients, quels qu'ils soient... qu'importe la morale. C'est ainsi qu'elle s'était faite un nom... même si elle ne pouvait pas gagner tous les procès, elle ne ménageait point les moyens d'arriver à une conclusion plus avantageuse pour son client et surtout pour sa réputation. Quelques collègues marmonnaient entre leurs dents que contre quelques sacs de billets, elle était capable de réaliser des miracles. Elle était le requin de son cabinet et était déjà dans les petits papiers de la hiérarchie de celui-ci.
Un avenir "riche et merveilleux"
Tout semble lui réussir. Son travail lui promettait un avenir prometteur. Sa famille, qui avait eu vent de son petit succès en Amérique, semblait presque déçue d'avoir coupé les ponts avec elle. Hypocrisie familiale... ses propres parents qui ne voulaient pas d'elle, car elle attirait selon eux que des problèmes, retournaient maintenant leur veste dans l'espoir de se faire passer pour les parents modèles, piliers de l'ascension d'une prodige du droit pénal.
Suivre les conseils des plus expérimentés n'a pas été son seul atout pour être une bonne avocate. Voir dès son enfance les carabistouilles et les magouilles de son père et de ses avocats lui avaient également apporté son lot d'enseignement. Avocate sans scrupule, sans jugement, sans morale, le tout couplé avec une tante faisant partie intégrante d'Humanis et de nombreuses relations. Frieda préfère les animaux de compagnie plus classiques plutôt que ces... choses humanoïdes qui cherchent à se faire passer comme tel. L'avocate préserve donc son intimité et évite de donner ses opinions publiquement, les clients qu'elle défends n'ayant pas forcément tous les mêmes idéologies qu'elle. Quand bien même, le rejet qu'elle à envers les hybrides ne fait qu'affirmer cette image Pro-Humaine qu'elle véhicule.
Frisson de quelques paris entre collègues une fois en dehors du cabinet. Des soirées entières d'euphorie provoquées par la consommation de quelques verres des alcools les plus dispendieux. Ivresse de plaisirs divers et variés afin d'ignorer toutes les horreurs du monde, les guerres et les conflits. Entourée par des personnes d'influence et aux multiples origines... des amis peut-être pas... des complices peut-être bien. Des partenaires de jeu qui étaient à la fois d'excellentes relations.
Pourquoi... pourquoi Avocate ? Elle vous répondra sûrement "Car c'est amusant de parier sur les dossiers qu'on peut sauver ou non" Elle adore jouer à ce jeu-là... elle aime par-dessus tout gagner... Que ce soit des procès ou des paris quelconques, de toute façon, qui que vous soyez, vous en aurez toujours pour votre argent. Ne dit-on pas qu'en enfer, l'argent est le meilleur avocat ?
L’offre de toute une vie
“La seule personne capable de la représenter n’est nulle autre qu’elle-même.” C’est ce qu’elle avait répondu aux arrogants qui se permettaient de remettre en cause, ses choix, ses décisions. Qui sont ces gens qui croyaient mieux connaître ses propres valeurs et principes qu’elle ?
“Humanis”
Son entourage n’avait que ce mot la à la bouche. Les partisans de ce parti politique n'avaient de cesse d’envoyer offre sur offre dans ses mails et sa boite aux lettres. La brillante avocate ne semblait pourtant pas encline à accepter ses dites offres. Ses collègues étaient verts. Pourquoi c’était si difficile à comprendre pour eux ? Elle n’avait pas envie d’être limitée à traiter uniquement les dossiers d’Humanis. Elle ne voulait pas se retrouver banalement dans la case d’un parti qui dans le fond ne l’intéressait pas…
Nombreuses sont les andouilles qui confondent vie personnelle et travail. Il y a ceux qui croient que défendre Humanis sur un dossier signifie forcément qu’on partage les mêmes valeurs qu’eux. Ces gens qui s'associent à un parti juste par affinité émotionnelle que par réflexion intelligente lui donnait envie de vomir...
Des années d’évolution en biologie pour faire ça ? Des animaux de compagnie ingérable et dangereux ?! L’avocate avait vu passer des dossiers suffisamment douteux pour se faire son propre avis. Ils avaient le pouvoir certes mais, savait-il au moins le mettre en œuvre ? Cela faisait huit ans que la menace déviante existait et continuait de croître. Et que faisait Humanis ? Du commercial, vomissant en boucle leurs publicités sur les hybrides. Ils sont faibles et Frieda n’avait aucunement envie d’être associé à ce mot. La seule chose en laquelle elle croyait, c’était son instinct. Tout le reste, ce n’était que du bruit parasite. L'avocate refusait d'être simplement réduite à un outil d’Humanis. Accepter, revenait à insulter son propre intellect. Acquiescer, c'était se retrouver esclave de la volonté d'un autre.
La dernière chose dont elle a envie, c'est bien d'être dirigée par des imbéciles... ...ne dit-on pas qu'en ce bas-monde, c'est l'argent qui domine ?